Vengeance


Disclaimer : Les personnages ne sont bla bla bla… à l'exception tout de même de Sasha

Saison : 1, suite possible à l'épisode " Sous le charme " durant lequel Kerensky est troublé par la présence d'une barrette rose d'enfant dans le bunker. Il finit par avouer à Joy que lors de sa dernière mission pour le KGB, un attentat à la voiture piégée, il a tué sa cible mais aussi sa petite fille de 8 ans.

Résumé : Sasha a embauché une nouvelle secrétaire qui va forcer Kerensky à faire face à une de ses anciennes missions au KGB.

Genre : Drame, kleenex, espoir

Archives : www.bricbrac.fr.st

Auteur : Scilia, la seule, l'unique, toujours aussi sadique et non, j'ai pas honte ^____________^

Note de l'auteur : Cette fic reprend le concept de la famille Kerensky avec Sasha et leurs enfants que j'ai introduis dans mes fics Sasha et Paolo, j'ai gardé quelques petites choses dont leur appartement situé dans le groupe W. J'ai eu l'idée de cette fic après avoir fait une séance de bavage sur la première saison. Mon personnage préféré étant Kerensky, le voir souffrir autant à cause de cette erreur du passé n'a pu que me le faire aimer encore plus et le " torturer " dans cette fic. Merci à Raf d'avoir suivi l'évolution de cette fic via msn et d'avoir râlé quand c'était triste, c'est très motivant lol. N'hésitez pas à laisser des commentaires, bons ou mauvais, ça fait avancer. Bonne lecture J

***

Kerensky sortit de l'ascenseur et se dirigea vers le bureau de Sasha. Il frappa à la porte et fit face à une secrétaire qu'il ne connaissait pas. La femme leva les yeux de son écran et retint son souffle. Elle l'avait enfin retrouvé. Elle se força à adopter un sourire mécanique avant de lui demander ce qu'il voulait.

- Je viens voir Sasha, je suis son mari, déclara Kerensky.
- Excusez-moi mais… qui me prouve que vous dites vrai ?
- Je comprends pourquoi elle vous a engagé, fit-il avec un sourire, appelez-la, elle vous le confirmera.
- Mme Kerensky est en rendez-vous avec Monsieur Winch, je ne peux pas…
- Comment vous appelez-vous ?
- Natasha, répondit la secrétaire intriguée.
- Un joli prénom. Vous voulez bien l'appeler, Natasha, Largo et Sasha ne vous en voudront pas, je vous l'assure.

La porte du bureau s'ouvrit au même moment sur un Largo hilare, Sasha le suivait l'air indigné.

- Si jamais tu oses faire cela, je… je ne sais pas ce que je te ferais mais tu t'en repentiras, fit Sasha faussement en colère.
- Je ne vois pas pourquoi, tu serais superbe en reine de beauté.
- Largo, je t'interdis de… chéri, fit-elle en se rendant compte de la présence de Kerensky.
- Qu'as-tu encore inventé pour faire enrager ma femme, demanda le Russe amusé.
- Il veut m'inscrire à un stupide de concours de beauté, Miss cadre 2002 !
- Mmm… les candidates défilent en maillot de bain ? S'enquit Kerensky.
- Je crois que oui, fit Largo ravi de voir le Russe prendre son parti.
- Elle est superbe en maillot de bain.
- C'est bien ce que j'imaginais et ça permettrais au groupe W de montrer qu'on peut aussi plaisanter et que…
- Si jamais tu fais cela, je te promets d'inscrire Joy ! Menaça Sasha.

Largo fit mine de réfléchir, imaginant déjà sa femme vêtue d'un de ses mini maillots de bain qu'il avait aperçu dans Cosmopolitan.

- Je crois que l'on va se régaler, Georgi, fit Largo en souriant.
- Tu n'avais pas une réunion ? Fit Sasha en décidant de jouer la carte de l'indifférence.
- Si, Sullivan doit m'attendre. J'ai ton autorisation, Kerensky, pour l'inscrire ?
- Bien sûr, répondit le Russe en souriant.

