Cadeau Bonux

Deux ans après


Disclaimer : Les personnages de Largo Winch ne m'appartiennent pas et c'est bien dommage ! Seul Valérie et sa famille sont à moi, c'est toujours un début ^__^

Auteur : Scilia

Archives : www.bricbrac.fr.st

Résumé : Kerensky veut que sa femme abandonne son travail de garde du corps de Largo mais Valérie n'en fait qu'à sa tête, ce qui n'est pas sans conséquences.

Note de l'auteur : Suite aux cris effrénés de la charmante Valérie qui ne pouvait rester dans l'ombre plus longtemps, voici la suite de ses aventures avec notre Russe ténébreux. Evidement, tout ne s'est pas passé sans mal car elle a un sacré caractère. Pourquoi je ne choisis pas des héros plus facile ? Sadique je suis, même avec moi ! Bonne lecture !

***

Pfff c'est toujours la même chose avec lui ! Nous sommes mariés depuis presque deux ans et il n'a toujours pas compris que je n'abandonnerai pas mon travail. J'aime garder le corps de Largo… oups c'est tendancieux cela… reprenons, j'aime mon travail de garde du corps et ce n'est pas parce que j'ai un enfant que je vais abandonner. Vous me trouvez égoïste ? Mettre ma vie en danger, éventuellement priver ma fille de sa maman, et bla bla bla… j'ai droit à cela depuis deux semaines, depuis que j'ai été blessé à l'épaule… rien de grave, une égratignure, mais mon cher mari ne me laisse pas une minute de répit. A tel point que Largo et Joy l'évitent pour le moment car il essaye de les convaincre de me " renvoyer ". Je sais bien, au fond de moi, que cela n'est pas vraiment raisonnable. Je pensais vraiment décrocher quand Selena est arrivée mais je ne peux pas, c'est plus fort que moi. L'inaction durant mon congé de maternité m'a tellement pesé que j'en ai fait une petite dépression. Je tournais comme un lion en cage dans la maison de Georg… non, dans notre maison. C'est stupide mais c'est lui qui a tenu à l'acheter. Pourquoi vous ne me croyez pas ? Bon, d'accord, en fait c'est un cadeau mais j'aurais voulu avoir mon mot à dire… oui, c'est vrai que la surprise aurait été gâchée. En fait, nous avions visité plusieurs maisons, il a vu que celle-ci me plaisait particulièrement avec son immense terrasse donnant sur un superbe jardin, une grande chambre avec un balcon, une cuisine équipée, etc… La maison que l'on envie tous un jour ou l'autre dans les magazines mais hors de prix, la maison que l'on habitera jamais, la maison qui n'est qu'un beau rêve jusqu'à ce qu'un soir votre mari arrive, vous tende une enveloppe avec un contrat de vente indiquant que M et Mme Kerensky en sont propriétaires.

Cela me fait toujours bizarre de songer à moi en tant que Valérie Kerensky. Oh les deux noms se marient bien ensemble mais j'ai tellement eu l'habitude qu'on m'appelle Collins quand j'étais à l'armée que… ah oui, je ne vous ai pas dit, j'ai fait partie des marines pendant 5 ans. Je me suis engagée à 19 ans après une dispute plus que mouvementée avec mon père. Il tenait absolument à ce que j'abandonne mes études d'architecte pour me marier. Me marier, moi, qui n'avait qu'une seule idée en tête décrocher mon diplôme et m'enfuir de Homestead, Floride. Je haïssais la ville malgré la maison bourgeoise que nous habitions, nos voisins toujours tirés à quatre épingles, les pelouses régulièrement tondues, les barbecues du dimanche. Cela semble le paradis pour certains, pour moi c'était l'enfer. J'en reviens au mariage car, non seulement mon père insistait, mais en plus il avait déjà choisi mon prétendant, Douglas Rayfield III. Rien que le nom m'a fait fuir mais quand j'ai su l'age de cet homme, j'ai cru avoir une crise cardiaque. J'avais 19 ans, il en avait…45 ! Un dinosaure ! Un vieil abruti ventripotent qui perdait déjà ses cheveux ! Mon père n'en démordait pas, je devais l'épouser car notre union lui permettrait d'agrandir sa société d'import-export. Ma mère n'a rien dit. Elle ne disait jamais rien de toute façon, mon père semblait être un saint pour elle. Notre dernière dispute a été le dernier jour où je les ai vus. En pleine nuit, j'avais pris ma décision : j'ai fait mon sac et j'ai quitté la maison.

