Un docteur inattendu

 

Disclaimer : Les personnages de Largo Winch ne m'appartiennent pas et c'est bien dommage ! Seul Sarah est à moi, c'est toujours un début ^__^

Auteur : Scilia

Archives : www.bricbrac.fr.st

Résumé : Que dire... mettez dans l'ordre les mots suivants : Sarah, Simon, Joy, Kerensky, bébé, Largo, accouchement, montagne et vous aurez la fic que vous allez lire ;)

Note de l'auteur : Une idée qui est venue sans prévenir un matin et hop, une 'tite fic qui j'espère vous plaira. Les commentaires sont les bienvenus, bons ou mauvais, un grand merci à Raf ! Bonne lecture…


***

- Je suis énorme, fit Sarah en s'observant dans le miroir de l'armoire.
- Non, tu es superbe, répondit Kerensky en se glissant derrière elle, caressant doucement son ventre.
- Tu parles, une véritable baleine !
- Une baleine qui porte un bien joli cadeau, non ?

Sarah contempla leurs reflets un long moment. Georgi la dépassait au moins d'une tête, il l'embrassait dans le cou, ses cheveux blonds se mêlant aux siens, ses mains étaient posées sur son ventre rebondi, sentant les coups de pied donner par l'enfant qu'elle portait. Elle tourna légèrement la tête et se laissa embrasser par son mari.

- Georgi, murmura-t-elle entre deux baisers, je suis désolée pour… enfin il y a longtemps que nous…
- Tu crois que je me suis marié avec toi uniquement pour le sexe ?
- Non… non, ce n'est pas cela mais…
- Sarah, tu attends mon enfant, notre enfant, cela vaut bien que je fasse abstinence quelque temps, déclara-t-il avec un regard empli de fierté et d'amour.
- Je t'aime.
- Je t'aime aussi et je crois que tu as mérité un bain après une telle journée, qu'en dis-tu ?
- Que j'ai bien fait de t'épouser, répondit-elle en le regardant disparaître dans la salle de bain.

Sarah regarda par la fenêtre du petit chalet qu'ils occupaient. Elle voyait celui de Joy et Largo qui avaient prévu de dîner au village, abandonnant leurs amis pour la soirée. Sarah aperçut Simon, sortant de son chalet, il lui fit un signe de la main accompagné d'un sourire. La jeune femme ne doutait pas un seul instant qu'il se rendait à la taverne à la recherche de quelques jolies femmes à séduire. Les années passaient mais Simon restait le même incorrigible dragueur. Elle se demanda si elle avait eu raison d'accepter ses vacances à trois semaines de la date de son accouchement. Sarah appréciait de pouvoir quitter la tour du groupe W, où elle habitait depuis un moment avec Kerensky à cause d'une sombre histoire qui avait abouti à l'incendie de leur maison, mais elle avait aussi peur d'accoucher plus tôt que prévu.

- Un dollar pour tes pensées, fit Georgi en l'enlaçant.
- Je m'inquiète pour l'accouchement.
- Ma chérie, tu es suivie par le meilleur obstétricien de New-York, tout se passera bien.
- Et si le bébé vient avant ? Et s'il venait ici ?
- Sarah… on a vérifié avant de venir, il y a toujours un médecin au village.
- Je sais mais s'il n'était pas là, ou si le bébé se présentait mal ou…
- Tout va bien se passer, je te le promets, déclara Georgi en la serrant contre lui.
- J'ai peur, avoua-t-elle doucement.
- Je sais.

Ils restèrent un long moment enlacés avant que Georgi n'envoie Sarah prendre son bain pendant qu'il allait préparer le dîner. La jeune femme obéit et entra dans la salle de bain, se remémorant leur après-midi. Après avoir été skié avec Joy, Largo et Simon, Kerensky lui avait fait la surprise de revenir, à la taverne où elle les attendait, avec un traîneau tiré par un superbe cheval blanc. Ils avaient fait une longue promenade en montagne, admirant les animaux et le spectacle montagnard qui s'offraient à eux. Il y régnait une telle tranquillité, un tel calme, que les craintes de Sarah furent apaisées pendant un court moment. Elle se plongea dans l'eau avec délice et sourit en découvrant son livre de chevet, posé sur un tabouret près de la baignoire. Georgi pensait à tout et était tellement prévenant depuis qu'elle était enceinte qu'elle en était parfois gênée. Elle avait l'impression d'être un fabuleux trésor qu'il veillait tel un pirate des anciens temps. Sarah ferma les yeux et l'imagina en pirate. Un pantalon brun coupé en dessous des genoux, un sabre de bonne taille sur le côté, une chemise blanche largement entrouverte sur son torse musclé, ses cheveux blonds volant au gré du vent, un foulard rouge sur le front. Elle sombra lentement dans le sommeil en imaginant son mari à la barre d'un énorme voilier.

