Faux-semblant


Disclaimer : Les personnages de Largo Winch ne m'appartiennent pas et c'est bien dommage ! Seul Sarah est à moi, c'est toujours un début !

Auteur : Scilia

Archives : www.bricbrac.fr.st

Résumé : Une jeune femme frappe à la porte de Kerensky en lui demandant de l'aide.

Note de l'auteur : Un grand merci à Raf pour le soutien, les corrections, les rires,... A toutes les lectrices du bunker et aux nouvelles amies que je m'y suis faite. Bonne lecture !

***

Kerensky ouvrit la porte de son appartement. Il était 23h et il était rentré uniquement car la vérification qu'il devait faire était finie. Il balaya du regard le salon, pièce aussi impersonnel qu'elle pouvait l'être. Un téléviseur et un magnétoscope trônaient dans un coin, un canapé leur faisait face, une table basse, aucune photo, aucune décoration prouvant que l'occupant des lieux aimait son intérieur. Il accrocha son manteau et passa dans la cuisine. Il n'avait pas faim, surtout de ces produits surgelés pour célibataire dont les Américains raffolaient. Un coup d'œil à son frigo le convaincu qu'il devrait faire les courses rapidement. Il soupira et décrocha son téléphone. Trente minutes et son repas thaï lui serait livré, Kerensky décida d'aller prendre une douche en attendant.

***

- Je ne suis pas d'accord, dit Largo en souriant à une brune pulpeuse
- Vraiment ? vous m'étonnez M. Winch, je vous croyais beaucoup moins à cheval sur les principes
- Eh bien, vous vous trompiez Melissa, dit-il en buvant une gorgée de champagne
Il avisa Joy dans un superbe fourreau noir qui surveillait la salle. Il lui jeta un pauvre appel à l'aide quand elle regarda dans sa direction. La garde du corps constata qu'une fois de plus, il était entouré par les plus belles femmes de la soirée. A sa place, Simon aurait été aux anges mais Largo semblait étouffer contrairement à d'habitude. Joy se dirigea d'un pas rapide vers lui, repoussant les femmes pour se frayer un chemin jusqu'à son patron et dit d'une voix forte.
- M Winch, je suis navrée de vous déranger mais il y a un problème avec votre usine de cornichons du Parinamos
- Oh… merci, je vous suis. Excusez-moi mesdemoiselles, le travail m'attend fit-il en se dégageant
Il suivit Joy dehors, il avait besoin de prendre l'air. Cette réception à l'ambassade ukrainienne était barbante à souhait.
- Le Paranimos ?
- Oh, je suis certaine qu'aucune d'elle n'a remarqué que ce pays n'existait pas. On ne peut pas avoir de la cervelle et des…
- Ca va, j'ai compris mais je m'attendais à mieux
- Largo, je suis ta garde du corps pas ta nounou, fit Joy en le plantant là
- Attends… tu as vu Simon ?
- Aux dernières nouvelles, l'oiseau s'est envolé avec une grande blonde
- Oh…ça ne m'étonne pas de lui
- Tu refais un bain de foule ou tu en as assez pour ce soir ?
- Je ne rêve que de mon lit… tu m'accompagnes ?
- Pardon ? fit Joy en le regardant de travers
Elle ne savait jamais sur quel pied danser avec lui.
- Je voudrais faire le chemin à pied, la nuit est agréable et nous ne sommes pas très loin
- Bien sur, qui veillera sur toi sinon ?
Largo sourit et lui proposa son bras. Joy y posa la main et ils quittèrent l'ambassade en discutant de la dernière conquête de Simon.

***

Des coups furent frapper vivement à sa porte. Kerensky se dit que le livreur avait fait un peu trop vite, il n'avait appelé que depuis 10 minutes. Il noua une serviette sur ses hanches, récupéra son arme et se dirigea vers la porte. Quelque chose clochait, quelqu'un s'amusait à frapper sur toutes les portes de l'étage. Les coups reprirent sur la sienne, il ouvrit brusquement la porte et une jeune femme lui tomba dans les bras.
- Aidez-moi, je vous en supplie !
- Qu'y a t il ?
- Je ne sais pas. J'allais rentrer chez moi quand ces types… ils veulent me tuer, dit-elle à la limite de l'hystérie
Kerensky entendit des bruits de pas dans l'escalier. Il prit à peine le temps de réfléchir et conduisit la jeune femme dans sa chambre. Il ouvrit le placard et lui ordonna de se tenir tranquille. Elle hocha la tête et se pelotonna sur le sol.
- Merci, murmura t elle
Il retourna dans son salon, son arme toujours à la main et écouta à la porte. Il devait être deux, non trois, ils commençaient à frapper eux aussi. Sa voisine commit l'imprudence d'ouvrir et Kerensky l'entendit pousser un petit cri quand l'homme la menaça de son revolver. Le russe soupira et ouvrit la porte, cachant son arme derrière lui. L'homme tourna aussitôt la tête dans sa direction, lâchant la vieille, et regarda ce type qui sortait de chez lui vêtu d'une simple serviette de bain. L'homme se dit qu'il n'aurait pas de mal avec lui-même s'il était assez baraqué.
- Je cherche une fille
- C'est une raison pour maltraiter une vieille dame ? répondit Kerensky calmement
- C'est pas ton problème, t'as vu une fille oui ou non ?
L'homme se rapprocha et mit son arme sur le torse de Kerensky.
- Je vous conseille ôter cela sinon vous risquer de perdre une chose à laquelle vous devez énormément tenir, fit le Russe sans ciller
- Espèce de …
- Tut tut… soit un gentil garçon, on a vu personne ici alors vous feriez mieux de partir, toi et tes copains avant que je ne me fâche
Le type le regarda et baissa les yeux sur l'arme que Kerensky maintenait à hauteur de ses bijoux de famille.
- On y va les mecs, elle a pas pu venir ici
- Bien, vous êtes raisonnable et je n'ai pas envie de m'énerver ce soir
Le type rebroussa chemin sous l'œil étonné de la voisine qui n'avait encore jamais vu Kerensky et encore moins torse nu. Elle lui lança un petit sourire de remerciement avant qu'il ne ferme sa porte.

