Auteur : Ally
Ashes
Résumé : Une petite intrusion
de l'ambiance des contes de fées dans l'univers de Largo Winch.
Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent
pas, blablabla
Note de l'auteur : Si quelqu'un veut me
faire part de ses commentaires, bons ou mauvais, qu'il n'hésite surtout
pas. Je me nourris exclusivement de feedbacks, et je suis affamée.
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New Year's day
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31 décembre 21h15 Immeuble de la Winch Company
La fin de l'année approchait : nous étions le 31décembre,
et New-York semblait engourdie par le froid et la neige. Les rares personnes
qui se promenaient encore dans les rues étaient emmitouflées dans
plusieurs épaisseurs de vêtements chauds.
Largo Winch, sur la terrasse de son appartement, regardait la ville qui s'étendait
à ses pieds. Tant de choses avaient changé l'année passée
: il avait hérité d'un empire, sa vie avait été
intégralement chamboulée, et il devait faire face à des
responsabilités énormes pour son âge. Mais il y avait aussi
de bons côtés :l'aventure, les voyages
Et surtout il avait
gagné l'amitié de personnes formidables : outre Simon, bien sûr,
son compère de tous les bons et mauvais coups, il y avait Joy, et Kerensky.
Et Sullivan aussi : le bras droit toujours professionnel, toujours prêt
à conseiller son patron et à le sortir d'un mauvais pas.
Il se secoua un peu pour sortir de ses pensées : il était temps
qu'il se prépare. Il avait organisé une grande fête déguisée
destinée à tous le personnel de la Winch Company, afin de renforcer
les liens et leur montrer qu'il ne les considérait pas comme de simples
employés, mais comme les membres d'une grande famille.
Alors qu'il sortait son costume d'un placard, Simon entra dans la chambre, vêtu
d'un costume de Robin des Bois.
- Alors, comment tu me trouves ?
- Tu es très
élégant. Surtout les collants !
Largo avait du mal à cacher son fou-rire. Lorsque Simon se coiffa d'un
couvre-chef orné d'une plume, c'était trop : il ne put se retenir
plus longtemps.
- Simon défenseur de la veuve et de l'orphelin ! Voyez-vous ça
!
- Ben quoi ? Je trouve que ce costume m'était destiné : voler
aux riches pour donner aux pauvres, ça a toujours été ma
préoccupation première.
- Surtout quand c'était toi le pauvre !
- Eh, je te rappelle que ça t'a servi de temps en temps, alors garde
tes réflexions pour toi, OK ? Montre-moi plutôt ce que tu as choisi
Superman
? Non, j'ai mieux : Tarzan. Je veux absolument voir la tête que Cardignac
fera quand il verra le grand chef du groupe W pousser un cri de sauvage en s'accrochant
au lustre du Grand Salon.
- Désolé, mais ce sera pour plus tard. Je suis l'hôte pour
ce soir, tu te souviens ? Sullivan m'a choisi lui-même un costume. Selon
lui, il évoque" ma capacité à conduire ce grand navire
qu'est le groupe W à travers toutes les tempêtes ", je le
cite au mot prés.
- Et qu'est-ce qu'il t'a choisi ? Un ciré, une paire de bottes et une
vieille pipe par dessus ?
- Non : un uniforme d'officier de la marine américaine.
- Rien que ça ? Et bien mon vieux, enfile-le vite, je tiens à
voir ça. Largo dans l'armée, ça vaut son pesant d'or.
Lorsque Largo eut enfilé son costume, Simon resta la bouche ouverte,
et pour une fois aucun commentaire n'en sortit. Il lui allait parfaitement,
et soulignait sa silhouette élancée.
- A vos ordres, chef !
- Arrête de te moquer. C'est horriblement serré, ce truc !
Il passait un doigt entre son cou et le col de sa veste. Les seuls habits qu'il
mettait habituellement étaient des pulls et des chemises qu'il ne fermait
jamais jusqu'en haut. Il avait l'impression qu'il allait s'étrangler
avant la fin de la soirée. Simon pressentait une nouvelle séance
d'essayage.
- Interdiction de plaindre ou de se changer : tout le monde doit être
arrivé depuis une bonne demie-heure. Kerensky et Joy doivent s'envoyer
des vannes en nous attendant, et il vaut mieux arriver avant qu'ils ne transforment
la salle en champ de bataille.
- Joy ne viendra pas : elle m'a téléphoné tout à
l'heure qu'elle préférait passer les fêtes avec sa mère
et des amies à elle.
- Zut, je voulais en profiter pour évaluer ses talents de danseuse.
- Je ne m'en fais pas pour toi : tu trouveras de quoi t'occuper, j'en suis sûr.
Simon des Bois, il est temps de regagner la forêt de Sherwood.
