Simon Ovronnaz Junior

Ally Ashes



Résumé : L'équipeWinch se lance à la recherche de la mére d'un petit Simon Junior…
Disclaimer : Aucun despersonnages ne m'appartient, je ne gagne pas le moindre centime en écrivantcette histoire. Ma seule rémunération, c'est aux lecteurs qui m'envoientdes mots gentils que je la dois.
Note de l'auteur :Un certain passage de l'histoire pourrait étonner voire choquer les fans.Pourtant, j'ai toujours trouvé que Joy cachait des secrets encore plusdouloureux que ce qui avait été dit. Voilà ma version. J'espére qu'ellene m'attirera pas trop vos foudres ! S'il vous plaît, écrivez-moipour me donner votre opinion.

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Rien n'avait préparé Jack Harshley, agent de sécurité à la Winch Company proche de la retraite, à gérer ce genre de situation. Maîtriser un forcené, évacuer rapidement le maximum de personne en cas d'incendie, rester calme lors d'une alerte à la bombe, ça oui ! Mais là, il était en dehors de ses compétences ! Regardant le petit paquet vagissant qui s'agitait dans ses bras, il regrettait amérement d'avoir parlé à cette femme…

Hall d'entrée du Winch Building, quelques minutes plus tôt :

Lorsque la jeune femme entra dans l'immeuble, les trois agents de sécurité en service à l'accueil la repérérent tout de suite. A peine une vingtaine d'années, blonde, jolie, elle marchait très vite et regardait toutes les deux secondes derrière elle. Elle serrait contre elle un grand sac noir, comme s'il contenait un trésor. Alors qu'elle se dirigeait vers l'accueil, Jack se leva et renvoya ses deux collégues à leurs affaires.C'était lui le chef, aprés tout, alors il pouvait bien en tirer quelques avantages de temps en temps. Il lui fit son plus beau sourire, et s'avança vers elle.

- Mademoiselle, puis-je vous aider ?
- Est-ce que Simon Ovronnaz travaille ici ?

Il dut presque tendre l'oreille tant sa voix était oppressée : elle avait répondu dans un souffle comme si elle craignait que quelqu'un d'autre ne l'entende. Le sourire de Jack s'effaça : ce devait être encore une des conquêtes de l'ami de Winch. Décidément, depuis leur arrivée à ces deux là, les jolies femmes n'arrêtaient pas de défiler, mais il n'avait jamais sa chance.

- Oui, tout à fait. Voulez-vous que je le prévienne de votre arrivée, Mademoiselle…?
- Je n'ai pas le temps. Prenez le.

La jeune femme lui tendit ce qu'elle portait dans son sac : un drap enroulé d'où émergeait la frimousse d'un bébé d'environ 6 mois. Elle lui donna également uneenveloppe et un petit paquet, embrassa l'enfant et commença à se diriger à reculons vers la sortie, les yeux toujours fixés sur le nourrisson qui dormait.

- Ma patronne le lui confie en attendant que ça aille mieux pour elle.Tout est expliqué dans cette lettre. Il comprendra.
- Hé, mais attendez ! Qui êtes vous ?
- Il s'appelle Simon. Prenez-en soin !

Avant qu'il ait eut le temps de réagir, elle avait disparu. Et il se retrouvait avec un cadeau dont il se serait bien passé, et qui pour couronner le tout commencer à s'éveiller. Il prit le téléphone composa en hâte le numéro du portable de Simon.

Le Bunker

Penchés sur l'ordinateur de Georgi, le quatuor vérifiait une éniéme information concernant la Commission Adriatique. Et pour la éniéme fois, il s'agissait d'une fausse alerte.Largo semblait découragé ; Joy et Simon le regardaient se passer la main dans les cheveux, désolés pour lui. Même Kerensky avait momentanément arrêté de taper sur son clavier pour soutenir son patron, et lui dire qu'un jour ou l'autre, la Commission ferait un mauvais pas.

Perdus dans leurs pensées, ils sursautérent lorsque le portable de Simon sonna.

