Tueur à gages


Disclaimer : Les personnages de Largo Winch ne m'appartiennent pas et c'est bien dommage ! Seul Sarah est à moi, c'est toujours un début :)

Auteur : Scilia

Archives : www.bricbrac.fr.st

Résumé : Un passage de la vie de Kerensky se situant entre son départ du KGB et son arrivée au groupe W.

Note de l'auteur : Pas de Largo, Joy ou Simon ici alors si vous n'aimez pas ce charmant Russe qui complète l'Intel Unit, passez votre chemin… non, je plaisante, restez ! Une nuit de cafard et hop le début d'une fic qui sort comme par magie (je dois trop regarder Harry Potter lol), la suite n'a mis que trois jours à suivre pour donner ceci. Merci à Raf, PetitePerle qui ont joué les cobayes et à Petitange qui a gentiment joué les correctrices. N'hésitez pas à me donner votre avis, je ne mords pas ^___^

***

Le froid était mordant mais elle n'en avait cure. Elle attendait, chaudement vêtue d'un long manteau noir, le visage dissimulé en partie par le col relevé de celui-ci. Elle porta sa cigarette à ses lèvres et inspira longuement, faisant pénétrer la fumée acre dans ses poumons avant de l'expulser en un nuage coloré. Elle n'aimait pas fumer, ne le faisait jamais, mais ce soir c'était… différent. Elle n'était pas certaine qu'il accepte de l'aider malgré sa réputation et ses antécédents mais se devait d'essayer. Encore quelques minutes et il sortirait du café russe où il avait l'habitude d'aller. Il y était, elle avait vérifié quelques minutes auparavant.

Kerensky sortit dans la nuit, relevant le col de sa veste. Il inspecta la rue et la remarqua. Poussant un soupir, il s'engagea dans les rues de Washington. La journée avait mal commencé et ne se terminait pas mieux, les charmes de Natalia l'avaient laissé froid ce soir sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. Du coin de l'œil, il la vit le suivre. Elle n'était pas discrète, ne faisait aucun effort pour passer inaperçue, ce qui l'intrigua. Kerensky profita d'un croisement pour disparaître sous un porche. L'inconnue sembla déstabilisée un court moment avant de sourire lentement.

- J'ai un travail pour vous.

La voix était claire, sans hésitation, montrant qu'elle n'était pas dupe de son petit jeu du chat et de la souris. Le Russe attendit quelques minutes avant de sortir de la pénombre. Elle se retourna lentement pour lui faire face.

- Vous devez vous tromper de personne.
- Monsieur Kerensky, ne me faites pas perdre mon temps, répondit la femme en jetant sa cigarette sur le trottoir.

Georgi l'écrasa nonchalamment tout en la dévisageant malgré la pénombre. Quelques mèches de cheveux roux s'échappaient de son chignon, son visage indistinct lui semblait familier sans pour autant qu'il ne la situe, ses yeux verts le fixaient intensément.

