MEFIEZ-VOUS DE VOS AMIS

 

Cette fanfic est née à la suite d'une petite réunion de fans de Largo Winch à Paris. Plusieurs défis y ont vu le jour dont celui-ci ! Il fallait que Simon drague Del Ferril et ceci dans le but de découvrir les manigances de Cardignac.
Je ne comprends pas du tout pourquoi 'on' me l'a envoyé (n'est ce pas K'ren ?) mais une fois la première réaction d'horreur passée, je me suis beaucoup amusée à l'écrire. Lucie

***

Simon ouvrit péniblement un œil. Il avait la tête lourde, la bouche pâteuse et l'impression qu'un orchestre tout entier avait élu domicile dans sa tête. Il attendit quelques minutes que le lit arrête de tourner sur lui-même et se décida à mettre un pied au dehors. Ce faisant, il jeta un coup d'œil à son réveil : 10 heures 30. Non, il ne pouvait tout de même pas s'accorder une petite prolongation ! Allez, juste une petite demi-heure ! Son patron ne dirait rien ! Il sourit à cette idée et se dit qu'il y avait de bons côtés à bosser avec son pote.
Il se morigéna : un peu de courage ! Largo compte sur toi. Il t'a donné des responsabilités, c'est pas pour que tu paresses au lit ! Allez ! Debout !
En titubant, il se rendit dans la salle de bains où il passa un bon quart d'heure sous la douche à tenter d'éliminer les séquelles de sa fiesta de la veille.
Dix minutes plus tard, après avoir avalé un café et un tube d'aspirines, il faisait son entrée dans le bunker, s'apprêtant à saluer à la cantonade comme à son habitude. Mais, une fois passée la porte, il s'arrêta net : Georgi et Joy s'étaient retournés à son arrivée et leurs visages ne lui disaient rien qui vaille : Joy avait le sourire d'une chatte qui vient d'avaler le plus délicieux mulot qu'elle ait jamais mangé quant à Kerensky … Eh bien Kerensky le fixait et cela suffisait amplement en soi, à être inquiétant.
- " Oh, je crois bien que j'ai oublié … "
Il avait fait demi-tour et s'apprêtait à s'esquiver en invoquant une excuse bidon lorsque Largo entra à son tour. Il sourit en voyant le nouvel arrivant.
- " Ah Simon, tu es là ! On a quelque chose à te demander ! "
Le Suisse était consterné : Largo était dans le coup ! Plus moyen de se défiler ! Il se demanda ce qu'ils lui avaient préparé et redoutait le pire. Mentalement, il passa en revue ce qu'il avait bien pu faire comme c… farce récemment, mais n'en vit aucune, du moins aucune qui les concerne tous les trois ou qui n'ait pas déjà été payée d'une revanche.
Avec fatalité, il se laissa entraîner par Largo sur une chaise où il fut bientôt entouré par les trois autres. Simon, malgré lui, rentra la tête dans les épaules.
Joy commença.
- " Mon petit Simon. On a une mission à te confier. "
Aïe, aïe, Aïe ! Ça commençait mal !
- " On a pensé que, de nous quatre, c'était indiscutablement toi le plus compétent ! "
Largo prit le relais.
- " Je t'explique. Tu sais comme nous que Cardignac est sans arrêt en train de manigancer quelque chose contre moi. Et il a l'imagination très féconde ! Alors voilà, depuis quelques temps, Joy et moi, on est convaincu qu'il nous prépare un coup fourré. Et on aimerait savoir ce que c'est. Tu connais le dicton : il vaut mieux prévenir que guérir ! "
Simon les regarda tour à tour sans comprendre.
- " Vous voulez que j'aille poser des micros ? Parce que si c'est ça, moi j'y connais rien ! "
- " Non, non tu n'y es pas du tout ! Voyons, réfléchis ! Qui est toujours fourrée avec Cardignac ? Qui est toujours d'accord avec lui et le suit comme son ombre dans ses coups tordus ? Qui est le plus susceptible d'être au courant de ce qu'il trame ? "
