Quand Simon s'en mêle…

 

Auteurs : Daphy et Petit Ange
Genre : romance L/J,
Résumé : ah bah non alors, y a qu'à lire !
Disclaimer : Les personnages de Largo Winch ne nous appartiennent pas…

Ne pas publier sans notre autorisation SVP. N'hésitez pas à nous écrire et bonne lecture !


***

La nuit tombait sur New York. Au sommet du Winch Building, Largo, une fois n'est pas coutume, était plongé dans une montagne de dossiers, essayant tant bien que mal de se débarrasser au plus vite des affaires les plus pressantes. Il venait d'abandonner l'idée de fuir le plus loin possible de toute cette paperasserie lorsqu'un toc toc familier se fit entendre.

Largo : Entre !

Une petite tête brune apparut dans l'embrasure de la porte.

Joy : Je te dérange ?

Largo la suivit des yeux, elle était particulièrement belle ce soir-là. Elle était pourtant simplement vêtue, comme à son habitude, mais tout en elle dégageait la joie de vivre.
Largo lui sourit.

L : Non, bien au contraire, ça me donne une occasion de souffler un peu. Sullivan m'a bombardé de dossiers aujourd'hui !

Joy vint s'asseoir sur le bureau, à côté de Largo, et lui adressa son plus beau sourire.

J : On annule la soirée si tu veux…

L : Surtout pas ! J'ai besoin de me détendre après la journée que je viens de passer.

J : Comme tu veux. Simon doit monter nous rejoindre. En fait, il devrait déjà être là…

Pendant ce temps au Bunker

Notre retardataire s'affairait désespérément sur l'ordinateur du maître des lieux.

Simon : C'est pas vrai ! Tu vas marcher oui !!! Ah !

Il poussa un soupir de soulagement, qui fut de courte durée.

S : Mais qu'est-ce que c'est que ce charabia ???

Le claquement de la porte le fit sursauter. Kerensky venait d'entrer. Il aperçut Simon devant son ordinateur et se précipita vers lui.

Kerensky : Je croyais t'avoir dit de ne jamais toucher à mes affaires !!! Qu'est-ce que tu fais ?

S : Rien du tout… je passais par là, par hasard, j'ai cru voir sur l'écran qu'il y avait un problème… alors j'ai juste jeté un coup d'œil, c'est tout…
Le Russe le regarda droit dans les yeux, l'air sceptique. Simon, embarrassé, ne tenait pas en place.

K : Ne joue pas avec moi, tu sais que j'ai les moyens de te faire parler !

Le Suisse prit son courage à deux mains et tenta une explication.

S : En fait, je me suis dit que le groupe n'avait pas vérifié la sécurité mise au point en cas de coupure de courant, alors je voulais…

Le regard glacial de Kerensky le désorienta.

K : Je l'ai vérifié il y a moins d'une semaine !

S : Bon, très bien t'as gagné ! J'avais l'intention de couper l'électricité sur tout le quartier pendant quelques heures.

K : C'est une blague ? (Mais constatant que son ami était sérieux) T'es sérieux ! Et pourquoi ?

S : Ce soir, je vais au cinéma avec Largo et Joy. (il regarda sa montre) D'ailleurs je suis en retard, ils doivent m'attendre là haut… Donc je me demandais si, en coupant le courant, je verrouillerais les portes…

K : Stop, je vois où tu veux en venir. Il n'en est pas question !

S : Allez, je n'y arriverai jamais sans ton aide. Je ferais tout ce que tu veux, mais aide moi à leur donner un petit coup de pouce.

Penthouse

Cela faisait un bon quart d'heure que Joy et Largo attendaient Simon, et ils commençaient à s'impatienter.

J : Mais qu'est-ce qu'il fabrique, la séance commence dans à peine 30 minutes, on va être en retard !

L : Il devait passer au Bunker avant de nous rejoindre, on a qu'à descendre.

Bunker

Kerensky pianotait nerveusement sur son clavier.
Dans quelle galère s'était-il fourré ? comment avait-il pu céder à Simon en échange d'un bon repas au resto! Il est vrai que donner un petit coup de pouce à ses amis l'avait rendu beaucoup moins exigeant. Il était temps que ces deux-là se décident…

S, s'impatientant : alors ça y est ?

K : hey ! minute papillon, ça ne se fait pas aussi vite. Il faut d'abord que j'isole le penthouse du générateur principal.

S : c'est nécessaire ? pourquoi tu ne coupes pas tout simplement l'élec…

K : à moins que tu ne veuilles que toute la tour soit plongée dans le noir, et rester un petit bout de temps enfermé ici avec moi, je dois en passer par là. Maintenant silence !

Mais Kerensky eut à peine le temps de savourer ce calme, que des cris leur parvinrent du dehors.
C : ouvrez cette porte ! Kerensky je sais que vous êtes là !