- Que voulez-vous ? S'enquit-il froidement.
- Que vous tuiez quelqu'un pour moi, annonça-t-elle sur le même ton.
- Rien que ça ?
- Ne tergiversons pas, vous êtes un mercenaire et avez fait bien pire par le passé pour le KGB.
- Vous devez vous tromper de personne, je suis consultant en sécurité.
- Ne jouez pas sur les mots. Vous avez été entraîné pour tuer, j'ai besoin de vous.
- Qui ?
- Sa photo est dans cette enveloppe que vous n'ouvrirez qu'après mon départ, répondit-elle en sortant quelque chose de la poche intérieure de son manteau. Il y a aussi 5 000$, je vous en donnerai dix de plus une fois que cette personne aura disparue.
- 15 000$, vous devez vraiment la détester.
- Cela ne vous regarde pas. Vous trouverez son emploi du temps et des instructions…
- Vous semblez certaine que je vais accepter, pourquoi ?
- Le travail est simple et ne vous prendra qu'une soirée,…
- Ce n'est pas ce que je vous ai demandé, protesta Kerensky.
- Parce que l'argent vous intéresse et que vous semblez avoir peu de scrupules pour le gagner, allant même jusqu'à voler vos employeurs.
- Des rumeurs…
- Fondées d'après Valensky. Il n'a toujours pas digéré la disparition du chargement des Uzis que vous deviez mener à bon port.
- J'en suis navré pour lui, fit Kerensky avec une petite moue.
- Votre réponse ?
- Non.
- Vous m'étonnez. D'un autre côté, je me doutais que vous n'accepteriez pas immédiatement. Le contraire m'aurait déçue à vrai dire.
- Vous semblez me connaître.
- Non, j'ai simplement mené ma petite enquête. On m'a dit que vous étiez le meilleur dans… votre domaine.
- Je ne suis pas un tueur à gages.
- Vous pourriez faire une exception, disons… 25 000 ?
- Ce n'est pas une question d'argent.
- C'est quoi alors ? Votre conscience ? Sincèrement, je doute que vous en ayez une, Georgi.
- Dites-moi ce que vous a fait cette personne et peut-être consentirai-je à envisager de travailler pour vous.
- Seriez-vous plus apte à défendre la veuve et l'orphelin ? Cette personne est… violente, cruelle et ne mérite pas de profiter des joies de la vie plus longtemps.
- Vous pourriez porter plainte, les policiers sont censés aider les jeunes femmes en détresse.
- Je n'ai jamais dit que j'étais sa victime.

Kerensky eut un demi-sourire et lui tourna le dos, s'apprêtant à partir.

- Très bien… c'est exact, je le suis et j'en ai assez.
- La police…
- Ne fait rien et ne fera jamais rien car il est influent. Vous connaissez l'histoire…
- Quand ?
- Demain soir.
- Le délai est un peu court pour…
- Vous vous servirez de ceci, il faut que la police le retrouve assez vite, fit-elle en lui tendant un Beretta enveloppé d'un chiffon noir.
- Je vois que vous avez pensé à tout.
- Les autres choses que vous avez besoin de savoir sont dans l'enveloppe, déclara-t-elle en la lui présentant.

Kerensky, sans savoir pourquoi, la prit sans hésitation. Il était loin d'être un chevalier blanc mais peut-être pourrait-il légèrement redorer son blason en lui venant en aide. L'argent n'était pas important mais lui permettrait d'aider quelques amis restés en Russie qui souhaitait s'installer en Amérique. Les passeurs et les faux-papiers n'étaient pas gratuits.

***

Quelques heures plus tard…

Rentré dans ce qui constituait son appartement pour les quelques jours où il résidait à Washington, Kerensky s'installa sur le sofa, une bouteille de vodka à portée de main, et ouvrit l'enveloppe que l'inconnue lui avait donné. Il contempla d'abord la photo avant de la poser sur la table basse près du Beretta. Une lettre manuscrite y était jointe, contenant les habitudes de sa cible et indiquant qu'elle serait chez elle le lendemain soir à partir de 21h. Le code de l'alarme était aussi indiqué ainsi qu'un plan de la maison. Elle avait pensé à tout mais Kerensky se promit d'y faire un tour dans la matinée.

***

Le lendemain soir

Tout était prêt. Elle savait qu'il était venu repérer les lieux un peu plus tôt, elle l'avait observé d'une des fenêtres de la villa. Il ne l'avait pas vue, du moins l'espérait-elle. Encore deux heures et le cauchemar prendrait fin. Toutes ces années de souffrance, tous ces moments où elle avait eu peur de lui, peur qu'il la viole encore, peur qu'il ne la frappe - prenant soin de le faire là où cela ne se remarquerait pas, principalement le dos - tout cela serait du passé. Une nouvelle vie l'attendait, meilleure sans aucun doute possible.