Simon réfléchit et hasarda d'une voix timide :
- " Del Ferril ? "
- " Tout juste mon pote ! "
- " Mais quel rapport avec moi ? "
Tous les trois eurent un regard de connivence et un sourire ironique devant l'expression employée, ce qui mit Simon sur la piste.
- " Quoi !! Vous ne voulez tout de même pas que je … Non mais ça va pas ! "
Joy répondit, agacée.
- " Oh arrête de jouer les pucelles effarouchées Simon. C'est un rôle qui te va très mal ! "
- " Mais … Largo ! Elle est au moins deux fois plus grande que moi ! " gémit Simon d'un air plaintif.
- " Et alors ! Tu m'as bien dit que tu aimais les grandes non ? "
Simon lui jeta un coup d'œil rancunier.
- " T'es pas obligé de révéler à tout le monde ce que je te confie ! Et puis d'abord pourquoi tu le fais pas toi ? "
Joy lui répondit patiemment.
- " Simon ! je te rappelle que c'est contre lui que Cardignac veut agir. Je ne crois pas qu'Alicia se laisse convaincre si facilement ! "
Boudeur, Simon se tourna vers Georgi.
- " Et toi alors ? "
Le Russe répondit laconiquement.
- " C'est pas mon genre "
- " Ah bah oui, mais c'est un peu facile ça ! Môssieur fait le difficile et on lui passe tout ! Et toi ? " Fit-il en se tournant vers Joy, se rappelant un peu tard à qui il parlait.
Celle-ci eut un petit sourire malicieux.
- " Je ne sais pas pour Del Ferril, mais personnellement, je ne mange pas de ce pain là. Désolée ! "
Largo reprit du ton le plus innocent qui soit.
- " Tu vois, il n'y a que toi pour accomplir cette mission. On sait bien que tu es toujours prêt à te dévouer corps et âme et à payer de ta personne ! "
Simon lui jeta un coup d'œil furibond.
Joy enchaîna :
- " Et puis je suis sûre que tu as toujours rêvé d'être un espion n'est-ce pas mon petit Simon ? "
Le jeune homme réfléchit et lança :
- " C'est bien joli votre histoire, mais comment vous voulez que ce soit crédible ? Ca fait presque deux ans que je la vois tous les jours, et je ne lui ai quasiment jamais adressé plus de deux mots de suite. Et d'un seul coup, vous voulez que je la drague ? Ca sentira le coup fourré à plein nez ! "
Georgi prit la parole à son tour :
- " C'est prévu. On a aussi pensé à ça. Et c'est là que j'interviens. Tu vas t'arranger pour prendre l'ascenseur en même temps qu'elle. Juste vous deux. Et là, j'appuie sur un bouton et j'arrête tout ! L'ascenseur restera en panne jusqu'à temps que tu aies réussi à obtenir un rendez-vous ! Nous, on écoutera tout par le micro intérieur de la cabine, qui pour vous, paraîtra hors service ! "
Simon était effaré. Une lueur d'inquiétude était passée dans ses yeux quand Georgi avait parlé d'ascenseur en panne.
- " Ben dites donc, vous y teniez drôlement à ce que je joue les espions on dirait ! "
Depuis le début, le jeune homme savait qu'il ne ferait pas le poids et qu'il serait vaincu alors, sans plus discuter, il capitula, la tête basse et l'œil triste. Il reprit d'une voix abattue :
- " Bon, c'est d'accord. Puisque vous avez déjà tout décidé à ma place, je ferai ce que vous voulez ! "
Largo regretta aussitôt leur petite mise en scène. Il lui dit gentiment.
- " Mais non, t'es pas obligé mon pote ! Si tu ne veux pas on se débrouillera autrement ! "
Joy le regarda, exaspérée.
- " Largo ! ne me dis pas que t'es tombé dans le panneau ! Regarde le, il se marre comme un bossu ! "
Au même moment, effectivement, Simon releva la tête et ses yeux pétillaient de la bonne blague qu'il avait réussi à placer malgré sa fâcheuse position.
- " Espèce de …! "
Il esquiva une taloche de Largo.
- " Raté ! "