- Sarah ?
- Mmmmm.
- Tu t'es encore endormi dans ton bain, dit Georgi en l'aidant à se relever.
- Tu as trouvé le trésor ? Demanda Sarah encore dans les brumes du sommeil.
- Un trésor ?
- Fatiguée, murmura-t-elle tandis qu'il la séchait tendrement avec une serviette.

Il la porta jusqu'au lit et la coucha, prenant soin de bien la couvrir car les nuits étaient fraîches. Georgi retourna dans la cuisine et dîna en regardant la télévision. Le monde continuait à bouger malgré leurs vacances et une nouvelle attira particulièrement son attention. Un de ses anciens " amis " avait été retrouvé assassiné dans une ruelle de New-York. L'affaire était suffisamment importante pour passer au journal national car il s'agissait d'un artiste réputé. Il resta songeur un long moment, repensant à la mission qu'il avait effectué six ans plus tôt avec cet homme.

Un gémissement le tira de ses pensées. Il se précipita dans la chambre pour découvrir Sarah aux prises avec un cauchemar. Il s'allongea près d'elle et lui caressa lentement les cheveux tout en lui murmurant des paroles apaisantes. Sarah finit par se rendormir et Georgi songea à la chance qu'il avait eue de la rencontrer. Il avait été plus blessé par la trahison de Marissa qu'il ne l'avait montré et s'était juré de ne plus se laisser prendre au piège de l'amour. Car il l'avait sincèrement aimé, baissé toutes les barrières qu'il avait maintenues en place depuis tant d'années pour cette femme qui n'était en réalité qu'une traîtresse, qui se servait de lui uniquement pour atteindre Largo.

Six mois plus tard, il avait rencontré Sarah. Elle travaillait pour une société d'informatique que le groupe W voulait acquérir. Kerensky avait remplacé Simon pour la visite de la société, ce dernier était allé faire l'audit d'une entreprise parisienne. Il avait protesté, comme à son habitude, qu'il n'était pas dans ses attributions de les accompagner mais Joy avait laissé sous-entendre qu'il s'encroûtait en restant au bunker. La pique avait fait mouche et il s'était joint à eux. Le PDG s'était retiré avec Largo dans son bureau pour finaliser la vente pendant que Joy et Kerensky faisaient une visite de l'usine à leur façon. C'est Joy qui avait remarqué Sarah aux prises avec un homme qui, apparemment, ne voulait pas la laisser passer. Le type voulait faire le malin devant ses copains qui regardaient la scène avec attention. Joy allait se porter à son secours quand Kerensky l'avait arrêté. En deux prises de karaté, l'homme était face contre le sol, le pied de Sarah sur la nuque. Elle l'avait impressionné ce jour-là mais ce ne fut que quelques mois plus tard, lorsqu'elle accepta de travailler pour Largo, qu'il avait cherché à la connaître. Et il ne le regrettait pas, elle avait quelque chose de spécial qui l'avait attiré tel un aimant.

