Abîme

 

Disclaimer : Les personnages de Largo Winch ne m'appartiennent pas et c'est bien dommage ! Seul Sarah est à moi, c'est toujours un début !

Auteur : Scilia

Archives : www.bricbrac.fr.st

Résumé : Le passé de Kerensky, l'avenir de Joy, les états d'âme de Largo.

Note de l'auteur : Une fic un peu plus dans mon registre " sadique " pour un soir de coup de blues. Bonne lecture !


****

- Ca suffit, gronda le Russe en tapant sur le bureau.
- Vous ne me faites pas peur, rétorqua la femme en le regardant droit dans les yeux.
- Vous vous croyez tous plus malin que les autres, vous les Américains, cracha-t-il en l'attrapant par le menton.
- Parce que nous le sommes. Comment une espèce sous-évolués comme les Russes pourraient…

La gifle partit d'un coup, la femme ne finit pas sa phrase et lança un regard assassin à l'homme qui venait de la frapper.

- Si ça vous défoule de frapper une femme sans défense…
- Pour qui travaillez-vous ?
- Personne.

L’homme recula et lui tourna le dos, un rictus sur le visage.

- Préparez la, dit-il en sortant.
- Je suis désolée, vous n'êtes pas mon type… mais alors pas du tout, fit la femme en éclatant de rire.

***

Kerensky se réveilla en sursaut. Il était en sueur et son cœur battait comme s’il avait couru un marathon. Il passa sa main dans ses cheveux et regarda son radio-réveil. 4h du matin. Il se leva, sachant déjà qu'il ne pourrait plus dormir, et alla prendre une douche.

***

Largo regardait New-York dormir, un verre de bourbon à la main. C'était fini, il venait de perdre la femme de sa vie sans lui avouer son amour. Simon avait tenté de le convaincre de sortir en boite mais il n'avait vraiment pas goût à s'amuser. Il sentit les larmes se presser derrière ses paupières fermées. Il les refoula en serrant les poings, le verre se brisa et rentra dans sa paume. Largo n'y prêta aucune attention. Il ne ressentait plus rien excepté un immense vide. Pourquoi l'avait-il laissé partir ? Un gémissement tenta de franchir le barrage de ses lèvres fermées mais n'y parvint pas. Il s'écroula lentement sur le sol, entoura ses jambes de ses bras et regarda les étoiles.

***

Le veilleur leva la tête en voyant un homme pénétrer dans le hall de l'immeuble. Il le reconnut immédiatement et hocha la tête à son passage. Kerensky ne répondit pas et entra dans l'ascenseur. Le bunker… il s'y sentait chez lui. Le vrombissement des machines avec leurs lumières clignotantes, le logo du groupe tournoyant sur lui-même et une paix, un calme, qu'il n'arrivait plus à retrouver ces derniers temps. Il enleva son manteau long et s'approcha du lecteur cd qu'il avait apporté, glissant un disque de musique classique sur la platine. Il leva distraitement les yeux devant lui, son reflet lui lança un regard noir. Il resta figé un moment tandis que la musique envahissait le bunker.

***

Joy se retourna dans son lit pour la… oh elle avait cessé de compter à partir de vingt. Comment avait-elle pu faire cela ? Ce n'était pas ce qu'elle voulait et elle le savait pertinemment. D'un autre coté, elle en avait assez de tourné autour du pot, de le voir séduire d'autres femmes tandis qu'elle, la garde du corps de M. Winch, se morfondait en l'attendant. Simon avait deviné la vraie raison de son départ, Largo… elle n'en savait rien et s'en fichait. Il savait où la trouver s'il avait envie de lui parler. Joy se tourna à nouveau et regarda l'homme qui dormait près d'elle.

***

Simon jeta un œil distrait à la blonde pulpeuse qui était dans son lit. La soirée n'avait pas été la même sans Largo. Il savait que son meilleur ami était malheureux mais il était aussi conscient qu'il était responsable de son malheur. Larg' aurait dû avouer ses sentiments à Joy depuis des semaines, peut être même depuis le début de leur relation. Non, faut pas déconner quand même, se dit-il en se rappelant qu'elle les avait enlevés. Il y avait mieux comme première rencontre. Il soupira en regardant le plafond. L'Intel Unit ne serait plus la même sans la jeune femme.