S : mais…on dirait Cardignac, qu'est-ce qu'il vient faire là ?

K, en grognant : oh c'est pas vrai…il voulait que je jette un coup d'œil à son ordinateur, il semblerait que cette chère fouine ait un petit problème qu'il ne peut résoudre seul. Je suppose qu'il vient se plaindre du manque d'efficacité du service après-vente, vu que je n'ai pas pris la peine de me déplacer…

C : ouvrez-moi ou vous aurez de mes nouvelles Kerensky !!

S : bon bah qu'est-ce qu'on fait ?

Kerensky se décida à mettre fin aux mugissements du pauvre président de la Winch Air Lines en lui ouvrant la porte. Mais comme il fallait s'y attendre, ce n'est pas plein de reconnaissance qu'il entra, mais rempli d'une fureur sourde.

C : non mais pour qui vous prenez-vous ?! vous n'êtes pas le maître de ces lieux à ce que je sache !! vous n'avez pas à …

K, le coupant : ou vous vous calmez immédiatement ou je vous renvoie dans votre sale petit bureau de capitaliste encore plus vite que vous ne pouvez l'imaginer.

C : je…

Mais il s'arrêta net. Le bunker était plongé dans le noir.

Penthouse :

Ils s'apprêtaient à sortir lorsque toutes les lumières s'éteignirent. Il se retrouvèrent plongés dans l'obscurité.

J : Alors là, c'est le bouquet ! Il ne manquait plus que ça !

L : On peut dire adieu au cinéma…

Ils cherchèrent leur chemin, en attendant que leurs yeux s'habituent à la pénombre. Joy sentit soudain une main s'égarer.

J : Largo qu'est-ce que tu fais ?

Largo s'empressa de retirer sa main.

L : Désolé… je crois qu'il me reste des bougies dans un tiroir…

Il se dirigea à tâtons vers un meuble, l'ouvrit, prit une bougie et l'alluma. Une faible lueur éclaira la pièce.

L : Apparemment, tout ce quartier de la ville est privé d'électricité.

J : Bon, on a plus qu'à prendre les escaliers !

Elle saisit la poignée de la porte, mais ne parvint pas à l'ouvrir.

J : C'est pas vrai ! La porte est bloquée.

L : T'as essayé avec le verrou ?

J : Il est coincé aussi …

A cet instant, ils étaient tous deux penchés, Joy releva la tête et se retrouva tout près du visage de Largo.

J : Eh bien, on va devoir attendre, ça devrait pas durer très longtemps.

Largo eut un léger sourire : On va pouvoir passer une soirée en tête à tête, pendant que Simon et Kerensky sont sûrement coincés dans le Bunker.

J : Oui, je préfère de loin être ici avec toi plutôt qu'avec Simon et Georgi. Il doit être en train de pester contre ces ordinateurs !

Bunker

Le bunker était plongé dans le noir.

K, calme mais froid : Simon ?…

S : attends…je vais t'expliquer…

K : Simon, combien de fois devrais-je te dire de ne pas toucher à mon matériel. Tu ne sais pas t'en servir, la preuve !

S : mais, je pensais qu'en appuy…

K : fais-moi plaisir, arrête de penser !

C : eh bien, qu'attendez-vous pour remettre l'électricité ?

K : il se trouve que ça ne se fait pas aussi facilement. Le système ayant été détérioré irrémédiablement, il va falloir me laisser un peu de temps.

Simon n'avait pas besoin de lumière pour savoir que le russe avait braqué son regard froid sur lui.
C, en maugréant : je vais essayer de retrouver mon chem…aïe, espèces de…(bip)… d'escaliers !!

K, pour lui-même : je lui dis ou pas ?…

S : lui dire quoi ?

C, arrivé tant bien que mal à la porte : bon vous l'ouvrez cette porte ou quoi ?!… Kerensky !!

K, en soupirant : je ne peux pas. La panne de c…

C, furieux : ma patience a des limites…

K : si vous me laissiez finir, vous sauriez que tout ce qui est de l'ordre des ascenseurs, portes, lumière, etc se trouvent être dépendant du même système. Or, ce système étant pour l'instant hors service, il est impossible de se servir des ascenseurs ou d'ouvrir les portes.

S et C : QUOI ?!

S : tu veux dire qu'on ne peut pas sortir, on va rester ici tous les trois ?

K, patiemment : c'est ce que je viens d'expliquer.

Penthouse

J : eh ! tu l'as fait exprès ou quoi ?!

Le bureau était à nouveau plongé dans le noir, la flamme de la bougie s'étant éteinte.
L : mais non je t'assure, c'est à peine si je respirais…

J : aïe !

L : excuse-moi ! ça va ?

J, se relevant : ouais.

L : attends…je vais essayer de retrouver les allumettes.
Largo se dirigea tant bien que mal vers son bureau.
Une flamme éclaira soudain son visage.