***

- Mmm… Largo
- Oui ?
- Je crois que je ferais mieux de partir, murmura Joy
- Pourquoi ?
- Eh bien… je ne nie pas que ce pique nique improvisé n'est pas agréable mais… la journée a été longue
- Oh, je comprends, fit-il déçu
Il en avait eu l'idée après qu'ils étaient arrivés au Penthouse. Joy avait d'abord refusé mais elle avait fini par accepter de pique-niquer avec lui. Il était une heure du matin, ils avaient l'impression que New-York était à leur pied et qu'ils étaient seuls au monde.
- Largo, je ne suis une de tes petites…
- Amies, je sais. Tu es beaucoup importante que cela, dit-il en lui lançant un regard appuyé
Joy fut troublée autant par son regard que par ses paroles.
- Je dois vraiment y aller, fit-elle en se levant
L'ambiance commençait à devenir un peu trop intime à son goût. Largo était un dragueur né et Joy ne voulait pas être une simple conquête de plus. Elle sentait depuis qu'elle l'avait rencontré qu'un lien plus fort existait entre eux mais le jeune milliardaire n'était pas prêt à s'engager dans une relation durable. Et une aventure sans lendemain ne la tentait pas, elle ne voulait pas souffrir plus qu'elle ne souffrait déjà.
- Merci pour…
Joy ne put finir sa phrase, Largo venait de capturer ses lèvres. Elle perdit pied un instant, ses lèvres étaient douces, son odeur virile la submergeait, ses mains lui caressaient doucement le dos. A contre cœur, elle s'arracha à son étreinte.
- Bonne nuit, murmura t elle avant de se diriger vers la porte
Largo la regarda partir, un sourire sur les lèvres.

***

Kerensky revint dans le salon, un verre de vodka à la main. Il le tandis à la jeune femme qui était assise sur la canapé, le regard dans le vide. Georgi ne lui avait encore rien demandé, il l'avait juste sorti du placard et conduite dans le salon. Elle avait eu peur en voyant son arme mais il s'était empressé de la rassurer. Kerensky l'avait laissé le temps de s'habiller. Il n'était pas pudique mais faire des confidences à un homme torse nu n'était pas le meilleur moyen d'instaurer confiance.
- Buvez cela, vous avez l'air d'en avoir besoin
Elle ne lui répondit pas et prit le verre qu'elle vida d'un trait. Kerensky la vit réprimer une grimace, l'alcool était très fort mais elle ne dit rien. Il la détailla du regard. Son tailleur avait connu de meilleurs jours, la veste était déchirée à l'épaule, son chemisier était taché de sang.
- Vous êtes blessée ? demanda t il doucement
- Je crois mais c'est bien le moindre de mes soucis
- Il faut commencer par quelque chose, nous allons vous soigner et ensuite voir comment vous aider, fit-il comme s'il parlait à une enfant
- Pourquoi ? interrogea t elle en levant les yeux sur lui
Il prit un instant pour réfléchir. C'était une bonne question, pourquoi l'avait-il aidé ? Il n'en connaissait pas la réponse. Peut être que faire " le bien "depuis qu'il était dans l'Intel Unit l'avait transformé en bon samaritain ?
- Vous étiez en danger
- Vous sauvez toutes les femmes qui frappent à votre porte ? insista t elle
- Je ne sais pas, vous êtes la première
La répartie la fit sourire doucement.
- Je vais chercher de quoi nettoyer votre blessure
Il revint quelques minutes plus tard. Elle était toujours dans la même position, le regard dans le vide, cherchant à comprendre pourquoi on voulait la tuer.
- Comment vous appelez-vous ?
- Sarah
- Eh bien, Sarah, il va falloir retirer votre veste et votre chemisier pour que je vous soigne
Elle le regarda sans comprendre avant de réaliser qu'il avait ramené une trousse de secours. Elle se déshabilla lentement, chaque geste semblant lui coûter un peu plus que le précédent.
- Vous souffrez, constata Georgi en appliquant une compresse sur sa blessure
- Non
- Ne me mentez pas, fit-il en la regardant dans les yeux
Elle ne soutint pas son regard. Il avait raison mais elle refusait de se concentrer sur la douleur physique. Elle avait tellement de questions sans réponse, tellement peur aussi et ne savait pas si elle pouvait lui faire vraiment confiance malgré ce qu'il venait de faire pour elle.
- Je déteste qu'on me mente. C'est un beau coup de couteau mais vous devriez vous en sortir. Cela dit, je ne suis pas médecin
- Vous êtes quoi alors pour accueillir vos visiteurs avec une arme ?
C'est lui qui hésita cette fois-ci. Elle était belle, constata t il tandis qu'il cherchait à sonder le fond de son âme. Ses cheveux roux étaient nattés, ses grands yeux verts attendaient sa réponse avec un peu d'appréhension.
- Informaticien
- Je ne savais pas que les ordinateurs pouvaient être domptés avec une arme
- Disons que je ne fais pas que cela
- Je vois, fit-elle en frissonnant
- Je vais vous chercher quelque chose à vous mettre
- Merci pour tout ce que vous faites…
Elle réalisa qu'elle ne connaissait pas son nom.
- Georgi, dit-il en sortant du salon
Il réapparut peu après avec un de ses pulls et un jeans, elle nagerait dedans mais pourrait au moins quitter ses vêtements sales.
- Vous pouvez vous changer dans…
- Georgi, le coupa t elle, je…
Elle s'était levée et se tenait face à lui, les yeux luisant de larmes. Sarah se blottit contre son torse. Kerensky se sentit gauche. Elle recherchait un peu de chaleur humaine, il n'avait pas l'habitude d'en donner pourtant, il ramena lentement ses bras autour d'elle et la serra contre lui. Sarah se laissa aller et sanglota dans ses bras. Elle se calma au bout de longues minutes pendant lesquels Kerensky sentit un malaise prendre possession de lui.
- Je suis désolée, murmura t elle en levant son visage baigné de larmes vers lui
Georgi la trouvait plus désirable encore mais il se rappela qu'il devait la protéger et non profiter de la situation. Sarah agit sans réfléchir et l'embrassa, un baiser doux, chaste, pour le remercier de l'aider, qui se transforma peu à peu en une quête avide de chaleur, un besoin d'oublier ses ennuis, de se sentir vivante. Elle s'accrocha à lui comme s'il était une bouée de sauvetage au milieu de la tempête qu'était devenue sa vie. Kerensky eut une légère hésitation, il desserra son étreinte.
- S'il vous plaît, souffla t elle en pressant son corps contre celui du russe
Il lut dans ses yeux un besoin avide de se prouver qu'elle pouvait encore ressentir quelque chose, qu'elle avait échappé de peu à la mort. Elle avait besoin d'un îlot de calme et il était le seul à qui elle pouvait le demander. Il la prit dans ses bras et la conduisit dans sa chambre en l'embrassant.