L'idée de m'engager m'est venue en errant sur le port. Je n'avais nul part où aller, les marines me procureraient un toit, me donnerait à manger, ce serait une sorte de famille. Le plus dur a été de me faire raser la tête et les quolibets de mes compagnons. A l'époque, les femmes s'embarquaient rarement et mes camarades étaient… chahuteurs. Comme si le fait de vivre avec des hommes insupportables ne suffisait pas, il a fallu que je tombe sur un sergent misogyne. Il me haïssait, je pouvais le lire dans son regard chaque fois qu'il me donnait, ou plutôt m'aboyait, un ordre. J'héritais, bien sur, des pires corvées mais rien n'y a fait, j'ai tenu bon. Vous avez déjà vu, dans certains films, les pauvres soldats obligés de nettoyer les toilettes avec une brosse à dents ? Je l'ai fait quasiment une fois par mois pour des raisons à la con : je n'avais pas remonté mon arme assez vite, je n'avais pas fait un score honorable au tir,.. . Toutes les raisons étaient bonnes pour m'humilier et les gars prenaient plaisir à le voir faire. J'ai quitté les marines avec le grade de lieutenant. J'y ai appris à me battre à mains nues, à me servir de différentes armes, à naviguer, à conduire, à me servir d'explosifs,…

Quand j'ai débarqué, je n'étais plus une adolescente, j'étais une femme accomplie, sûre d'elle, et qui avait toujours envie de quitter Homestead. Je suis passée devant la maison de mes parents. J'ai fait arrêter le taxi quelques minutes, j'en suis descendue mais je n'ai pas été jusqu'à la porte. Manque de courage ? Peut-être… je n'avais plus rien à leur dire, je crois. Je ne leur avais donné aucunes nouvelles pendant cinq ans et, connaissant mon père, il devait me faire passer pour morte. Je suis allée à l'aéroport et, comme je ne savais pas où partir, j'ai choisi une destination au hasard, San Francisco. La ville est superbe avec son architecture si particulière. J'ai pris une chambre dans un motel et j'ai commencé à chercher du travail. Ce qui n'est pas évident quand on n'a aucune qualification. Tout ce que j'avais appris chez les marines semblait futile dans le monde civil. Mes économies fondaient à vue d'œil, mon moral était en chute libre lorsque j'ai rencontré David.

C'était en juin, une petite brise soufflait, j'avais décidé de tenter ma chance une dernière fois avant de plier bagages. J'ai remarqué plusieurs voitures de police garées devant la Mellytown Bank. Intriguée, je me suis approchée autant que je le pouvais. David Corelson est arrivé peu de temps après. Il était adjoint au maire et voulait faire un point de la situation. La prise d'otage commençait à tourner au vinaigre, les braqueurs demandaient beaucoup trop sans rien donner en échange. David a donné l'ordre aux forces de l'ordre d'entrer dans la banque en fin d'après-midi. Je ne sais pas pourquoi, sans doute l'instinct, j'ai franchi le cordon de police et me suis approchée de lui. Mon intuition ne m'avait pas trompée, l'un des braqueurs avait réussi à sortir par la porte de derrière et a tiré sur Corelson. Je n'ai pas réfléchi, je l'ai plaqué au sol et j'ai pris la balle à sa place. On a appris plus tard que l'homme venait de perdre son frère, abattu sans sommation par un des policiers.

Je me suis réveillée le lendemain à l'hôpital, j'avais perdu connaissance et beaucoup de sang peu après avoir été touché. David était là à mon réveil. Ma chambre ressemblait à un champ de fleurs grâce à lui. Je n'ai pas mis très longtemps à m'en remettre, ce n'était pas la première balle que je prenais et question douleur, j'avais connu pire. Il m'a demandé pourquoi je l'avais protégé, j'ai été bien incapable de lui répondre. Il a gardé le silence un long moment ce qui m'a permis d'observer l'homme que j'avais sauvé. Il était grand, environ 1m80, d'une corpulence moyenne mais on devinait un corps musclé sous son costume gris à la coupe impeccable. Ses cheveux bruns étaient coupés très courts et ses yeux verts me fixaient étrangement. A mon grand étonnement, il m'a proposé un job. Il avait, je ne sais comment, fait quelques recherches sur moi et mon séjour chez les marines avait eu l'air de l'impressionner. Il a été le premier homme que j'ai protégé, mon premier amant aussi mais sa femme était un sérieux obstacle à une relation durable. Personne n'est parfait et je suis certaine que cette situation vous fait penser à un couple que nous connaissons bien. Joy a eu la chance de pouvoir épouser Largo. Ce n'était pas mon cas, j'en ai eu assez au bout de 11 mois, j'ai plié bagages et suis partie pour New York.

Mon installation dans la grosse pomme s'est plutôt bien déroulée. Les mois passés à protéger David m'avait permis d'acquérir une certaine réputation dans le milieu, aussi n'ai-je pas été vraiment été étonnée quand j'ai été contactée par une certaine Joy Winch-Arden. J'avais déjà vu la photo de son mari en couverture de plusieurs magazines et journaux. Je connaissais sa réputation de milliardaire utopiste mais je n'avais aucune idée de l'existence de la petite équipe qui veillait sur sa sécurité. Nous étions cinq à nous présenter pour le poste, j'étais la seule femme mais cela ne m'a pas fait reculer pour autant. Quand j'ai été invitée à entrer dans le penthouse, mon regard a tout de suite été attiré par un homme qui était installé à la droite de Winch. Nous nous sommes observés un long moment avant que je ne reporte mon attention sur mon éventuel employeur. J'ai senti Largo un peu rebuté par mes 25 ans malgré mes références. David n'avait pas été méchant sur ce coup-là, ma lettre était élogieuse tout en restant parfaitement exacte. Un petit brun, qui était assis sur le bord du bureau, me contemplait depuis mon arrivée avec l'air d'un loup affamé. Ma tenue était pourtant plus que stricte : tailleur pantalon noir, chemisier légèrement décolleté, un chignon retenait mes cheveux roux. Contrairement à l'homme aux longs cheveux blonds qui avait soutenu mon regard à mon arrivée, celui-ci avait craqué au bout de deux minutes et un léger sourire de satisfaction s'était affiché sur mes lèvres. Joy et Kerensky avaient remarqué notre petit jeu. Je crois que Simon m'a inconsciemment aidé à me faire embaucher. Je n'avais pas craqué au charme légendaire du Suisse. La suite, vous la connaissez plus ou moins, jusqu'à la naissance de notre fille et mon mariage avec Kerensky.