Largo, Simon et Joy avaient été stupéfaits d'apprendre, un an plus tard, que Georgi l'avait demandé en mariage. La cérémonie avait été intime, comme le souhaitait les jeunes mariés, mais émouvante d'après tous leurs amis. Leur vie s'était déroulée sans incident jusqu'à cette nuit de janvier où un ex-membre du KGB avait voulu tuer Sarah pour venger la mort de son frère tué par Georgi. Son plan était simple : condamner les deux entrées de la maison et y mettre le feu. Il n'avait pas prévu que Kerensky rentrerait plus tôt de la réception où il avait accompagné Largo, Joy et Simon. La limousine s'était à peine garée que tous les quatre en jaillissaient tel des diablotins de leurs boites. Joy s'était servie du tuyau d'arrosage pour tenter de maîtriser le feu tandis que les trois hommes cherchaient un moyen d'entrer. Le Russe était comme fou et, ayant aperçu Sarah par la fenêtre du salon, s'était projeté contre la fenêtre pour la rejoindre. Ils avaient réussi à sortir sans trop de mal au moment même où les pompiers arrivaient. Kerensky s'était déboîté l'épaule, Sarah avait été légèrement intoxiquée par la fumée. Ils avaient tout perdu mais ils étaient ensembles. Quelques semaines plus tard, Sarah avait annoncé l'heureux évènement à son mari. Georgi était aux anges, il allait devenir papa. Largo et Joy, quant à eux, annoncèrent leur mariage quelques jours plus tard. L'Intel Unit était réunie et leur futur se présentait sous les meilleurs hospices.

Sept mois plus tard, Largo avait eu l'idée de ce voyage arguant qu'ils avaient tous énormément travaillé ces derniers temps et qu'ils avaient besoin de se détendre. Il leur fit part de son projet, mettant en avant que chacun aurait de l'intimité, puisqu'il louait trois chalets en montagne. Sarah avait refusé au départ, à cause du bébé, mais s'était laissée convaincre par ses amis. Georgi vérifiant qu'il y avait un médecin sur place, Largo lui faisant remarquer que l'hôpital le plus proche n'était qu'à deux kilomètres et qu'au pire, il ferait venir un hélicoptère de New-York si cela s'avérait nécessaire.

Georgi avait fini par s'assoupir auprès de sa femme et fut brutalement réveillé par un coup de coude dans le ventre. Il mit deux secondes pour se remémorer où il était avant de voir Sarah se tordre de douleur dans leur lit trempé.

- Georgi…
- Sarah, qu'est-ce…
- Le bébé…, fit-elle avant de serrer les poings sous l'assaut d'une nouvelle contraction.
- Ne bouges pas, répondit Kerensky en allant chercher son portable.
- Je n'en avais pas l'intention…

***

Largo et Joy faisaient une ballade dans le village quand le téléphone de la jeune femme sonna.

- Allô ?
- Joy, tu es toujours au village ? Demanda Kerensky sans même se présenter.
- Oui mais que…
- Ramène le docteur, le bébé arrive, annonça-t-il en raccrochant.

***

Joy regarda son portable pour être certaine qu'elle n'avait pas rêvé avant de diriger ses pas vers le cabinet du docteur, Largo sur les talons.

- C'était qui ?
- Kerensky, son enfant a décidé de naître ce soir.
- Tu… Tu plaisantes ?
- Eh non mon chéri, la nature est la seule à décider de ces choses là. Il faut qu'on trouve le médecin.
- Tu ne crois pas qu'on devrait l'emmener à l'hôpital ?
- Tu as entendu l'aubergiste tout à l'heure, le col est fermé. Impossible de quitter la vallée par la route.

Ils arrivèrent assez vite au cabinet du docteur Monroe qui, bien entendu, n'était pas là mais Joy appela le numéro qui figurait sur sa plaque.

- Allô, répondit une voix féminine.
- Bonsoir, je m'excuse de vous déranger mais j'ai besoin des services du docteur assez rapidement.
- Oh je suis navrée, le docteur Monroe n'est pas au village ce soir. Il ne revient que demain, en fin d'après-midi.
- Pardon, fit Joy qui croyait avoir mal entendu.
- Le docteur revient demain, mademoiselle.
- Mais c'est impossible ! J'ai une amie qui va accoucher !
- Je vais vous donner le téléphone de Graine Wilkins, elle aide le docteur et a été sage-femme pendant de nombreuses années.
- Merci, bafouilla Joy en raccrochant.
- Il n'est pas là, c'est ça, fit Largo en regardant sa femme.
- Non mais j'ai le numéro d'une sage-femme.
- Appelle-la, je vais voir si on peut avoir un hélicoptère, dit Largo en prenant son portable.

***

Kerensky aida Sarah à se recoucher après avoir changé les draps. Elle avait perdu les eaux seulement deux heures plus tôt et les contractions semblaient intenses, en totale contradiction avec ce qu'il avait lu sur les accouchements. Sarah sentit la fraîcheur des draps sur son corps, ce qui l'apaisa un instant avant qu'une nouvelle contraction ne lui déchire le ventre.