- Après vous, mon prince.
Riant, ils descendirent vers le Grand Salon du Winch Building, réservé
aux réceptions les plus mondaines. Kerensky était déjà
arrivé. Debout prés de la table des boissons, il dominait la salle
de sa haute taille. Il était d'autant plus impressionnant qu'il avait
choisi un costume du début du siècle : smoking à queue
de pie, cape noire à doublure rouge, chapeau haut-de-forme. Une canne
et un monocle complétaient la panoplie.
Les plus jeunes représentantes de la gent féminine le regardaient
avec timidité, et certaines parlaient entre elles à mi-voix, le
montrant du doigt plus ou moins discrètement. Il exerçait manifestement
une attraction magnétique sur beaucoup de femmes qui ne le quittaient
pas des yeux.
Apercevant Largo et Simon qui s'approchaient, il vint les rejoindre, l'air plus
froid que jamais.
- Je hais les fêtes costumées. Je me sens ridicule.
- Au contraire, ça te va très bien !
- Venant de toi, je ne sais pas si je dois le prendre comme un compliment :est-ce
que tu t'es regardé dans un miroir ? On dirait un fou du roi.
- Je suis Robin des Bois ! Ne me provoquez pas ou nous réglerons ça
en duel.
Le regard glacial de Kerensky se posa sur Simon, et il releva doucement sa lèvre
supérieure : des canines pointues apparurent. Simon, interloqué,
ne pouvait détacher ses yeux des dents de vampire du russe.
Avec un sourire satisfait (pour ne pas dire absolument ravi d'avoir réussi
son coup), Kerensky regagna la salle de sa démarche chaloupée.
- Je ne sais jamais quoi penser de lui. Il est encore plus pince-sans-rire que
moi.
- Tu te fais avoir à chaque fois ! Si tu
Largo n'arriva pas à finir sa phrase. A l'autre bout de la salle, une
jeune femme était entrée, vêtue d'un fourreau en velours
noir fendu jusqu'en haut de la cuisse. Un masque de chat, noir et blanc, dissimulait
la moitié de son visage. Ses cheveux longs étaient répandus
sur ses épaules. Ses yeux étaient un peu cachés par le
masque, maison pouvait voir qu'ils brillaient encore plus que les diamants de
ses boucles d'oreille.
Sa tenue était très simple, et pourtant les hommes la regardaient
fixement : sa démarche était féline, naturellement gracieuse.
Il y avait une sorte d'aura autour d'elle, faite de mystére et d'élégance.
- Wouahou !
- Pas touche Simon ! Je l'ai vue le premier.
- Tu ne veux pas qu'on le joue à pile ou face ?
Largo ne prit même pas le tempsd e lui répondre. Il traversa la
salle, et embrassa sa main pour la saluer.
- Bonjour ! Je suis Largo Winch
- Je sais qui vous êtes. Je suis enchantée de vous connaître.
Elle parlait avec un accent italien. Sa voix était chaude, profonde.
- Bonjour ! Vous dansez ?
A quelques mètres d'eux, Simon avait fait contre mauvaise fortune bon
cur, et avait jeté son dévolusur une pulpeuse blonde habillée
en pom-pom girl. L'entraînant sur la piste, il fit un petit clin d'il
à son ami. Largo n'y porta aucune attention, captivé par sa compagne.
- Puis-je vous inviter, Mademoiselle
?
- Felicia. Avec plaisir
Ils dansèrent ensemble pendant plusieurs minutes, parlant de tout et
de rien. Puis Largo, dans le rôle du parfait gentleman, lui offrit une
coupe de champagne. Ils furent interrompus dans leur conversation par Simon,
qui venait lui aussi au ravitaillement, accompagnée d'une brune déguisée
en Petit Chaperon Rouge.
- Soyez sages, les enfants, hein ? Tu me présentes ?
- Simon, je te présente Felicia, une de nos interprètes. Felicia,
je vous présente Simon, mon meilleur ami.
- Enchanté. Ne vous laissez pas séduire : il est capable de tout,
y compris raconter qu'il est milliardaire, quand il voit une jolie fille.
Largo ouvrit la bouche pour protester, mais déjà Simon était
loin. Et avant qu'il ait eu le temps de démentir les propos de son ami
auprès de son invitée, Georgi Kerensky s'approcha d'eux. Avançant
sa main vers la jeune femme, il l'invita à danser. Hésitante,
elle regarda Largo.
- Allez-y, je vous attendrai ici.
Déjà il l'entraînait. Essayant de suivre le rythme imposé
par Kerensky, qui la regardait étrangement, elle essaya d'engager le
dialogue.
- Monsieur, votre costume est très élégant. Qui incarnez-vous
? Un aristocrate ?
- Moi en capitaliste ??? Non, je suis Vlad Tépés, le vampire.