- Largo, tu as rendez-vous à l'ambassade péruvienne dans vingt minutes !

J'adore mon patron mais il semble toujours être en retard. J'ai parfois la sensation de protéger un gamin. Il sort enfin de sa chambre, Joy le suit, je sais pourquoi il est en retard. Je lui fais signe que je l'attends dans le couloir. Ils ont bien droit à quelques moments d'intimité et puis, je ne suis pas sa secrétaire, qu'il soit en retard ou non ne change rien à mon travail. Je serre les dents en voyant Cardignac sortir de l'ascenseur. Je déteste cet homme et je suis certaine que vous aussi. Son air suffisant, ses manières, sa façon de toujours vouloir se mettre en avant et de se croire le centre du monde. Georgi m'a raconté la manière dont il a menacé, il y a quelques années, Cardignac de l'effacer purement et simplement des fichiers informatiques : banque, sécurité sociale,… Mon mari a du génie par moment. Je suis persuadée, vous allez croire que je suis parano mais tant pis, qu'il m'observe du bunker grâce à la caméra de surveillance du couloir. Vous ne me croyez pas ? Je vais vous le prouver !

- Tu n'as pas autre chose à faire, attaqué-je d'emblée dès qu'il décroche le téléphone du bunker.
- Non.
- Mmmm Georgi, je ne risque rien au sein du groupe W.
- Je n'ai pas le droit d'admirer ma femme ? Rétorque-t-il le plus innocemment possible.
- Tu ne t'en sortiras pas par la flatterie. Je dois y aller.
- Je sais.
- Piégé, ricané-je en coupant la communication avant de tirer la langue à la caméra, sous l'œil étonné de John qui vient juste de sortir de son bureau.

Hum… faire comme si de rien n'était. Je n'ai rien fait, j'attends mon bon dieu de patron qui va vraiment être en retard maintenant. Pitié, dites-moi qu'il n'est pas en train de faire une petite sœur à Thomas ! Sullivan s'approche de moi.

- Vous ne devriez pas être en route pour l'ambassade ?
- Exact.
- Il va encore être en retard, commente John qui n'a toujours pas compris pourquoi je tirais la langue à la caméra.
- J'en ai peur. J'ai prévu un hélicoptère mais même sans la circulation…
- Vous ne devriez pas lui dire que…
- John, je viens de le lui rappeler et je n'ose imaginer ce qu'il fait là-dedans, dis-je en montrant le penthouse de la main, avec sa chère et tendre épouse.
- Oh.
- Oui oh, répèté-je en me demandant depuis combien de temps Sullivan n'a pas fait la chose.

Non mais j'ai de ces pensées moi ! Tout cela par la faute de Largo ! D'un autre coté, je n'ai jamais vu John accompagné d'une femme. D'accord, il passe 90% de son temps au groupe mais il doit bien avoir un tout petit riquiqui minimum de vie privée, non ? J'ai vaguement entendu parler d'une… Céleste ou un truc de ce genre mais apparemment cela n'a pas marché. Dommage que le peu d'amies que j'ai soit trop jeune pour lui. J'aime bien John même si je le trouve un peu coincé par moments, en l'occurrence maintenant que j'ai évoqué Largo en train de s'envoyer en l'air avec Joy. J'ai l'impression qu'il a un peu rougit et qu'il transpire… Je lui pose la question ? Vous savez comme dans cette pub pour le lait je ne sais plus quoi.

- Comment on fait les bébés ?
- Hein ? Réplique-t-il en manquant de s'étouffer.

Dommage, il n'a pas de bouteille de lait sous la main mais j'ai intérêt à trouver une échappatoire.

- Je vous demandais comment on fait les bébés.

Et merde, c'est pas une échappatoire ça, c'est la même phrase ! Y aurait-il un trou de souris quelque part pour que je puisse me cacher ? Ouf Largo est sorti avant qu'il n'ait le temps de dire quelque chose. Déjà que John me trouve… originale, il va me prendre pour une dingue là ! Pas grave, pas le temps de m'attarder sur ma gaffe et puis, ce n'est pas la première ni la dernière.

***

- Largo, on est arrivé.