- Oui ?
- Monsieur Ovronnaz, ici Jack Harshley. On a livré un… colis pour vous.Il faudrait que vous passiez le prendre d'urgence, commença Harshley
- Gardez-le à l'accueil, je viendrai tout à l'heure.
- Je crois qu'il vaudrait mieux que vous veniez tout de suite. En fait,une jeune femme a laissé un bébé pour vous à l'accueil.
- Pouvez-vous répéter ? J'ai cru que vous me disiez qu'un bébé m'attendait à l'accueil.
- C'est exactement ça, Monsieur Ovronnaz ! Venez vite, s'il vous plaît !
- Oh nom de Dieu. Je reviens tout de suite, les mecs, cria Simon en selevant.

Il partit comme une fusée.Largo, Joy et Georgi, qui avaient entendu la conversation, se regardérent et se levérent d'un même mouvement pour courir après Simon.

~~o0o~~

A l'accueil, le gardien semblait totalement dépassé par les événements : le bébé hurlait, et tout un attroupement s'était formé autour de lui. Simon se fraya un passagedans la foule, et le gardien lui colla l'enfant dans les bras, trop heureux des'en débarrasser.

- Hey ! J'ai pas d'enfant, moi ! Quelqu'un pourrait-il m'expliquer ce qui se passe ? supplia Simon autour de lui, paniqué.
- Une jeune femme m'a demandé de vous confier cet enfant. Je n'en saispas plus !
- Eh bien, Simon, tu n'aurais pas quelque chose à nous dire ?demanda Largo, narquois.
- Oui, quelque chose comme " Les amis, je vous invite au baptême demon premier enfant ", continua Joy sur le même ton.
- Il a la même voix que toi, renchérit Kerensky.

Simon tendit le bébé à Largo,qui le garda quelques secondes à bout de bras, l'air paniqué, avant de le passer à Joy en disant " C'est une affaire de femme ". Joy essaya de bercer l'enfant, mais rien ne semblait calmer sa fureur. Elle essayait de convaincre Simon de le reprendre quand Kerensky le pris dans ses bras. Trois paires d'yeux se retournérentvers le géant russe, qui tenait l'enfant face à lui et lui parlait de sa voix profonde et toujours calme.

- Mon bonhomme, je comprends qu'être le fils de Simon Ovronnaz puisse être un départ difficile dans la vie. Mais ce n'est pas une raison pour pleurer, alors chut !

Captivé par Kerenski autant que par ce qu'il lui disait, l'enfant se calma tout de suite, et commença même à gazouiller, en essayant d'attraper ses longs cheveux. Joy, Largo et Simon étaient bouche bée devant le spectacle.

- Quoi ? Demanda Kerensky en leur jetant un regard acéré.
- Rien, rien. C'est juste que je ne t'avais jamais imaginé avoir une telle technique ! répondit Simon en levant les mains au ciel comme pour lui signifier " Ne tirez pas, je me rends ! ".
- Il y a encore pas mal de choses que vous ignorez sur moi. Et sur les bébés aussi : il a faim.
- La femme a laissé un biberon et deux couches, se rappela le gardien
- Femme prévoyante ! C'est super, mais ça ne résout pas mon problème. A quoi elle ressemblait ? Elle n'a pas dit son nom ???

Simon avait pris le pauvre agent de sécurité par les épaules et le secouait, à présent totalement terrorisé. Il se voyait déjà en père célibataire… Largo aussi d'ailleurs, et cela le faisait rire doucement.

- Attendez, elle avait aussi laissé une lettre… Bon sang, où est-ce que je l'ai mise…
- Vous avez intérêt à la trouver, sinon je vous jure que je vous mets à la porte… S'il vous plaît ! Par pitié !!!

Simon passait de la colère à la panique, de la panique au découragement, du découragement à la supplication. Si quelqu'un ne le réveillait pas tout de suite de ce cauchemar, il allait finir à l'asile…

- Je l'ai !