Si vous me provoquez, je montrerai les dents et je vous viderai de votre sang.
Tu ne penses pas qu'on peut éviter cette comédie entre nous ?
Alors, Joy, je peux savoir à quel petit jeu tu te livres ?
- Quoi ?
- Ne fais pas l'innocente : je t'ai reconnue tout de suite, malgré le
postiche. Tu pensais vraiment que personne ne s'apercevrait de rien ? Et d'où
te vient cet accent ? J'ignorais que la CIA vous donnait des cours de langue.
Abandonnant l'accent être prenant sa voix normale, Joy répondit
d'un ton acerbe.
- Il me vient de Rome, pas de la CIA. Mes parents m'envoyaient chaque année
dans un pays différent. Mon père voulait déjà faire
de moi un parfait agent international. J'avais espéré faire illusion
quelques heures. Tant pis.
Tout en levant la main vers son masque pour le retirer, Joy poussa un petit
soupir de tristesse. Elle avait voulu vivre dans la peau d'une autre, mais le
russe avait été le plus fort, comme trop souvent à son
goût.
Mais avant qu'elle ait eu le temps d'enlever son déguisement, Kerensky
lui saisit la main.
- Non. Garde-le.
- Quoi ? Mais c'est stupide de le garder maintenant !
- Ce qui serait stupide, jeune fille, ce serait de ne pas aller jusqu'au bout
de ce que tu as commencé. Amuse-toi : ce soir, tout est permis. Et profites-en
: ma bonté est toujours éphémère. Pour cette soirée,
je vous rebaptise Cendrillon. Alors amusez-vous au bal, avant de retourner à
vos travaux quotidiens.
Joy n'en croyait pas ses oreilles. Kerensky avait parlé avec beaucoup
de douceur, ce qui tranchait avec les habituelles piques et phrases à
double sens qu'ils s'envoyaient tous les deux à longueur de journée.
La danse touchait à sa fin. Kerensky embrassa sa main, avant de la raccompagner
vers Largo.
- Largo ! Je te rends ta cavalière. Arrivederci, signorina.
- Grazie
Joy regarda le russe s'éloigner. Si elle avait pu, elle lui aurait collé
un gros baiser sonore sur chaque joue. Ils étaient trop fiers pour le
montrer, tous les deux, mais ils se respectaient et s'admiraient beaucoup. Bien
plus, une relation d'amitié et de confiance s'était instaurée.
Mais même sous la torture, aucun ne l'aurait admis devant l'autre.
La soirée continua ainsi, entre danses et rires. Toutes les 5 minutes,
on voyait Simon passer au bras d'une nouvelle cavalière : une danseuse
de french cancan, une princesse, une danseuse en tutu et même une femme
déguisée en Catwoman, dont le costume ne laissait aucun doute
quant à ses formes généreuses
Lassé des invités qui venaient le saluer et le féliciter
sans cesse de son initiative d'avoir organisé cette réception,
Largo demanda à sa compagne de l'accompagner à l'écart.
Ils montèrent l'escalier qui menait à la mezzanine surplombant
le Grand Salon. La musique y était plus discrète, et plus propice
à la discussion.
- J'aimerais en savoir plus sur vous. Que faites-vous dans la vie?Quelles sont
vos passions ?
- Je fais un travail captivant, mais qui me prend tout mon temps. Je n'en ai
malheureusement plus beaucoup pour penser au reste.
- Et l'amour, dans tout ça ?
Joy regarda pensivement les personnes qui s'amusaient en bas de l'escalier,
et répondit d'une voix voilée.
- L'amour
Je n'ai pas le droit d'y penser. Ce sera pour plus tard, quand
j'aurais trouvé quelqu'un qui m'aimera autant que je l'aimerai. Aujourd'hui,
je préfère ne pas trop y penser pour rester au maximum professionnelle
et efficace.
- Pourtant, il arrive souvent sans prévenir. Que feriez-vous si le grand
amour se présentait demain à votre porte ?
Se reprenant après son instant de faiblesse, Joy lui demanda d'une voix
taquine :
- Je ne sais pas trop. Que feriez-vous ?
- Je crois que je tenterais le maximum pour que ça marche. Même
si je dois tout quitter, même si je dois me tromper et souffrir.
- Facile à dire en théorie. On vous dit aventurier, avec
Comment dites-vous déjà ? " Une fille dans chaque port "
?
- L'expression est correcte. Mais je crois qu'elle ne s'applique pas à
moi. Ou plutôt que si elle s'est appliquée à une époque,
il n'en va pas de même aujourd'hui. Je ne peux pas dire que j'ai une femme
dans ma vie, mais j'en ai une dans mes pensées et dans mon cur.