Houston on a un problème ! Nan, c'est pas ça… L'Andromeda appelle l'Enterprise, vous êtes arrivés à destination ! Je répète : téléportez-vous immédiatement dans la salle de réunion ! Hum… la téléportation ça serait chouette, Largo ne serait jamais plus en retard quoique, le connaissant, il se ferait encore désirer. Nous empruntons l'escalier qui court du toit jusqu'au rez-de-chaussée. Je passe devant, mon Beretta à la main. Je n'aime pas les escaliers, c'est un endroit idéal pour faire une embuscade puisque celui qui descend ne voit pas ce qui l'attend. Rien à signaler, il atteint la salle sans problème. Je salue le garde du corps de l'ambassadeur d'un signe de tête.

***

Le rendez-vous semble s'être bien passé. L'ambassadeur va présenter le projet de Largo, synonyme de centaines d'emplois dans son pays, à son gouvernement et il le rappellera ultérieurement. Je manque de m'étrangler quand mon patron me dit qu'il veut rentrer en taxi. Non mais il est aussi fou que moi lui ! Un taxi ! Comment être sur que le chauffeur va assurer en cas de problème et qu'on peut lui faire confiance ? Rien n'y fait, mes protestations restent sans effet et je suis condamnée à annoncer à notre pilote qu'il peut repartir sans nous.

Je ne suis pas tranquille assise à coté de Largo dans un des taxis jaunes de New York. Chaque voiture me semble suspecte, chaque conducteur est un tueur en puissance qui en veut à mon patron. Oui, je suis parano, c'est nécessaire dans ce métier.

- Détends-toi, dit Largo.
- Comment veux-tu que je me détende alors que nous sommes dans un taxi au lieu de l'hélico !

Ce n'est pas vraiment ce que je voulais dire mais, même si je sais qu'il aime mon franc-parler, lui dire qu'il est un crétin de première de prendre des risques inutiles, en se baladant comme tout un chacun dans un taxi, je ne suis pas sure que cela lui plaise. Joy va me tuer. De quelle façon, je l'ignore, mais elle va me tuer.

- Je ne lui dirais rien.

Hein ? De quoi y cause le monsieur ? En plus, on tombe dans des embouteillages sur la 5e. Non, décidément, quelque chose me déplait.

- Je ne dirais rien à Joy, répète Largo en voyant que je ne suis pas.
- Ah… cela ne l'empêchera pas de me crucifier.
- Georgi l'en empêchera, m'assure-t-il avec un léger sourire.
- Je crains plutôt qu'il n'aille lui donner un coup de main, histoire de s'assurer que je ne pourrai plus travailler pendant quelque temps.
- Je suis désolé.
- De quoi ? Demandé-je en observant les voitures et les piétons autour de nous.
- D'être la cause d'un malentendu.
- Tu ne l'es pas. Enfin si, d'une certaine façon, rajouté-je en voyant qu'il ne me croit pas.
- Il ne veut pas te perdre.
- Epargne-moi le couplet sur le romantisme de mon mari tu sais très bien, et moi aussi, qu'il est loin de l'être.
- Il vous aime malgré tout Selena et toi.
- Je n'en ai jamais douté.

Non, décidément, quelque chose ne va pas. Que faire… le taxi n'avance plus depuis un petit moment à cause d'un camion qui a du mal à tourner dans une ruelle. Je n'aime pas cela, cela ressemble de plus en plus à un piège.

- Largo, tu me suis, ordonné-je d'un ton sans appel.

Je fais passer un billet de 20$ par la petite fenêtre de protection qui nous sépare du chauffeur et ouvre la porte. Je sors, mon arme à la main, et observe les alentours. Rien ne semble suspect pourtant mon intuition ne m'a jamais trompée. Je fais un signe de la main à Largo. Il me suit, il ne dit plus un mot. Il me connaît et sait que je ne plaisante pas avec sa sécurité, qu'il n'a pas intérêt à me désobéir s'il ne veut pas recevoir une balle de ma part dans une certaine partie de son anatomie. Mais non je ne suis pas cruelle, je tiens juste à ce que les choses soient claires. Je lui laisse un maximum de libertés mais je prends les commandes dès que cela semble dangereux.