Simon arracha le courrier, et commença à le lire. Dés les premières lignes, son visage s'éclaira. C'est avec un soupir qui s'entendit à l'autre bout du hall qu'il annonça à ses amis l'heureuse nouvelle :

- C'est pas mon fils ! C'est celui de Vanessa !
- J'aurais dû m'en douter. Dés que les choses se compliquent, ta sœur est dans le coin, remarqua Joy en croisant les bras et en levant les yeux au ciel.
- Eh ! C'est pas vrai ! " s'insurgea Simon. Et puis c'est pas de sa faute si les embrouilles lui tombent toujours dessus. Eh, les gars, j'suis tonton !!! Oncle Simon !
- Tu plaisantes ? Quand elle n'a pas de problèmes, elle s'en invente ! Cette fille s'ennuie dans la vie normale ! J'en viens âme demander si c'est vraiment son enfant ou si elle l'a volé "ronchonna Joy
- C'est bien son fils. " Annonça Largo, qui avait pris la lettre des mains de Simon, trop occupé par sa discussion avec Joy pour continuer sa lecture. " Et elle a effectivement des problèmes. Si j'en crois sa lettre, Ludwig a fait sa réapparition. Il semblerait que les flics l'aient libéré, et que la première chose qu'il ait fait soit de retrouver Vanessa. Le problème, c'est qu'elle avait eu un enfant avec le comte. Comme il est jaloux comme c'est pas permis…
- Laisse-moi deviner… Ludwig, qui était fou de Vanessa, et fou tout court d'ailleurs, a sauté un fusible quand il a vu l'enfant " repris Simon.
- Exact, et il s'est mis dans la tête que c'était son fils à lui et Vanessa.
- Ben voyons ! Bienvenue dans la famille, Ludwig, il ne nous manquait plus qu'un paranoïaque mythomane pour compléter le tableau " observa Joy.
- Loin de moi l'idée de vous interrompre, mais il me paraît qu'un hall d'entrée ne soit pas l'endroit adéquat pour s'occuper d'un enfant. Alors quelle que soit son identité et les problèmes de la famille, pourrions-nous déménager ? " demanda Kerensky très calmement, mais très fermement.

Comme des enfants pris en faute, Largo, Joy et Simon arrêtèrent net leur discussion, et suivirent sagement Georgi. L'équipage avait quelque chose d'étonnant : un ex-agent du KGB tenant dans ses bras le bébé souriant de la sœur de Simon, un patron de multinationale qui venait de se faire enguirlander par son informaticien en chef, un ex-agent de la CIA et un ex-voleur qui continuaient à mi-voix à se chamailler pour savoir si, oui ou non, Vanessa était un véritable aimant à emmerdements.

Mais ce n'était rien comparé à Georgi Kerensky donnant le biberon à Simon Junior, et le promenant dans les appartements de Largo pour qu'il fasse son petit rototo (Simon Junior, pas Largo, faut suivre là, faut suivre !).

Lorsque l'enfant fut changé, nettoyé et couché (cette fois-ci par les bons soins de Joy, Kerensky étant retourné à ses chers ordinateurs), l'équipe retrouva son efficacité. Vanessa avait besoin d'eux, et d'urgence.

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Le Bunker

Pendant que les autres s'occupaient de son neveu, Simon avait essayé de joindre Vanessa, en vain. Le comte était parti en voyage d'affaire depuis une semaine, aux dires de sa secrétaire, et Vanessa était partie " en compagnie d'un ami ".Lequel ami était selon elle albinos, avec de longs cheveux blancs…

- Kerensky, tu as un moyen pour savoir où est Ludwig ? "Interrogea Largo.
- Peut-être. Il est étranger, il est entré sur le territoire américain et il a passé quelque temps en prison. Trois bonnes raisons d'être fiché par votre gouvernement. Je devrais pouvoir le suivre s'il a effectué des achats avec sa carte de crédit ou tout autre moyen de paie ment autre que les espèces… Deux secondes…
- Cet homme est un génie ! " cria Simon à la cantonade. Kerensky, pour ton petit Noël, passe ta commande et je te jure que tes petits souliers seront bien garnis. Si je ne me retenais pas, je t'embrasserais !
- N'y pense même pas… " répondit Kerensky en regardant Simon par-dessus les verres de ses lunettes, d'une voix glaciale.

Après quelques secondes de recherche, il trouva la piste de Ludwig.

- Les enfants, il est encore plus stupide que la première fois. Il a tout bêtement acheté deux billets d'avion à son nom, destination le Japon.
- L'avion part quand ?
- Dans 1 heure et 37 minutes très exactement. Autrement dit, remuez-vous. Pendant ce temps, je vais m'amuser un peu. Pour commencer, on va annuler les billets du Sieur Ludwig…
- Là, j'tiens plus " fit Simon en collant un baiser sonore sur la joue de Kerensky, qui se leva, menaçant, avec un regard meurtrier.
- Bye !