***

Joy descendit au bunker. Il était 8h et elle s'attendait à trouver Kerensky mais sa place était vide. Elle trouva cela étrange, jamais le russe n'était en retard ou absent. Elle regarda sur quoi il travaillait avant de s'asseoir à sa place pour consulter les derniers avis de recherches d'Interpol en écoutant les informations. La matinée passa sans qu'elle ne le voie. Largo descendit vers midi accompagné de Simon.
- Kerensky n'est pas là ? s'étonna ce dernier
- Si mais il y a eu un problème et c'est devenu l'homme invisible !
- Très drôle, grimaça Simon
- Tu vois bien qu'il n'est pas là, il n'est pas venu de la matinée
- Etrange, fit Largo en s'asseyant, tu as essayé de l'appeler ?
- Oh il a peut-être simplement été enterré sa mélancolie dans un bar russe et une immense cuite l'empêche de se lever
- Tu as déjà vu Kerensky ivre ? demanda Joy en le regardant sévèrement
- Non, mais il y a un début à tout
- Tu te rappelles ta première fois ? Tu avais quel âge, dix ans ? fit Joy moqueuse
- Ca suffit vous deux, les rappela à l'ordre Largo. Il a du se passer quelque chose, il a encore de nombreux ennemis en liberté
- Je vais passer chez lui, dit Joy en prenant sa veste
- Ca ne sera pas nécessaire, fit une voix derrière eux
- Kerensky ! Quelle bonne surprise, fit Simon ironique
Le Russe ne lui jeta même pas un regard et se mit devant son ordinateur. Il pianota un long moment avant de se tourner vers Largo.
- Je prends des vacances, annonça t il d'un ton sans appel
- Quoi, maintenant ?
- Oui, une semaine devrait me suffire
- Pour faire quoi ? demanda Joy curieuse
- Rien qui ne te regarde. J'emprunte aussi un peu de matériel, je te préviens car je ne voudrais pas être taxé de voleur par certaines personnes, fit-il en regardant Simon
- Hey, je n'ai jamais…
- Attends Simon. Georgi, qu'est ce que c'est que cette histoire ? demanda Largo
- J'ai besoin de te donner une raison pour prendre des vacances ?
- Non mais pour ton absence de ce matin, oui, fit Simon en endossant son rôle de chef
- Désolé, je n'ai rien à dire, surtout à toi
Joy regardait la scène étonnée. Kerensky ne semblait pas dans son état normal, lui qui prenait rarement des congés le voilà qui demandait une semaine. Il leur cachait quelque chose, elle en était certaine.
- Tu as des ennuis, demanda t elle
- Non, rien à signaler
- Alors pourquoi cette soudaine envie de vacances, fit Largo
- J'ai dû me faire avoir par vos agences de voyages capitalistes qui proposent des destinations hors de prix à un prix raisonnable pour mieux attraper les nigauds américains
- Cela ne te ressemble pas, fit Joy
- Il faut croire que j'ai changé, dit-il en prenant le sac qu'il avait chargé et en se dirigeant vers la sortie
- Et comment on fait si on a besoin de toi ?questionna Largo
- Vous n'aurez pas besoin de moi, affirma Kerensky
- Oui mais si c'est le cas, insista t il
- Portable et mail marchent que je sois n'importe où sur le globe, fit-il exaspéré
- Tu ne veux vraiment pas d'aide ?questionna Joy
- Pour aller me dorer au soleil, certainement pas ! fit-il en sortant
- Depuis quand il aime le soleil ?fit Simon en regardant les deux autres
- Oui, quelque chose cloche, confirma Joy. Je vais le suivre pour m'assurer que tout va bien
- Il va détester ça s'il s'en rend compte, dit Simon
- Je sais, fit Joy avec un sourire
- Je viens avec toi ! J'adore le voir râler. Largo ?
- Ah moi, je ne peux pas. Un conseil dans trente minutes. Tenez-moi au courant, fit-il à ses deux amis qui quittaient rapidement le bunker

***

Kerensky se gara à quelques mètres de chez lui. Il fit le chemin, son sac sur l'épaule, en pensant à la jeune femme qui devait toujours être dans son appartement. Il se demanda comment elle avait réagi en se réveillant seule. Georgi avait songé à lui laisser un mot mais pour lui dire quoi ? Il ne savait déjà pas quelle attitude adopter avec elle quand il allait la revoir. Il s'assura que personne ne le suivait avant d'entrer dans son immeuble.

L'appartement était calme si bien que Georgi cru qu'elle n'était pas réveillée. Il posa son sac et se dirigea à pas de loup vers la chambre en cherchant quelque chose à lui dire. Il aurait été à la place de Simon, il lui aurait ramené quelque chose pour son petit-déjeuner mais ce n'était vraiment pas son genre. Sarah était réveillée, habillée des affaires qu'il lui avait donné la veille, elle était assise sur le lit qu'elle avait prit soin de faire. Elle ne l'entendit pas entrer. Kerensky prit le temps de mieux la regarder. Ses cheveux dénoués lui arrivaient au milieu du dos, ses traits étaient tirés, ses joues portaient la marque de larmes récentes. Avait-elle pleuré à cause de lui ? Etrangement, l'idée le gênait. Il ne s'était jamais arrêté à ce genre de détail. Quand il était en mission pour le KGB, il avait été amené à séduire des femmes pour obtenir les renseignements dont il avait besoin mais tournait la page sans remords même si, une fois ou deux, il s'était laissé prendre à l'amour. La raison avait toujours prit le dessus au bout de quelques temps.