Nous longeons plusieurs immeubles. Je connais le quartier pour y avoir habité un moment. Je le fais entrer sous une porte cochère. L'immeuble a un accès qui donne dans l'autre rue. J'invite Largo à se cacher dans la cage d'escalier. J'ai besoin de savoir si j'ai raison et combien ils sont. Je l'entends monter deux étages avant de ne plus faire de bruit. Je suis cachée derrière les poubelles. Je sais, il y a mieux comme cachette mais cela me permet de voir l'entrée entre deux de ses horribles poubelles vertes. Et merde, ils sont trois. Ils semblent déconcertés, avons-nous décidé de nous réfugier dans les étages ou avons-nous fuit par la porte de derrière ? Ils se séparent. Il y en a deux qui prennent la sortie et l'autre qui monte lentement l'escalier. Il n'a guère le temps d'aller plus loin que le premier étage, je l'ai rattrapé et assommé avec la crosse de mon Beretta. Bien évidemment, aucun papiers sur lui. Largo redescend, il contemple l'homme mais me fait signe qu'il ne le connaît pas. Que faire ? Je réfléchis rapidement à toutes nos possibilités. Ils vont vite s'apercevoir que nous n'avons pas quitté l'immeuble par la porte arrière et revenir sur leurs pas. Il faut profiter de la moindre seconde pour quitter ce qui est devenu un dangereux refuge. Largo me suit, il a récupéré l'arme de l'homme que j'ai assommé. Merde, ils sont déjà revenus ! Protéger Largo, c'est tout ce qui importe. Je lui donne une vive poussée et il retourne se mettre à l'abri dans la cage d'escalier. Mes poubelles sont de l'autre coté de la cour, dommage cela aurait été pratique malgré l'odeur. Grrrrrr pourquoi ne sommes-nous pas dans Matrix ? J'aurais passé un coup de fil à Link, ils nous auraient trouvé un téléphone dans l'immeuble et zou, on disparaissait. Oui, je sais, je vais trop au cinéma ! Mais qu'est-ce que vous voulez faire dans ce genre de situation ? Ce qui me semblait une bonne idée au départ, vient de se retourner contre nous. Vous savez quoi… Georgi a raison quelque part, je suis folle de continuer pourtant je n'ai pas peur de mourir. Il va m'en vouloir, comme si avoir Joy sur le dos n'était pas suffisant. Pourvu que Selena ait fait sa sieste et goûté sans problème. Je sais, c'est bien le moment de penser à la petite mais bon, je suis comme cela. Mon portable sonne, c'est Kerensky.

- Oui ?
- Qu'est-ce que vous faites ? Vous devriez être là depuis trente-deux minutes.
- Du shopping, répondé-je en ripostant contre les deux hommes.
- Qu'est-ce que…
- Mais c'est rien, on est au rayon télé et le son est un peu trop… merde, faut que je recharge…
- Valérie, tu es en pleine fusillade ! S'exclame la voix de Joy que j'imagine en colère dans le bunker à coté de mon mari.
- Bravo Joy, tu es le maillon fort de cette manche !
- Bon dieu, tu ne peux pas…
- Hey, je ne vous ai pas demandé d'appeler et Largo va bien.
- Pourquoi vous n'avez pas pris l'hélico ? Rugit Joy que j'imagine verte de rage.
- Pose donc la question à ton mari, répondé-je en envoyant le portable à Largo.

Je n'entends pas la suite de la conversation mais je la devine aisément. Youpi, je viens de bousiller la main d'un des deux hommes, il ne peut plus tirer. Ah si, il est ambidextre, merde, mais qui m'a foutu des tueurs ambidextres ! Va falloir revoir les règles là ! C'est pas juste, je suis droitière moi ! Pfff pas grave, j'ai un créneau, je le prends. L'homme ambidextre n'est plus un problème, il a un joli trou dans le front. Il en reste un qui semble être plus doué que l'autre. Ce ne sont pas des pros, ils ne se seraient pas fait avoir ainsi. Largo à toujours l'air d'être au téléphone. Je sursaute légèrement en entendant une détonation derrière moi. Il vient de descendre l'homme que j'avais assommé. Une seconde d'inattention a suffit. Je sens la brûlure caractéristique d'une balle sur mon coté droit. Largo tire, l'homme s'écroule. Je porte ma main sur ma blessure, elle est couverte de sang. Pas grave, j'ai connu pire. Je me relève et vais fouiller les deux hommes. Aucun papier, juste une photo de leur cible, Largo. Il appelle une ambulance mais je lui fais signe de raccrocher. Hors de question de le laisser là. On doit partir tout de suite.

On repasse la porte cochère. Comme par hasard, le camion qui bloquait la rue a disparu. Largo hèle un taxi et je ne songe même pas à l'invectiver cette fois. Nous arrivons rapidement au groupe W. Tout semble aller pour le mieux, pas de vilains planqués en embuscade. Nous franchissons les portes de verres qui mènent à l'accueil. Joy, Simon et Georgi sont là, morts d'inquiétude, tout au moins pour les deux premiers car les yeux de mon mari brillent d'une colère contenue.

- Je ne veux rien entendre, dis-je en passant devant lui pour aller prendre l'ascenseur.

Non mais c'est vrai quoi, je suis déjà blessée, je n'ai pas en plus besoin qu'on me crie dessus, qu'on me dise que je suis inconsciente, qu'il faut que j'arrête de bosser ! Je sais tout ça et, le pire, c'est que quelque part je sais qu'il a raison. Ils me suivent tous. Et zut, pas moyen d'avoir un peu de tranquillité. Simon me regarde bizarrement. J'ai un bouton sur le nez ou quoi ? Non, pas lui demander, pas envie de parler. Je veux descendre au bunker mais Largo appuie d'autorité sur l'étage de son appartement. Je lui lance un regard noir mais cela ne lui fait ni chaud ni froid. J'ai perdu mon pouvoir sur lui ou quoi ? Je veux lui faire peur ! Et si je lui murmurais d'une voix bien forte à l'oreille un " bouh " ? Non, je délire. Cela doit être la blessure. Dieu merci, Georgi n'a toujours pas remar… je n'ai rien dit, il sait et il a l'air encore plus furax. Pourquoi tu n'as pas voulu prendre ce foutu hélico Largo !