Simon sortit précipitamment en riant. Kerensky se rassit lentement, en préparant sans doute une vengeance à sa façon.

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Aéroport de New York

Joy, Simon et Largo s'étaient tous les trois rendus à l'aéroport, après avoir laissé Simon Junior à la garde de Kerensky. Simon en avait profité pour lui glisser encore deux ou trois remarques douces-amères.

- Pourquoi tu énerves Kerensky ? " demanda Largo
- Il adore ça.
- Ça, ça m'étonnerait beaucoup ! Dis plutôt que ça t'amuse "rétorqua Joy.
- Oui, y'a de ça aussi. Avoue que tu voudrais parfois faire la même chose, hein ?
- Stop ! C'est pas eux, là-bas ? " coupa Largo.

A quelques mètres, un couple marchait très vite. Lui portait un chapeau et une paire de lunettes de soleil qui masquaient son visage. Mais Vanessa était reconnaissable, sans aucun doute. Elle cachait quelque chose contre elle, sous un long imperméable.

Largo et Simon se rapprochèrent discrètement du couple, pendant que Joy jouait à la touriste prés de la porte d'embarquement. Lorsqu'ils furent à quelques centimètres derrière eux, Simon tapota l'épaule de sa sœur.

- Excusez-moi, je crois que tu as oublié de me dire au revoir.

Ludwig et Vanessa se retournèrent, et c'est alors que Simon aperçu l'arme avec laquelle il la menaçait.

- Reculez ! Mon épouse et moi nous retournons à la maison avec notre fils.
- Là, ça m'étonnerait. Je crois que la dame n'est pas tout à fait d'accord avec ça.
- Elle l'est. N'est-ce pas mon amour ? Et mon fils également.

Ludwig écarta les pans du manteau de la jeune femme. Elle avait un porte-bébé, dans lequel se trouvait un poupon. Mais le bébé en question ne pouvait pas donner son avis, pour la bonne raison qu'il était en plastique.

- Qu'est-ce que ça veut dire " demanda Ludwig, qui commençait à paniquer. " Où est Ludwig Junior ? "
- Ludwig Junior " répéta Simon, dégoûté. " Tu parles d'un nom ! T'es vraiment bizarre, comme mec… Tu crois vraiment qu'une fille aussi belle et intelligente que ma sœur te suivrait comme un toutou, avec un enfant en plus ? "

Ludwig, noyé sous le flot de paroles de Simon, commençait à paniquer. Largo se déplaçait sur son côté droit, et il devait en même temps mettre en joue les deux hommes. Joy en profita pour se rapprocher, derrière lui. Elle lui asséna un coup de crosse de son Beretta, et Ludwig s'écroula, sans connaissance.

- Voilà, on est tranquille. Que feriez-vous sans moi…
- Joy, rappelle-moi de ne plus jamais te tourner le dos quand tu es en colère "plaisanta Largo.

Simon et Vanessa se précipitèrent dans les bras l'un de l'autre. Lorsqu'ils eurent tous repris leurs esprits, Vanessa leur expliqua la situation dans laquelle elle s'était trouvée coincée. A sa sortie de prison, Ludwig avait retrouvé sa trace, et l'avait aperçue avec son fils. Dés que le comte de Nibourg dû partir en voyage à l'étranger, il avait commencé à la harceler de visites et de coups de téléphone. Il s'était imaginé les ramener tous les deux au Japon et épouser Vanessa.
Vanessa avait pris peur, et comme elle craignait que Ludwig mette ses menaces à exécution, avait décidé de mettre l'enfant à l'abri chez Simon. Elle n'avait pas pu s'y rendre elle-même, car Ludwig surveillait le moindre de ses faits et geste. Elle y avait envoyé la jeune fille au pair, et avait fait croire à Ludwig que l'enfant était toujours là grâce à une poupée qu'elle avait cachée le mieux possible.