Simon avait réussi à faire déplacer leur petit guet-apens au lendemain, prétextant qu'il avait plusieurs rendez-vous professionnels dans la journée.
En fin de matinée le lendemain donc, toute la petite équipe se mit en place pour piéger l'égérie de Cardignac. Joy était chargée de guetter sa sortie de son bureau et d'en prévenir discrètement Simon qui se tenait prêt, caché au détour du couloir.
Lorsqu'elle la vit sortir, Joy regarda Simon qui jaillit aussitôt et se précipita pour attraper l'ascenseur qu'avait appelé Alicia Del Ferril. Il s'excusa auprès d'elle d'un sourire :
- " Je suis pressé ! "
Alicia le regarda avec dédain et ne prit pas la peine de répondre.
- " C'est pas gagné ! " Se dit-il in petto.
Pendant ce temps là, Joy avait prévenu Georgi que les souriceaux étaient dans le piège tout en l'informant du numéro de l'ascenseur à stopper. Celui-ci ne perdit pas de temps et lança le programme d'arrêt d'urgence de l'ascenseur en question et désenclencha son système d'avertisseur sonore.
Dans la cabine, l'arrêt fut assez brutal et lorsqu'elle vit les portes s'ouvrir sur la paroi, Alicia ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil inquiet à Simon. Celui-ci lui fit un sourire rassurant :
- " Ne vous en faites pas. C'est juste un petit incident mineur. Je vais appeler la surveillance. Ils vont nous dépanner tout de suite ! "
Mais Simon eut beau s'escrimer sur le bouton d'appel et vociférer dans le haut-parleur, il n'y eut aucun retour. Il adressa à Alicia un sourire gêné.
- " C'est l'heure du déjeuner. Ils sont sans doute allés chercher un sandwich à la cantine. Ils vont revenir tout de suite. "
Del Ferril commençait à s'impatienter ferme.
- " Vous vous répétez Monsieur Ovronnaz. Vous venez de le dire. Si je ne m'abuse le personnel de la surveillance est sous vos ordres n'est ce pas, "
- " Euh oui en effet "
- " Eh bien ! Quand je pense que notre sécurité dépend de vous ! Il y a de quoi se faire du souci ! "
- " Un petit peu de patience, Alicia, je vous assure que ça ne sera pas long "
Simon ouvrit un bouton de sa chemise et remonta ses manches.
- " Vous ne trouvez pas qu'il fait chaud ? "
Alicia, le regarda, l'air pincé.
- " Raisonnablement ! Je vous rappelle que les cabines sont dotées de l'air conditionné ! Mais je ne dois rien vous apprendre monsieur le chef de la sécurité ! "

Les trois comparses ne perdaient rien du dialogue quelques 30 étages plus bas, et ils se regardaient, inquiets.
Joy, avec une moue significative, remarqua :
- " Je crois qu'il va nous falloir trouver autre chose ! "
Largo ne voulait pas abandonner trop vite.
- " Laisse-lui un peu de temps ! Je suis sûr qu'il n'a pas dit son dernier mot. "

Là-haut les amabilités d'Alicia continuaient à pleuvoir sur le pauvre Simon, qui s'escrimait toujours sur le bouton d'appel et dans l'Interphone. Evidemment en pure perte. Il avait de plus en plus chaud et la sueur commençait à ruisseler le long de son visage.
- " Excusez-moi Alicia, je crois que je vais m'asseoir une minute. "
Il parlait d'une voix altérée et semblait avoir du mal à respirer. Alicia prit conscience que quelque chose n'allait pas. Elle demanda d'une voix moins acerbe :
- " Ca ne va pas ? "
- " C'est rien, ça va passer. Un petit accès de claustrophobie je pense ! "