***

- Oui, je comprends mais… oui… merci madame mais je…, continua Joy en écoutant son interlocutrice, ce n'est pas… non… oui maintenant… très bien… je vous remercie…
- Vous êtes certain que vous ne pouvez pas venir avant demain ? S'exclama Largo en colère contre lui-même pour avoir fait venir Sarah dans la vallée. Je comprends mais le brouillard va se dissiper et… cela ne serait pas prudent, c'est certain… oui… c'est ça, appelez-moi dès que vous pourrez envoyer quelqu'un… au revoir.
- Tu n'as pas eu plus de chance on dirait, commenta Joy.
- Non, le brouillard est tombé, il ne peut pas décoller.
- Et moi, j'ai appris que cette chère Graine était partie en forêt et qu'on ne savait pas quand elle reviendrait, fit Joy désappointée.
- Et merde, quand je pense qu'on devrait être à New-York et qu'à cause de moi…
- Largo, pour l'instant il faut trouver quelqu'un qui pourrait nous aider, les reproches tu te les feras plus tard et je t'aiderai si tu veux, fit Joy espérant le faire sourire un peu.
- On est passé devant une pharmacie ?
- Oui et ? Tu crois qu'ils ont des gynécologues en kit ?
- Joy !
- Et bien, je t'ai fait sourire au moins. Ton idée n'est pas mauvaise, je préviens Kerensky.

***

Georgi raccrocha son portable avant de se tourner vers sa femme. Les contractions semblaient se calmer un peu et elle s'était plus ou moins assoupie. Il se demandait s'il devait lui annoncer les mauvaises nouvelles maintenant. D'un autre côté, il ne pouvait l'accoucher seul, même s'il avait lu plusieurs livres sur la question à la grande surprise de Joy qui l'avait trouvé dans le bunker avec un livre appelé " l'accouchement, mode d'emploi ". Elle s'était contentée de sourire doucement tandis que Simon avait mis les pieds dans le plat.

- Georgi…
- Je suis là, mon ange.
- J'ai soif, murmura Sarah.

Il l'aida à boire un peu d'eau avant de l'aider à se rallonger. Sarah le regarda un court moment et comprit que quelque chose n'allait pas.

- Dis-le-moi.
- Quoi ?
- Ce qui ne va pas. Tu as quelque chose à me dire mais tu n'oses pas.

Kerensky eut un petit sourire, elle le connaissait trop bien. Il s'assit sur le lit, face à elle, et lui expliqua que le docteur Monroe n'était pas en ville. Sarah pâlit légèrement mais se rappela que Largo avait parlé d'un hôpital et en fit part à son mari.

- Le col est bloqué par la neige.
- C'est impossible, ne me dis pas que… hélicoptère, cria Sarah au prise avec une nouvelle contraction.
- Bloqué par le brouillard.
- Non ! Explosa Sarah avec des larmes de frustration.
- Tout va bien se…
- Ah non, ne me dis pas que tout va bien se passer ! Je me retrouve coincée en pleine montagne pour accoucher, sans aucune aide médicale et sans…
- Je vais t'aider à…
- Georgi Kerensky, sors d'ici avant que je ne te torde le cou ! Hurla Sarah en lui jetant un oreiller.
- Je sais que tu as peur mais il est hors de question que je quitte cette chambre. Fais-moi la tête si tu veux mais je ne bougerai pas.
- Je suis désolée mais si cela se passe mal qu'est-ce que… Je ne veux pas perdre mon bébé, Georgi, murmura Sarah avant de fondre en larmes.
- Tu ne vas pas le perdre, lui assura-t-il en la prenant dans ses bras. Tu as confiance en moi ? Demanda-t-il en lui relevant le menton d'un doigt.
- Oui, répondit-elle en se perdant dans le regard empli d'amour de son époux, mais…
- Essayes de te reposer un peu, je vais voir si Joy et Largo ont trouvé quelqu'un qui peut nous aider.

Sarah hocha la tête et se mit sur le côté tandis que Kerensky passait dans le salon pour téléphoner.