***

- Une dose supplémentaire va la tuer.
- Et alors ? Qu'elle crève cette chienne !

Les voix lui parvenaient à travers un épais brouillard. Elle se rappela être aux mains de l'ennemi. Ils l'avaient drogué pour tenter d'obtenir des informations sur sa mission mais elle était certaine de ne rien leur avoir révélé. Elle avait été trop bien entraînée avant d'être parachutée en russie. Elle sentit l'aiguille s'enfoncer dans son bras et le brouillard reprit peu à peu le dessus.

***

Pourquoi maintenant ? La question ne cessait de se répercuter dans sa tête. Pourquoi fallait-il qu'il repense à elle maintenant ? Cette histoire était loin, il avait fait un trait sur son passé au KGB, il était passé à autre chose. Cette autre chose était en train de se dissoudre et il n'y pouvait rien. Sa famille américaine, comme il l'appelait sans jamais le leur avoir avoué, venait de perdre un membre. Un deuil aurait été préférable selon lui, à l'annonce du mariage de Joy avec cet homme. Il en voulait à Largo, Simon, Joy. Il en voulait au monde entier mais surtout il s'en voulait à lui-même de s'être attaché autant à eux. Kerensky prit sa place et commença à travailler,  espérant arriver à la chasser de son esprit, à tous les chasser.

***

Largo se leva et regarda sa montre. Il était 6h, il se sentait épuisé mais savait qu'il n'arriverait pas à trouver le sommeil. Il passa dans la salle de bain et après une rapide douche regagna son bureau. Une pile de dossier l'attendait mais il n'avait pas envie de s'y plonger. Il fit le tour de la pièce, tel un fauve en cage, et sortit de l'appartement. Ses pas le guidèrent au bunker. Il fut étonné d'y trouver Kerensky à cette heure si matinale. Le Russe semblait aussi mal en point que lui, ses traits étaient tirés mais il fixait obstinément son écran.

- Il est un peu tôt même pour toi, murmura-t-il en le voyant approcher.
- Je n'arrive pas à dormir, fit Largo en s'affalant dans un fauteuil.
- Ta main ?
- Rien du tout, répondit-il en la regardant.
- Je vois, commenta Kerensky en enlevant ses lunettes pour porter son regard sur lui.
- Quoi ?
- Largo est-il vraiment nécessaire que je te dise ce que tu sais déjà ?
- C'est trop tard.
- Il y a un dicton en Russie disant qu'il n'est jamais trop tard.
- Et il y en a un en Amérique disant de ne jamais croire les dictons russes, fit Largo plus durement qu'il ne le voulait.
- Très bien, je crois avoir saisi le message, dit Georgi en reprenant son travail.

Largo vit qu'il était vexé mais fut incapable de trouver les mots. En désespoir de cause, il sortit laissant le Russe seul avec ses propres démons.

***

Joy inspira une grande bouffée d'air frais. Elle se sentait cloîtrée chez elle ce matin. Il était 8h et habituellement elle se préparait pour aller au groupe W. Elle serait allée directement au bunker pour trouver Kerensky en train d'écouter les informations et buvant son deuxième café de la matinée. Il l'aurait regardé, lui aurait sorti un de ses piques habituelles sur sa tenue ou autre chose. Elle se serait assise à sa place et lui aurait répondu sur le même ton. Ils se comprenaient sans avoir besoin de parler et tous deux avaient besoin du calme relatif que leur procurait le bunker. Joy se demanda qu'elle musique il avait choisi ce matin. Qu'importe, souffla une voix en elle, tu as fais ton choix. Elle se prépara pour son rendez-vous avec Sullivan. Elle devait percevoir ses gages et récupérer quelques affaires. Pour la première fois de sa vie, elle avait peur d'aller dans la tour. Elle ne voulait pas le voir. Joy sentait qu'elle ne pourrait supporter son regard et ses questions muettes.

***

Elle ne suppliait pas, la drogue semblait juste provoquer chez elle un état d'hilarité qui agaçait profondément le Russe. Il la gifla de nouveau mais elle ne répondit pas plus à ses questions. Comment cette femme avait pu s'introduire dans la résidence du président et poser une bombe sans se faire remarquer ? Si les gardiens n'avaient pas fait une ronde supplémentaire, la Russie aurait perdu son dirigeant. Le président voulait des résultats, des noms. Savoir que c'était les Américains qui avaient manigancé ce plan ne lui suffisait pas.