En bas, les trois se regardèrent effarés en entendant les paroles de leur comparse. Mais, rapidement, Largo retrouva le sourire.
- " Simon n'a jamais été claustrophobe ! "
Joy secoua la tête en souriant.
- " Pas mal joué ça ! Le coup du 'pauvre petit chef de la sécurité vulnérable'. Un peu risqué
Tout de même : de deux choses l'une, soit elle le prend par le mépris et c'est terminé, soit
Son instinct maternel se réveille et là, elle craque ! "
Largo jeta un coup d'œil goguenard à Joy devant son air vaguement admiratif envers les méthodes de drague de leur Suisse favori.
Mais celui-ci avait dû étudier le terrain auparavant ou bien son instinct (et sa longue pratique) des femmes lui avaient dicté la bonne conduite, toujours est-il qu'Alicia paraissait bel et bien inquiète :
- " Simon, qu'est-ce que vous avez ? Répondez-moi ! "
- " C'est rien Alicia, vous inquiétez pas ! Ca va aller "
- " Vous êtes sûr ? Vous me faites peur ! Attendez, je vais vous faire un peu d'air "
Dans la cabine, la femme se mit à agiter en tout sens un dossier cartonné qu'elle tenait à la main.
- " Merci Alicia ! Je me sens un peu mieux "
- " Attendez, je vais vous ouvrir votre chemise pour que vous soyez plus à l'aise ! "
- " Non, non je vous assure, ça va déjà mieux ! "
- " Si si, j'y tiens. Un peu d'air frais sur votre poitrine vous fera du bien ! "
Les trois compères dans le bunker écoutaient la conversation, hésitant entre la consternation et le fou rire.
- " Mais c'est pas vrai ça ! Elle va pas … Pas dans l'ascenseur quand même ! "

30 étages au-dessus d'eux, la conversation continuait :
- " Là, je suis sûre que ça va mieux comme ça n'est-ce pas mon petit Simon ? "
- " Oui Alicia. Je vous … "

La conversation cessa brusquement. Largo regarda Georgi interrogateur.
- " Heu ! C'est normal qu'on n'entende plus rien ? "
Le Russe fronça les sourcils et vérifia rapidement ses paramètres sur son ordinateur. Une fois terminé, il releva la tête.
- " Je vous annonce que nous n'avons plus de liaison radio avec notre espion ! "
- " Qu'est-ce qui s'est passé ? "
- " Je n'en sais rien encore. Probablement un problème matériel, il faudrait que je vérifie sur place ! "
- " Bon, en attendant, on ne peut plus suivre ce qui se passe ! Qu'est ce que vous en pensez ? "
Joy réprimait un petit sourire.
- " Eh bien, la situation avait l'air plutôt bien engagée pour notre James Bond mais, je pense qu'il faudrait lui laisser encore un peu de temps ! "
Largo essayait, avec difficultés, de garder son sérieux.
- " Je pense que tu as raison Joy. Et puis il faut laisser mijoter un peu Alicia. On leur donne une bonne demi-heure ? "
- " Je dirais plutôt une heure ! "
Largo réfléchit en regardant sa montre.
- " Je vous propose une chose : on va déjeuner et on les délivre à notre retour. Ca vous va ? "
- " On te suit Largo. J'en connais un qui ne va pas être content d'avoir sauté son repas ! "


