Retrouvailles inattendues


Disclaimer : Les personnages de Largo Winch ne m'appartiennent pas et c'est bien dommage ! Seul Sarah est à moi, c'est toujours un début !

Auteur : Scilia

Archives : www.bricbrac.fr.st

Résumé : Une ancienne collègue de Joy refait surface dans sa vie d'une étrange manière, entraînant l'Intel Unit dans une étrange aventure.

Note de l'auteur : La scène de base a été la rencontre dans la rue, tout le reste est venu... un peu au hasard ce qui me fait dire que j'ai vraiment un esprit tordu ;) En tout cas, j'espère que vous passerez un bon moment et je dois vous prévenir qu'il y a deux scènes PG15. Merci à Liane, Petitange et Raf pour les corrections et leur amitié.

***


- Alors Simon, que fait-on maintenant ?
- Il ne manque qu'une chose pour que cet anniversaire soit parfait, déclara le Suisse en souriant.
- Je refuse d'aller dans une boite de strip-tease, fit Joy
- Je parlais d'aller danser, le strip-tease on se fera cela quand cendrillon ira se coucher, répondit Simon en éclatant de rire et en donnant un coup de coude à Georgi
- Quoi, toi aussi ? dit Joy en se tournant vers Kerensky
- Un gentleman…
- Je vois, fit-elle amusée à l'idée d'imaginer le Russe dans ce genre d'endroit
- En tout cas, merci. Grâce à vous trois, je viens de passer l'un des meilleurs anniversaires de ma vie.
- Faut dire que l'avant-dernier, tu l'as passé en prison.
- Ils ne t'ont pas organisé de petite fête, fit Joy moqueuse
- Ils ont voulu me faire ma fête tu veux dire mais grâce à Largo, on s'en est sorti sans dommage, expliqua Simon
- Deux jours de cabanon, j'appelle pas ça sans dommage.
- J'en connais quelques-uns au conseil à qui cela ne ferait pas de mal.
- Ça, c'est certain, Joy, mais tu imagines les gros titres : le milliardaire Largo Winch enferme les vice-présidents qui n'atteignent pas leurs objectifs.
- C'est sûr que ça ferait pas de mal à…

Joy et Kerensky se regardèrent. Une femme avançait vers le petit groupe, ce qui pouvait sembler naturel puisqu'ils étaient sur un trottoir au milieu de New-York mais ce qui l'était moins, c'était les signes discrets qu'elle leur adressait. Largo et Simon ne semblèrent pas remarquer que leurs deux amis ne participaient plus à la conversation. Derrière la femme apparurent deux hommes, vêtus de costumes sombres, une légère bosse sur le côté droit montrait qu'ils étaient armés. Elle accéléra le pas et continua de faire discrètement des gestes de la main. Ils pouvaient sembler étranges pour un néophyte mais Joy et Kerensky les connaissaient bien. " Besoin d'aide, deux hommes veulent me tuer, jouer le jeu ". La femme était maintenant à dix pas d'eux. Simon la remarqua et eut un sourire charmeur.

- Quoi qu'il se passe, ayez l'air naturel tous les deux, souffla Joy à voix basse

Les deux hommes la regardèrent sans comprendre. Kerensky détailla l'inconnue du regard, blonde aux yeux bleus, 1m75 environ, vêtue d'un pantalon de cuir noir, un pull beige et une veste assortie.

- Mon chéri, je suis désolée. La réunion n'en finissait pas, lança-t-elle d'une voix forte en arrivant devant eux

Avant que quiconque ait pu répondre, elle embrassa Kerensky qui répondit à son baiser, sous le regard ahuri de Simon.

- Hey, c'est mon anniversaire et c'est lui qui…

Joy lui lança un coup de coude discret pour le faire taire, les deux hommes étaient à portée de voix. Le baiser se prolongea un peu, comme si les deux amants ne s'étaient pas vus depuis un long moment. La femme lui sourit quand il relâcha son étreinte.

- Je m'appelle Janice, murmura-t-elle avant de se tourner vers le reste de l'Intel Unit. Simon, j'espère que tu ne m'en veux pas d'avoir manqué ton repas d'anniversaire ?
- Je suis sûre que non, répondit Joy à la place du Suisse, si nous y allions maintenant que tu es là ?

Ils se dirigèrent vers la limousine qui attendait au bord du trottoir. Kerensky, la main sur la taille de la jeune femme, remarqua que les deux hommes s'étaient arrêtés pour regarder la scène. Il aida " Janice " à monter dans la voiture.

- On peut y aller, Charlie, annonça Largo par l'intercom

Le silence était pesant dans la limousine. L'inconnue ne quittait pas ses deux poursuivants des yeux et leur dédia un franc sourire quand la voiture passa devant eux. Elle se tourna enfin vers l'Intel Unit. Largo, Simon et Joy lui faisaient face tandis que Kerensky était à sa gauche.

- Merci, fit-elle en portant la main à ses côtes
- Vous êtes blessée ? demanda Largo
- Rien d'important
- Comment se fait-il que vous connaissiez le langage secret ? questionna Kerensky
- Le langage secret ? Répéta Simon, quel langage secret ?
- Celui grâce auquel elle nous a prévenus qu'elle avait besoin d'aide, répondit Joy
- Elle vous a prévenus ? s'étonna Largo
- De quoi vous parlez à la fin ? s'énerva Simon
- Ils parlent d'un langage codé qui avait été inventé par la CIA, qui depuis a été appris par tous les espions, utilisé en cas d'urgence pour pouvoir parler discrètement
- Ça devait être drôlement discret parce que je n'ai rien entendu, fit Simon
- C'est un langage basé sur le langage des signes, vous ne risquiez pas d'entendre quelque chose, se moqua Janice
- Cela ne répond pas à la question, fit Kerensky en lui lançant un regard froid
- Ne me dites pas que j'embrasse mal, vous me vexeriez

Largo et Joy eurent du mal à réprimer un sourire tandis que Simon éclata de rire avant de se reprendre en voyant le regard assassin de Kerensky.

- Venez-en fait, continua le Russe
- Très bien. Monsieur Winch, vous avez un problème avec votre branche navale. Monsieur Ovronnaz, excusez-moi de ne pas vous avoir apporté de cadeau pour fêter vos 30 ans. Joy, tu me déçois. Je ne pensais pas que tu m'oublierais et…monsieur Kerensky, informaticien de génie et ex du KGB, j'ai suivi de loin votre carrière de consultant… pas très brillant alors que vous l'êtes tant. Vous formez une équipe plutôt disparate mais assez facile à trouver.
- Et vous êtes ? demanda Largo
- En vie. J'ai des documents à vous montrer mais je crains que votre voiture ne soit un peu trop voyante pour le quartier où nous allons
- Pourquoi accepterions-nous de vous suivre ?
- Parce que je doute que vous soyez ravis d'apprendre que certains de vos bateaux à destination de la Yougoslavie transportent des armes
- Des armes ? fit Largo incrédule
- Oui, et la prochaine cargaison ne doit pas partir
- Pourquoi, demanda Kerensky
- Parce qu'ils font dans le nucléaire cette fois-ci. Trois têtes de missiles américaines qui ont été volées au Mexique la semaine dernière
- J'en ai entendu vaguement parlé, confirma le Russe
- Vaguement ? dit Simon
- Une rumeur sur internet
- Vous pensez bien que le gouvernement fait tout pour étouffer l'affaire, répondit Janice
- Quel rapport avec vous ? demanda Simon
- Je dois les retrouver et les ramener en lieu sûr

Joy, qui n'avait pas dit un mot depuis leur départ, cherchait dans sa mémoire où elle avait déjà vu cette femme. Son apparence ne lui disait rien mais il était très facile de la changer, par contre, sa voix avait quelque chose de familier.