Kerensky consulta sa montre. 22h. Il était temps de passer à l'action. D'une démarche féline, il s'approcha de la porte de service et tapa le premier code sur le boîtier extérieur. Les consignes étaient claires, le personnel était réduit et ne devait subir aucun dommage. Dans ce but, le Russe s'était muni de plusieurs fléchettes anesthésiantes. Il utilisa la première sur le garde qui prenait sa pause dans la cuisine.

Il devait être dans la maison depuis une dizaine de minutes. Elle revit mentalement le trajet qu'elle lui avait indiqué ainsi que l'emplacement des différents gardes qu'il devait maîtriser avant toute chose. Elle avait choisi ce jour précisément parce qu'une partie du personnel était en congé. Encore quelques minutes, sourire, faire comme si de rien n'était pendant qu'il lisait son journal sur le fauteuil lui faisant face. Elle tourna une page de son livre, Scarlett de Alexandra Ripley, son livre préféré. Elle admirait cette femme qui, même si elle n'était qu'une héroïne de papier, trouvait assez de force pour refaire sa vie à l'autre bout du monde et faire une croix sur son amour pour Rhett. Il se moquait d'elle quand il la voyait lire ce genre de roman sentimental mais il se trompait, ce livre lui donnait la force d'attendre le jour où elle briserait ses chaînes.

Le rez-de-chaussée était maintenant sécurisé, les quatre gardes dormaient d'un sommeil artificiel. Kerensky grimpa le grand escalier qui menait à la bibliothèque. D'après les renseignements qu'il avait, il n'y avait personne mais il préféra prendre quelques minutes pour passer dans toutes les pièces. Les tapisseries, objets d'art et meubles anciens lui donnaient un élément de plus sur la personne qu'il devait tuer. Il avait fait quelques recherches et savait tout ce qu'il y avait à savoir sur elle. Il revint à la porte de la bibliothèque et tourna lentement la poignée, le Beretta dans sa main gantée. Un homme lui tournait le dos, une femme lui faisait face, un livre entre les mains. Il vit qu'elle s'était aperçue de sa présence mais ne la signala pas.

Kerensky fit encore quelques pas, l'épaisse moquette masquant le bruit de ses pas. Il appliqua la première partie du plan et endormit l'homme à l'aide d'une de ses fléchettes anesthésiantes. La femme le regardait, un léger sourire sur les lèvres. Son plan était parfait, il allait la délivrer. Elle sortit un petit papier qu'elle avait caché dans son soutien-gorge et le lui tendit. Le Russe le prit et constata qu'il s'agissait d'un numéro de compte, la deuxième partie de son paiement. Il la remercia d'un signe de tête, leva le Beretta et tira deux fois. Elle s'écroula sur le fauteuil, un léger sourire sur les lèvres. Elle était sauvée, il allait payer le mal qu'il lui avait fait.

***

Washington Post - 12 décembre 2002

Le sénateur Kingsley arrêté pour le meurtre de sa femme.

C'est avec stupeur que nous avons appris hier soir que le sénateur Charles Kingsley, pressenti pour être le prochain candidat des démocrates aux élections présidentielles, avait été arrêté par la police pour le meurtre de sa femme, Sarah MacLane Kingsley. La cause de ce meurtre n'a pas encore été déterminée mais la police nous informait qu'elle n'avait aucun doute sur l'identité du meurtrier. En effet, le Beretta du sénateur a été retrouvé non loin de sa villa de Washington avec nombres d'empreintes…

Kerensky finit son café, se leva et jeta le journal sur la table avec un billet de 5$. Il prit son sac et se dirigea vers la gare centrale. Il l'avait reconnue avant de tirer mais avait lu une telle détermination dans ses yeux… Elle voulait mourir, avait tout orchestré pour qu'il soit accusé de son meurtre sans aucun moyen de se défendre. Sa carrière était fichue et le sort qu'il allait avoir en prison… Diabolique, fut le mot qui vint à l'esprit du Russe mais… après tout ce qu'il lui avait fait subir, n'avait-elle pas eu raison de se venger ?


Fin