L, satisfait : et voilà ! je pense que je dois avoir d'autres bougies dans la cuisine, je vais les chercher.


Quelques instants plus tard, l'appartement du PDG du groupe W était méconnaissable. L'obscurité qui régnait il y a peu de temps dans la pièce avait laissé place à une atmosphère des plus romantiques. En effet, une multitude de bougies, déposées un peu partout, illuminaient la pièce.
Largo sortit de la cuisine, deux coupes et une bouteille à la main. Il s'approcha du canapé où Joy était assise, fixant la flamme dansante d'une bougie, perdue dans ses pensées.

Largo : Un verre ?

Joy se redressa pour prendre la coupe que Largo lui tendait, mais stoppa son mouvement. Une grimace se dessina sur son visage.

L : Qu'est-ce qu'il y a ?

J : Y a quelque chose dans le canapé… murmura-t-elle en soulevant le coussin sur lequel elle était assise.

J, mal à l'aise et vexée: euh…dis-moi ta femme de ménage vient souvent ici ?
La garde du corps tenait du bout du doigt une pièce de lingerie fine très sexy : un soutien-gorge en dentelle rouge.

L, gêné : …, en tout cas ce n'est pas le mien, ajouta-t-il pour tenter de détendre l'atmosphère.

L'ambiance tout d'abord romantique devint vite tendue et gênée.
Joy était déçue. Bien sûr, elle n'ignorait pas les frasques de son patron, mais de là à être mise devant le fait accompli comme ça, c'était assez dur à accepter.
Quant à Largo, il ne savait plus trop comment se rattraper. Il craignait aussi la réaction de Joy, mais surtout son jugement . Là , elle allait vraiment le détester, si ce n'était pas déjà le cas. Et lui qui pensait qu'en fin de compte, cette soirée s'annonçait très favorable…jamais il n'oserait esquisser le moindre geste déplacé maintenant.

La soirée se prolongea dans une ambiance très sage, pour ne pas dire monacale connaissant Largo et son comportement lorsqu'il se trouvait seul en compagnie d'une femme, qui plus est séduisante. Mais il est vrai que cette fois-ci, ce n'était pas n'importe quelle femme. Il s'agissait de sa garde du corps, mais aussi de son amie, une amie très précieuse, qu'il respectait et savait pouvoir compter dessus en cas de coups durs. Se surprenant donc lui-même, il évita soigneusement la jeune femme, et s'installa en face, un verre à la main. La conversation s'engagea prudemment autour de sujets neutres, entrecoupée par de petits silences.

Au bout d'un moment, Joy se rendit compte que Largo gardait ses distances, ce qui à sa grande surprise la déçut. Pourquoi n'en profitait-il pas ? C'était pourtant l'occasion idéale ! Il ne la trouvait peut-être pas à son goût. Oui voilà, elle n'était pas assez bien pour lui, juste bonne à veiller sur ses petites fesses ! Ces pensées la mirent en colère, et sans qu'elle ne s'en rende compte, elle explosa.

J : De toute évidence, tu préfèrerais passer ta soirée en plus charmante compagnie !

L : Mais bien sûr que non, Joy, tu es mon…

J : Ton garde du corps, et c'est toi le patron !

L : Ne joue pas à ça avec moi, Joy ! Tu sais très bien qu'on a largement dépassé la relation patron-employée !

J : Dans les deux cas, tu n'en fais qu'à ta tête ! Tu me préviens de tes déplacements au dernier moment, sauf, bien entendu, quand tu ne prends même pas la peine de m'avertir !!!

L : Quoi ??!!!

J : Ta petite virée l'autre jour avec Simon, je n'en aurais même pas été informée s'il n'avait pas vendu la mèche !!! Comment veux-tu que je fasse mon job correctement !!!!

L : Le boulot, tu n'as que ça à la bouche ! Tu es incapable de t'amuser !

J : Oh, mais tu pourrais peut-être me donner des cours, monsieur le roi de la fête, l'écumeur des boites à la mode, qui trouve toujours à occuper ses nuits en bonne compagnie!!!

L : Ma vie privée ne te regarde pas ! Tu n'as pas à t'en mêler ! Je fais ce qui me plait !!!

J : Pas quand tes conquêtes menacent le groupe W et ta sécurité !

L : Parce que, bien évidemment, c'est l'unique raison qui te pousse à faire des enquêtes détaillées sur chaque femme qui croise mon chemin, ma sécurité !

J : Qu'est-ce que tu sous-entends ?

L : Tu es jalouse.

J, outrée : Moi, jalouse ?! Mais tu rêves mon pauvre Largo !

L : Ah oui ? Et en Arctique alors, comment tu expliques ce qui s'est passé ?

J : J'étais droguée, tu le sais très bien !

L : Toujours des excuses…

J : Je sais ce qui te gêne !