Dès leur retour de la cafétéria, Georgi s'installa à son ordinateur pour faire redémarrer l'ascenseur et l'amener jusqu'au 1er sous-sol. Largo et Joy étaient partis devant pour réceptionner les malheureux prisonniers de la cabine.
Lorsque celle-ci s'ouvrit, ils virent jaillir une Alicia un peu rouge et échevelée qui les apostropha, furieuse :
- " Monsieur Winch ! Je ne vous félicite pas de l'état du matériel de votre tour ! On risque vraiment sa vie en travaillant ici ! "
Largo réprima un sourire.
- " Je suis désolé Alicia. Vous étiez coincés depuis longtemps ? "
- " Suffisamment longtemps oui ! Et je vous conseille d'appeler un médecin d'urgence pour votre ami. Il ne va pas bien du tout "
Largo et Joy jetèrent un coup d'œil dans le fond de l'ascenseur pour apercevoir une forme affalée. Ils se regardèrent en se retenant de rire.
- " Qu'est-ce qu'il a ? "
- " Il semblerait que ce soit une crise de claustrophobie ! Quant à vous, Largo, vous devriez avoir honte d'obliger votre ami à travailler dans une tour où il risque sa santé chaque fois qu'il prend l'ascenseur ! "
Effarés, ils virent Alicia s'agenouiller auprès de Simon et, lui prenant la main, lui dire d'une voix tendre :
- " Je dois partir, je suis déjà très en retard à mon rendez-vous. On va bien vous soigner ! A demain Simon ! "
Simon répondit d'une voix faible :
- " Merci Alicia, à demain ! "
Après leur avoir jeté un dernier regard noir, Alicia Del Ferril s'en alla vers son rendez-vous … en empruntant prudemment les escaliers.
Largo se tourna vers Simon, toujours allongé, et lui donnant un léger coup de pied dans une chaussure, il lui dit, goguenard :
- " Ca y est Dom Juan, elle est partie, tu peux te relever. "
- " Peux pas … " gémit-il faiblement.
Largo se pencha sur lui subitement inquiet. Il avait l'air effectivement mal en point. Il était très pâle, en sueur et respirait difficilement. Le milliardaire prit son pouls et sentit les battements très rapides et irréguliers du cœur.
Brusquement angoissé, il se tourna vers Georgi qui les avait rejoints :
- " Appelle l'infirmerie immédiatement ! Qu'ils amènent un brancard et un masque à oxygène. Qu'ils préviennent le médecin aussi ! Il a vraiment un malaise "
Puis se penchant sur Simon :
- " T'en fais pas mon petit vieux. On va te soigner, respire calmement, c'est rien ! "
Joy s'était agenouillée à son tour précipitamment auprès du Suisse, le visage crispé. Elle lui caressa tendrement le front et dit d'une voix douce :
- " Simon ! Qu'est-ce que tu nous fais, là ? Allez respire, c'est fini ! Respire bien à fond ! "
Le malade, balbutia d'une voix plaintive,:
- "Joy ? Tu vas rester près de moi ? "
- " Oui mon petit Simon ! Je ne te quitterai pas ! "
La jeune femme releva la tête pour rencontrer le regard ironique de Largo.
- " Qu'est-ce que tu disais déjà à propos de l'instinct maternel ? "
Elle lui retourna un regard furibond.
- " Pas de commentaire ! Et puis Alicia a raison pour une fois : tu aurais du te souvenir que Simon avait des accès de claustrophobie ! On l'a laissé là pendant près d'une heure ! Ca aurait pu très mal finir ! "
Le pauvre Largo, ébahi, tenta de se défendre devant l'attaque de sa garde du corps !
- " Mais je l'ignorais ! Il ne m'en a jamais rien dit ! "
- " Ne cherche pas à fuir tes responsabilités. Tu as tellement fait pression sur lui, qu'il n'a pas osé nous en parler. N'est-ce pas Georgi ? "
Elle prenait à témoin le Russe qui releva un sourcil et regarda Largo, impuissant. Celui-ci haussa les épaules, désarmé devant tant d'évidente mauvaise foi féminine. Kerensky, pragmatique, décida d'agir au lieu de polémiquer :
- " Tu m'aides Largo ? On va le sortir de là ! "
A eux deux, ils sortirent le Suisse hors de la cabine et l'étendirent dans le couloir en attendant les secours.
Largo malgré tout, s'en voulait. Il se pencha au-dessus de son ami :
- " Simon, pourquoi tu ne nous as pas dis que tu risquais d'avoir un malaise ? "
Le Suisse semblait avoir repris un peu de couleurs, mais avait toujours le souffle court.
- " C'est que … c'est pas … fréquent ! "
Joy qui veillait sur son protégé comme une louve sur son rejeton, se tourna à nouveau vers son patron :
- " Cesse de le fatiguer avec tes questions, tu vois bien qu'il n'est pas en état de répondre ! "
Largo se le tint pour dit et ils attendirent les infirmiers qui ne tardèrent pas à arriver. Ceux-ci chargèrent Simon sur un brancard et l'emmenèrent à l'infirmerie située heureusement pour eux au 1er étage du Winch building.