Kerensky s'aperçu qu'elle venait de remarquer sa présence. Elle ne lui dit rien, semblant être aussi déstabilisée que lui par ce qui s'était passé la veille. Georgi fut pris d'une subite envie de la prendre dans ses bras et de l'embrasser. Il réprima cette pulsion qui ne lui ressemblait pas. Pourquoi arrivait-elle à le troubler autant ? Il n'eut pas le temps de trouver la réponse. Il ressentit une vive douleur à la nuque avant de sombrer peu à peu dans l'inconscience. La dernière chose qu'il se rappela, c'est le visage en pleurs de Sarah qui lui murmurait un " je suis désolée " à peine audible.

***

- Et s'il partait vraiment en vacances ?
- C'est ça et toi, tu vas te marier demain !
- Tu es obligée d'être désagréable ? fit Simon
- Seulement avec toi, confirma Joy. Je sens que la planque va être…
Joy, qui ne quittait pas des yeux l'entrée de l'immeuble, venait de remarquer quelque chose. Elle fit signe à Simon de se taire et sortit de la voiture pour se terrer derrière une poubelle. Elle fit une grimace en sentant l'odeur mais elle avait un point de vue impeccable. Une camionnette s'était garée devant l'entrée. Joy déchiffra l'inscription " Nettoyage tapis et moquette " ainsi qu'un numéro de téléphone qu'elle s'empressa d'appeler. Ses soupçons se confirmèrent quand une voix lui apprit qu'elle venait de faire un faux numéro. Un groupe de trois hommes et une femme sortit de l'immeuble. Deux des hommes portaient avec difficulté un immense tapis, la femme essaya de d'enfuir mais le dernier homme, qui était encore dans la pénombre, la rattrapa prestement. Joy retint son souffle quand elle découvrit son visage. Elle jugea ses chances de sauver Kerensky - elle ne doutait pas que le russe gisait inconscient dans le tapis- quand elle avisa une sortie d'écoliers se diriger vers eux. Joy rebroussa chemin jusqu'à la voiture où Simon avait tiré les mêmes conclusions qu'elle. Ils suivirent la camionnette à travers New-York.

***

- Ecoutez John, je ne vais pas accepter tout ce que me demande le conseil sous prétexte de leur plaire !
- Non, mais vous devriez être un peu plus conciliant. Vous obtiendriez beaucoup plus de choses et…
- Excusez-moi, fit Largo en prenant l'appel
- C'est Simon, on avait raison Kerensky a des problèmes
- C'est à dire ?
- Il a été enlevé par notre vieux copain Jagger
- Jagger ? Je croyais que la commission l'avait tué après son échec avec Alan Smythe
- Faut croire que non, on est en train de les suivre… Joy te précise qu'il est hors de question que tu nous rejoignes, fit Simon hilare
- Je m'en doutais mais si vous avez besoin de…
- T'inquiètes Larg', on a la situation en main, fit Simon en raccrochant
- Un problème fit John après qu'il eut raccroché
- Kerensky a été enlevé par Jagger. J'imagine qu'il veut se venger…
- Comment a t il pu l'approcher ? Kerensky n'est pas né de la dernière pluie
- Bonne question, fit Largo en regardant par la fenêtre de son bureau

***

Sarah passa sa main dans les cheveux de Kerensky qui avait la tête sur ses jambes. Il était toujours inconscient et la jeune femme s'en voulait terriblement de l'avoir piégé. Tu n'avais pas le choix, se rappela t elle. Il grogna dans son sommeil forcé et finit par ouvrir les yeux qui rencontrèrent ceux de Sarah. Elle fut estomaquée par le regard glacial qu'il lui lança. Il tenta de bouger les bras mais constata que ses mains étaient attachées derrière son dos. Il s'assit et s'adossa au mur de la petite pièce dans laquelle ils étaient enfermés.
- Bravo, je ne m'attendais pas du tout à ça, dit-il froidement sans même la regarder
- Je ne voulais pas…
- Qu'il me capture ? Et vous espérez que je vais vous croire ? continua t il sur le même ton
- Je n'ai pas eu le choix, il a kidnappé ma sœur ! protesta t elle
- Dites-moi une chose, coucher avec moi faisait parti du scénario ou c'est un plus que vous vous êtes offert ?demanda t il d'un ton sec
Sarah le gifla et regretta aussitôt son geste de colère mais il ne comprenait pas, ne l'écoutait pas.
- Je crois que j'ai ma réponse, murmura t il
- Vous êtes odieux ! Je n'ai pas eu le choix, il va la tuer ! Georgi, écoutez-moi…
- N'utilisez plus jamais ce prénom, siffla t il avec un regard mauvais
- J'ai atterri à l'aéroport avec ma sœur, Rafaela, il y a 24h. Ce type s'est fait passer pour un policier, il nous a emmenés dans un van noir et nous a séparés. Sa complice a fait une piqûre à ma sœur, un poison connu sous le nom de Dénophoral. Il m'a donné votre photo, des renseignements sur vous, et m'a ordonné de vous approcher en montant ce… scénario. Rafaela n'a que 72h avant de succomber à ce poison.
- Vous avez bien appris votre histoire, la complimenta t il
- Tu devrais la croire, fit un homme en ouvrant la porte de leur prison
- Jagger !
- Je vois que tu te souviens de moi, Kerensky
- Comment se fait-il que tu sois vivant ?
- Je suis tel le phœnix, je renais de mes cendres, fit-il amuser
- Je vais m'assurer que cela ne se reproduira pas
- Pas cette fois, tu ne peux rien contre moi… oh j'allais oublier, dit-il en se tournant vers Sarah, j'ai bien peur que votre sœur n'ait succombé un peu plus tôt que prévu au Dénophoral
Kerensky vit la jeune femme pâlir avant qu'elle ne s'élance sur Jagger. Elle tenta de le griffer, de le mordre, de lui faire mal pour qu'il paye la perte qu'il venait de lui infliger. Jagger se débarrassa d'elle en la giflant violemment et l'envoyant contre le mur.
- Je m'occuperais de vous tout à l'heure, fit Jagger satisfait en sortant
Georgi regarda Sarah, elle s'était recroquevillée dans un coin, ses bras entourant ses jambes remontées contre sa poitrine. Il l'entendait pleurer et s'en voulu d'avoir été aussi froid avec elle. Il se rapprocha d'elle, ses mains toujours liées dans le dos, et s'assit près d'elle.
- Sarah…
Elle ne réagit pas, les yeux dans le vide, Kerensky remarqua qu'elle se balançait doucement.
- Sarah, je…
Tout ce qu'il allait dire semblait futile par apport à la mort de sa sœur. Il s'en sentait responsable, Jagger ne se serait jamais servie d'elles s'il n'avait cherché à se venger de lui. Pourtant son instinct de survie le poussait à tenter quelque chose pour les sortir de cette situation. La première chose à faire était qu'elle le détache et pour cela, il devait arriver à lui faire reprendre confiance.
- Ecoutez-moi, je suis désolé pour votre sœur mais… Sarah, il faut sortir d'ici !
Elle leva les yeux sur lui, semblant ne pas comprendre ce qu'il lui disait. Elle était imperméable à tout, murer dans la douleur d'avoir perdu le seul être proche qui lui restait. Quelque chose dans le regard de Kerensky l'attira, il semblait se sentir responsable… non, c'était autre chose. Sarah n'arrivait pas à le définir mais elle s'y accrocha de toutes ses forces, elle avait besoin d'un point de repère pour ne pas hurler, reprendre le dessus et inconsciemment ou non, Kerensky était en train de le lui donner.
- Je… je ne voulais pas vous faire de mal, murmura t elle
- Je le sais, je regrette ce que je vous ai dit, avoua Kerensky mal à l'aise
- Je n'ai pas… ce n'était pas prémédité quand nous avons…
- Nous n'avons pas beaucoup de temps avant qu'il ne revienne alors je suggère que nous fassions nos mea culpa une fois sortis d'ici
Sarah lui sourit doucement. Il avait raison, elle devait se reprendre. Rafaela aurait détesté la voir dans cet état.