Largo partit en riant, il adorait faire enrager Sasha qui le lui rendait bien. Natasha n'avait pas perdu une seule miette de la conversation, tout en faisant semblant de travailler. Elle regarda le couple entrer dans le bureau. Comment pouvait-il être si heureux alors qu'elle souffrait autant ? Cinq années avaient passé mais elle n'avait pas pu oublier. La douleur était toujours aussi forte et une seule chose pouvait la faire taire, la mort de l'homme qui avait assassiné sa famille.

***

Sasha quitta les lèvres de son mari et le regarda en souriant. De petites rides commençaient à apparaître sur son visage et Sasha trouvait qu'elle le rendit encore plus sexy. Elle lui en fit part et il la serra contre lui.

- Cela veut dire que tu m'aimeras toujours quand j'aurais les cheveux blancs, une canne et que je ne pourrais plus satisfaire ton corps de déesse qu'une fois par mois ? Demanda-t-il en l'embrassant dans le cou.
- Georgi, protesta-t-elle doucement, je t'aimerai même quand tu seras devenu un vieux râleur ce que tu commences à être d'ailleurs, fit-elle en passant la main dans les cheveux longs de son époux.
- Oui mais je peux encore te satisfaire. D'ailleurs… on n'a jamais fait l'amour dans ton bureau, murmura-t-il en lui mordillant le lobe de l'oreille.

***

Natasha regarda Kerensky sortir du bureau, un sourire sur les lèvres, quinze minutes plus tard. Il allait atteindre la porte donnant sur le couloir quand Sasha apparut brusquement.

- Georgi !
- Oui, fit-il en se retournant.
- J'ai oublié de te prévenir, il faut que tu ailles chercher Selena, j'ai une réunion avec Del Ferril à 17h.
- D'accord mais elle passera un moment avec moi au bunker, j'ai un travail à finir.
- Par contre, je ne sais pas à quelle heure…
- Ne t'inquiètes pas, je n'en aurai pas pour longtemps. Je lui donnerai son bain et la ferai manger. Tu as des nouvelles de Georgi ?
- Il m'a appelé ce midi et nous remercie encore de l'avoir laissé aller chez son ami suisse. Ses vacances ont l'air de bien se passer et il avait vraiment envie de revoir ses camarades du pensionnat.
- Tant mieux, fit Kerensky la mine un peu sombre.
- Hey, fit Sasha en approchant, il va certainement t'appeler. Laisses lui un peu de temps pour se rendre compte que tu avais raison.
- J'en doute.
- Georgi, c'est ton fils et il t'aime mais la naissance de Selena l'a un peu… bousculé.
- Anna a presque un an, répondit-il peu convaincu en reprenant le surnom de leur fille.

Kerensky soupira, Sasha repoussa doucement une mèche de cheveux blonds et l'embrassa devant Natasha qui jugea que le moment était venu. Kerensky serait seul avec sa fille dans le bunker. Une aussi belle occasion ne se représenterait pas avant longtemps. Sa résolution était prise mais elle s'en voulait un peu de la peine qu'elle allait faire à Sasha. La jeune femme n'était pas responsable de ce que son mari avait fait mais il fallait qu'il paye malgré tout.

***

Kerensky releva le nez sur l'écran de son ordinateur qui venait de lui sortir un nom intéressant. Il posa un instant un biberon sur le bureau et tapota sur le clavier d'une main.

- Attends un instant, Anna, papa doit vérifier quelque chose.

La petite gazouilla tout en essayant d'attraper les cheveux longs de son père. Elle décida soudainement qu'elle n'aimait plus la position allongée et s'assit sur le genou de Kerensky avant de taper vivement sur son clavier.

