Point de vue


Disclaimer : Les personnages de Largo Winch ne m'appartiennent pas et c'est bien dommage !

Auteur : Scilia

Archives : www.bricbrac.fr.st

Résumé : Joy se fait encore manipuler par son père.

Note de l'auteur : Je dois cette fic à mon élève préférée grâce à une conversation MSN. Je vous conseille vivement de lire " Aux revoirs… " nous en parlions quand j'ai eu cette idée. Bonne lecture.

***

Je ne pouvais pas le croire. J'étais en train de braquer mon Beretta sur lui. Après toutes ses années, j'avais espéré qu'il avait changé mais je m'étais trompée. Il resterait toujours l'homme froid et distant, l'homme impitoyable que j'avais connu et aimé. Aimé ? L'avais-je vraiment aimé ou n'était-ce que par obligation que j'avais ressenti cet étrange sentiment ?

- Je te le répète une seconde fois : lâche ton arme.
- Tu sais que c'est impossible, Joy. Je dois le supprimer.

Je sens Largo derrière mon dos hésiter. Je me tiens entre l'homme et lui, je fais mon travail, je le protège. Je donnerai ma vie pour lui, sans hésitation, mais suis-je prête à tuer mon père pour cela ? Charles me regarde. Je crois discerner une lueur d'admiration dans son regard. Je suis fidèle à mes idées, à mon patron pas à lui. La loyauté a toujours été quelque chose d'important pour lui. Ça et mon entraînement. Je l'ai détesté pendant toute mon adolescence et une partie de ma vie d'adulte. Les choses s'étaient passablement arrangées mais je suis de nouveau face à lui.

Il a pour mission de supprimer Largo. Pour qui ? Certainement pas la CIA, c'est un agent inactif depuis près de deux ans. Ils l'appellent de temps en temps pour des missions ardues mais ce n'est pas le cas aujourd'hui. Alors qui ? La Commission Adriatique aurait-elle convertie mon père ? C'est marrant comme chaque fois que quelque chose tourne mal je pense à eux. Ils ont de telles ramifications dans le monde politico-financier que cela me fait peur par moments. Largo est gênant pour eux, les mercenaires qu'ils ont envoyés pour le supprimer nous l'ont largement prouvé. Et si un jour, je n'étais pas là pour le protéger ?

- Je t'ai déjà dit de ne pas laisser tes sentiments prendre le dessus, petite fille.

Il me jette ces derniers mots comme une insulte. Il sait que je déteste qu'il m'appelle ainsi, me rappelant qu'il est le " chef " et que je ne suis rien face à lui. C'est faux, ai-je envie de crier mais à quoi cela servirait-il, il ne m'écoutera pas.

- Si je ne le fais pas, quelqu'un d'autre viendra.

Je sais qu'il a raison mais je ne vais quand même pas le laisser tuer l'homme que j'aime. Même si nos rapports ne sont plus amoureux, même si Largo a le don de me faire sortir de mes gonds en s'éclipsant sans rien dire, je ne vais pas le laisser se faire assassiner.

- Je serais là et si ce n'est pas moi, il y aura Simon et Kerensky.
- Tu parles de cet ancien voleur et l'ex agent du KGB ? Ils ne sont pas éternels, petite fille, et toi non plus, assure Charles en raffermissant sa prise sur son P99.
- Pourquoi ?
- Cela ne te regarde en rien.
- Tu veux tuer l'homme que je protège et tu oses me dire que cela ne me concerne pas !

Il se moque de moi et je me sens redevenir l'adolescente de 15 ans qui n'arrivait pas à lui tenir tête. Combien de fois ai-je pleuré dans mon oreiller en le maudissant de me faire vivre cet enfer ? Combien de fois lui ai-je reproché le départ de ma mère ? Il faut en finir, il est temps. Cela sera lui ou moi mais certainement pas Largo.

- Je te le demande une dernière fois, " papa ", laisse tomber ta mission. Ne peux-tu pas oublier ton travail pour une fois ?
- Pourquoi poser une question dont tu connais la réponse, Joy ?
- Pour te laisser une chance de vivre.
- Je n'ai pas besoin de ta condescendance.

J'ai dû mal à réaliser ce qui vient de se passer. Nous avons tiré tous les deux, exactement au même moment. Largo se précipite vers moi mais je n'ai rien et cela ne peut pas être le fruit du hasard. Je suis près de mon père en quelques pas, je m'agenouille près de lui. Du sang s'échappe de sa blessure et se répand sur la moquette. Je n'arrive pas à maîtriser mes larmes.

- Il n'y a pas de… contrat, murmura maladroitement Charles. Tu étais… la seule qui…
- Pourquoi, crie-je en prenant conscience de ce qu'il venait de me faire faire.
- Il était temps…
- Temps de quoi ?

Je n'arrive plus à maîtriser ma voix qui part dans les aigus. Il vient de rendre son dernier souffle. Je viens de tuer mon père ou plutôt, je suis tombée dans l'un de ses pièges. Je récupère son arme et découvre, sans réelle surprise, qu'elle était chargée à blanc. Il a orchestré sa mort avec brio et, pour la dernière fois de ma vie, il m'a manipulé.

Fin