L : Ah oui ? Alors, d'après toi, c'est quoi ?

J : Tu voudrais avoir toutes les filles à tes pieds !!

Bunker

A la lumière d'une lampe de poche, Kerensky tentait de rétablir la situation. Il avait bien pressenti que c'était une mauvaise idée. Les plans de Simon avaient toujours une issue imprévisible, à l'image de leur créateur d'ailleurs.
Et comme si se retrouver enfermé dans le noir avec lui n'était pas suffisant, il avait fallu que Cardignac se ramène !

Alors ? demanda prudemment Simon

K : Alors je n'ai pas encore fini !

S : Mais tu sais comm…

K : Simon ! tu me prends pour un débutant ou quoi.

S : Mais non…

- au lieu de débattre de vos compétences vous feriez mieux de trouver une solution, intervint Cardignac

- vous, on vous a pas sonné ! rétorqua vivement le suisse, de toutes façons ne venez pas vous plaindre, c'est vous qui avez insisté pour entrer…

- oui, mais je n'avais pas l'intention d'y passer la nuit, ironisa le président de la Winch Air Line

K : bon, quand les deux pies auront fini de jacasser, j'arriverai peut-être à faire quelque chose !

Le calme revint aussi subitement qu'il avait disparu. L'ambiance était étrange, à la fois tendue et inquiétante. La pénombre ne faisait qu'augmenter cette impression de malaise. Cardignac ne se sentait pas à sa place et il regrettait amèrement de s'être déplacer dans le but de dire ses quatre vérités au russe. Ça n'en valait pas la peine en fin de compte. Et il trouvait que pour le peu de reproches qu'il avait proféré, la note était un peu trop salée !

Simon, lui, tentait tant bien que mal de rester tranquille, même s'il avait la bougeotte, il veillait à ne pas déranger l'ex-agent. Sa langue aussi le démangeait. Quoique pouvait en penser Georgi, il savait que sa petite mise en scène était un coup de génie. Si après ça Largo et Joy ne progressaient pas, c'était que leur cas était désespéré, et il ne pourrait pas se reprocher de ne pas avoir essayé de les aider.

Il était loin d'imaginer qu'au même moment, un vent de tempête s'était levé dans le Penthouse.

Un soupir le sortit de ses pensées.

K : Bon, cette fois je crois que ça devrait aller…

C : On va pouvoir sortir ?

K : J'ai pu pénétrer dans le système de sécurité de l'immeuble. Si j'arrive à tromper sa vigilance et lui faire croire qu'un incendie s'est déclenché dans les étages supérieurs, il enclenchera l'ouverture automatique des portes.

C : Ca va prendre combien de temps ?

K : Si vous continuez ainsi, je peux vous assurer que vous n'aurez pas l'occasion de franchir le seuil de cette porte ! Mais c'est pas vrai !!Simon, t'as jamais appris à tenir une lampe de poche de ta vie ! Comment voulez vous que je parvienne à …

S : Quoi ??

K : M…

Penthouse

La tension était encore montée d'un cran entre le milliardaire et sa garde du corps. Ils se tenaient tête. Joy, le regard menaçant, s'apprêtait à lancer une réplique cinglante au visage de son " coureur de jupons " de patron mais fut stoppée dans son élan.

Une goutte d'eau venait de glisser le long de sa joue, rougie par la colère. Instinctivement, elle leva les mains, puis la tête, bientôt suivie par Largo. Des trombes d'eau jaillirent soudain du plafond, inondant tout sur leur passage et rétablissant l'obscurité dans la pièce…

Ne comprenant pas tout de suite ce qu'il leur arrivait, ils restèrent interdits quelques secondes.

J : non mais c'est pas vrai !! on nage en plein délire !

L : merde !…viens on va se mettre à l'abri sous le bureau…

J : si on le retrouve…

Ne perdant plus une minute, ils se déplacèrent à la lueur de la lune dans le penthouse et atteignirent enfin leur abris de fortune. Ils s'y engouffrèrent, et s'y assirent, n'ayant d'autre choix que de patienter et de s'en remettre à la clémence du destin.

Cette douche improvisée avait au moins réussi à faire redescendre la pression soudainement apparue. Largo et Joy restèrent silencieux quelques instants, chacun perdu dans ses pensées. Mais comment en étaient-ils arrivés là ? Largo s'en voulait de s'être emporté ainsi, alors qu'il avait simplement voulu passer une soirée agréable
en compagnie d'une amie, en tout bien tout honneur, cela va de soi. Quant à Joy, elle réalisait soudain le ridicule de cette situation. Comment avait-elle pu laisser ses sentiments prendre le dessus, mettant de côté son amour-propre ? Son professionnalisme n'était pas aussi infaillible que ça…
Leur corps s'étaient rapprochés sensiblement. Les deux jeunes gens commençaient à grelotter et cherchaient à se réchauffer.