- Anna ! S'exclama Georgi en souriant. Tu es encore un peu petite pour ce genre de programme mais papa a autre chose de très bien pour toi.
- Pe-pa ah, fit la petite en tapant dans ses mains.

Kerensky s'esclaffa devant l'air ravi de sa fille. Il la mit debout sur ses genoux de manière à ce qu'elle soit à sa hauteur. Les mains d'Anna furent ravies d'attraper les lunettes de son père. Il les lui ôta et l'enfant se vengea en lui tirant les cheveux.

- Tiens, on a de la visite, lui dit Kerensky en appuyant sur un bouton de son clavier découvrir l'identité du visiteur.

Il fut surpris de découvrir la secrétaire de Sasha, une grande enveloppe dans la main. Georgi se leva, cala sa fille contre son épaule et alla ouvrir. Il sortit dans le couloir en bloquant la porte du pied.

- Natasha, il y a un problème ?
- Non, j'ai juste ceci à vous remettre, fit-elle en montrant l'arme qu'elle tenait caché derrière l'enveloppe kraft.
- Qu'est-ce que…
- Entrez, ordonna-t-elle froidement.

Le Russe ne chercha pas à contrarier la secrétaire, il ne voulait pas mettre Anna en danger. La petite gazouillait dans les bras de son père, inconsciente du danger.

- Asseyez-vous !
- Si c'est de l'argent que…
- Cela n'a rien à voir avec l'argent, monsieur Kerensky, affirma Natasha.
- Alors que voulez-vous ?
- Me venger, me venger de ce que vous avez fait à ma famille, déclara-t-elle d'un ton haineux.
- Je ne vois pas de quoi…
- Ne niez pas, je sais que vous avez fait parti du KGB. Je sais que c'est vous qui avez piégé la voiture de mon mari à Madrid. J'ai mis longtemps à vous retrouver mais vous allez enfin payer pour la mort de ma petite fille.

Les derniers mots plongèrent Kerensky dans ses souvenirs, un flot d'images apparut. Il se revit poser la charge de plastique sous la voiture, l'image suivante fut une formidable explosion puis il avait remarqué quelque chose sur le sol, au milieu des débris, une barrette rose. Une barrette d'enfant et il avait su qu'il avait fait une erreur, il venait d'assassiner une petite fille en même temps que le salaud qui lui servait de père.

- Je lis dans votre regard que vous savez de quoi je parle, fit Natasha.
- Je suis désolée.
- Ne mentez pas ! Vous êtes un homme sans cœur, j'ai suivi votre… carrière. Vous avez assassiné des dizaines de gens sans le moindre scrupule !

La porte du bunker s'ouvrit et Sasha entra sans remarquer la présence de Natasha.

- Coucou, je voulais juste faire un bisou à Selena avant de… Natasha, que vous faites là ? S'exclama Sasha en remarquant la jeune femme.
- Asseyez-vous près de votre mari, fit-elle en indiquant un siège de son arme.
- Non, expliquez-moi d'abord ce que…
- Sasha, la coupa Kerensky, fait ce qu'elle te dit.

Sasha rapprocha un siège et obéit. Georgi lui donna leur fille qui se débattait pour rejoindre sa mère.

- Elle est au courant ?
- Non.
- Au courant de quoi ? Demanda Sasha.
- Votre mari a tué ma fille, lança Natasha d'une voix froide.
- Georgi ? Non, c'est impossible, vous devez faire une erreur ! S'exclama Sasha.

Kerensky regarda sa femme droit dans les yeux et elle sut ce qu'il allait lui dire avant que les mots ne franchissent ses lèvres.

- Elle dit vrai. C'est la seule erreur que je n'ai jamais faite.
- Une erreur ! Ma fille n'était pas une erreur ! Elle se trouvait dans la voiture de son père parce qu'il devait la déposer à l'école !
- Je ne le savais pas. Je l'ai suivi pendant trois jours et il ne dérogeait pas à son emploi du temps, raconta Kerensky d'une voix monocorde. J'ai décidé d'agir le quatrième jour. Faire exploser sa voiture m'a paru la meilleure solution.