- Vous allez mourir, dit-il d'une voix ferme.
- Je sais.
- Vous avez échoué.
- C'est là que vous vous trompez, répondit-elle en riant.

A bout de nerfs, il sortit son arme et visa le cœur. La jeune femme avait recouvré son calme et le fixait de ses yeux verts. Le Russe arma le chien et soutint son regard avant de baisser son arme et de tirer dans la jambe de sa captive. Elle ne le quitta pas des yeux et frémit à peine sous la douleur. Il sortit de la pièce sans un mot, il était impressionné par son sang-froid.

***

Simon cherchait Largo, ce dernier était introuvable au grand dam de Sullivan. Le jeune milliardaire devait présider une réunion importante avec le conseil en début d'après-midi. Le Suisse se doutait qu'il n'était pas en état de le faire. John le quitta en lui parlant d'un rendez-vous avec Joy et Simon su ce qu'il avait à faire. Il ne pouvait pas laisser la jeune femme quitter leur équipe sans rien tenter. En tant que chef de la sécurité, il devait convoquer mademoiselle Arden et en tant qu'ami, il devait la convaincre de rester pour leur bien à tous. Il se dirigea vers le bunker. Kerensky pourrait certainement le retrouver.

***

Joy se présenta à l'entrée de la tour et se fit annoncer à Sullivan. Elle grimpa dans l'ascenseur, la secrétaire de John la fit entrer dans son bureau. Le bras droit de Largo semblait contrarié qu'elle ait donné sa démission mais ne lui posa aucune question. Un coup de téléphone les interrompit.

- C'est Simon, est-ce que Joy est là ?
- Oui, mademoiselle Arden est dans mon bureau mais…
- Faites-la venir immédiatement sur le toit.
- Je doute que…
- Ne discutez pas, John, dit Simon d'un ton froid, je n'ai pas envie de perdre mon meilleur ami !

***

- Je vais vous aider, murmura quelqu'un près d'elle en anglais.

C'était les premiers mots amis qu'elle entendait depuis deux jours. Elle tenta d'ouvrir les yeux et ressentit une vive douleur à son œil droit, déformé par une ecchymose.

- Vous ! Souffla-t-elle en découvrant l'identité de l'homme qui lui parlait.

Il mit sa main sur sa bouche et lui fit signe de se taire, une sentinelle passait dans le couloir.

- Pourquoi ? Murmura-t-elle une fois qu'il la relâcha.
- Ils vont nous tuer tous les deux. Vous, parce que vous ne parlez pas et moi, car j'ai échoué dans ma mission. Je devrais être utile à votre pays.
- Je vois, fit-elle en comprenant ou il voulait en venir.
- Je veux quitter le KGB depuis un moment mais je ne peux pas rester en Russie.
- Vous savez que je ne peux rien vous garantir ?
- Oui.
- Où est la sortie ?

****

Simon regardait vers le toit avec angoisse. Il avait approché autant qu'il pouvait de Largo mais ce dernier avait menacé de se jeter dans le vide s'il faisait un pas de plus.

- Larg', fais pas le con, descend !
- Pourquoi faire ? Répondit celui ci en buvant au goulot d'une bouteille de bourbon.
- Parce que j'ai besoin de toi !
- Ne dis pas de bêtises Simon, tout ce qu'il te faut c'est une belle blonde différente chaque soir !

Simon tiqua à cette remarque mais préféra ne pas répondre. Des pas dans l'escalier l'avertirent que John et Joy arrivaient.

***

Kerensky posa ses lunettes et passa ses mains sur son visage. Il ne servirait à rien de la fuir, il le savait. Il ferma les yeux et laissa les souvenirs remonter lentement. Leur fuite de la maison où elle était retenue prisonnière, le passage de la frontière, son arrivée aux Etats-Unis, leur liaison qui avait débuté peu après. Il lui devait ce qu'il était aujourd'hui, d'avoir été recommandé à Largo avait-il appris plus tard en plus de son cousin Dimitri qui avait parlé de lui au père Maurice. Kerensky ouvrit le journal de la veille et regarda l'article qui parlait d'elle.