Le lendemain dans la matinée, tout guilleret, Simon arpentait le couloir qui menait au bunker en sifflotant gaiement. La veille, Largo l'avait enjoint de se reposer et il en avait profité pour faire la grasse matinée jusqu'à onze heures.
Juste à temps, il se souvint qu'il relevait de maladie et se 'décomposa' un visage de circonstance. C'est donc un Simon à l'air abattu et traînant les pieds que les trois autres virent entrer.
Largo vint au-devant de lui, l'air compatissant :
- " Comment ça va mon pote ? Ne reste pas debout ! Viens t'asseoir ! "
Une fois installée, Joy lui demanda avec bienveillance :
- " Tu n'as pas soif ? Tu veux que je te ramène quelque chose ? Un verre d'eau peut-être ? "
- " Euh ! Oui, je veux bien un verre d'eau ! "
Georgi, pour ne pas être en reste, proposa :
- " T'es bien installé ? Tu veux que j'aille te chercher un tabouret pour que tu puisses allonger tes jambes ? "
Simon commençait à trouver cette sollicitude soudaine un peu excessive. Il commença à transpirer légèrement.
- " Nnnon ... ça va ... je te remercie "
Largo se planta face à lui, bras croisés, un sourire en coin.
- " Simon, j'ai pris une décision en ce qui te concerne. "
- " Ah oui ? "
- " Oui ! Comme je m'en voudrais de mettre en jeu ta santé, dorénavant tu seras prié de ne plus utiliser les ascenseurs ! "
Simon éberlué, se mit à bégayer.
- " Mais … c… comment tu veux … "
- " Les escaliers mon pote ! Tu sais le truc avec des marches ? "
Simon commençait à pâlir de plus en plus.
- " Mais tu peux pas m'faire ça ! "
Joy se pencha sur lui avec un sourire carnassier.
- " Oh mais si mon petit Simon ! D'ailleurs la voiture aussi, c'est très malsain pour toi : ces espaces confinés ! tsst ! Et comme tu nous as démontré que tu te débrouillais très bien sur le toit des 'Porsche' (1), on a pensé que tu pourrais circuler comme ça dorénavant ! "
Simon se recroquevillait de plus en plus dans son siège. Georgi s'approcha à son tour à vingt centimètres de son visage et pointa un doigt accusateur sur sa poitrine.
- " Pour ma part, je pense que l'air du bunker est très mauvais pour toi. Pas d'ouvertures, mauvaise circulation de l'air. Il vaudrait mieux pour ta santé que tu n'y mettes plus les pieds. Je me suis bien fait comprendre ? "
Simon n'avait plus aucun doute à présent : ils savaient !
- " Co ... comment vous ... ?
Joy, l'air plus féroce que jamais termina sa phrase :
- " Comment on a su que tu n'étais qu'un ignoble menteur ? Que tu as joué avec nos sentiments ? Que tu n'es pas plus claustrophobe que moi ? "
- " Ben … ouais ? "
- " Figure-toi qu'on s'inquiétait pour toi, pauvres pommes que nous sommes et qu'on est monté aujourd'hui voir le médecin pour lui demander ce qu'il en était. C'est lui qui nous a révélé qu'avant-hier tu étais venu le trouver pour le tanner afin qu'il te procure une pilule qui produise des effets similaires à ceux de la claustrophobie !
Georgi enchaîna :
- " Et tu devais bien savoir toi, qu'ils se relayaient un jour sur deux avec son collègue ! Donc, celui que nous avons vu hier quand on t'a amené à l'infirmerie, n'était pas au courant de ta petite combine ! "
- " Ce qui t'a permis de le berner et nous par la même occasion ! Simon je ne sais pas ce qui me retient de te … D'ailleurs, je ne vais pas me retenir ! "