Sasha n'ignorait pas que son mari était un ancien agent du KGB mais elle fut stupéfaite par cette histoire qui ressemblait si peu au comportement de l'homme qu'elle connaissait et qu'elle aimait.

- Seulement ce matin là, je n'ai pas pu accompagner ma fille car j'étais malade. Vous m'avez pris la seule chose qui me permettait de supporter mon mari et la vie que je menais. Vous avez tué Sofia !

Sasha serra un peu plus sa fille contre elle. Elle comprenait la douleur de Natasha et son envie de vengeance. Sasha n'avait aucune idée de la manière dont elle réagirait si on faisait du mal à ses enfants mais l'homme dont elle voulait se venger était son mari et elle ne pouvait pas rester sans rien faire. Il avait beau avoir commis des actes odieux, il avait changé et n'était plus l'agent froid du KGB que s'imaginait Natasha.

- Vous allez faire quoi, le tuer ? Vous pourrez vivre avec sa mort sur la conscience, Natasha ?
- J'attends ce moment depuis cinq ans ! Je suis navrée Sasha, j'ignorais qu'il avait une famille maintenant mais cela ne change rien. Je dois le tuer.
- Pas ici, c'est la seule chose que je vous demande, fit Kerensky.
- Georgi ! S'indigna Sasha en voyant qu'il acceptait la vengeance que cette femme demandait.
- J'assume mon passé et j'ai tué son enfant, Sasha. Je n'ai aucun excuse, aucun moyen de le lui rendre.

Natasha fut surprise de la réaction du russe. Elle s'était attendue à ce qu'il nie, qu'il la supplie de l'épargner mais tout ce qu'il lui demandait, c'était de ne pas le tuer devant sa femme.

- Vous ne pouvez pas tuer cet homme, il a changé !
- Il est toujours l'homme qui a tué Sofia, protesta Natasha.
- Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé mais le tuer, ne fera pas revivre votre fille, assura Sasha.
- C'est exact mais j'aurais rempli mon rôle de mère, j'aurais vengé sa mort !
- Nous allons sortir de cet immeuble et…, commença Kerensky.
- Non, cria Sasha en colère de voir qu'il acceptait qu'elle le tue sans mot dire.

Sasha ignorait que Kerensky ne s'était jamais remis de son erreur. Le souvenir de l'enfant revenait souvent le hanter, surtout depuis la naissance de Selena. Il avait passé des heures et des heures à chercher s'il avait pu empêcher ce meurtre. Il rejouait le scénario dans sa tête, arrêtant l'explosion quelques secondes avant l'inévitable, au risque de se faire tuer par les hommes de sa cible. Les remords étaient toujours présents même s'ils s'étaient atténués avec les années. L'affaire avec Grichenko l'avait soulagé dans un sens car il avait quitté le KGB, la Russie et Anya pour refaire sa vie, tenter de tirer un trait sur son passé, tout en servant de ses compétences pour truander la mafia. Kerensky se souvint des mots d'Anya la dernière fois qu'il s'était vu. Elle lui avait demandé s'il avait réussi à combler le vide qui était en lui. Ce n'était pas le cas à l'époque, Sasha n'ayant pas encore réapparu dans sa vie. Anya lui aurait reposé la question depuis qu'il était marié avec elle, il aurait encore répondu non, pas totalement. Les trafiquants et autres mafieux qu'il avait tué l'indifféraient, ces hommes étaient cruels et ils avaient mérité leurs sorts mais cette enfant… Joy avait compris la seule fois où il s'était laissé aller à lui en parler. Une simple barrette rose avait réussi à faire remonter ses souvenirs douloureux. Il s'était trouvé stupide après que Sullivan lui avait avoué qu'elle appartenait à sa nièce. Kerensky avait presque failli croire que le fantôme de la petite était revenu le hanter.