- Janice, je crois qu'il va nous en falloir un peu plus pour vous suivre, fit Kerensky
- Janice, répéta Simon en souriant, joli prénom
- Ravi que vous le trouviez à votre goût mais…
- Ce n'est pas le tien, je ne pensais pas te revoir un jour, la coupa Joy qui venait de trouver qui était la jeune femme
- Quoi, vous vous connaissez ? s'étonna Largo
- Oui on se connaît et je connais aussi monsieur Kerensky, du moins virtuellement. Dites à votre chauffeur de s'arrêter au prochain carrefour, une voiture nous y attend
- Elle fait partie de la CIA, annonça Joy comme si cela expliquait tout, tu devrais faire ce qu'elle te demande Largo
- Comment être certain que vous n'avez pas changé de camp, demanda Kerensky
- C'est toujours le problème quand on fait partie de ce milieu, on croit toujours qu'on peut trahir son pays. Avez-vous confiance dans le Tigre ?

La question surprit Largo, Joy et Simon mais Kerensky resta impassible.

- Qui me prouve que vous êtes le Tigre ?
- Toujours aussi septique. 12-8, nous devions faire la prochaine demain à 20h mais j'ai peur d'avoir un empêchement

Kerensky hocha la tête en direction de Largo, ce dernier intrigué fit arrêter la voiture.

***

Le trajet n'avait pris que vingt minutes. Janice conduisait, Kerensky à ses côtés tandis que derrière Largo, Simon et Joy se demandaient où ils allaient. La voiture longea les docks et s'arrêta devant un entrepôt. Après avoir vérifié qu'ils étaient seuls et que sa planque n'avait pas été découverte, elle les conduisit dans ce qui était sans doute un ancien bureau.

- Faites comme chez vous, dit-elle posant sa veste sur un vieux fauteuil

Largo examina la petite pièce. Dans un coin, un lit de camp défait qui devait avoir connu de meilleur jour. Une table, deux chaises, un coin cuisine avec un réchaud, deux casseroles et quelques boîtes de conserve et un vieil évier en fer complétaient l'aménagement de la pièce. En totale contradiction avec ces vieilleries, un appareil photo dernier cri était braqué sur le port. Des jumelles avec vue nocturne et plusieurs autres choses, dont Largo ne connaissait pas l'utilité, étaient posées sur une couverture à même le sol.

- Je n'attendais pas de visite alors je n'ai pas grand chose à vous offrir, à part un peu de vodka peut-être
- Vous aviez quelque chose à nous montrer, je crois, dit Largo
- Exact mais avant je dois faire une petite chose
- Tu ne changeras jamais, dit Joy en découvrant une petite caisse avec plusieurs armes de poing dont un magnum 45
- Que veux-tu, les vieilles habitudes restent, fit Janice en souriant
- Tu vas nous dire qui elle est à la fin ? demanda Simon

Joy regarda la jeune femme qui lui fit un léger signe de tête avant de partir vers le coin cuisine.

- Sarah MacLane, un des agents avec qui je travaillais quand j'étais à la CIA
- Oh… je vois mais comment se fait-il que tu la connaisses aussi ? demanda Largo en se tournant vers Kerensky qui était appuyé contre un mur
- Je ne la connais pas
- Pourtant…
- Il me connaît sous un pseudonyme, fit Sarah en revenant vers le groupe

Simon s'essuya les yeux pour être certain qu'il ne rêvait pas. Ils avaient accompagné une blonde aux yeux bleus et ils avaient devant eux une rousse aux yeux émeraude.

- Wahoo, laissa-t-il échapper
- Merci, fit Sarah avec un petit sourire.
- 12-8 ? C'est quoi, un nom de code ?
- Non, le nombre de fois où nous nous sommes affrontés aux échecs
- Oh et c'est quoi ton surnom, Kerensky ? fit Simon
- Aucune importance, fit le Russe en lui lançant un regard noir
- Attends, le tigre contre… l'antilope ? Oh non, je sais… Cougar, fit Simon avec une pose théâtrale
- Vous avez fini tous les deux ? demanda Largo
- Ben quoi, ça lui irait bien Cougar, fit Simon en haussant les épaules
- Voilà, fit Sarah en pianotant sur son ordinateur portable, ce que je voulais vous montrer

Elle tourna l'écran vers le petit groupe qui porta son attention sur le fichier qu'elle avait ouvert. Les six mois qu'elle avait passés à enquêter étaient résumés sur ce document.

- Vous êtes certaine de ce que vous affirmez ? demanda Largo après en avoir pris connaissance
- Parfaitement, les bateaux qui partent des docks de New-York en direction de Bar, au Monténégro, font toujours une escale en Grèce qui n'est pas répertoriée sur les documents officiels.
- Comment pouvez-vous le certifier alors ? interrogea Simon
- J'ai des contacts et j'ai voyagé clandestinement sur l'un de ces bateaux. J'ai pu vérifier la cargaison avant qu'ils ne la déchargent. Principalement des armes d'assauts : grenades, lance-roquettes, …
- Et comment pouvez-vous être sûre que les têtes nucléaires vont transiter par New-York ?
- Le type qui les a volées, Escobar, est assez bavard dans certaines… circonstances. Son acheteur doit lui apporter l'argent ce soir.
- Qui étaient les types qui te suivaient ? l'interrogea Joy
- Escobar n'a pas apprécié que je lui file entre les doigts.
- Et pourquoi nous entraîner dans cette histoire ? demanda Kerensky
- J'ai pensé que monsieur Winch apprécierait de savoir à quoi servaient certains de ses navires.
- Il y a certainement autre chose, continua le Russe en la dévisageant
- Sarah ? insista Joy en voyant qu'elle ne répondait pas

La jeune femme soutint son regard un moment avant de prononcer un mot.

- Parker

Joy pâlit soudainement à la mention de ce nom. Elle était persuadée que le cauchemar était fini mais apparemment elle se trompait. Son passé refaisait toujours surface quand elle s'y attendait le moins.

- On peut avoir une explication ? demanda Largo
- Franck Parker est une vieille connaissance à qui j'aimerais bien régler son compte, déclara Joy d'une voix froide
- Il m'a pris en chasse, je ne sais pas très bien pourquoi mais je n'avais vraiment pas besoin de lui en plus des hommes d'Escobar.
- Tu aurais pu me passer un coup de fil au lieu de monter tout ça, fit Joy sèchement, j'ai besoin de prendre l'air.

Les trois hommes la regardèrent sortir du bureau d'une démarche rigide. Largo fit un geste pour la suivre mais Sarah le retint.

- On ne s'est pas vu depuis longtemps mais elle n'a pas dû beaucoup changer, laissez-lui le temps de digérer les mauvais souvenirs que je viens de faire remonter à la surface
- Qui êtes-vous pour débarquer comme cela et…
- Je suis quelqu'un, monsieur Winch, qui essaye de faire son boulot en essayant d'échapper à un ancien tueur du KGB, déclara Sarah sèchement. Je n'aurais certainement pas fait appel à vous si j'avais pu faire autrement !

Largo se sentit soudainement mal à l'aise. Si ce qu'elle disait était vrai, des têtes nucléaires allaient bientôt emprunter l'un de ces navires pour être utilisées en Europe de l'Est. Simon jeta un œil sur le portable, un message clignotait.