- Oui ?
- Vous avez trouvé quelque chose ?
- Non, la sage-femme qu'on nous a indiquée n'est pas là et la pharmacie est fermée. Largo est parti voir s'il trouvait le propriétaire.
- Essaye d'acheter quelque chose pour calmer la douleur, les contractions sont assez fortes.
- Je ne te promets rien mais… Largo revient, je te rappelle.

***

Joy regarda son mari accompagné un homme chauve, le nez rougit par le froid, enveloppé dans une parka kaki.

- Monsieur Thomson est le pharmacien, fit Largo pour les présentations.
- Vous dites que vot'amie va accoucher ?
- Oui, confirma Joy.
- Ben elle a point d'chance, le docteur est pas là.
- Oui, ça nous le savons mais nous aimerions acheter quelque chose pour la soulager un peu.
- C'est que j'peux pas vous vendre aut'chose que de l'aspirine sans ordonnance du docteur Monroe, fit le pharmacien visiblement mécontent d'avoir été dérangé.
- De l'aspirine ? Vous plaisantez ! S'exclama Joy énervée. Bon sang, il n'y a donc personne dans ce village qui soit capable de nous aider ?
- P'tet le curé, répondit le pharmacien. L'a été médecin dans son jeune temps, l'a p'tet des souvenirs de c'qui faut faire.
- Vous ne pouvez vraiment pas faire un effort et nous vendre un médicament qui l'aiderait un peu ? Demanda Largo en sortant un billet de 50$.
- Non, mon gars, j'suis pas ce genre de pharmacien ! Vous z'avez pas d'ordonnance, pas de médicaments, fit-il avant de leur tourner le dos.

Largo posa la main sur l'épaule de sa femme qui aurait visiblement eut plaisir à frapper le pharmacien.

- Il faut qu'on tombe sur le seul pharmacien honnête des USA ! Pesta-t-elle en se dégageant.
- Va au chalet, je vais aller voir le curé avec un peu de chance….
- Largo, tu crois vraiment que… tu sais, on pourrait demander à Simon de crocheter la serrure de la…
- Joy, on n'est pas censé cambrioler la pharmacie. De plus, on ne sait même pas quel type de médicament on peut lui donner.
- D'accord, va voir ton fichu curé ! Je vais essayer de trouver Simon au passage, on se retrouve chez Kerensky.

Joy s'enfonça dans la ruelle qui menait à la taverne, elle savait que Simon devait y passer la soirée tandis que Largo prit le chemin de l'église, au cœur du village.

***

- Georgi ! Cria Sarah sous les assauts d'une contraction plus forte que les autres.
- Je suis là, fit-il en revenant dans la chambre.
- Il va me déchirer le ventre si ça continue, souffla Sarah en prenant la main que lui tendait son mari.
- Songes que dans peu de temps, tu vas serrer un beau bébé dans tes bras.
- Tu ne m'as pas dit… ce que tu préférais…
- Un enfant de toi me suffira, répondit Georgi tendrement.
- Je sais mais…
- Et toi ? Tu n'as pas voulu savoir mais tu as une préférence ?
- Je crois… une fille qui sera joueuse de football si j'en crois les coups qu'elle me donne.

***

Joy entra dans la taverne à moitié pleine et chercha Simon. Elle le trouva entouré de deux femmes vêtues de combinaison de ski rose et bleue. Il sembla surpris de la voir sans Largo et s'excusa auprès des deux femmes.

- Vous vous êtes disputés ?
- Hein ? Non, non, Sarah est en train d'accoucher.
- Quoi ? Ici, maintenant ?
- Ça y est, tu es remis de la surprise ? Fit Joy de mauvaise humeur.
- Ne t'énerves pas, Joy, je n'y suis pour rien.
- Je sais mais le docteur n'est pas là, la sage-femme a disparu dans la nature, le pharmacien ne veut rien nous donner et aucun hélicoptère ne peut atterrir !
- Effectivement, ça se présente mal mais tonton Simon est là !
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Que je vais peut-être servir à quelque chose pour une fois ! Aller, on y va.

***

Largo fit le tour de l'église et arriva devant le presbytère. Il frappa plusieurs coups à la porte qui restèrent sans réponse. Le jeune homme allait faire demi-tour quand la porte s'ouvrit lentement.