***

Joy fit signe à Simon de la rejoindre. Ils étaient dans l'usine depuis dix minutes et n'avaient rencontré âme qui vive. Le Suisse la laissa avancer et la couvrit le temps qu'elle arrive près d'une porte. Joy se plaqua contre le mur, elle entendait des voix derrière la porte. Deux hommes sans importance si elle en croyait leur conversation. Elle fit un signe de la main à Simon pour lui indiquer qu'ils étaient deux. Il se mit de l'autre coté de la porte et hocha la tête. Toujours par signe, elle lui demanda d'ouvrir la porte et de se mettre sur le coté. Il lui fit un clin d'œil et avança la main vers la poignée.
- Coucou les gars, fit-il avec un grand sourire
Les deux hommes firent mine de le suivre mais sitôt passé le seuil, Joy attaqua le premier d'un coup de pied dans l'estomac. Le deuxième s'en prit à Simon, il lui envoya une droite bien sentie qui le laissa sur le carreau. Joy avait un peu plus de mal avec son adversaire et pour cause, il faisait le double de sa corpulence. Simon la regarda en attachant l'homme qu'il avait mis KO.
- Tu n'es pas obligé de m'aider surtout, dit Joy en évitant une droite du mastodonte
- Je ne voudrais pas être taxé de misogyne et je trouve que tu te débrouilles très bien comme ça
- Simon, on est censé être discret ! lui rappela t'elle
- Tu promets de ne pas m'en vouloir ?
- Simon ! dit Joy énervée
Le Suisse prit une chaîne qui traînait sur le sol et la passa autour du cou de l'homme tandis que Joy lui envoyait un coup de pied au visage.
- Tu peux m'expliquer ? demanda Joy en attachant son adversaire
- Quoi ? Tu sais que tu es très sexy quand tu te bats
Joy resta un moment bouche bée ne sachant que répondre. Simon sourit discrètement, il arrivait rarement à lui clouer le bec.
- Si je ne me trompe pas, ce sont les types qu'on a vus chez Kerensky
- Exact, confirma t elle. Je me demande où est Jagger
- Pas très loin j'imagine mais cette fois on va lui régler son compte une bonne fois pour toute
- Je suis la première sur le coup, je te signale que ce fumier a essayé de tuer Largo
Simon tiqua mais ne dit rien. Il a surtout failli te tuer, songea t il. Il la suivit quand elle s'engouffra dans le couloir. Ils firent plusieurs mètres dans un silence absolu quand soudain ils entendirent des pas devant eux. Simon et Joy se planquèrent dans un renfoncement l'un en face de l'autre. Les pas se rapprochaient rapidement. Simon avança la tête pour regarder et reçu un coup de poing, Joy visa l'homme qui venait de le frapper et baissa son arme aussitôt.

***

Largo raccrocha rageusement le téléphone. Cela faisait au moins dix fois qu'il tentait de joindre Simon ou Joy mais aucun des deux ne répondaient, leurs portables étaient sur messagerie. Jagger de nouveau dans les parages ne pouvait signifier rien de bon. Il devait leur en vouloir d'avoir fait échouer le plan de la Commission Adriatique, consistant à remplacer Nerio par Alan Smythe. Largo savait que Jagger en voulait pour une autre raison à Kerensky sans vraiment savoir laquelle. Il savait que son informaticien de génie n'avait pas toujours été du bon coté de la barrière et encore, parfois le jeune milliardaire se demandait où était le bon coté. Joy était le bon coté lui souffla une voix. Joy… il s'était rendu compte récemment qu'il ne pouvait plus vivre sans elle. Il repensa à leur pique nique improvisé et surtout à leur baiser. Pendant quelques instants, il l'avait senti s'abandonner entièrement à lui et il avait aimé cette sensation. Elle avait rompu le charme trop tôt mais il comprenait son choix. Les sentiments qu'il ressentait pour elle lui faisaient peur. Largo sourit, Simon en aurait fait des gorges chaudes mais oui, il devait se l'avouer, Largo avait peur de cet amour inconditionnel qu'il sentait poindre entre eux. Il avait peur que leur besoin d'adrénaline, que le fait de travailler ensemble, ou plutôt qu'elle veille sur sa sécurité, n'en viennent à étouffer leur amour. Largo reprit le téléphone et composa le numéro de Joy en espérant qu'elle répondrait.