- Y a un truc qui bouge, fit-il en désignant l'ordinateur

Sarah se précipita sur sa machine et tapa pendant quelques secondes en silence. Kerensky se rapprocha et se mit derrière son dos.

- Allez mon grand, il ne te reste qu'un niveau, murmura Sarah à la machine
- Je peux vous aider ? demanda le Russe qui regardait ses tentatives échouer
- Vous avez déjà piraté la CIA ?

Il hocha la tête avec un petit sourire. Sarah lui laissa la place en grimaçant.

- Euh… vous voulez pirater l'agence pour laquelle vous travaillez, nota Simon
- Oui, Parker tire ses renseignements de quelque part et il ne peut se servir qu'à la source. Je n'ai pas accès au dernier niveau de sécurité.
- Vous disiez qu'il faisait partie du KGB, rappela Largo
- Son vrai nom est Parkerinovic, Vassili de son prénom. Il a quitté le KGB il y a 10 ans et depuis il se vend au plus offrant
- Parkerinovic, murmura Kerensky, ce nom me dit quelque chose
- Quel rapport avec Joy ? s'enquit Largo
- Je crois qu'elle vous l'apprendra en temps voulu
- Vous vouliez savoir quoi ? demanda Kerensky en se tournant vers elle
- Vous avez réussi ? Je savais que vous étiez génial, fit-elle avec un petit sourire. J'ai besoin de savoir qui a consulté mon dossier ces vingt-quatre dernières heures. Je suis persuadée que Parker à pirater le système ou que quelqu'un l'y a aidé, je trouve qu'il m'a trouvée un peu trop vite
- Vous croyez que quelqu'un vous a vendue ? demanda Simon
- C'est une possibilité que je ne peux pas écarter, je ne suis pas très appréciée à la CIA
- Milicent Brown, cela vous dit quelque chose ? interrogea Georgi
- C'est la secrétaire de Lewis, l'adjoint du grand patron mais je ne vois pas…. vous pouvez vérifier son compte en…
- Elle a reçu un virement important hier matin sur un compte Suisse, annonça Kerensky qui avait précédé sa demande
- Vous ne voudriez pas me le prêter de temps en temps, demanda Sarah à Largo
- Il est grand vous savez, répondit le jeune milliardaire
- En plus on a le modèle qui lance des regards aussi froids que la Sibérie, un modèle rarissime ! se moqua Simon
- Quand vous aurez fini de parler de moi comme si je n'étais pas là, répondit le Russe en regardant Simon
- Vous voyez, je vous l'avais dit !
- C'est tout ce que je voulais savoir, merci, fit Sarah à Kerensky
- Vous avez l'adresse de cette Milicent ? demanda Simon
- Oui… être trahie par ses amies ça a du bon, on sait où ils habitent, fit Sarah avec une petite moue

Largo sortit, s'inquiétant de l'absence prolongée de Joy. Simon s'assit sur une chaise tandis que Kerensky regardait Sarah sortir compresse et désinfectant d'une trousse de secours. Elle ôta son pull avec une grimace et regarda la plaie ouverte sur son côté droit.

- Merde, murmura-t-elle
- Laissez-moi regarder, fit Kerensky doucement

Sarah se tourna vers lui, étonnée. Le Russe enleva sa veste, prit désinfectant et compresse et commença à nettoyer la plaie.

- Un souvenir des types qui vous poursuivaient ?
- Oui, ils m'ont prise par surprise au milieu de la rue. Un coup de chance qu'ils n'aient pas décidé d'y aller directement avec leurs armes.
- Aucun organe n'est touché mais la plaie est trop grande pour être maintenue par…
- Je sais, j'ai ce qu'il faut dans la trousse
- Vous voulez que je le fasse ? demanda Kerensky
- Je ne voudrais pas abuser de votre gentillesse
- Ce n'est pas de la gentillesse, l'assura le Russe, je ne voudrais pas que vous étaliez vos tripes sur le trottoir au mauvais moment
- C'est vrai que ça pourrait faire désordre, fit-elle avec un sourire
- Vous avez quelque chose pour la douleur ?
- J'ai besoin de rester lucide
- Je ne pourrai pas vous recoudre correctement, si vous sursautez chaque fois que je vous pique
- Vous êtes toujours aussi pragmatique ? demanda-t-elle en fouillant dans un placard pour en ressortir une bouteille de vodka
- Ce n'est pas la meilleure, constata Georgi en préparant fil et aiguille
- Vous me la ferez goûter si je m'en sors vivante

***

- Joy ?

Largo continua d'avancer dans l'entrepôt désert à la recherche de la jeune femme.

- Tu me cherches, dit-elle en se montrant
- Tu es partie depuis un moment, je commençais à m'inquiéter.
- Je n'ai pas besoin de baby-sitter, répliqua-t-elle sèchement
- Joy…
- Excuse-moi, rajouta-t-elle en lui tournant le dos
- Si tu veux parler, je suis là.
- Sarah a trouvé quelque chose ?
- Il semblerait que ce Parker soit sur sa trace grâce à une secrétaire du bureau.
- Il faut aller vérifier.

Joy allait retourner dans le bureau quand la voix de Largo la retint.

- Joy, tu ne peux pas faire comme si rien ne s'était passé.
- Il a tué quelqu'un qu'il n'aurait pas dû, lâcha-t-elle doucement

Elle se tourna vers lui et Largo vit un éclat dans ses yeux marron qu'il n'avait jamais vu. De la haine à l'état pure, du dégoût, de la peur… un mélange d'émotions qui le troubla. Il s'avança et lui prit les mains en ne la quittant pas des yeux.

- Je n'ai jamais rien lu de tel dans ton regard, murmura-t-il doucement
- Je dois l'aider mais vous n'êtes pas…
- C'est un peu tard. Ton amie a l'art de recruter les gens.

***

- La vache ! s'exclama Sarah en buvant une gorgée de vodka
- J'ai presque fini, annonça Kerensky
- Qu'est-ce que tu as Simon, tu es tout pâle, fit Largo en revenant avec Joy
- Rien, rien, fit le Suisse en détournant le regard de l'aiguille
- Tu es blessée ?
- Oui, Joy, mais je survivrai, une fois de plus.
- Si seulement vous arrêtiez de bouger deux secondes, fit Georgi
- Oui, docteur, fit Sarah avec une petite moue avant de reprendre une gorgée de vodka
- J'ai terminé, annonça Kerensky au bout de quelques minutes
- Vous m'enverrez votre note, fit Sarah en regardant la compresse qu'il lui avait mise

Joy jeta un coup d'œil à l'aide des jumelles mais le port était désert, à l'exception d'un ou deux marins qui sortaient d'une taverne. Simon avait du mal à détacher les yeux de Sarah qui était en train de se changer dans le coin cuisine. Largo lui lança un petit coup de coude avant de remarquer que Kerensky faisait la même chose mais d'une manière beaucoup plus discrète.

- Le spectacle vous a plu, demanda Sarah en revenant vers eux vêtue entièrement de noir
- Oh vous… bafouilla, Simon
- Aucune importance, je connais votre réputation. Il est 22h, l'échange devrait avoir lieu à minuit, ce qui me laisse le temps d'aller rendre une petite visite à Milicent.
- Vous ne craignez pas que sa maison soit surveillée par Parker ? fit remarquer Largo
- C'est un risque que je dois prendre
- Je viens avec vous, annonça Kerensky

Sarah le regarda un long moment avant d'acquiescer de la tête. Joy se rapprocha du groupe.