- Fais voir, ordonne mon cher mari une fois que nous sommes dans le penthouse.
- Nan.

Joy revient avec une trousse de secours pendant que Simon détourne les yeux. Je ne savais pas que la vue du sang le révulsait.

- Valérie.
- Je sais comment je m'appelle et je n'ai rien à te montrer.
- Bon sang, il va falloir que je t'attache sur une chaise pour pouvoir te soigner ? S'écrit Georgi dont le vernis " je ne montre pas mes émotions " commence à s'écailler.
- Essaye pour voir ! Le défié-je avec un regard aussi noir qu'un café ultra-serré sans sucre.

Je ne l'ai jamais vu dans cet état. Il déchire soudainement mon chemisier avant de me faire asseoir sur une chaise. Pas bouger, rien dire, pas manger moi monsieur, toi pas être cannibale… enfin je crois. Pourquoi est-il aussi énervé ? Non, pourquoi le montre-t-il ? Ce n'est pas dans ses habitudes. Oh merde, je sais pourquoi. Nan, cela peut pas être ça.

- Je t'emmène à l'hôpital, déclare-t-il d'un ton sans appel.
- Certainement pa… avec plaisir.

Mieux vaut ne pas le contrarier, je crois qu'il serait capable de m'achever sur place malgré ses sentiments pour moi. Joy ronge son frein en attendant de pouvoir être seule avec Largo pour lui passer un savon " made in CIA ". Je le plains le pauvre… euh je ferais peut-être mieux de me plaindre moi-même parce que je décolle soudainement de la chaise pour me retrouver dans les bras de Georgi.

- Il faudrait que…

Valérie, ne dis rien. Il faudrait que je lui dise un jour, que ses regards d'ex agent du KGB ne me font plus peur depuis longtemps. J'ai même parfois l'impression qu'il serait incapable de descendre un type. En parlant de type, faudrait quand même prévenir la police qu'il y a trois cadavres dans une cour d'immeuble, ça fait un peu désordre.

- Simon, appelle la police, ai-je à peine le temps de dire avant de quitter le penthouse portée par mon mari.

Je dois bien avouer que j'aime être dans ses bras. Bon d'accord, les conditions actuelles ne se prêtent pas du tout à un rapport plus intime mais son odeur me chatouille les narines. Hey n'oublie pas qu'il t'en veut à mort ! Ben voui mais c'est doux, c'est tendre, l'épaule d'un Kerensky ! Elle a raison, confirme un… j'ai perdu connaissance, c'est pas possible ! Je ferme les yeux plusieurs fois mais elles sont toujours là. Deux mini-Valérie, l'une habillée en ange et l'autre avec un sexy costume de diablotin.

- Aller, dis-lui que tu es grande, que tu peux marcher toute seule, fait la Valérie diable avec un sourire.
- Mais non, dis-lui qu'il avait raison et que tu vas arrêter de faire un métier si dangereux.
- Oh faut toujours que tu joues les rabats-joie, toi !
- Elle a une famille, elle ne peut pas risquer sa vie sans arrêt, proteste l'ange.

Je les écoute se disputer un long moment pendant lequel Georgi m'a installé dans notre voiture et roule déjà vers l'hôpital. Il n'a pas dit un mot et, quelque part, je crois que c'est mieux comme cela.

- Ça suffit !

Tiens, ange et démon se figent avant de disparaître en me tirant la langue. Mon mari ne semble pas m'avoir entendu, tant mieux. Je commence à ressentir un léger engourdissement, mes yeux se ferment tout seuls et je glisse avec plaisir dans l'inconscience, loin de la colère de Georgi.

***

- Tu n'avais pas le droit de risquer ta vie. Tu n'as pas le droit de nous laisser, Valérie.

Les mots résonnent dans la chambre d'hôpital. Je les ai murmurés mais j'ai la sensation que tu les entends. Cela fait deux jours que je t'ai amené ici, cela fait deux jours que j'espère que tu vas te réveiller. Le médecin m'a expliqué que l'opération (pour extraire la balle) s'était bien passée mais qu'un arrêt cardiaque t'a plongée dans le coma. Il en ignore la durée, il ignore si tu seras toi-même quand tu vas revenir parmi nous. Je n'ai aucun doute sur ce dernier point. Je sais que je verrais de nouveau ton sourire, j'entendrais ton rire, je te regarderais jouer avec notre fille. C'est Joy et Largo qui s'occupent de Selena pour le moment. J'ai préféré ne rien lui dire. C'est peut-être lâche mais je n'ai pas le cœur à voir son regard s'assombrir en te sachant dans cet état. Pourquoi a-t-il fallu que tu persistes à être la garde du corps de Largo ? Par défi ? Il ne me semble que je ne t'ai jamais rien demandé hormis d'arrêter parce que je savais, j'ai trop touché ce milieu pour l'ignorer, que quelque chose de ce genre pourrait se produire. Cela aurait pu être pire, je pourrais être dans un cimetière à contempler ta tombe. J'ai conscience de la chance que j'ai mais je ne peux m'empêcher d'être en colère contre toi.