***

- Mais t'es malade ou quoi ! T'as failli me péter le nez ! explosa Simon en reconnaissant son agresseur
- Je ne pouvais pas savoir que c'était toi, dit Kerensky en guise d'excuses
Joy eu un demi-sourire en voyant le regard " innocent " du russe. Elle fixa la femme qui était avec lui et nota qu'il lui tenait la main. Joy la reconnue et sa surprise dû se voir sur son visage car Kerensky lui fit signe qu'elle était avec eux.
- Comment vous avez su que nous étions là ? questionna le Russe
- Disons que l'on t'a légèrement suivi, fit Joy, et heureusement à ce que je constate
- Parce que tu considères que t'immiscer dans ma vie privée est une aide ?
- Hey calmes-toi mon grand, avoues que vous êtes quand même dans de sale draps et, la prochaine fois que tu veux t'éclipser, nous sors pas une histoire de vacances aussi bancale !
- Elle a raison, renchérit Simon
Il ne rajouta pas la suite de sa phrase car Kerensky lui lança un regard assassin.
- Jagger est ici, dit-il
- On sait, on l'a vu vous enlever, répondit Simon. Très chouette le tapis dans lequel ils t'ont emballé
- Un tapis ? Il a toujours manqué d'imagination ! Fit Georgi en haussant les épaules. Tu as une arme ?
Joy lui tendit une de celle qu'ils avaient confisquée aux deux gardes.
- Est-ce que vous avez rencontré quelqu'un, demanda Sarah en osant prendre la parole
- Personne à part deux méchants qu'on a ligoté
- Simon, rends-moi service, accompagne-la dehors, dit Kerensky
- Je suis pas…
- Je dois m'occuper de Jagger une fois pour toutes et Joy a plus d'expériences que toi
- Ok,, capitula Simon en levant les bras
- Non pas ok, je ne partirais pas d'ici sans…
- Sarah, je te la ramènerais si je la trouve mais il est hors de question que tu restes ici, tu es en danger !
- Parce que toi tu ne l'es pas peut être, en reprenant le tutoiement que Kerensky venait d'instaurer entre eux
- J'y suis habitué
- Apparemment, elle n'est pas au courant de tout, fit Simon, qui arbitrait le match, à Joy
- Ah oui, j'oubliais que tu commandais tes ordinateurs avec ton arme !
- Un point pour elle, elle sait qu'il est accroc à l'informatique, dit Joy
- Je suis désolé que Jagger se soit servi de toi et ai tué ta sœur, il va payer cher pour cela et d'autres choses, dit Kerensky en regardant Joy, mais tu ne peux pas… Sarah, bon sang !
Kerensky n'eut pas le temps de réagir, de même que Joy et Simon, Sarah venait de s'engouffrer dans le couloir qu'ils venaient de quitter. Le Russe lança un juron avant de courir derrière elle, Simon et Joy à sa suite.

Sarah courait sans vraiment savoir où aller. Elle ouvrait les portes au fur et à mesure, espérant trouver le corps de sa sœur. Elle arrivait au bout du couloir et allait prendre celui de gauche quand un coup dans l'estomac la stoppa net, elle s'effondra sur le sol. Jagger sourit en la voyant souffrir. Il la releva brusquement et l'emmena dans le couloir de droite. Il entrait dans la pièce du fond quand l'Intel Unit arriva au croisement.
- Gauche ou droite ? demanda Simon
- On se sépare. Vous prenez à gauche, je vais à droite, ordonna Kerensky
Son ton était si froid qu'aucun de ses deux amis n'osa le contredire.