- Allons-y, ordonna Natasha d'une voix qui n'était plus aussi sûre.

Sasha sentit son cœur se serrer. Il fallait qu'elle trouve quelque chose pour les empêcher de partir. Elle voyait la main de Natasha trembler légèrement. L'attitude Georgi avait déstabilisé la jeune femme, Sasha chercha un moyen d'en profiter.

- Il n'est plus l'homme qui a tué votre famille.
- Sasha, restez en dehors de cela, répondit Natasha.
- Vous allez tuer mon mari et vous voulez que je reste sans rien dire ! Je comprends ce que vous ressentez, j'ai deux enfants et je mourrais si on les tuait mais me venger ne servirait à rien. Il faut faire votre deuil.
- Non, seul la vengeance peut m'apporter satisfaction.
- Vous vous trompez ! Vous souffrirez toujours parce rien n'effacera les souvenirs que vous avez, rien ne permettra plus à votre enfant de vous embrasser, de vous sourire, rien ne ramènera votre bébé à la vie, fit Sasha au bord des larmes.

Natasha la considéra d'une manière étrange. De quoi voulait parler la Russe ? Sofia avait 8 ans quand elle avait été assassinée. La secrétaire regarda Kerensky qui semblait ignorer de quoi il retournait.

- Vous ne comprenez pas et vous pourrez raconter tous les mensonges que vous voudrez, cela ne me fera pas changer d'avis. Il doit payer pour son crime !
- Vous aller le tuer et après ? Vous pensez que vous pourrez reprendre le cours normal de votre vie ? Vous pensez que vous pourrez ignorer les images qui surgiront à n'importe quel moment, rappelant ce que vous avez fait ? Et les remords… les remords qui vous prendront au beau milieu des nuits ou vous ne pourrez fermer les yeux car dès que vos paupières se fermeront, vous revivrez la même scène encore et encore.

Les mots sortaient sans que Sasha n'arrive à les arrêter, elle pleurait en serrant Anna contre elle. Elle confia sa fille à Georgi et s'avança vers Natasha qui la menaça de son arme.

- N'approchez pas !
- Ne faites pas cela, vous ne vous en remettrez pas. La culpabilité vous dévorera, jour après jour. Vous ne penserez plus qu'à ce que vous avez fait, vous chercherez tous les moyens possibles pour oublier que vous avez tué un homme, le meurtrier de votre enfant. La vengeance vous paraîtra dérisoire en comparaison de votre statut de meurtrière. Parce que vous ne serez plus la mère qui souffre de la mort de son fils mais l'assassin d'un autre assassin, vous ne vaudrez pas mieux que lui.
- Ça suffit !
- Non ! Cela ne s'arrêtera jamais. Le cycle continuera, même après quinze ans. Vous repensez à tout cela avec honte et un dégoût de vous-même que vous ne pouvez pas imaginer.
- Vous ne savez pas de quoi vous parler ! Cria Natasha.
- Oh si je le sais ! Mon fils devrait avoir 15 ans, murmura Sasha d'une voix à peine audible. Je n'ai même pas eu le temps de lui donner un nom… Il avait une semaine quand… (sa voix sa cassa)… Yuri, l'homme qui a tué mon bébé s'appelait Yuri… Je l'ai tué comme vous voulez tuer mon mari…
- Quelle est la différence ? Ce sont des assassins tous les deux !
- Non, Yuri était un homme cruel qui a tué mon enfant parce que… simplement parce qu'il pleurait un peu trop fort ! Georgi a fait une erreur qu'il reconnaît, il a changé de vie et je suis sure qu'il donnerait la sienne si cela pouvait vous rendre Sofia.

La porte du bunker s'ouvrit et Joy entra. Son sourire se figea et elle porta la main à son arme en voyant Sarah menacée par Natasha. Kerensky lui fit un discret signe de la tête pour l'empêcher d'agir. Les deux femmes ne l'avaient pas entendu entrer. Joy comprit et suspendit son geste.