***

- Mon dieu, Largo ! Fit Joy en le découvrant sur le rebord du toit.
- Tiens, ma garde du corps préféré, fit-il en essayant de garder son équilibre.
- Ca suffit maintenant, tu vas être un grand garçon et tu vas descendre de ce muret.
- J'en ai assez de jouer au petit garçon bien sage ! Va-t-en ! C'est ce que tu allais faire de toute façon !

Joy fit quelques pas vers lui, profitant du fait qu'il ne la regardait pas. Elle souffrait de le voir dans cet état.

- Tu vas m'abandonner, murmura-t-il.
- Largo, je…
- Vas le retrouver Joy, va-t'en. Maries toi, sois heureuse, fondes une famille,…

Joy ne put retenir ses larmes. Ce n'était pas avec David qu'elle voulait faire tout cela mais avec lui, ce crétin qui se baladait sur le rebord du toit à plus de 60 étages du sol.

- Largo, il faut qu'on parle, descend s'il te plait !

***

- Bunker, fit Kerensky en décrochant.
- On est sur le toit, y'a un problème, annonça Simon en ne quittant pas Largo des yeux.

Joy était à une dizaine de pas de lui mais il doutait qu'elle puisse le rattraper s'il tombait.

- Est-ce qu'il y a un autre accès au toit que l'ascenseur principal ?
- Attends, je consulte les plans, dit-il en posant son journal.
- Dépêches toi, j'ai pas toute la journée.
- Tu peux m'expliquer ce qui se passe ?
- Largo est sur le toit et veut imiter son père.
- Tu plaisantes ?
- Est-ce que j'ai l'air de plaisanter ?
- Pas vraiment. J'ai un accès par l'ascenseur de service, j'arrive.

***

Joy ne savait que dire pour empêcher Largo de sauter. Il continuait ses aller-retour sur le muret en buvant régulièrement à la bouteille qu'il agitait en sa direction.

- Tu sais, Joy, tu es la première femme que j'aime autant, la première personne que je laisse autant approcher de moi… tu connais tout de moi… on a passé tellement d'épreuves ensemble et maintenant…
- Ce n'est pas toi que j'abandonne mais la vie que je mène.
- Et je n'en fais pas partie peut être ? S’indigna-t-il.
- Je n'ai pas dis cela ! Protesta-t-elle. Je suis fatiguée Largo, fatiguée de souffrir en silence pendant que tu sors avec...

Joy s'avisa que ce n'était peut être pas le moment de lui faire des reproches. Il était toujours sur le muret. Elle lui tendit la main mais il la regarda étrangement.

- Continues…
- Descends et je te parlerais, tenta-t-elle de négocier.
- Non, je veux savoir avant !
- Savoir quoi ?
- Savoir pourquoi lui et pas moi, savoir pourquoi tu quittes ton poste, savoir pourquoi je souffre autant !

***

Kerensky monta sur le toit aussi vite qu'il le put. Il s'approcha le plus possible de Largo et Joy, se cachant derrière un immense tuyau. Il écouta, comme Simon et Sullivan, leur conversation en espérant que Joy saurait le convaincre de descendre. Il ne put s'empêcher de se revoir jouer à peu près la même scène sur un immeuble de Los Angeles.

- Pourquoi ?
- J'en ai assez de cette vie, Georgi. Je n'arrive même plus à savoir qui sont les bons et qui sont les méchants.
- Ce n'est pas une raison ! Protesta-t-il en avançant d'un pas.
- J'ai fais mon choix, tu auras le tien à faire et, qui sait, on se reverra peut être un jour, lança-t-elle avant de sauter.

***

Etait-il donc aveugle à ce point ? Joy approcha lentement et arriva près de lui. Largo s'accroupit et la regarda.

- Tu pleures, constata-t-il doucement.
- Ne fais pas ça, ne me prives pas de toi.
- Je ne veux pas continuer si tu n'es pas à mes cotés. J'ai agi comme un imbécile, je m'en rends compte maintenant.
- Et cela durera combien de temps ? Je ne veux plus de promesses qui ne tiennent pas la route. J'ai besoin de quelqu'un sur qui je peux compter.
- J'ai mal à en crever Joy… je t'aime à un tel point que…

Sa voix se cassa. Il ferma les yeux et chancela un instant sur le muret. Joy eut le réflexe de l'attraper par le bras. Kerensky approcha rapidement et s'arrêta en constatant que Largo ne risquait plus rien. Joy l'avait attiré sur le sol et le serrait contre elle en pleurant. Ils étaient enlacés tel deux enfants perdus et c'est ce qu'ils étaient en quelque sorte.