- Je viens aussi.
- Je ne préfère pas, commença Sarah
- Ce n'était pas une question, fit Joy sèchement
- Ecoute, je veux que tu aies ta revanche autant que moi mais pas comme cela. Kerensky devrait suffire et j'ai besoin de toi sur ce coup si jamais on n'est pas de retour à temps.
- Sarah, tu ne peux pas surgir dans ma vie et me…
- Si j'avais eu le choix, j'aurais agi autrement, crois-moi. On en a pour une heure, fit Sarah en prenant sa veste et vérifiant son arme. Vous avez ce qu'il faut ?

Kerensky hocha la tête et lui emboîta le pas laissant le reste de l'Intel Unit dans l'expectative.

***

- C'est là, dit Sarah en passant devant un immeuble de quatre étages

Elle gara la voiture deux pâtés de maison plus loin et s'apprêtait à sortir quand Georgi la retint.

- Dites-m'en un peu plus sur ce Parker.
- Qu'est-ce que vous… ok, capitula-t-elle après le regard que lui lança le Russe, Joy et moi avons tenté de l'arrêter il y a trois ans. Une mission facile d'après Charles Arden, le père de Joy, sauf que tout ne s'est pas passé comme prévu. Parker a fait irruption chez Joy un soir où elle était en planque avec moi. David, son petit ami, était chez elle…
- Je vois, et vous, pourquoi lui en voulez-vous ?
- Je ne crois pas que nous soyons assez intimes pour que je vous parle de ma vie, monsieur Kerensky.
- Vous pouvez m'appeler Georgi et pour ce qui est de l'intimité, je trouve qu'un baiser rapproche facilement les gens par moments, non ?
- Si vous attendez des excuses, vous n'en aurez pas, fit-elle en ouvrant la porte. Vous n'embrassez pas mal, rajouta-t-elle plus bas en sortant

***

Largo et Joy étaient assis à la petite table tandis que Simon surveillait le port. Le jeune milliardaire n'avait pas dit un mot mais Joy sentait qu'il avait besoin de savoir ce que lui avait fait l'homme qui poursuivait Sarah.

- David était… je ne crois pas qu'il y ait un mot pour décrire ce qu'il était. Nous avions une liaison depuis six mois.

Largo la regarda et lui caressa doucement la main pour l'inciter à continuer.

- Il ne savait pas que je bossais à la CIA, pour lui, j'étais infirmière. Un soir j'ai prétexté une garde alors que je devais faire une planque, qui s'est révélée infructueuse, avec Sarah. Quand elle m'a raccompagnée le lendemain, la porte était ouverte… j'ai eu un mauvais pressentiment… David était dans la salle de bain… dans la baignoire, se rappela Joy avec douleur, une balle dans la tête…
- Je suis désolé, murmura Largo
- Parker voulait qu'on sache que c'était lui et nous avait adressé un message sur le mur… avec le sang de David…
- Vous ? s'étonna-t-il
- David était le frère de Sarah.

***

- Je crois que Largo avait raison, la maison est surveillée, annonça Kerensky de leur poste d'observation, mais par qui c'est la question à mille dollars.
- Il faut y aller, Milicent est peut-être en danger.
- Vous savez que vous parlez de la personne qui a aidé ce type à vous retrouver ?
- J'ai bon cœur, il paraît que ça me perdra. Une idée pour approcher ?
- J'en ai une qui devrait vous plaire, fit-il en lui tendant la main

Sarah et Kerensky parcoururent les quelques mètres qui menaient jusqu'à l'immeuble en se tenant la main et en parlant assez fort, donnant l'illusion d'un couple rentrant après une soirée bien arrosée.

- Ils ont l'air bien ces deux-là, fit un homme dans le van que Kerensky avait repéré
- Hé hé, on va peut-être pouvoir mater un peu, fit son compagnon, il se passe rien ici

Kerensky plaqua Sarah contre le mur, près de la porte d'entrée de l'immeuble, et l'embrassa tendrement tout en glissant ses mains sous son manteau. Sarah sourit quand il l'embrassa dans le cou.

- Ils vont être frustrés si vous continuez
- J'ai un peu de mal à crocheter une serrure quand je ne vois pas ce que je fais, murmura Kerensky à l'oreille de la jeune femme
- Mmmm… intéressante approche en tout cas, c'est au KGB que vous avez appris ça ?
- Ça y est, souffla Georgi en reprenant les lèvres de Sarah

Il en profita pour fouiller la poche de son manteau à la recherche d'un trousseau de clés pour faire illusion, tout en tenant la porte entrouverte avec le pied..

- Si tu la lâches pas, mon pote, tu vas jamais la rentrer ta clé, commenta l'un des hommes du van
- J'en connais deux qui vont pas s'ennuyer en tout cas, pas comme nous, râla le second

Sarah eut un peu de mal à ne pas se laisser submerger par l'effet que lui faisait les baisers brûlants du Russe. Ce dernier décida finalement qu'ils avaient assez joué la comédie et la fit entrer dans l'immeuble avec une petite tape sur les fesses, ce qui fit sourire les deux hommes du van. Le couple s'engouffra dans l'ascenseur, Sarah appuya sur le troisième avec une petite grimace de douleur.

- Ça va passer, fit-elle en précédant la question que Kerensky allait poser

Ils arrivèrent sur le palier, Sarah indiqua la porte de gauche. Kerensky s'appuya contre le mur tandis qu'elle frappait à la porte de Milicent.

- Un instant, fit une voix de femme avant d'ouvrir. Sarah, qu'est-ce que…
- A terre, fit Georgi en plaquant Sarah sur le sol

Le souffle de l'explosion les propulsa contre le mur. Georgi couvrait sa compagne de son corps, il lui jeta un bref coup d'œil et vit qu'elle souffrait. Il avait involontairement touché sa blessure en la plaquant sur le sol.

- Comment avez-vous su que…
- Il y a eu un déclic quand elle a ouvert la porte.
- Comment est-ce qu'il a pu installer ça sans quelle le sache ! rugit Sarah tout en connaissant la réponse

Parker avait piégé sa porte de manière à ce qu'elle puisse entrer mais pas en ressortir vivante.

- Il savait que j'allais venir, constata Sarah
- Sans doute, je crois qu'on ferait mieux de partir avant que la police ou les types du van n'arrivent.
- S'ils sont du bureau, ils ne bougeront pas mais vous avez raison, il faut filer dit Sarah en se relevant. On va leur rendre une petite visite, il y a vraiment un truc qui ne tourne pas rond.

La rue était toujours déserte, des sirènes s'entendaient au loin. Les deux hommes du van avaient été surpris par l'explosion mais, conformément aux consignes, n'avaient pas bougé.

- On reprend la même technique d'approche ? demanda Sarah
- C'est pour tenter d'approcher discrètement ou parce que vous commencez à prendre goût à mes baisers ?
- Peut-être un peu des deux, répondit-elle avec un sourire mutin

Ils firent les quelques mètres qui les séparaient du van et s'arrêtèrent à côté. Cette fois ce fut Kerensky qui se retrouva plaqué contre le métal de la camionnette.

- Hey, regarde ça, le couple de tout à l'heure.
- Elle n'en a pas eu assez on dirait, répondit l'autre homme
- Ouaip quoique ça me déplairait pas d'être violé par une femme, ricana le premier

Kerensky inversa les rôles afin de les amener près des portes arrières, pour qu'ils ne soient plus visibles dans les rétroviseurs. Il constata qu'il n'y avait pas de vitres à l'arrière et qu'ils pouvaient donc agir sans inquiétude. Ils sortirent leurs armes et se postèrent de part et d'autre du van.