Largo mit fin en premier au silence, gêné.
L : je suis désolé pour tout à l'heure.

J : moi aussi

L, après un instant : ça va ? tu n'as pas trop froid ?

J, souriant dans le noir : je m'en remettrais…

L : c'est dingue ça ! je me demande ce qui a bien pu se passer ? d'abord l'électricité, et puis maintenant la sécurité incendie !

J : en effet, ça fait beaucoup pour une seule soirée !

L'atmosphère se détendait au fur et à mesure de la conversation. La tension due à la colère et aux reproches avait complètement disparue, comme emportée par ce déluge. Ce n'était pas aussi terrible que ça enfin de compte…un peu d'eau ça n'avait jamais tué personne !

Largo se mit à rire.

J : quoi ? qu'est-ce qu'il y a de drôle ?

L, entre deux fous rires : c'est juste que…je n'ai jamais connu de soirée…aussi ratée !! moi, Largo Winch, le multimilliardaire le plus envié de la planète, je me retrouve emprisonné dans mon propre appart, sans électricité, et la moisson en prime !!

J, riant elle aussi : c'est vrai qu'on fait mieux en matière de dîner improvisé !

L : en tout cas j'en connais un qui aura eu de la chance dans son malheur !

J : Simon ? c'est vrai que ses mauvaises habitudes lui ont évité une bonne douche froide !…atchoum !

L : à tes souhaits !

Largo se rapprocha encore plus et l'entoura de ses bras tout en lui frictionnant le corps.
L : là…ça va mieux ?

J : oui merci.

Puis ils laissèrent le silence prendre le relais. Ils ne ressentaient pas le besoin de se parler plus. Ils se sentaient bien là, chacun trouvant en la présence de l'autre un bien-être apaisant.

L : ah ! on dirait que ça s'est arrêté…

J : ouais, ça m'en a tout l'air.

Largo sortit de dessous le bureau, suivi de Joy.
L : je crois que l'on va devoir finir la soirée dans le noir, les allumettes et les bougies sont foutues. Tu sais quoi ?

J : non…

L : je te propose de trouver le chemin jusqu'à ma chambre et de prendre quelques serviettes pour nous sécher. Je te prêterai des vêtements de rechange.

Connaissant tout de même l'appartement assez bien, ils réussirent à atteindre la porte de la chambre, non sans s'être cognés une ou deux fois à un fauteuil ou une table se trouvant comme par hasard en plein milieu de leur passage.


Une fois dans la chambre, Largo s'affaira dans ses placards. Au bout de quelques minutes, il en ressortit un vêtement qu'il tendit à Joy.

Largo : Tiens, je sais pas trop ce que c'est, mais je pense que ça devrait convenir !

Joy : Merci, tant que je suis au sec…

Un silence pesant s'installa.

Joy : Largo ?

Largo : Oui ?

Joy : Tu pourrais te retourner s'il te plaît…

Largo : Mais on est dans le noir … Bon, d'accord… ça y est.

Joy se changea et enfila ce qu'elle croyait tout d'abord être une chemise, mais qui s'averra finalement d'une toute autre nature.

Joy : Hum !

Largo : Ca te va pas ?

Joy : J'ignorais que tu trouvais les robes en dentelle à ton goût…

Largo : Enfin, de quoi tu parles ?
Il se retourna, et put constater, à son plus grand regret (peut-être pas tant que ça) que Joy ne s'était pas trompée.

- Comment tu me trouves ? lui demanda Joy sur un ton qui ne laissait rien présager de bon. Mais devant le silence perplexe de son compagnon : elle ne me va peut-être pas aussi bien qu'à sa précédente propriétaire ?

Un éclat de rire l'interrompit.

Largo : Je dois dire que tu auras beaucoup de mal à arriver à la hauteur de Miss Ovronaz !!!

Joy : Tu te fous de moi ! Depuis quand Simon a-t-il renoncer à sa virilité ?

Largo : Tu ne te souviens pas ? La fois où il a voulu se cacher du fiancé de Vanessa ! A notre retour, il a insisté pour me laisser la robe, en souvenir.


Bunker

C : Quoi ? qu'est-ce que vous avez fait ??

K : ah ! silence !!

Simon et Cardignac s'étaient levés et se tenaient derrière le russe. Mais ne voulant pas aggraver leur cas, ils décidèrent de faire ce que leur avait demandé le russe, se taire.
Kerensky réfléchissait à tout allure. Il n'y comprenait plus rien, il était pourtant sûr que la simulation d'un début d'incendie débloquerait les portes. A croire que Simon, dans son extrême maladresse, avait complètement saccagé le système que lui Georgi Kerensky avait si soigneusement mis en place.