- Joy, ne me quittes pas, murmura Largo comme un petit garçon.
- C'est fini, souffla-t-elle à son oreille.
- Tu restes ? Demanda-t-il en levant un regard plein d'espoir vers elle.

Joy resta un moment interdite. Les yeux bleus de Largo reflétaient parfaitement ses sentiments, elle put y lire quelque chose qu'elle n'y avait jamais trouvé auparavant. Un regard plein d'un amour inconditionnel qui ne demandait qu'à s'exprimer, une détermination à la garder quelque puisse être ses exigences. Joy se baissa et déposa un léger baiser sur ses lèvres, Largo resserra son étreinte et y répondit avec ardeur. Ils restèrent ainsi enlacés, à s'embrasser, sous le regard rassuré de Simon, John et Kerensky.

***

- Il dort, dit Joy en revenant dans le bureau.

Simon et Kerensky étaient assis sur le canapé. La jeune femme avait les traits tirés, elle avait passé le reste de la journée avec Largo. Ils avaient énormément de choses à se dire et n'avaient quasiment pas arrêter de parler, étant toujours en contact physique l'un avec l'autre.

- Je suis désolée, fit Joy en s'asseyant face aux deux hommes.
- Tu n'as pas à l'être, répondit Kerensky.
- Il a raison, ma belle. Largo avait besoin d'un catalyseur pour découvrir enfin ses sentiments et arrêter de se voiler la face.
- Peut-être mais tout le monde en a souffert et… quelqu'un va encore en souffrir, termina-t-elle en pensant à David.
- Joy…
- Je sais ce que tu vas me dire Georgi, je ne crois pas avoir envie de l'entendre maintenant, je suis épuisée.
- A toi de voir, fit le Russe en se levant.

Il eut un geste qui étonna Joy et Simon, Kerensky vint se placer devant elle et lui déposa un baiser sur le front.

- Si tu as besoin de quelque chose, petite fille…

Joy ne releva pas. Il voulait juste lui dire qu'il était content de la revoir parmi eux. Elle remarqua que quelque chose semblait le préoccuper mais ne se sentit pas le courage de lui en parler maintenant, ni devant Simon. Elle préféra attendre d'être seule avec lui, de préférence au bunker en buvant leur café.

- Je vais y aller aussi, annonça Simon en se levant.
- Je… merci Simon, dit-elle en se blottissant dans ses bras.

Il la serra contre lui un long moment, une question le tourmentait et il hésitait à la poser.

- Je sais que cela me regarde pas mais…ce que tu as dit à Largo ce matin… tu restes, c'est bien vrai ?
- Oui, tes plaisanteries et les piques de Kerensky me manqueraient trop. Et puis… je sais qu'il m'aime maintenant, même si j'aurais préféré l'apprendre dans d'autres circonstances.
- Je dis pas ça parce que c'est mon pote mais… c'est un type bien et je l'ai jamais vu se mettre dans un tel état pour une nana…femme, rectifia-t-il.
- Simon… je suis vraiment épuisée.
- Très bien, je te laisse, dit-il en déposant un baiser sur sa joue.

***

Kerensky trouva ce qu'il cherchait. Il était tôt et il n'y avait personne dans le cimetière. Après être rentré chez lui, il avait longuement réfléchi et avait décidé de lui rendre visite une dernière fois. Il ne savait pas comment elle avait réussi le tour de force de survivre à Los Angeles mais cette fois, la mort l'avait bel et bien rattrapé à New-York. Il posa le bouquet de roses rouges, ses préférés, sur la tombe et caressa le marbre du bout des doigts. Le Russe n'avait pas pour habitude de s'adresser aux morts ni même de croire en un quelconque dieu mais il lui souhaita tout de même d'avoir trouvé un lieu de paix. Il déchiffra les lettres d'or du bout des doigts.

- Adieu, Sarah, murmura-t-il avant de se retourner.


Fin