Elle ne put faire plus de confidences, la sécurité de l'aéroport les avait encerclés et commençaient à poser des dizaines de question. Au bout d'une demie-heure, les policiers avaient fini par comprendre à peu prés toute l'affaire. Vanessa et Simon les avaient accompagnés à la station de police afin de déposer une plainte contre Ludwig. Enlèvement, tentative de meurtre, cette fois il laisserait le couple tranquille pendant un petit moment.


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A la demande de Simon, Largo et Joy étaient retournés à l'appartement. Il préférait que l'affaire soit réglée sans que le nom de " Winch " y soit mêlé. Dés leur arrivée, Kerensky leur laissa la place de nounou, non sans faire une centaine de recommandations quant à la température du biberon ou la position dans laquelle le bébé préférait dormir.

Planté au milieu de la pièce, il semblait encore hésitant à partir. Après quelques secondes il marcha à grands pas vers le canapé où se trouvait encore le bébé, l'embrassa sur le front puis sur le ventre, et lui murmura quelques mots en russe. Largo et Joy n¹entendirent pas ce qu¹il lui disait, mais le ton et le sourire de Georgi ne laissaient aucun doute : ce n¹étaient pas des adieux, mais bien des au-revoir.

Lorsqu¹il fut enfin parti, non sans se retourner une dernière fois, Joy suivit ses ordres à la lettre, et s'occupa du bébé comme si elle n'avait fait que cela toute sa vie. Largo la regardait faire, pensif. Tout un coup, Simon fit un gazouillis qui ressemblait furieusement à un mot…

- " Man !
- Quoi ?
- M'man !
- Je crois que ce bout de chou t'a adopté dans le rôle de la mère intérimaire ! "

Joy ne répondit pas. Il la sentait soudain tendue, mal à l'aise. Largo se méprit sur sa réaction et cru qu'elle avait peur de devenir mère.

- " Tu sais, tu ferais une merveilleuse maman ", commença Largo pour la rassurer. " Oui, je sais ce que tu vas encore me répondre" J'ai déjà 3 enfants ". Mais dis-moi : tu ne t'imaginespas en train de pouponner, parfois ? "

Joy ne quittait pas l'enfant des yeux. Largo vit avec étonnement une larme couler le long se sa joue. Dans un murmure, comme si elle pensait tout haut, elle laissa échapper ce qui lui serrait le cœur depuis le début de la soirée.

- " Mon enfant aurait eu trois ans le mois prochain… "
- Quoi ?

Joy prit une grande inspiration, et se lança comme on se jette à l'eau.

- Lorsque j'ai quitté la CIA, ce n'était pas seulement à cause de ce qu'avait fait mon père. Après que Donovan ait été arrêté, je me suis rendu compte que j'étais enceinte. Tu imagines un peu : la fille d'un grand chef de la CIA enceinte d'un traître ? "

La voix cassée par l'émotion, Joy racontait l'histoire de sa vie avec sur le visage une tension extrême, entre rires et larmes. Largo n'osait pas bouger : il sentait que la jeunefemme devait se confier à ce moment précis, sans qu'aucun d'eux ne sachepourquoi.

- " J'étais perdue, alors je suis partie, j'ai tout quitté :ma famille, mon job, et toutes les personnes que je pensais être des amis et qui travaillaient à la CIA. Je ne savais plus ce que je devais faire, ni où aller. Je croyais qu'il était la taupe, je me sentais fautive pour l'amour que j'avais eu pour lui… Que j'avais encore à l'époque. J'ai pris une décision… et j'ai… j'ai fini par avorter. "

Joy avait fermé les yeux. Dans sa tête résonnait le bruit horrible de l'aspiration, et de la voix du docteur qui lui demandait de se détendre. Comme si elle le pouvait. Elle l'aurait tué, ce type… Elle avait dit au médecin qu'elle avait changé d'avis, mais il était déjà trop tard. Elle ressentait encore le froid, la peur, cette tristesse qui lui avait déchiré le cœur alors qu'elle réalisait que sa vie ne serait plus jamais comme avant.

Largo la regardait, les mâchoires serrées. Il avait senti que l'explication officielle de son départ de la CIA cachait autre chose, mais il ne s'était jamais douté d'un tel drame dans la vie de son amie. Il avait envie de la prendre dans ses bras, de la consoler, de la bercer comme un enfant en lui disant que tout irait mieux maintenant. Mais il devait lui laisser le temps de vider son cœur.