- Georgi ?

Largo entre dans la chambre. Le plus étrange dans tout cela, c'est que je ne lui en veux pas vraiment. C'est à toi que j'en veux. Pourtant Dieu sait que j'ai envie de te prendre des mes bras, de te couvrir de baiser, de redécouvrir ton corps encore et encore, de voir cet éclat dans tes yeux chaque fois que nous faisons l'amour, de t'entendre dire que tu m'aimes. Ces quelques mots que je te dis rarement. Tu ne t'en es jamais plainte pourtant j'imagine que tu as besoin de les entendre. Je te fais une promesse : il ne se passera plus un jour sans que tu saches à quel point tu comptes pour moi mais pour cela, il faut que tu reviennes.

- Qu'a dit le médecin ?
- Rien.
- Je suis désolé, c'est ma faute si…
- Si elle a prit une balle, oui. Tu n'es en rien responsable de son arrêt cardiaque.
- C'est une des conséquences de…
- Largo, je sais ce que tu veux faire mais ce n'est pas la peine. Tu n'as pas à te sentir responsable.
- Pourtant je le suis, en partie du moins.

Il a sans doute raison. Je n'ai aucune envie de discuter de ce point avec lui. Il a l'art de se mettre dans des situations plus dangereuses les unes que les autres. Ce n'est pas nouveau, cela fait cinq ans que je travaille avec lui et que je le vois faire. La particularité de Largo étant la culpabilité qui le ronge ensuite car, sur le moment, je doute qu'il ait vraiment conscience des conséquences de ses actes. Comme ne pas prendre cet hélicoptère qui devait les ramener au groupe W. Pourquoi avoir prit un taxi ? J'ai eu la réponse hier je crois. Je perds un peu la notion du temps à rester près d'elle mais je ne peux pas l'abandonner. Largo voulait passer chez Saks, célèbre magasin de la 5e avenue, pour acheter un bijou à Joy. Ils ont une nouvelle à fêter : elle est enceinte. Le bonheur des uns fait le malheur des autres dit un proverbe français je crois. Il s'applique parfaitement dans notre cas. L'enquête de la police n'a pas encore déterminé qui étaient les trois assassins. Le chauffeur de taxi a été retrouvé aussi mais il n'a pas eu le temps de dire grand chose. Deux hommes sont entrés dans la salle d'interrogatoire où il était, se faisant passer pour des inspecteurs, pour le faire taire à jamais. Je ne sais pas qui a organisé ce piège mais il dispose de moyens logistiques impressionnants, car il ne s'est guère passé plus de vingt minutes entre le départ de l'ambassade et le guet-apens. La Commission ? Peut-être, le projet de Largo va certainement les empêcher de faire main-basse sur une partie du pays.

Les heures passent et voilà un troisième jour qui se lève. Que pourrais-je faire pour que tu te réveilles ? Que ne donnerais-je pour revoir tes yeux noisette me regarder, même avec colère, une seule minute. Je n'ai jamais particulièrement fait attention à la nature hormis lorsqu'elle pouvait m'aider dans mes missions. L'hôpital est situé près d'un petit parc que l'on voit de ta chambre. Le soleil se lève, réchauffant de ses rayons les fleurs, les arbres, le petit kiosque et les statues de marbre. J'aimerai que tu sois à mes cotés pour voir ce spectacle enchanteur. Je te tourne le dos, contemplant le parc, depuis quelques minutes lorsque je distingue un petit bruit, à peine un chuchotement. Je me retourne et t'observe ou plutôt… nous nous observons. Tu sembles avoir du mal à garder les yeux ouverts mais je ne rêve pas, tu es réveillée.

- Georgi…

J'ai l'impression de revivre, on vient de m'ôter le poids qui pesait sur mes épaules. Je m'approche de toi. Tu sembles perdue, incapable de te rappeler où tu es.

- Comment te sens-tu ?
- Où… c'est un hôpital ?

Je hoche la tête tout m'asseyant à tes cotés. Tu fais un effort et je vois à ton expression que tout t'est revenu en mémoire.

- Je suis désolée. J'aurais dû te…
- Chut. Pas maintenant.

Il m'embrasse et je sens mes larmes couler. Comment peut-il être aussi bon avec moi alors que j'ai dû le plonger dans une folle angoisse ? Il me murmure des mots qu'il m'a peu dis. Il m'aime, il veut vieillir à mes cotés, me faire un autre enfant,… Pourquoi me dit-il tout cela alors que je sais que je l'ai déçu ? Je n'ai pas envie d'y réfléchir maintenant, ses lèvres sont trop douces, avides, passionnées. Nous n'arrivons plus à nous détacher l'un de l'autre. Je lis dans ces yeux azur combien il a souffert de me voir entre la vie et la mort durant je ne sais combien de temps. Je lis aussi qu'il me pardonne tellement son bonheur de me voir sortie du coma est intense. Quelques coups frappés à la porte nous ramènent à la réalité. Une infirmière entre et un sourire éclaire son visage en nous regardant. Elle s'éclipse pour aller chercher un médecin.