- Tu as déjà fait l'amour sur le capot d'une voiture ? demanda Sarah d'une voix coquine
- Non mais je ne demande qu'à essayer, répondit Georgi en souriant
- Mmmm….Mark
- Dis-moi, tu n'aurais pas oublié de remettre ton string, fit-il d'une voix rauque
- J'ai dû le laisser à l'appartement, fit Sarah qui se retenait de rire devant leurs pauvres dialogues

Kerensky et Sarah pouvaient entendre des bruits de pas dans le van. Apparemment les occupants avaient envie d'en voir plus. Kerensky mit la main sur la poignée et l'ouvrit brusquement, un homme tomba à leurs pieds.

- Max ! S'exclama Sarah en dévisageant l'homme. Arthur mais qu'est-ce que vous fichez là ?
- Une planque comme tu peux le voir, répondit le dénommé Max en se relevant
- Devant chez… Qui a organisé ça ? demanda-t-elle sèchement
- Jack, répondit Arthur en se doutant que la jeune femme n'allait pas apprécier la réponse
- La ligne est sécurisée ? Questionna-t-elle en indiquant un téléphone cellulaire.

Arthur hocha la tête et Sarah composa un numéro sous l'œil intéressé de Georgi. Elle avait l'air hors d'elle.

- C'est Sarah, tu peux m'expliquer ?
- T'expliquer quoi ?
- La planque devant chez Milicent !
- Le bureau a appris que Parker te filait et on veut le coincer, comme tu le sais déjà
- Il l'a tuée, Jack ! Et tes larbins n'ont pas été utiles à grand chose, rugit Sarah
- C'est impossible, on avait tout planifié !
- Excepté que Parker passerait avant vous !
- Sarah, je suis désolé pour Milicent mais cela ne change pas le fait que tu sois en danger. Reviens au bureau !
- Et les têtes nucléaires, tu en fais quoi ?
- Merde, c'était ce soir ?
- Bon sang, cela t'arrive de lire mes rapports, Jack ?
- Sarah, ne…
- Non, ça suffit ! C'est la dernière fois que je travaille avec toi et ne compte pas sur moi pour le week end prochain ni aucun autre d'ailleurs, fit Sarah en raccrochant violemment le téléphone

Les deux agents et Georgi la regardaient. Max et Arthur détournèrent le regard quand elle s'en aperçut contrairement au Russe.

- Vous feriez mieux d'aller faire votre rapport à Jack, dit Sarah en descendant du van. On y va, lança-t-elle en direction de Kerensky

***

Joy avait pris la place de Simon et observait les docks. Largo n'avait rien dit après qu'elle lui eut expliqué le motif de sa haine à l'encontre Parker. Qu'aurait-il pu dire d'ailleurs, songea la jeune femme. Elle s'était jurée de venger la mort de David et la vie lui en donnait l'occasion mais Joy savait aussi qu'elle avait tourné la page, qu'elle était passée à autre chose. Son père y avait veillé, de même à ce qu'il avait veillé à ce que les deux femmes ne travaillent plus ensemble. Charles Arden n'aimait pas Sarah. Joy n'avait jamais su pourquoi, elle savait juste que cela datait d'avant sa relation avec David.

- Une voiture approche, annonça-t-elle
- Kerensky ?
- Non, elle s'est arrêtée près de la taverne
- Je devrais y faire un tour, lança Simon, je devrais arriver à pouvoir me faire passer pour un sale type
- Avec la tête que tu as, c'est certain, dit Joy avec un petit sourire
- Je vais prendre cela comme un compliment, fit le Suisse avec une grimace
- Je vais avec toi, l'inactivité me pèse.
- Hors de question, trop dangereux, protesta Joy
- Attends pourquoi lui et pas moi ? demanda Largo
- Parce qu'avec sa tête d'ex-voleur, il pourra passer inaperçu ou presque.
- Et qu'est-ce qu'elle a ma tête ?
- Beaucoup trop connue. Imagine si quelqu'un te reconnaît, cela ficherait en l'air toute l'opération.
- Je suis d'accord avec elle pour une fois.
- Si vous êtes tous les deux contre moi, fit Largo en levant les mains en signe de reddition
- J'en n'ai pas pour longtemps, dit Simon en sortant

***

Sarah et Kerensky se dirigèrent vers leur voiture. Ils n'avaient pas dit un mot depuis qu'ils avaient quitté les deux autres agents de la CIA. Georgi la vit porter la main à sa blessure et se mordre la lèvre inférieure.

- Vous pouvez conduire ? demanda-t-elle en lui lançant les clés de la voiture
- Vous allez bien ?
- Je ne me suis jamais sentie mieux, mentit-elle en s'asseyant. On va certainement avoir de la compagnie.
- Pas la peine de me le dire, fit Georgi en démarrant

Ils roulèrent un moment en silence. Kerensky jetait des coups d'œil réguliers sur sa passagère qui lui semblait de plus en plus pâle. Il s'aperçut au bout d'un moment qu'elle s'était évanouie, terrassée par la douleur et la fatigue. Georgi se demanda depuis quand elle n'avait pas dormi une nuit complète. Il chassa de vieux souvenirs du temps où il faisait des planques pour se concentrer sur d'éventuels poursuivants. Il mit deux fois plus de temps à arriver à la planque mais il était certain de ne pas avoir été suivi. Par pure précaution, il se gara deux entrepôts plus haut et attendit un instant, moteur coupé, avant de sortir de la voiture. Sarah n'avait toujours pas repris connaissance. Il fit le tour du véhicule et la prit dans ses bras. Il pénétrait dans le second entrepôt quand elle se réveilla.

- Un vrai gentleman, fit Sarah en souriant
- Vous en doutiez ?
- Les Russes m'ont toujours paru les pires rustres qui pouvaient exister.
- Il y a toujours des exceptions, répondit Kerensky qui la portait toujours
- C'est ce que je constate, murmura-t-elle en ne le quittant pas des yeux
- Je vais devoir vous poser pour ouvrir la porte.
- On n'est peut-être pas obligé de l'ouvrir tout de suite, murmura Sarah quand il la posa à terre
- Vous avez besoin de vous reposer, petite fille, fit Georgi avec un petit sourire
- Vous croyez vraiment qu'une petite fille ferait cela, demanda Sarah en posant sa main sur l'entrejambe du Russe
- Comme vous l'avez dit tout à l'heure, je suis un gentleman. Je ne profite pas des jeunes femmes blessées, répondit-il en ôtant sa main
- Même si elles insistent, murmura Sarah avant de l'embrasser

Kerensky résista pour la forme avant d'approfondir leur baiser. Sarah glissa ses mains sur les hanches du Russe et s'attaqua à son jean devenu étroit. Georgi la colla doucement contre le mur et s'arracha à son baiser.

- Pourquoi ? souffla-t-il à quelques centimètres de ses lèvres
- J'aime votre côté froid et vous êtes un bon joueur d'échec
- Quel rapport ?
- Aucun, avoua-t-elle tandis qu'il lui mordillait le lobe de l'oreille. Si vous voulez la vérité, j'ai peur de ne pas m'en sortir cette fois et cela m'ennuierait beaucoup de mourir sans avoir fait l'amour une dernière fois

Georgi la dévisagea un court moment. Son regard ne mentait pas, il y voyait du désir entremêlé à de la peur. Il déposa un baiser sur ses lèvres avant de la débarrasser de son pantalon et de son string. Sarah mit ses mains sur la nuque du Russe qui la souleva pour la prendre. Elle glissa ses jambes sur ses hanches tandis qu'il commençait un lent va et vient, tout en ne se quittant pas des yeux.