Un frisson parcourut Joy comme elle se remémorait les heures et les jours qui avaient suivi, sa détresse, la promesse qu'elle s'était faite de ne plus jamais aimer pour éviter de souffrir encore. Elle ravala ses larmes, puis elle ouvrit les yeux. Elle refusait de regarder Largo : elle imaginait les sentiments qui devaient luipasser par la tête. Peut-être ne voudrait-il plus lui parler après cela, mais tant pis : ces souvenirs étaient devenus trop lourds à porter depuis queSimon Junior l'avait appelée " maman ".

- " Je comprends mieux, maintenant. Ton armure de professionnalisme, alors que je sentais qu'une femme tendre et passionnée vivait en toi. "

Largo avait parlé d'une voix douce et très émue. Joy osa le regarder du coin de l'œil. Sa réaction n'était pas celle qu'elle avait crainte. De nouveau, elle sentait les larmes lui picoter les yeux, mais cette fois ce n'était pas à cause de la tristesse. Il ne l'avait pas rejetée, il l'acceptait comme elle était.
Elle se tourna vers lui avec un doux sourire aux lèvres.

- Merci.
- Mais de quoi ?
- De m'avoir écouté et comprise. D'être là, d'être mon ami en plus qu'un patron plutôt sympa… Quoique parfois tu pourrais suivre mes ordres et…

Largo coupa Joy en posant un doigt sur ses lèvres. Il se leva et s'assit à côté d'elle sur le bord du canapé. Il la prit dans ses bras et l'obligea à se reposer sur lui.

- Interdiction de changer de conversation. Ce soir, je ne suis pas ton patron mais seulement un ami. Et comme Simon, comme Kerensky, je serai toujours là quand tu en auras besoin, OK ? Aucun de nous ne te trahira ou ne te fera de mal.

Joy se tourna vers lui, heureuse. " Non, pas volontairement… ", pensa-t-elle. Il était encore trop tôt pour qu'elle se permette d'ouvrir son cœur à quelqu'un. Et puis l'amitié qui s'était créée entre eux tous lui donnait une force supplémentaire. Il était hors de question de risquer ça.
Un jour peut-être elle lui parlerait, mais pas tout de suite. Pour l'instant, elle avait simplement envie d'être à l'abri dans les bras de Largo, de sentir son odeur.


~~o0o~~

Lorsque Simon et Vanessa rentrèrent à l'appartement, ils trouvèrent Largo qui sommeillait sur un fauteuil. Joy et Simon Jr étaient endormis sur le canapé.

- C'est-y pas mignon, ça !
- Chut ! Ne les réveille pas…
- Trop tard. " répondit Joy d'une voix ensommeillée. " Quelle heure est-il ? "
- Une heure du matin. Ces flics étaient les plus bornés et les plus zélés que j'ai rencontré. Et pourtant, Dieu sait si j'en ai rencontré dans ma vie !
- Je ferais mieux de rentrer.
- Je te remercie d'avoir prit soin de Simon, Joy ", fit Vanessa en lui prenant la main. " Je savais qu'avec vous tous il serait en sécurité ".

Vanessa prit son fils dans ses bras, sous le regard attendri de Simon. Il était très fier de sa petite sœur, même si c'était difficile de ne plus la regarder comme une enfant.
Joy avait ouvert la porte quand elle se retourna avec un petit sourire timide.

- Oh, Vanessa ! Si tu as besoin d'une nounou de temps en temps, pense à moi…
- Avec plaisir. Dis au revoir à tata Joy.
- Zoy !

Joy fit un dernier sourire, cette fois plus du tout timide mais très joyeux, et referma doucement la porte derrière elle. Dans l'ascenseur, elle referma ses bras autour d'elle comme si elle avait froid. Encore une dure journée au sein de l'équipe Winch. Encore une journée qui lui avait beaucoup apporté. Encore une journée où les blessures de son cœur cicatrisaient.
Elle sourit. Non, elle n'aurait plus jamais froid, et elle ne changerait sa vie pour rien au monde, aujourd'hui.

Ce soir là, elle s'endormit le sourire aux lèvres.


FIN