***

Je suis sortie une semaine plus tard avec ordre de me reposer et un arrêt de travail d'un mois. Je trouve cela exagéré pour une malheureuse balle mais il semblerait que mon cœur soit fatigué. Le médecin m'a expliqué que je n'avais pas fait un arrêt sans raison. J'ai plusieurs examens à passer mais je ne suis pas inquiète. Pourquoi le serais-je alors que je suis si bien entourée ? Selena m'a retrouvée avec bonheur et Georgi m'a forcée à engager une jeune fille au pair, Julia, qui s'occupe de notre fille. Il passe beaucoup plus de temps à la maison, travaillant à distance grâce à son portable. J'apprécie les moments que nous passons ensemble qu'il s'agisse de siestes crapuleuses ou d'une simple balade dans le jardin, main dans la main. Il m'a promis une surprise pour mon anniversaire la semaine prochaine. Je ne sais pas ce que c'est, j'ai eu beau le travailler au corps, il n'a rien dit. Je suis certaine que Largo, Joy ou Simon savent de quoi il s'agit mais il a dû les menacer des pires maux si jamais ils parlaient.

***

Ils sont tous là. Une vingtaine de personnes, mes plus proches amis, pour fêter mon anniversaire. Georgi a loué un salon au Plaza, près de Central Park et de la 5e avenue. J'admire cet hôtel depuis que je suis arrivée à New York bien que je n'aie jamais osé entrer tellement il me paraît luxueux. Il me semble être une princesse de conte de fée quand nous sortons de la limousine et que nous longeons les couloirs menant au salon.

- Tu es fou, dis-je dans l'ascenseur malgré le groom qui nous accompagne.
- De toi, totalement, répond-il avant de m'embrasser.
- Hum… vous êtes arrivés, fait le groom légèrement gêné parce que nous nous embrassons depuis plus d'une minute.

Nous consentons à le laisser repartir travailler. Georgi me donne le bras pour pénétrer dans le salon. Selena nous saute dans les bras dès qu'elle nous voit.

- Bon anivesai, maman !
- Merci ma chérie.

Tous mes amis reprennent les mots de Selena. Largo, Joy, Simon sont les premiers à venir me saluer mais quand ils s'approchent, je découvre le visage d'une personne que je n'ai pas vu depuis des années. Elle est là, humble et heureuse à la fois de me revoir. Je n'ose pas y croire. Comment a-t-il… Pourquoi a-t-il fait cela ? Je lui ai parlé de ma famille mais je ne lui ai jamais dit que je voulais revoir… Georgi m'observe et lit sur mon visage les pensées qui se sont emparées de moi.

- Elle voulait te voir, murmure-t-il à mon oreille avant de m'engager à aller la saluer.

C'est étrange comme dans ce genre de moment vous vous sentez seule malgré la foule qui vous entoure. Je ne sais pas quoi lui dire. Après tout, elle n'a rien fait quand mon père voulait me marier à cet affreux bonhomme alors, pourquoi aujourd'hui, lui pardonnerais-je ? Elle n'a pas bougé, semble même être gênée d'être là. Ma mère. Rien que de penser à ce mot, je me sens mal. Vous trouvez que j'aurais dû lui sauter dans les bras et faire table rase sur le passé ? Hélas, il n'y avait pas eu que cette histoire de mariage qui nous avait divisés. J'avais 21 paires d'yeux braqués sur moi… avais-je vraiment le choix ? Je sens qu'il m'a piégé même s'il l'a fait en pensant me rendre heureuse. Georgi n'a plus de famille et je sais que cela le rend malheureux, voir même nostalgique parfois. Bien sûr, il n'en dit rien mais je sais qu'il a apprécié lorsque je lui ai proposé d'instaurer quelques fêtes orthodoxes à la maison, entre autre Saint Nicolas. Je veux que Selena connaisse les us et coutumes de son père comme les miens et… elle se devait de connaître sa grand-mère.

- Maman.

C'est idiot car elle sait qui elle est mais je ne trouve rien d'autre à lui dire.

- Ma chérie.

Hum… super le dialogue vous ne trouvez pas ? Je lirais cela dans un livre, je crois que j'irais illico invectiver l'auteur pour lui dire de mieux faire. Mais je ne suis pas l'héroïne d'un livre, c'est la réalité et je me rends compte qu'il manquait quelque chose à mon bonheur malgré Selena, Georgi, mes amis, mon travail,… Il me manquait ma mère. Je fonds en larme dans ses bras et elle fait de même. C'est dur et bon à la fois de la retrouver. Je ne peux pas expliquer ce que je ressens mais je me promets de remercier mon mari de la plus agréable manière qu'il soit : en le noyant dans la baignoire pour m'avoir fait une telle surprise ! Je déteste les surprises et il le sait. Peu importe, pour le moment nous allons faire la fête après… qui sait ce que nous réserve la vie.

Carpe diem ou… fin