Joy lui déversa sur la tête le contenu du verre d'eau qu'elle tenait depuis un moment.
Simon acculé au dossier de son siège, laissa stoïque, l'eau ruisseler le long de son visage et de sa chemise. Il n'en menait pas large face aux deux ex espions décidés à lui faire payer cher son imposture.
- " Mais …mais … C'était pour la bonne cause ! Largo ! Dis-leur ! "
Largo en retrait, regardait la scène, avec une visible jubilation.
- " Ah mais non ! Ne compte pas sur moi ! Je me suis fait traiter de tous les noms par ta faute, alors il faut que tu payes ! "
- " Mais, vous ne pouvez pas vous débarrasser de moi ! Je peux encore servir ! Je vous rappelle que j'ai rendez-vous avec Alicia ce soir ! "
Là, il se dit qu'il avait peut-être touché juste. Joy et Georgi se regardèrent, hésitants. Puis ils se tournèrent avec un bel ensemble vers Simon :
- " Et si on révélait la supercherie à la belle Alicia ? Tout compte fait, elle serait tellement furieuse qu'elle ferait le travail pour nous ! "
- " Mais … vous pouvez pas faire ça ! "
Devant l'air désappointé de Simon ils haussèrent les sourcils.
- " Ah non ? et pourquoi pas ? "
- " Ben ... c'est que j'l'aime bien moi Alicia ! "
Largo se prit la tête dans les mains.
- " Ah non ! C'est pas vrai ! Il ne nous manquait plus que ça ! "
Joy regardait le Suisse d'un air horrifié.
- " Simon ! Tu sais comment on appelle les espions qui pactisent avec l'ennemi ? "
- " Mais j'y peux rien moi ... "
A ce moment, ils entendirent tambouriner à la porte. Tous se regardèrent : cela signifiait que quelqu'un n'ayant pas les habilitations nécessaires désirait y pénétrer. Georgi déclencha la caméra extérieure et dit sobrement :
- " Pour toi Simon ! "
Puis il actionna l'ouverture automatique. Ils virent alors débouler Alicia Del Ferril tout sourire.
- " Simon ! Je vous cherchais pour avoir de vos nouvelles ! Et comme on ne sait jamais où vous trouver étant donné que vous n'avez pas de bureau ! " (2)
Puis avec un coup d'œil appuyé et hostile en direction de Largo, elle continua.
- " C'est vrai ça, quelqu'un avec vos responsabilités, la moindre des choses se serait que votre patron vous attribue un bureau "
- " Ah ça je ne vous le fais pas dire ! C'est pas faute de réclamer pourtant ! "
Largo leva les yeux au ciel sans répliquer.
Simon avait vu Alicia arriver avec soulagement : il en avait profité pour se faufiler hors des griffes de Joy et Georgi et était allé au-devant de sa belle avec un large sourire.
- " Alicia ! Quel plaisir de vous voir ! "
- " Tu parles ! " Fit Joy entre ses dents.
- " Venez donc, je vous emmène déjeuner au restaurant. Nous pourrons discuter tranquillement ! "
Puis, un bras passé autour de la taille d'Alicia, il sortit en faisant un grand geste de la main :
- " A un de ces jours … Peut-être ! "
Il fit passer sa compagne devant lui, puis, se retournant il leur fit un joli pied de nez avant de s'esquiver rapidement. Il était trop loin dans le couloir pour entendre l'éclat de rire général qui avait salué sa sortie.

FIN

(1) n'est-ce pas Léa ?

(2) ça c'est pour Archy (enfin il me semble ! )

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