K : bon, il semblerait que mon idée n'ait pas fonctionné comme je l'espérais. Les jets d'eau se sont bien mis en route, mais les portes sont restées fermées…

S : ah…au moins nous, on est au sec…

C : c'est vrai ça…mais…et si jamais un feu se déclarait ici…

K : …nous avons des extincteurs, vous n'imaginez tout de même pas qu'avec tous ces appareils on prendrait le risque de se faire électrocuter !

S : et Largo et Joy ? ils ont dû être sacrément surpris !

C : pfff…qu'est-ce qu'il fait chaud ! avec tout ça la climatisation a dû être endommagée…

En effet, la température de la pièce semblait avoir grimpé de quelques degrés. Mais les trois hommes trop occupés n'y avaient tout d'abord pas prêté attention.

K : Simon ! la lumière !

S, affaibli : je…je me sens pas très bien…

Les deux autres se retournèrent vers lui et eurent juste le temps de le voir s'évanouir et s'écrouler sur le sol.

C : mais qu'est-ce qu'il a ?

Le russe s'était penché vers son ami et l'examinait de son mieux à la lumière de la lampe, prenant son pouls et observant ses pupilles.

C, tout bas : faut toujours qu'il se fasse remarquer celui-là…

K : aidez-moi donc à la transporter au lieu de marmonner dans votre coin !

Les deux hommes réussirent tant bien que mal à installer Simon sur deux chaises qu'ils avaient rapprochées.

K, grommelant : manquait plus que ça. (puis d'une voix sans appel, à Cardignac) : prenez la lampe et maintenez-la bien.

Ils étaient de nouveau autour de l'ordinateur, Cardignac debout aux côtés du russe en train de l'éclairer, et Kerensky cherchant toujours le moyen de les faire sortir de là.

Malgré toute sa volonté, le râleur de service avait de plus en plus de mal à rester immobile…il faisait vraiment très chaud. D'une main il desserra sa cravate, et défit les premiers boutons de sa chemise.

L'ex-agent du KGB avait remarqué la tentative désespéré de ce cher petit capitaliste pour se mettre à l'aise discrètement. C'est vrai que le bunker s'était réchauffé…très vite…trop vite à son goût. Son instinct le fit vérifier un petit détail. Bingo ! (sauf que c'est le contraire, c'est pas la joie…) c'était bien ce qu'il avait craint, le système totalement déréglé n'en faisait qu'à sa guise, et avait enclenché la climatisation, version hiver. Il n'y avait plus de temps à perdre s'ils ne voulaient pas finir déshydratés.

Quelques étages plus haut

Largo et Joy avaient élu domicile dans la chambre, seule pièce épargnée par les eaux.

L : Je commence à avoir faim, si on allait chercher quelque chose à grignoter ?

J : Je t'attends là. Ton appartement est beaucoup trop meublé à mon goût ! Je vais avoir des bleus partout demain !

Notre milliardaire se dirigea donc à tâtons vers la cuisine.
Joy en profita pour s'installer confortablement sur le lit, et laissa ses pensées vagabonder. Elle était sur les draps de Largo, à moitié dévêtue, dans l'obscurité, en tête à tête avec Largo et … Rien. Il ne tentait strictement rien ! Pas la moindre esquisse de flirt… Rien !!!

Elle, qui luttait chaque jour pour résister au charme de son patron, commençait sérieusement à mettre en doute ses propres atouts. Elle n'était donc pas assez jolie aux yeux du grand Largo Winch ? Inconsciemment, elle lui en voulait de ne pas tenter de la séduire.
Elle avait cru jusqu'à cette nuit que laisser ses sentiments prendre le dessus et avoir une relation extra professionnelle avec son patron ne pouvait que la faire souffrir. Mais elle se rendait maintenant compte que le fait de savoir qu'il la considérait seulement comme une amie et ne désirait pas pousser leur relation plus loin la blessait énormément. Elle se donnait l'air forte et indépendante, mais au fond d'elle même, elle voulait qu'il la regarde en tant que femme. Une femme sensuelle et désirable…


Une lueur la tira de ses pensées. Largo revint tenant d'un bras un plateau rempli de nourriture et de l'autre une torche improvisée.
L : regarde ! j'ai trouvé ça dans la cuisine. Pas mal pour un milliardaire ! Joy sourit à cette remarque. Décidément, il arriverait toujours à la faire rire !
Il déposa le plateau sur le lit, la lampe sur la table de nuit et s'installa près de la jeune femme. Puis chacun se régala de toutes ces bonnes choses que l'on peut trouver dans une cuisine de milliardaire, se rendant compte qu'ils étaient réellement affamés.