- Oui ?
- Je cherche le prêtre de cette église.
- Vous l'avez trouvé mais je n'officie plus à cette heure. Il faudra revenir demain pour la confession mon enfant, fit le curé de sa voix chevrotante.
- Non, ce n'est pas ce que vous croyez. Je viens pour une amie, elle est sur le point d'accoucher et le pharmacien m'a dit que vous aviez des notions de médecine.
- C'est exact mais je n'ai pas pratiqué depuis j'ai embrassé la religion. J'ai bien peur de ne pas vous être utile.
- Je vous en prie, mon père. Il semble que la malchance nous poursuive et mon amie souffre.
- Les douleurs de l'enfantement sont terribles certes, cependant je ne peux me déplacer, fit le prêtre en avançant dans la lumière. Comme vous pouvez le constater, j'ai une jambe dans le plâtre, un stupide accident mais qui m'oblige à rester chez moi.

Largo sentit ses nerfs commencer à lâcher, personne dans ce foutu village, où il avait décidé d'emmener ses amis en vacances, ne semblait se soucier de leur sort. Il inspira plusieurs fois profondément avant de demander au curé s'il pouvait lui donner quelques conseils pour aider au mieux Sarah à accoucher.

***

Simon et Joy entrèrent dans le chalet et furent accueillis par les cris de Sarah. Les contractions avaient repris un rythme soutenu et elle était épuisée. Kerensky ne l'avait pas quitté un seul instant, lui passant de l'eau sur le visage. Il se leva en entendant les voix de Joy et Simon derrière la porte, profitant d'un court moment de répit avant la prochaine contraction.

- Vous avez réussi à obtenir quelque chose pour la calmer ?
- Non, rien. Le pharmacien est un abruti. Largo est allé voir le curé, il paraît qu'il était médecin, annonça Joy.
- Ça fait combien de temps que cela a commencé, demanda Simon.
- Environ trois heures depuis qu'elle a perdu les eaux, peut-être un plus, elle dormait et ne s'est pas réveillée avant la première contraction.
- D'accord et des contractions tout les combien ? Continua le Suisse.
- Depuis combien de temps tu es médecin toi ? Fit Joy suspicieuse.
- Je suis pas toubib mais je connais deux ou trois trucs, répondit-il en haussant les épaules. Alors ?
- Deux à trois minutes, répondit Kerensky.
- Aie, ça va pas tarder alors, commenta Simon. Joy, récupère des draps, des serviettes, enfin tout ce que tu pourras et fait bouillir de l'eau. Georgi, viens avec moi.

Les deux hommes quittèrent le salon sous l'œil médusé de Joy qui se retrouvait obligée d'obéir au Suisse.

***

- Mon père, je vous remercie de votre accueil, fit Largo en posant son verre d'eau de vie, mais pouvons nous en venir au fait ?
- Oui, oui, j'en ai accouché pas mal des femmes quand j'étais médecin. C'est toujours pareil…

Largo prêta une oreille distraite aux paroles du curé. Celui-ci était tellement content d'avoir de la visite qu'il faisait tout pour le retenir. Il pria pour que son téléphone sonne et que Joy lui demande de revenir au plus vite mais ce dernier resta désespérément silencieux.

***

- Tu plaisantes, j'espère, fit Sarah en regardant Simon.
- Je crains que l'on n'ait pas mieux pour l'instant, ma chérie.
- Non mais c'est pas possible, il va rester où il est et….

Sarah s'arrêta sous l'assaut d'une nouvelle contraction.