- Je dois le faire ! Dit Natasha d'une voix tremblante.
- Non, répondit Sasha doucement, quand… quand je l'ai tué, j'ai été soulagé sur le moment mais… mon bébé n'est pas revenu à la vie… j'ai pris conscience de mon geste quand j'ai nettoyé le sang que j'avais sur les mains… il n'y a pas un jour où je ne pense à mon enfant et ce que j'ai fait… mes enfants, Georgi et Selena, m'apportent énormément de choses mais je ne pourrais jamais oublier mon bébé… j'espère qu'ils n'apprendront jamais que leur mère est une meurtrière. Les choses sont différentes en Russie, j'ai pu échapper à la prison mais vous, Natasha, pourrez-vous supporter d'être enfermée pour le reste de votre vie ?

Kerensky et Joy constatèrent que la question laissa la jeune femme perplexe. Elle avait songé à sa vengeance, avait tout mis en œuvre pour retrouver Georgi mais n'avait apparemment pas pensé à la suite. Que ferait-elle après l'avoir tué ? Natasha était touchée par les paroles de Sasha mais se refusait à la croire. Elle ne cherchait qu'à protéger son mari, l'assassin de sa fille. Sa petite Sofia, le seul rayon de soleil dans cette vie de cauchemar qu'elle menait avec Piotr. Elle était battue, violée, mais elle supportait tout cela sans rien dire pour pouvoir garder sa fille avec elle. Sa prise se raffermit sur l'arme qui était à la hauteur de la poitrine de Sasha.

- Vous mentez !
- Non, je vous ai dis la vérité. J'ai assassiné l'homme qui a tué mon enfant et si vous voulez vraiment tuer quelqu'un… rendez-moi service, tuez-moi. Je ne veux plus de ces remords, je ne veux plus essayer d'imaginer à quoi ressemblerait mon fils !

Natasha sentait sa volonté plier devant cette femme qui lui ouvrait son cœur mais elle ne pouvait pas lui pardonner, elle ne le voulait pas. Sofia, sa douce Sofia avec ses boucles brunes et son si jolie sourire.

- Reculez ! Ordonna Natasha en constatant que Sasha s'était rapprochée d'elle.

Sasha obtempéra sans quitter la jeune femme des yeux, elle la quitta un instant du regard en entendant du bruit derrière elle et fit un pauvre sourire à Joy. Natasha profita de cette seconde pour appliquer la seule issue qu'elle avait trouvée. Elle allait revoir Sofia. Cette pensée la réconforta pendant qu'elle levait l'arme sur sa tempe. Sasha se retourna au moment ou Natasha tira. Elle poussa un cri et se précipita sur sa secrétaire. Kerensky bondit sur Joy pour lui confier Selena et alla retrouver Sasha. La jeune femme ne pouvait empêcher ses larmes de couler tandis qu'elle caressait les cheveux de Natasha.

- Je ne voulais pas…
- Sasha, c'est de ma faute. J'ai fait ce qu'elle a dit, j'ai tué Sofia et maintenant sa mère, murmura Kerensky en s'accroupissant.
- Non, fit Sasha en se blottissant entre ses bras. Tu n'es plus cet homme, tu as changé, tu agissais sur les ordres du KGB et Sofia n'aurait pas dû être là.
- Cela ne change pas le résultat… elles sont mortes par ma faute, dit Kerensky en se relevant.

Le Russe se dirigea vers la sortie sans même remarquer Joy qui parlait au téléphone en essayant de calmer Selena.

- Georgi ! Cria Sasha en le regardant partir.