J : attends ! tu as un peu de lait sur la joue, dit-elle en levant la main et essuyant la trace avec son pouce. Largo ne bougea pas. Se rendant compte de l'intimité de son geste, Joy retira sa main, mais leurs yeux étaient toujours accrochés, comme aimantés par le regard de l'autre. Puis Largo se détacha de cette vision, et gêné, se leva et se dirigea vers la baie vitrée. Non, pas Joy ! Il ne pourrait jamais se pardonner de lui faire du mal. Elle était tout ce dont il avait rêvé, mais il ne pouvait franchir le pas, de peur de tout gâcher, de peur qu'elle le repousse.
L, se retournant vers Joy : tu…tu as assez mangé ? par cette question, il espérait dissiper le malaise qui s'était réinstallé. Mais il sentait bien que ses paroles sonnaient faux.

La garde du corps restée sur le lit ne répondit pas. Elle ne savait pas ce qu'il lui avait pris d'esquisser ce geste…enfin si, elle le savait, mais elle aurait dû se retenir. Au moins elle avait la réponse à ses questions. Il ne se passerait rien de plus entre Largo et elle.

Elle se leva et vint se planter devant son patron.
A cet instant, elle aperçut ce qu'elle présuma être l'objet des pensées de son patron : une photo sur la commode, parmi tant d'autres, faiblement éclairée par la lueur de la lampe. Une photo de Largo… avec Jack et Diana ! Une photo de famille en quelque sorte…une famille unie dans laquelle elle n'aurait pas sa place. C'était plus qu'elle n'en pouvait supporter.

J : je n'en reviens pas que tu ais gardé sa photo !

L : de qui ?

J, exaspérée : de Diana !!! vraiment, il faudra que tu m'expliques là…

L : mais enfin de quoi tu parles ?

J, très énervée : après tout ce qu'elle t'a fait ! te faire croire que tu étais le père de Jack ! et cette autre fois où elle t'a mené en bateau et où tu as encore risqué ta vie pour satisfaire son petit caprice !! Et encore, lors de ton voyage à…

Largo resta à écouter la jeune femme sans broncher. D'ailleurs qu'aurait-il pu répondre. Elle ne faisait que relater la vérité. Joy, elle, se laissa complètement aller et dit tout ce qu'elle avait sur le cœur.

Bunker

Kerensky s'acharnait toujours sur son clavier. Ah ! Il s'en souviendrait de cette soirée ! Prisonnier du Bunker ! Lui qui d'habitude rechignait à abandonner sa tanière ne souhaitait plus qu'une chose : SORTIR !!! L'atmosphère était de plus en plus lourde, Simon était hors service, et Cardignac semblait perdre son calme !

C : Bon ça suffit maintenant !!! Je veux sortir d'ici et tout de suite!!!

K : Et vous croyez que si j'avais les moyens de nous faire sortir d'ici, je ne les mettrais pas en œuvre ??!!! Il ne suffit pas de réciter une formule du genre Sésame ouvre-toi pour que cette fichue…

C'est alors que la porte du bunker s'ouvrit, comme pour répondre à la phrase magique de l'ex agent. Leurs yeux, trop accoutumés à la pénombre clignèrent au retour de la lumière, et finirent par distinguer Sullivan faire son apparition tel Ali Baba pénétrant dans la grotte aux milles trésors. Pour un peu le russe en aurait éclater de rire. Cardignac le regarda avec des yeux ronds, ne sachant que croire, et ne réalisant pas très bien que la porte était enfin déverrouillée. Kerensky préféra laisser Michel à ses interrogations, se disant que de toutes façons il ne comprendrait rien à ses explications informatiques.

Su : tout le monde va bien ?…oh mais quelle chaleur ici !!

K : ne vous inquiétez pas, tout devrait rentrer dans l'ordre maintenant.

C : bon puisque tout semble aller dans le meilleur des mondes, je n'ai plus rien à faire ici, fit-il avant de sortir complètement dépassé par les évènements.

Su : ne me dites pas que vous êtes restés coincé avec lui pendant tout ce temps ?

Kerensky hocha de la tête.

Su : ne le prenez pas mal, mais je suis étonné de le voir encore…enfin aussi…en forme.

K : vous n'imaginez pas à quel point je peux être patient parfois… Mais comment êtes-vous arrivés jusqu'ici en si peu de temps ?

Su : il se trouve qu'avant cette panne je descendais pour venir vous voir. Heureusement que les portes de l'ascenseur s'étaient ouvertes avant que tout ne s'éteigne parce que rester confiné dans un petit espace n'est jamais bien agréable.

Un gémissement attira leur attention.

Su : Simon ?

S : hum…me sens bizarre…

K : je crois que l'enfermement ajouté à la chaleur a eu raison de notre cher ami, expliqua-t-il à l'encontre de John. Puis à Simon : allez viens, on va allez prendre l'air, ça va te faire du bien.

S : hum…je te savais pas aussi attentionné…

Kerensky et Sullivan aidèrent le suisse à se relever et l'emmenèrent dehors.