***

- Voyons, tu avais la possibilité de fuir et tu es resté, pourquoi ? demanda Jagger en asseyant Sarah sur une chaise, les mains attachés aux accoudoirs
- Où est-elle ? cracha Sarah
- Oh… c'est pour ta sœur que tu es restée. Elle est morte, je te l'ai dit ! dit-il en partant d'un rire cynique
- Espèce de ….
- Tut tut tut, pas de vilains mots dans la bouche d'une aussi belle femme. Je vais peut être te garder un peu, si tu es assez bien pour ce bâtard de Kerensky, tu devrais me convenir
- Je veux la voir, exigea Sarah
Son ton lui valu une gifle retentissante. Néanmoins, Jagger se dirigea vers le fond de la pièce. Un drap recouvrait une table roulante, il le souleva. Sarah réprima ses larmes en voyant sa sœur allongée, les yeux clos. Son visage terriblement pâle ne pouvait signifier qu'une chose.
- Oh mais… on dirait que…, fit Jagger en mauvais comédien, je me suis trompée, elle respire !
Sarah ne savait pas si elle devait le croire, il lui avait annoncé sa mort quelques heures auparavant !
- Mais quelle importance maintenant, l'antidote est dans ma poche et je n'ai plus de seringue, fit-il
- Vous allez me le payer, dit Sarah en essayant de se détacher
- Tu ne peux rien faire et maintenant tu vas répondre à mes questions, dit Jagger en revenant vers elle
Sarah tenta une nouvelle fois de détacher ses mains mais la corde lui rentrait dans la chair. Jagger la prit par le cou et la força à lever la tête vers lui.
- Où est-il ?
Sarah ne répondit pas et Jagger resserra sa prise l'empêchant de respirer.
- Où est Kerensky ?
Elle ne le savait pas et de toute façon ne lui aurait pas dit, elle n'avait plus rien à perdre. Les paroles de Jagger lui semblaient un peu plus lointaines, sa vision s'obscurcit, elle manquant d'air et allait mourir. Sarah ne comprit pas ce qui se passait mais l'étau sur sa gorge se desserra brusquement et elle put avaler un peu d'air en toussant. Jagger répondit brusquement à l'attaque de Kerensky. Ce dernier avait réussi à s'approcher sans faire de bruit et à le ceinturer mais Jagger se dégagea en lui donnant un coup dans les cotes. Le russe saisit aussitôt son arme et la pointa sur son ennemi qui venait de faire de même. Ils restèrent un long moment silencieux, se mesurant du regard, sans bouger.
- On va mourir tous les deux, dit Jagger
- J'en ai l'impression, répondit Kerensky d'un ton froid
- La mort ne te fait donc pas peur ?
- J'irais peut être en enfer, si jamais il y en a un, mais ce qui me réconforte, c'est de savoir que ton sort sera pire !
- Et si nous réglions ça comme des hommes ? Un combat à mains nues, fit Jagger en voyant le regard incrédule du russe. Pour te prouver que je suis de bonne foi, je baisse mon arme le premier
- Qu'est ce qui te dis que je ne vais pas t'abattre ?répliqua sèchement Georgi
- Tu as trop… d'honneur pour ça, je te connais
Jagger posa son arme et se redressa. Kerensky l'avait en visée et aurait pu le tuer sans qu'il ne puisse rien n'y faire. Le Russe réfléchit un long moment. Tuer un homme de sang froid n'avait jamais été un problème mais Jagger avait raison. Malgré tout ce qu'il pouvait lui reprocher, il ne tirerait pas sur un homme désarmé. Il se baissa lentement pour déposer son arme à terre. Sarah vit ce que préparait Jagger mais ne put prévenir Kerensky, aucun son ne sortait de sa bouche. Jagger attendit que Georgi pose son arme à terre avant de prendre une barre de fer posé près de lui et de l'abattre sur le slave. Ce dernier qui s'attendait à quelque chose de similaire la dévia et fit tomber Jagger d'un croc en jambe. Il se cogna la tête contre un évier en fer. Kerensky regarda son adversaire s'affaler sur le sol. Il allait être KO pour un petit moment. Georgi se dirigea vers Sarah.
- Comment te sens-tu, demanda t il en la détachant
- J'ai connu des jours meilleurs, répondit-elle d'une voix enrouée
- C'était de la folie ! la réprimanda t il
- Il a parlé d'un antidote, Rafaela est…
- On dirait qu'on a raté le meilleur fit Simon en entrant dans le labo avec Joy
Sarah leur sourit, soulagée de constater qu'ils n'avaient rien. Son sourire se figea sur son visage tandis qu'ils les rejoignaient. Kerensky, Joy et Simon tournaient le dos à Jagger. Sarah ne réfléchit pas et se mit devant Georgi quand elle le vit tirer. Le Russe la rattrapa d'une main tandis qu'il visait un Jagger déçu de l'autre. Il tira à plusieurs reprise sur lui, en même temps que Joy et Simon, avant de reporter son attention sur Sarah.
- Tu joues souvent les gardes du corps ?
- J'ai du regardé trop souvent Bogygard, répliqua t elle dans un murmure, mais bon sang, Kevin Costner avait pas l'air de souffrir autant quand il a été blessé !
- Les miracles du cinéma américain, répondit Kerensky en lui dédiant un fin sourire
- Cette fois je pense qu'il a eut son compte, dit Simon qui était près du corps de Jagger avec Joy
- Attends, je vérifie, fit cette dernière en lui tirant une balle dans la tête
Kerensky se retourna, prêt à tirer.
- Je vois qu'on a les mêmes techniques pour s'assurer que quelqu'un ne va pas revenir, dit-il amusé
- Rappelez-moi de ne pas me disputer avec vous, fit Simon écœuré
- Rafaela… murmura Sarah, antidote…
- Ne parles pas, l'ambulance va arriver
- Non… poche, continua Sarah en essayant de repousser les ténèbres qui menaçaient de l'envahir,… Rafaela… vivante
- Qu'est ce qu'elle raconte ? Demanda Simon
- Sa sœur a été empoisonnée par Jagger
- Alors pourquoi elle parle d'antidote ?
- Il y a une femme par-là, dit Joy qui faisait le tour du labo, son pouls est faible
Georgi se leva après avoir confier Sarah à Simon et se dirigea vers le corps de Jagger.
- Tu ne renaîtras pas de tes cendres cette fois, camarade, murmura t il en commençant à fouiller ses poches
Il se redressa au bout de quelques secondes avec une petite fiole dans la main. Le produit était d'un bleu opaque, aucune inscription ne figurait sur la bouteille. Et si c'était encore un tour de Jagger, faire croire qu'il avait un antidote alors que c'était un poison ? Kerensky se rappela que Sarah lui avait parlé de 72h. Il devait s'en être écouler un peu plus de 48 depuis qu'elles avaient été enlevées. Ils avaient le temps d'analyser le produit avant de l'injecter à la jeune femme.

***

Sarah entrouvrit les yeux pour les refermer aussitôt, la lumière la blessait. Elle sentit quelqu'un lui prendre la main et murmurer son prénom. Les événements lui revinrent peu à peu en mémoire. Le Russe qu'elle avait du séduire, sa sœur empoissonnée… non, morte, rectifia son esprit. Pourtant cette voix…
- Elle se réveille, répéta une voix de femme
- Laissez-moi l'examiner, fit une voix plus grave. Mademoiselle MacLane, ouvrez les yeux si vous m'entendez
Sarah obéit lentement. Les formes apparurent dans son champ de vision avant qu'elle ne puisse distinguer les visages.
- Raf, murmura t elle incrédule en voyant sa sœur
- Tu vas encore devoir me supporter, sœurette, fit l'intéressée pour amener un sourire sur le visage pâle de Sarah
Le médecin s'en alla après avoir vérifier qu'elle allait bien. Sarah fit regarda autour d'elle. Joy lui adressa un petit sourire.
- Vous avez de la chance d'être une amie de Kerensky, je devrais vous tuer pour vous être enfuie de cette manière ! fit-elle avec un air sévère qui ne cachait pas son soulagement
- Je n'ai pas l'intention de recommencer, assura Sarah
- On va te laisser, dit Rafaela, tu as besoin de te reposer
- Oui mais comment tu…
- Ce dingue n'avait pas menti, il avait vraiment l'antidote
- Je suis désolée de t'avoir mise en danger, murmura Sarah les larmes aux yeux
- Tu n'y es pour rien si un fou à décider de nous faire vivre un enfer. Et puis, cela a de bons cotés, finit sa sœur avec un regard énigmatique
- Raf, qu'est ce… ?
Les deux jeunes femmes étaient déjà sorties. Sarah se sentait fatiguée mais aussi déçue. Il n'était pas venu mais pouvait-elle vraiment lui en vouloir après ce qu'elle lui avait fait ? Elle avisa un énorme bouquet de roses posées sur sa table de nuit. Sarah prit la carte en grimaçant un peu, son épaule la faisant souffrir et la lu.