Il ne se retourna pas et disparu dans le couloir tandis que Sasha se blottissait contre le mur. Elle ramena ses jambes contre elle et les entoura de ses bras avant d'éclater en sanglot. Joy s'assit près d'elle et lui posa le bras sur les épaules, tenant toujours Selena contre elle. La petite tentait de rejoindre sa mère, elle avait une étrange expression sur le visage. Anna attrapa une mèche des cheveux roux de sa mère et la tira doucement. Sasha releva la tête et lui sourit à travers ses larmes. La russe prit sa fille dans ses bras et la serra contre elle, tentant de calmer ses pleurs. Joy se leva en apercevant Largo et Simon qui venaient d'entrer. Elle leur expliqua rapidement la situation. Simon alla attendre la police dans le hall tandis que Largo accompagnait Sasha à son appartement. Joy jugea utile d'appeler un médecin pour Sasha mais cette dernière refusa avec véhémence.
- Je vais rester un peu avec toi, fit Largo doucement en tapant le code de l'appartement de Sasha.
- Non, murmura Sasha qui se raccrochait à sa fille pour ne pas sombrer dans la déprime.
- Sasha, tu…
- Largo, s'il te plait, n'insistes pas.

Le milliardaire la regarda un long moment avant de prendre la mère et la fille dans ses bras. Il posa un baiser sur la joue de Sasha et la laissa entrer chez elle.

***

La vie jouait de drôle de tour, songeât Kerensky en vidant son verre. Il ne savait pas depuis combien de temps il était assis dans ce bar, ni combien de verres il avait bu, mais il n'était pas ivre. Un homme passa la porte et le Russe soupira.

- On peut dire que tu es dur à trouver, dit Largo en s'asseyant sur le tabouret voisin.
- Sans doute parce que je ne voulais pas être retrouver, cracha Kerensky en se versant une autre vodka.
- Georgi, je sais ce que…
- Non, tu ne sais pas justement. Et si tu es venu pour jouer les psychologues, tu peux repartir immédiatement.
- Je suis venu parce que ta femme est inquiète, déclara Largo en espérant le faire réagir.

Sasha… Comment pourrait-elle encore l'aimer sachant ce qu'il avait fait ? Elle devait le haïr pour avoir agit comme ce Yuri dont elle avait parlé. Kerensky ignorait tout de cette histoire, elle ne lui en avait jamais parlé comme il ne lui avait jamais parlé de Sofia. Il aurait dû être avec elle, la réconforter, la rassurer mais il avait peur. Peur de lire dans son regard qu'il la dégoûtait, peur qu'elle le repousse.

- Dis-lui que je vais bien, murmura le Russe en regardant son verre.
- Je ne suis pas là pour faire tes commissions, rétorqua Largo en commandant un whisky.
- Alors sors de ce bar, fit-il froidement.
- Je suis un client, tu permets que je boive mon verre, répondit Largo en le levant à sa santé.

Kerensky poussa un long soupir et ferma les yeux. Il savait exactement ce que le milliardaire était en train de faire, le pousser dans ces derniers retranchements pour qu'il lui parle, qu'il accepte de lui raconter ce qui c'était passé dans le bunker.

- Largo, c'est un conseil d'ami, laisses moi, ordonna Kerensky en sortant de quoi payer ses consommations.

Le Russe sortit du bar et s'enfonça dans la nuit. Largo paya son verre rapidement et le suivit.

- C'est une belle nuit pour se promener, fit Largo quand il arriva à sa hauteur.
- Je t'ai dit de…
- Oui et moi j'aimerais savoir ce que je dois dire à Sasha !
- Rien, elle sera beaucoup mieux sans moi.
- Si c'est vraiment ce que tu veux, tu vas aller le lui dire en face, Georgi !
- Ce que je fais avec ma femme ne te regarde pas, rétorqua le Russe en haussant la voix.
- Ah, c'est ta femme maintenant ! Et tes enfants, tu y as pensé ? Elle va leur dire quoi ? Papa est parti parce qu'il ne vous aimait pas assez pour vivre avec nous ?