- Je crois qu'il est contre, remarqua Simon. Ecoute, je sais que c'est pas mon métier mais j'ai aidé à accoucher une vache une fois, c'est pas bien différent.
- Ne me touches pas, hurla Sarah.
- Une vache ? Répéta Kerensky incrédule.
- Oui quand j'étais gamin sinon j'ai aussi aidé une fille à Budapest qui avait pas les moyens d'aller voir un toubib.
- Et ?
- Et quoi ? Le bébé, elle l'a appelé Simon pour me remercier, fit-il fier de lui.
- Sarah, je crois vraiment que c'est le seul qui a le plus de " pratique ". De toute façon, je ne te quitte pas.
- Simon ne peut pas… d'accord, rajouta-t-elle en sentant une douleur plus forte que les autres et une irrésistible envie de pousser.
- Attends, il faut qu'on se prépare un peu avant. Joy ?
- Voilà, j'ai ramené tout ce que j'ai trouvé, fit-elle en posant le linge sur la commode.
- Te connaissant, tu as une paire de gants en plastique dans ta parka, exact ? S'enquit Simon avec un sourire.
- Il te faut autre chose ? Demanda Kerensky en regardant Joy partir dans le salon.
- Des oreillers. Sarah on va te mettre en position semi-assise, Georgi tu resteras derrière elle.
- Simon ! Je sens qu'il vient.
- Ok, fit-il en mettant les gants que lui tendait Joy. Sarah, je vais être obligé de regarder un truc que j'aurais jamais dû voir mais…
- Tais-toi et aide-moi ! Cria Sarah sous la douleur.

Joy regarda Simon remonter le drap et aperçut la tête du bébé. Le Suisse vérifia que le cordon n'était pas autour de son cou et encouragea Sarah à pousser. Elle s'appuya sur Kerensky et fit ce qu'on lui demandait, Joy était à côté et lui tenait la main.

- C'est bien, Sarah. Ton bébé arrive, annonça Simon avec un sourire.
- Je te déteste, cria-t-elle à l'attention de Georgi sous l'effet d'une nouvelle contraction accompagné de douleur. Non, je te hais !
- Sarah, ne…
- Joy, je te promets que tu ne diras pas ça quand…
- Aller, ma belle, il est presque là, l'encouragea Simon.
- Je ne vais jamais y arriver, souffla Sarah en larmes.

Kerensky lui passa un peu d'eau sur le visage et lui murmura quelques mots à l'oreille qui la firent sourirent peu avant qu'une nouvelle contraction n'arrive. Sarah poussa de toutes ses forces, encouragés par l'homme qu'elle aimait et ses deux amis.

- Tu y presque… encore une fois !
- Simon… je suis épuisée…
- Je sais mais tu vas avoir un superbe bébé et puis ton mari va me tuer si jamais cette merveille tarde à montrer le bout de son nez
- Tu ne voudrais pas que je tue le meilleur ami de Largo, ma chérie.
- Vous êtes dingues, cria Sarah en poussant une ultime fois et en sentant son bébé venir au monde.
- Les amis… vous avez une superbe petite fille, annonça Simon après avoir débarbouillé le bébé avec les serviettes et attacher le cordon ombilical. Papa, tu veux bien ?

Georgi, trop ému, hocha la tête doucement et coupa le cordon avant de prendre sa fille des mains de Simon et de la poser sur le ventre de sa femme. Sarah pleurait en contemplant sa fille. Il n'y avait plus de douleur, juste un petit être qui cherchait déjà le sein de sa mère. La porte s'ouvrit brusquement et Largo surgit, accompagné du curé.

- Tout va bien, je ramène… oh je suis désolé mon père, je crois qu'on arrive trop tard, fit le milliardaire en regardant ses amis. Tout le monde va bien ?
- Oui, répondit Simon en retirant ses gants. Tout s'est bien passé.
- Attends, c'est toi qui…
- Il a été parfait, répondit Sarah en souriant.

Joy ne disait rien et contemplait la scène les larmes aux yeux. Georgi et Sarah formaient désormais une famille, une vraie famille avec un bébé, preuve de leur amour. Le portable de Largo sonna et ce dernier apprit à ses amis qu'un hélicoptère venait de décoller pour venir les chercher.

- Au fait, comment allez-vous l'appeler, s'enquit le curé content d'assister à cette réunion pour le moins étrange.
- Tamara Svetlana Kerensky, répondit Sarah sans hésitation.
- C'est un très joli nom, commenta le curé avec un sourire.

Georgi ne dit rien mais chacun put voir qu'il était touché que la fille porte, comme deuxième prénom, celui de sa mère. Joy prépara un sac pour Sarah avec quelques affaires tandis que les hommes allaient à la rencontre de l'équipe sanitaire. La petite famille fut transférée à l'hôpital le plus proche en attendant leur retour à New-York. Tamara combla ses parents et eut, quelques mois plus tard, une petite amie avec qui jouer : Cathy, la fille de Joy et Largo.

Fin
ou à suivre si cela vous a plus…