***

Simon se glissa dans l'entrepôt voisin de celui où étaient Largo et Joy pour vérifier qu'il n'avait été suivi. Il avait pu glaner quelques renseignements mais rien de vraiment intéressant. Le bateau en revanche, le Beladran, était déjà à quai. Simon entendit un bruit suspect derrière lui, il se retourna vivement mais ne vit rien. Il avança en se cachant derrière des cartons. Il ne distingua rien au départ, jusqu'à ce qu'une forme apparût près de la porte qu'il devait emprunter. Simon reconnut le dos de Kerensky et se demanda ce qu'il faisait quand il s'aperçut que le manteau du Russe cachait Sarah et qu'ils étaient en train de s'embrasser. Simon s'éclipsa discrètement, un sourire sur les lèvres.

***

- Simon devrait être revenu depuis longtemps, remarqua Largo en faisant les cents pas
- Il a dû vérifier qu'il n'était pas suivi, répéta Joy pour la troisième fois en cinq minutes

Elle avait vu le Suisse sortir de la taverne et se diriger à l'opposé d'eux. Largo semblait comme un fauve en cage.

- Hehe, vous ne croirez jamais ce que je viens de voir, fit Simon en entrant dans le bureau
- A propos du bateau, demanda Largo
- Non, mon pote. Notre petit copain Kerensky n'est pas aussi loin qu'on pensait.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? questionna Joy
- Il prend un peu de bon temps à côté avec ta copine, affirma Simon en enlevant sa veste
- Hum… et ta petite virée t'a permis de découvrir autre chose ? rajouta Joy sèchement
- Pas grand chose, les quelques marins que j'aie trouvé jouaient les éponges si tu vois ce que je veux dire.
- Vous êtes sortis ! s'exclama Sarah qui venait d'arriver avec Kerensky
- J'avais besoin de prendre l'air, fit Simon
- Vous avez trouvé quelque chose au moins ?
- Non, rien de plus que ce que vous nous aviez dis.
- Pourquoi avoir pris ce risque inutile alors ? fit Sarah en colère
- Qu'est-ce qui s'est passé ? fit Joy en empêchant Simon de répondre
- Cet enfoiré de Jack ! Milicent est morte, une explosion concoctée par Parker. Jack sait que je l'ai sur le dos et tout ce qu'il a trouvé bon de faire, c'est utiliser Mili pour qu'elle donne des renseignements à Parker. Le problème, c'est qu'il ne laisse jamais de trace et que ce crétin n'y a pas pensé.
- Jack Rollins ?
- Exact quand je pense que j'ai failli… aucune importance.
- Toi et… Jack ? fit Joy incrédule
- C'est qui ce Jack ? demanda Simon
- Mon supérieur.
- Tiens, je ne savais pas que la promotion canapé marchait aussi à la CIA.

Le regard assassin que lui lança Sarah lui démontra que cela n'était pas le cas.

- Le problème, c'est que vous ne savez pas ce qu'il sait, fit remarquer Largo
- Exact mais ce que je sais, c'est que je dois récupérer ces têtes nucléaires, que Parker soit au courant ou non.
- Et on va faire ça à 5 ? questionna Simon
- J'ai connu pire et je suis certaine que vos deux amis aussi mais je ne vous oblige pas à m'accompagner.
- Je viens, fit Kerensky
- Moi aussi, dit Joy

Largo et Simon se regardèrent, un léger sourire planait sur les lèvres du Suisse.

- Ok maintenant qu'on sait que tout le monde vient, quel est le plan ? demanda Simon
- Se faufiler discrètement jusqu'au ponton et récupérer le chargement, annonça Sarah d'une voix mécanique
- Et on fait quoi des méchants ?
- Vous pouvez faire une partie de Monopoly avec eux si cela vous chante. Pour ma part, je crois que je vais en envoyer quelques-uns ad padres, fit Sarah en sortant une caisse de sous le lit de camp. Distribution gratuite, rajouta-t-elle en l'ouvrant

L'Intel Unit put découvrir une quantité d'armes assez impressionnantes et quelques gilets pare-balles. Ils s'armèrent tandis que Sarah observait le dock aux jumelles. Elle consulta sa montre avec un petit sourire, il était presque minuit.

- Parfait, ils sont à l'heure. on fait deux équipes. Kerensky avec moi par la droite, vous autres à gauche.
- Quelle femme, murmura Simon avant de suivre Largo et Joy

***

Escobar regardait nerveusement autour de lui, son acheteur était en retard et il n'aimait pas cela. Le van avec le chargement attendait devant le Beladran, surveillé par quatre de ses hommes. Il alluma un cigare en scrutant le quai. Ses hommes n'avaient pas réussi à mettre la main sur la rouquine par qui il s'était laissé berner et il n'aimait pas du tout cela. Elle était au courant de l'opération et risquait de tenter quelque chose. Le problème d'Escobar, c'est qu'il ne savait pas pour qui elle travaillait. Il avait décidé de partir quand une voiture arriva feux éteints, elle se gara à quelques mètres de lui et deux hommes en sortirent.

Sarah et Kerensky virent Escobar et son acheteur parler. Le Cubain avait l'air furieux de son retard mais l'autre le calma en lui montra une mallette. Largo, Joy et Simon assistaient à la même scène de l'autre côté du quai.

- Eh ben ça a l'air de rapporter ce genre de petite chose, fit Simon
- On agit quand ? demanda Largo
- Il faut attendre que l'échange soit… maintenant, lâcha Joy en entendant les coups de feu de Sarah et Kerensky

Escobar et ses hommes se planquèrent derrière le van tandis que l'acheteur prenait la fuite vers sa voiture avec l'argent.

- CIA, je vous conseille de vous rendre Escobar, lança Sarah de derrière la caisse où elle s'était réfugiée avec Georgi
- Espèce de garce ! répondit Escobar en la reconnaissant
- J'ai l'impression qu'il ne va pas nous faciliter la tâche, dit Sarah à l'attention du Russe
- Vous ne pensiez pas qu'il allait se rendre de bon cœur ?
- Cela changerait de temps en temps, fit-elle avec un sourire

Kerensky allait lui répondre quand il entendit des véhicules approcher. Quatre voitures banalisées surgirent de chaque côté du quai et des hommes en descendirent, braquant leurs armes sur Escobar et sa bande qui se rendirent sans trop de résistance.

- Tiens, la cavalerie n'est pas en retard pour une fois, fit Joy en regardant ses anciens collègues arrêter les truands

Kerensky et Sarah rejoignirent l'Intel Unit. Un homme s'approcha du petit groupe. Environ cinquante ans, les cheveux grisonnants, nota Simon. Il avait une assurance et un certain charisme qui devait en faire un parfait meneur d'hommes. L'inconnu dévisagea longuement Joy avant de reporter son attention sur Sarah.

- Tu es en retard, lança la jeune femme sèchement
- Vraiment ? Il me semble que nous sommes arrivés à temps avant que tes " amis "se fassent descendre par Escobar, fit l'homme sur le même ton
- Il n'a pas changé, murmura Joy à l'attention de l'Intel Unit, je vous présente Jack Rollins.
- A temps ? Vous deviez être là avant son arrivée, on avait revu tout le plan en détail !
- Exact mais il faut dire qu'en position horizontale, j'ai du mal à tout noter, fit Jack avec un rictus

La gifle partit avant que Sarah ne le réalise. Jack porta sa main à sa joue avec un sourire. Il avait toujours aimé la spontanéité de la jeune femme et une fois de plus, elle ne le décevait pas.