Penthouse : chambre

Joy avait les joues rouges de colère, ses yeux lançaient des étincelles. Dieu qu'elle était belle ainsi. La lune se refléta sur son épaule nue, la manche trop grande ayant glissée sous les mouvements agités de la jeune femme, ce qui lui donnait sans le savoir une attitude provocante et extrêmement sensuelle.

Largo ne put résister plus longtemps. Il prit la jeune femme encore tremblante de colère dans ses bras et approcha son visage du sien sans hésitation.
Les reproches de la garde du corps moururent sous sa bouche autoritaire.

Le souffle court, ils s'écartèrent. Les yeux écarquillés, Joy était complètement abasourdie.

L : je ne te savais pas aussi jalouse…sourit-il
Joy n'eut pas le loisir de lui répondre. Déjà il reprenait possession de ses lèvres par un tendre baiser, le premier d'une longue série alors que leurs mains s'égaraient déjà sur le corps de l'autre en de douces caresses.

Penthouse : salon.

Simon avait reprit quelques couleurs, et le petit groupe avait décidé de rejoindre leurs deux amis afin de s'assurer que tout allait bien.

S : Largo ? Joy ?

Dans la chambre, le couple s'immobilisa. L'appréhension se lisait sur le visage de Joy. Elle n'était pas prête à partager cette nouvelle situation avec ses amis. Largo la rassura d'un regard, et après un dernier baiser, ils rejoignirent le salon, affichant une expression remplie d'innocence…

S : hey ! mais c'est ma robe !!…enfin, j'veux dire…tenta-t-il de se reprendre.

Su : comment allez-vous ? on dirait que vous avez eu quelques désagréments ici aussi…dit-il tout en examinant l'appartement.

En effet, l'eau avait fait quelques ravages : la moquette était bonne à changer, quand au canapé, il n'était même pas sûr d'être récupérable.

L : oui en effet, d'ailleurs je trouve ça extrêmement bizarre, il me semblait que Georgi vérifiait régulièrement le système de sécurité…

S :à croire qu'il…mais il se retint d'ajouter autre chose, les yeux du russe exprimant clairement qu'il risquait gros, très très gros…

S, changeant de sujet de conversation : alors ?

L et J : alors quoi ?

S, dans un sourire espiègle : bah, vous savez, vous étiez tous les deux…enfermés… dans le noir…alors je me disais…

L : qu'on en a profité pour parler et mettre au point les détails pour mon prochain déplacement.

J : oui, moi qui pensais passer une soirée loin du boulot, c'est raté.

S, déçu : ah…

J : et toi Simon, ça s'est passé comment avec Kerensky ?

Alors le suisse se fit un devoir de rapporter son calvaire, récit ponctué de quelques précisions de la part du russe…soit ce petit suisse avait la mémoire courte, soit il tentait de préserver sa dignité, mais c'était sans compter sur la loyauté de son ami face à la vérité…

Malgré l'ambiance rieuse qui s'était installée, Simon était désespéré. Tout d'abord, cela remettait en question ses talents de conspirateur. Et ensuite il avait vécu (pour rien !) un véritable enfer, devant supporter Cardignac dans un espace complètement clos et plus étroit qu'il ne l'aurait cru…oh la ! rien que d'y penser il se sentait au bord du malaise.

S, tout bas : Kerensky, fais-moi plaisir, si tu me vois approcher de tes ordinateurs la prochaine fois, assomme-moi…enfin pas trop fort.

K : ce sera avec joie cher ami…
Pauvre Simon, il ne se doutait pas un seul instant que son plan avait marché à merveille. Quelques secondes avait suffit à l'ex agent du KGB pour percevoir ces petites étincelles au fond de leurs yeux, et ces petits regards échangés discrètement, mais pas assez pour échapper à sa vigilance. Aussi décida-t-il qu'il valait mieux qu'ils s'éclipsent rapidement.

K : Bon, c'est pas tout ça, mais il va falloir que j'aille réparer les dégâts maintenant !

S : Quoi !!!! On vient à peine de quitter le Bunker où on est resté coincé des heures et toi tu penses déjà à y retourner !!!!

K : Et il me semble que tu m'as promis de m'aider…

S : MOI ???!!! Mais….

K : Oui, TOI !

Simon regarda le Russe, il avait plutôt intérêt à obéir, d'autant que c'était lui qui était à l'origine de la panne. Et puis, il n'osait même pas imaginer la vengeance de Largo, et surtout de Joy s'ils venaient à apprendre ce qu'il avait comploté !

S : Décidément tu peux plus te passer de moi !

Une fois nos deux compères partis, suivis de près par Sullivan, Joy et Largo échangèrent un regard complice, puis celui-ci s'avança vers Joy, les yeux toujours rivés sur elle. Il lui caressa la joue, puis l'embrassa timidement.
De sa main libre, il chercha l'interrupteur sur le mur, rétablissant l'obscurité dans le salon.

J : Largo…

The end