Largo ne vit pas le poing de Kerensky partir, il le reçut dans l'abdomen et se plia en deux en souriant légèrement. Il avait enfin une réaction de la part de Georgi, tout n'était pas perdu. Largo riposta en envoyant une droite au Russe qui ne l'esquiva pas et fut frappé à la mâchoire. Largo fut surpris qu'il ait laissé passé ce coup mais ne chercha pas et attrapa Kerensky à bras le corps.

- Je ne veux pas me battre avec toi, Georgi !
- Ah non, alors qu'est ce que tu veux ? Répondit-il en évitant le poing de Largo.
- Que tu rentres chez toi, que tu parles à ta femme et que vous arriviez à tourner la page sur cette histoire !
- C'est impossible, tu ne peux pas comprendre, répliqua-t-il en envoyant Largo dans des poubelles.

Largo s'étala dans un bruit de ferraille et frotta sa joue endolorie. Kerensky le regardait, les cheveux en bataille, et vint l'aider à se relever. Largo lui donna la main et tira de toutes ses forces. Georgi se retrouva à coté du milliardaire qui lui donna un coup sur la tête.

- Espèce de tête de mule, tu ne sais toujours pas qu'elle t'aime !
- Ne…
- Non, ça suffit Kerensky. Pour une fois tu vas obéir à un ordre de ton patron, tu vas rentrer chez toi et parler à ta femme, non de dieu !

***

Kerensky poussa doucement la porte de son appartement. Les lumières étaient éteintes et il n'entendait aucun bruit. Il se dirigea vers leur chambre et constata que le lit était vide. Son intuition le prévint que quelque chose de grave se passait. Il entendit un léger reniflement et vit une faible lumière sous la porte de la salle de bain. Il l'ouvrit lentement et découvrit Sasha, assise sur le carrelage froid, vêtue d'un vieux pull qui lui appartenait. Il fit quelques pas vers elle mais elle ne sembla pas le remarquer. Ses yeux étaient clos mais Georgi pouvait voir les larmes inonder le visage de sa femme. Il marcha sur quelque chose de dur et baissa les yeux. D'un bond, il se précipita sur Sasha et lui ôta un tube de comprimé des mains.

- Sasha ! Cria-t-il en la secouant doucement.

Son esprit réfléchissait à toute vitesse, essayant de se rappeler les effets à haute dose de ce type de barbiturique. Il allait se précipiter sur le téléphone quand elle ouvrit les yeux.

- Je… je n'ai pas pu, fit-elle en éclatant en sanglots.

Kerensky s'assit sur le sol et la prit dans ses bras. Il la berça un long moment en lui murmurant des paroles apaisantes, en lui expliquant qu'elle ne devait pas se sentir responsable de la mort de Natasha, qu'il avait besoin d'elle, que leurs enfants avaient besoin d'elle. Les mots se mêlaient et il finit par ne plus pouvoir sortir une phrase correcte. Les rôles s'inversèrent et se fut Sarah qui le rassura en lui expliquant qu'elle se doutait qu'il avait dû faire des choses horribles quand il était au KGB mais que cela n'avait pas d'importance pour elle, qu'elle aimait l'homme qu'il était devenu et qu'elle le respectait, que la mort de Sofia était atroce mais que se culpabiliser ne la ferait pas revivre. Sasha remplaça les mots par des baisers, les baisers devinrent caresses et les caresses les amenèrent à vouloir se prouver, de la seule manière qu'ils le pouvaient, à quel point ils tenaient l'un à l'autre. Leurs gestes étaient maladroits, précipités et hésitants à la fois. Le moment était tellement intense qu'ils ne s'embarrassèrent pas de préliminaires, leurs corps s'appelaient l'un l'autre. Ils s'unirent sauvagement, avec une passion et une rage qui les marqua à jamais. Ils savaient désormais que malgré leur douloureux passé, ils se faisaient confiance et s'aimaient au-delà de ce qui était descriptible.


Fin