- Tu auras ma lettre de démission sur ton bureau demain matin.
- Je n'en demande pas tant Sarah, fit Jack en la regardant se diriger vers sa planque
- J'en ai assez de toutes ces conneries, je suis trop vieille pour cela, dit Sarah en se retournant

Kerensky sourit, il se rappelait avoir dit la même chose quelques mois plus tôt quand Largo l'avait engagé. Il la suivait du regard se diriger vers l'entrepôt où elle allait récupérer ses affaires quand quelque chose attira son attention. Un reflet métallique à une fenêtre. Georgi avança rapidement vers Sarah tout en essayant de situer exactement l'endroit. Il était maintenant à quelques pas de la jeune femme, sur son côté gauche. Elle avançait d'un pas résolu, la main sur sa blessure. Kerensky vit une petite lueur rouge, signe que quelqu'un la visait avec un fusil à lunettes, apparaître sur sa veste.

- A couvert, lança-t-il en direction de l'Intel Unit tandis qu'il se jetait sur Sarah

Le tir les frôla tandis qu'ils tombaient lourdement sur le sol, à l'abri derrière des caisses.

- Cela fait deux fois que vous me sauvez la vie aujourd'hui, je vais finir par croire que vous êtes mon ange-gardien.
- Je suis loin d'être un ange, répliqua Georgi
- Merci, murmura-t-elle avant de l'embrasser
- Ce n'est pas désagréable, loin de là, mais je ne crois pas que le moment soit bien choisi, fit Kerensky en s'arrachant à son baiser
- Le problème, c'est qu'il y a le risque qu'il n'y en ait pas d'autres.
- Vous êtes toujours aussi négative ?
- Je suis fatiguée de tout ce cirque mais d'un autre côté, c'est bien que Parker soit là, j'ai un vieux compte à régler avec lui.
- Tu n'es pas la seule, fit Joy en les rejoignant avec Largo et Simon

Largo nota la proximité du Russe et de Sarah qui n'était pas dû qu'au fruit du hasard, songea-t-il en souriant discrètement. Il reporta son attention sur Joy qui était en train de parler avec Sarah et Kerensky de la meilleure façon de maîtriser Parker.

- Tu ne peux pas servir de cible pour ce dingue, protesta Joy
- Cela vous permettra de le prendre par surprise, rétorqua Sarah. S'il ne me voit pas, il risque de filer et…
- Je sais, la coupa Joy
- Très bien, alors je vous propose de nous scinder en deux groupes, fit Kerensky. Joy et Simon à gauche, Largo et moi à droite.
- Ça me va, fit le Suisse en rechargeant son arme
- Moi aussi mais vos petits copains de la CIA ne vont peut-être pas être d'accord, remarqua Largo
- Je connais Jack, il ne va pas bouger tant que les snipers ne seront pas arrivés, répondit Sarah
- Très bien alors on y va ! fit Joy en tapant sur l'épaule de Simon

Le reste du groupe les regarda faire le tour de l'entrepôt à couvert. Largo se tourna vers Kerensky, lui faisant comprendre qu'il l'attendait. Le Russe regarda Sarah, elle tentait de repérer la position de Parker. Georgi posa doucement sa main sur la joue de la jeune femme et l'attira à lui. Il l'embrassa passionnément devant Largo qui eut l'impression de se retrouver dans un de ces vieux films qu'affectionnait Joy.

- Ce n'est pas le dernier, murmura Kerensky en la relâchant

Elle lui sourit en hochant la tête avant de changer de place. Largo eut un petit sourire quand Georgi se tourna vers lui mais ne dit rien. Un coup de feu retentit derrière eux, Sarah se plaqua contre les bidons qui lui servaient de protection et regarda les deux hommes disparaître. Elle continua à jouer les cibles pendant de longues minutes avant qu'un cri ne retentisse. Sarah serra la main sur son arme et fonça à l'intérieur de l'entrepôt. Elle localisa rapidement l'Intel Unit. Joy tenait en joue un homme qui la dévisageait froidement. Largo, Simon et Kerensky étaient à sa droite prêts à agir au moindre geste suspect de l'homme.

- Mademoiselle MacLane, quelle joie de vous voir vous joindre à nous, fit Parker avec un rictus
- Vous ne m'en voudrez pas si le plaisir n'est pas partagé.
- Pourquoi tant de haine, fit-il d'une voix mielleuse

Sarah leva lentement son arme, son regard était glacial. Largo regarda les deux femmes, unies par le même désir de vengeance, écouter Parker parler de David.

- Il a été très surpris quand je lui ai annoncé que vous faisiez partie de la CIA, surtout vous Arden. Il a eu du mal à comprendre pourquoi vous lui aviez menti, il vous aimait tellement, fit Parker avec un rictus

Largo vit la main de Joy trembler légèrement, son regard était embué de larmes. Il eut envie de la prendre dans ses bras mais n'osa pas avancer. Il la connaissait et savait qu'elle ne pourrait pas le tuer de sang froid même si l'envie la démangeait. Il n'en était pas de même pour Sarah et Largo sursauta quand elle tira une balle dans la jambe de Parker.

- Il y a une chose que je ne comprends pas, agent MacLane. Pourquoi m'en vouloir, vous teniez à ce point au bonheur de votre amie ?

Joy fit un pas en arrière et regarda Sarah. La colère faisait briller ses yeux, sa main était sûre et ne tremblait pas, elle toisait Parker avec haine.

- Vous avez tué mon frère, fit Sarah froidement
- Je n'en ai pas le souvenir mais… j'ai assassiné tellement de gens, répliqua Parker en éclatant de rire

Un deuxième coup de feu retentit, Sarah avait visé son autre jambe. Jack Rollins et son équipe arrivèrent au même moment. Kerensky les empêcha d'approcher, Sarah avait un compte à régler avec Parker et elle ne pourrait pas faire la paix avec elle-même si on l'en empêchait.

- David était mon frère, dit Sarah d'une voix blanche
- Ah oui, j'avais presque oublié… il n'a pas parlé de vous avant de mourir, désolé, fit Parker avec une feinte compassion

Joy avait baissé son arme et s'était reculée de quelques pas. Kerensky approcha doucement et se mit à côté de Sarah.

- Le tuer, ne le fera pas revenir, murmura-t-il
- Je sais
- Si vous laissiez vos collègues finir le travail

Georgi la vit hésiter entre le désir de venger la mort injuste de son frère et son respect de la loi. Elle n'avait jamais failli en tant qu'agent du gouvernement et cette vendetta était contraire à tout ce en quoi elle croyait.

- Georgi
- Oui ? répondit-il en la regardant
- Vous ne deviez pas me faire goûter une vodka digne de ce nom ? fit-elle en baissant son arme lentement

Kerensky sourit tandis que les hommes de Rollins approchaient. Sarah se tourna vers le Russe qui lui proposa son bras. Ils tournèrent le dos à Parker et allaient quitter les lieux quand Sarah se retourna brusquement et tira deux fois. Parker s'écroula et lâcha l'arme qu'il avait dans la main.