J'ignore si elles seront à ton goût mais j'espère qu'elles amèneront un sourire sur ton visage.
Je ne viendrais pas te voir, ne m'en veux pas.

Georgi

Sarah relut la carte deux fois, les larmes aux yeux. Elle avait aidé Jagger à le capturer et c'était lui qui lui demandait de ne pas lui en vouloir ? C'était le monde à l'envers, songea t elle avant de sombrer dans un profond sommeil. Sarah ne remarqua pas la haute silhouette qui la regardait par la porte entrouverte. Kerensky quitta silencieusement le couloir et fit un signe négatif de la tête quand une infirmière lui dit qu'il pouvait entrer dans la chambre de Sarah. Il détestait les hôpitaux depuis toujours, synonyme de faiblesse, de douleur et de perte. Il n'était venu que pour… aucune importance, pensa t il en entrant dans l'ascenseur.

***

Quelques jours plus tard, Sarah fit la connaissance de Largo au Penthouse. L'Intel Unit y était réuni en compagnie de Rafaela. Sarah remarqua que cette dernière ne quittait pas des yeux Simon, l'homme qui les avait aidés, et que ce dernier n'était pas insensible au charme de la jeune femme.

Largo était assis près de Joy, un bras nonchalamment posé sur sa taille. Dès le retour de sa garde du corps, il lui avait parlé sincèrement de ce qu'il ressentait pour elle. Ils en avaient discuté une bonne partie de la nuit. Joy avait été étonné par sa franchise et son honnêteté. Ils étaient tous les deux conscients que leur amour était inconditionnel et qu'ils risquaient de les détruire. Joy lui avait fait part de son malaise, du fait que Largo avait connu énormément de femmes avant elle et que de son coté, elle n'avait connu que des relations désastreuses. Il l'avait rassuré et ils en avaient conclu qu'il devait se donner une chance et avancer pas à pas.
- Vous retournez à L.A. ? demanda Largo à Sarah
- Oui, nous ne devions venir que trois jours pour un séminaire mais…
- C'est regrettable ce qui est arrivé mais j'espère que cela ne vous dissuadera pas de venir dans notre charmante ville, fit Joy d'un ton entendu en regardant Kerensky
Ce dernier leur tournait le dos, semblant contempler les buildings de la ville.
- J'en doute. Merci encore pour votre gentillesse, répondit Sarah à l'attention de Largo
- C'est tout naturel, vous êtes la bienvenue aussi souvent que vous le souhaitez.
Sarah le trouva sympathique, bien loin de l'image qu'en faisaient les journaux. Elle se leva pour prendre congé.
- Tu es certaine de vouloir passer encore quelques jours ici ?
- Absolument, répondit Rafaela en souriant, j'ai encore quelques jours de vacances et je veux en profiter pour visiter la ville
- Ne vous inquiétez pas, je vais veiller sur sa sécurité, dit Simon
- C'est bien ce qui doit lui faire peur, répondit Kerensky en se tournant vers eux
- On t'accompagne, fit Rafaela en jetant un regard assassin au russe

***

Le hall du Winch building était quasiment désert à l'exception des gardiens. Le petit groupe se mit un peu en retrait. Sarah leur dit au revoir à tous à l'exception de Kerensky. Joy, Largo, Simon et Rafaela s'écartèrent pour laisser un peu d'intimité au couple.
- Je n'ai pas eu l'occasion de te remercier pour les fleurs et… je suis vraiment désolée pour…
- Tu n'y étais pour rien et Jagger ne risque plus de faire de mal à qui que se soit
- Si jamais tu passes à L.A., on pourrait…
- Non, répondit-il doucement
Il ne voulait pas faire ce genre de stupide promesse alors qu'il savait très bien qu'il n'irait jamais la voir même s'il était de passage à L.A.
- Oh… je… je comprends, fit-elle manifestement déçue
Elle leva les yeux verts lui et se noya dans son regard azur un long moment. Il y avait plus dans ce simple regard que les mots ne pouvaient l'exprimer. Sarah leva la main et caressa une mèche des cheveux blonds de Kerensky. Elle se mit sur la pointe des pieds et l'embrassa doucement. Georgi répondit à son baiser sous l'œil étonné de Simon, Largo et Joy. Rafaela souriait, elle devait encore passer une semaine à New-York. Ce serait un comble si je n'arrive pas à le convaincre que ma sœur est géniale, songea t elle. Sarah se détacha à regret de Kerensky. Elle lui sourit avant de prendre sa valise. Georgi la regarda sortir.
- Pas de " ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants " cette fois ? fit Simon en approchant
- La traditionnelle fin capitaliste pour faire croire que la vie et rose et qu'il n'y a jamais de problème, répondit-il froidement
- Ils ne se marient jamais en Russie ? questionna Rafaela étonnée par l'attitude du russe
- Pas quand ils viennent de mondes aussi différents pourtant… J'ai du travail, fit-il en détournant les yeux de la double porte
- Attends et tes vacances ? fit Largo
- Je n'en ai plus besoin
- Moi, je crois que si, fit Joy en lui prenant le bras
- Bien sur, on ne va pas laisser un ami dans la détresse ! renchérit Simon
- Je ne crois pas que j'ai envie de…
- Tu n'as pas le choix, coupa Largo
- Aller s'il te plaît, insista Joy, il y a un nouveau restaurant sur la 5e
- Et après on pourrait aller danser, dit Simon en se trémoussant devant Rafaela
- Rien que pour cela je devrais dire non, fit Kerensky pour vexer Simon
- Ça veut dire que c'est oui ? dit Joy ravie
- J'ai l'impression que je n'ai pas le choix, conclu t il en jetant un dernier regard vers la porte

Fin