Joy ne répondit pas. Elle n'avait vraiment pas envie de savoir de qui
il voulait parler. Il y avait tellement de jeunes pimbêches dans les bureaux
qui bavaient sur le patron dès qu'il pointait le bout de son nez. Quand
elle les voyait, elle ne pouvait pas s'empêcher de lever les yeux au ciel
et de les traiter d'idiotes. Elle ne comprenait pas comment on pouvait ainsi
montrer ses sentiments au premier venu. C'était presque un appel à
l'humiliation.
Toute à cette discussion puis à ses réflexions, elle ne
s'était pas aperçue que l'heure avançait. Elle ne s'en
rendit compte que lorsque les invités égrenèrent les secondes.
- 7
, 6
, 5
, 4
, 3
, 2
- Je vous souhaite une très heureuse nouvelle année
Se penchant vers elle, il effleura ses lèvres tout doucement, puis sentant
qu'elle ne se reculait pas, son baiser se fit plus insistant. Lorsque Joy entrouvrit
les lèvres, elle perdit toute notion de ce qui se passait autour d'elle.
Largo aussi semblait avoir perdu le contrôle de la situation.
Pendant quelques secondes qui leur parurent des heures, ils s'embrassèrent
comme s'ils étaient seuls au monde, cherchant à se rapprocher
toujours plus l'un de l'autre.
" Pour ce soir, rien que pour ce soir, je suis à lui et il est à
moi ", pensa Joy.
Lorsque les cris des invités les sortirent de leur torpeur, Joy perdit
pied.
" Non, il ne sait pas qui je suis. C'est une autre qu'il embrasse, ce n'est
pas moi
"
L'enchantement avait disparu. Se reculant de quelques pas, elle fit un petit
sourire à Largo. Elle avait de plus en plus de mal à tenir son
rôle de l'interprète italienne, et ne pourrait plus faire illusion
du tout si il la prenait encore une fois dans ses bras.
- Je vous remercie pour cette soirée. J'ai été très
heureuse pour la première fois depuis très longtemps. Mais le
rêve doit finir, et je préfère partir maintenant, avant
que tout soit gâché. Adieu Monsieur Winch.
- Attendez ! Pas tout de suite !
- Pardonnez moi. S'il te plaît, pardonne-moi.
S'enfuyant dans le couloir, elle ne s'aperçut pas que Largo avait esquissé
un geste pour la retenir, puis y avait renoncé. Elle ne s'aperçut
pas non plus que, lors de leur baiser, elle avait perdu une de ses boucles d'oreilles,
qui reposait maintenant au creux de la main de Largo.
1er Janvier, 15h30 Le Bunker
Joy était seule dans le Bunker. Elle essayait désespérément
de se concentrer sur les avis de recherche les plus récents d'Interpol
: elle devait se tenir au courant des dernières nouvelles du monde du
crime. Ou plutôt c'était l'excuse qu'elle s'était trouvée
pour venir à la Compagnie aujourd'hui, et se cacher dans le Bunker. Kerensky
étant en congé pour la journée, elle ne risquait pas d'y
être dérangée.
Mais malgré tous ses efforts, son esprit vagabondait sans cesse du côté
d'un endroit où elle avait reçu un des baisers les plus tendres
de son existence.
Plongée dans ses pensées, elle n'entendit pas Largo entrer.
- Alors, tu t'es bien amusée, hier soir ?
- Pardon ??
- Oui, avec ta mère et tes amis.
On aurait pu entendre son soupir de soulagement à l'autre bout de la
ville.
- Ma soirée s'est très bien passée, merci.
- Ici, c'était vraiment fantastique. Simon est encore dans les bras de
Morphée : j'essaye de le réveiller depuis une heure. J'étais
juste passé prendre quelques dossiers avant de retourner l'embêter.
Quand tu auras fini, monte et on essaiera ensemble.
- D'accord ! Avec plaisir.
Largo fit mine de partir, puisse ravisa. Se retournant vers Joy, il la regarda
avec un petit sourire en coin.
- Au fait, j'ai oublié quelque chose. Bonne année !
Se rapprochant soudain d'elle, il la prit par la taille et l'embrassa. Leur
étreinte dura un peu trop longtemps pour un simple baiser de nouvelle
année, quelques secondes de trop seulement, mais assez pour que Joy sente
son cur s'accélérer.
Lorsque enfin ils se séparèrent, Largo lui souhaita encore la
nouvelle année avant de partir, laissant Joy sous le choc
Quand il fut dehors, elle se laissa retomber sur sa chaise. Alors qu'elle était
encore en train de se demander si elle avait rêvé ce moment, son
regard s'arrêta sur le bureau devant elle.
Sur un des dossiers qu'elle était en train d'étudier, une petite
boucle d'oreille en diamant avait été déposée
---Fin---