- Comment elle a su que…, s'exclama Simon
- Elle a remarqué qu'il portait une arme à la cheville, répondit Joy
- Ben pourquoi elle lui a pas pris ?
- Elle lui a laissé le choix, répondit Largo, ce qu'il n'avait pas fait pour David
- Le choix ? répéta Simon qui ne comprenait pas
- Parker savait que Sarah avait repéré son arme et qu'elle ne le tuerait pas de sang froid, expliqua Joy
- Tu veux dire qu'il lui a donné une raison de le tuer, c'est idiot, non ?
- Non, loin de là. La boucle est bouclée, fit Joy en regardant Kerensky et Sarah s'éloigner

***

- Alors tout est bien qui finit bien, fit Simon en s'asseyant dans le Penthouse, enfin sauf pour Parker
- Exact mais ce ne sera pas une grande perte, fit Joy en s'asseyant sur l'accoudoir du fauteuil de Largo
- Qu'allez-vous faire maintenant, demanda le milliardaire à Sarah
- Je ne sais pas, profiter un peu de la vie, fit la jeune femme en souriant
- Ça c'est un bon programme, affirma Simon, si vous avez besoin d'un guide…
- Je crois qu'elle en a déjà trouvé un, fit Joy en faisant un clin d'œil à Sarah
- Tiens d'ailleurs, où est-il ? demanda Largo
- Vous êtes certain que je ne vous dérange pas, monsieur Winch
- Pas du tout, l'appartement est à vous tant que vous le souhaitez, fit Largo en lui souriant. Enfin, à condition que vous acceptiez de m'appeler Largo
- Ça devrait être possible, Largo, fit Sarah en souriant
- Une après-midi shopping ça te tente ? demanda Joy
- Tu as un patron coulant, dis-moi
- Excepté qu'il se met toujours dans des situations impossibles sinon il est pas mal

Largo lui fit perdre l'équilibre et elle atterrit sur ses genoux. Il en profita pour la chatouiller sous le regard hilare de Simon.

***

Sarah se déshabilla tout en regardant la vue qu'elle avait sur Manhattan. Elle n'avait pas vu Kerensky depuis qu'il l'avait ramenée de leur tournée de bars russes après la fusillade. Elle avait apprécié qu'il soit à ses côtés et qu'il ne lui pose pas de question sur David. Ils avaient parlé de tout et de rien, Sarah remarquant qu'il était peu loquace sur sa vie privée. Il l'avait raccompagnée jusqu'à l'appartement que Largo avait mis à sa disposition et s'était éclipsé après lui avoir déposé un baiser sur le front. Sarah s'était demandé ce qui lui avait valu ce retournement dans leur relation.

Elle passa dans la salle de bain et ouvrit les robinets de la douche. Elle était entrée dans la cabine depuis cinq minutes quand on frappa à la porte. Sarah fit la moue tout en passant un peignoir et alla ouvrir la porte.

- Je repasserai, fit Kerensky en constatant qu'il la dérangeait
- Non, entre, répondit Sarah en s'effaçant

Georgi entra et se tourna vers Sarah qui s'était adossée à la porte.

- Je… je voulais savoir comment tu allais
- Tu as fait du bon travail d'après le médecin que j'ai vu

Il hocha la tête et passa la main dans ses cheveux pour dissimuler sa gène.

- Pourquoi…
- Est-ce que…

Ils se sourirent, ils venaient de parler en même temps.

- Pourquoi est-ce que tu n'es pas resté hier soir ? demanda Sarah
- Tu avais besoin de repos après cette " dure " journée
- J'aurais apprécié de t'avoir avec moi sans pour autant que nous…
- Je suis un gentleman mais il y a des situations qu'il vaut mieux éviter, répondit-il avec un petit sourire
- Je vois

Elle approcha lentement de lui et laissa tomber son peignoir sur le sol.

- Ce genre de situation ?
- Tout à fait, confirma Georgi tout en laissant son regard errer sur les courbes de la jeune femme
- Viens avec moi, fit-elle en lui prenant la main

Kerensky se laissa guider jusqu'à la salle de bain et la regarda entrer dans la cabine de douche. Voyant qu'il ne la suivait pas, elle l'attrapa par le col de sa chemise et le tira brusquement à l'intérieur.

- Sar…

Elle étouffa ses paroles d'un baiser ardent, le collant contre le carrelage tandis que l'eau ruisselait sur eux. Kerensky la serra contre lui tandis que Sarah s'attaquait à sa chemise mouillée. Elle le déshabilla rapidement avant de s'arracher à ses baisers et de prendre un peu de gel douche dans ses mains. Sarah le savonna, sentant chaque muscle glisser sous ses doigts. Elle effleura la cicatrice qu'il portait sur le flanc gauche.

- Un souvenir du KGB ?
- Afghanistan
- Et ça, demanda-t-elle en caressant son dos
- Eclat de bombe à Paris

Kerensky frémit quand elle lui savonna les fesses, Sarah s'y attarda un peu avant de glisser sa main à l'opposé. Georgi lui prit la main et la ramena devant lui. Il l'embrassa tendrement avant de lui prendre le gel douche et de la savonner à son tour. Sarah leva la tête vers le jet de la douche et ferma les yeux en se concentrant sur les mains du Russe. Elle gémit quand il effleura ses seins. Elle ouvrit les yeux et croisa le regard azur de son amant. Elle lui sourit et le força à s'asseoir afin de s'empaler sur lui. Georgi l'embrassa dans le cou tandis qu'elle commençait à bouger lentement. Les baisers et caresses s'enchaînaient de manière désordonnée au fur et à mesure que le plaisir les submergeait. Un râle de plaisir sortit des lèvres de Sarah tandis qu'elle se laissa transporter par la jouissance. Georgi la serra contre lui et se laissa submerger à son tour. L'eau coulait toujours sur eux et exacerba leurs sensations.

- Je parie que tu n'avais jamais utilisé une douche de cette façon, murmura Sarah en mordillant l'oreille de son amant

Kerensky sourit avant de l'embrasser et de la porter dans la chambre. Il l'allongea sur le lit et vint se coucher près d'elle, la prenant dans ses bras.

- Je ne resterai pas, dit Sarah doucement
- Je m'en doutais, répondit Georgi. Tu sais ce que tu vas faire ?
- Pour l'instant abuser d'un Russe que je trouve terriblement sexy, dit-elle avec une moue coquine
- Je parlais de… merci du compliment, fit-il en réalisant ce qu'elle venait de dire. Abuser ?

Elle hocha la tête avant de se mettre à califourchon sur lui.

- Je n'ai aucune idée de mon avenir mais nous savons tous les deux que cela ne marcherait pas
- Tu ne peux pas…
- Georgi, un ex agent du KGB et un de la CIA, tu crois vraiment que cela peut faire bon ménage ? De plus, j'ai encore quelques petites choses à régler dans le Delaware.
- Je comprends mais quand tu auras tout " réglé ", tu sais où me trouver si…
- Oui entre mes cuisses, fit Sarah en riant

Georgi l'attira à lui et l'embrassa fougueusement avant de la renverser sur le lit. Un coup fut frappé à la porte mais ni l'un ni l'autre ne l'entendirent. Joy songea à aller Penthouse, il y avait une chose qu'elle voulait dire à Largo. L'arrivée impromptue de Sarah lui avait montré que la blessure, dû à la mort de David, n'était pas aussi bien cicatrisée qu'elle le pensait. La mort de Parker venait de clore ce chapitre de sa vie et elle avait envie de passer à autre chose. Quelque chose dans l'attitude de Largo lui avait montré qu'il était prêt à s'engager, elle voulait vérifier si ses doutes étaient fondés. Elle sourit en entendant des éclats de rire derrière la porte.


FIN