La vie sans lui et après !
Elle poussa la porte du Bunker, et ce fut sans surprise qu'elle vit Kerensky, Simon à côté. L'ambiance n'était pas la même. L'ambiance n'était plus la même. Elle n'était plus la même depuis l'accident de l'avion qui emmenait Largo et Cardignac près des îles Fidji, afin de signer un contrat. Les recherches avaient duré cinq semaines. Cinq semaines où l'on espérait que Largo reviendrait. Même Cardignac. Ils espéraient. Et puis ils avaient dû arrêter les recherches. Sullivan les avaient convoqués dans son bureau pour leur annoncer la nouvelle. 2 mois et quelques semaines auparavant - Asseyez-vous s'il vous plaît, les invita Sullivan. Et il partit en claquant la porte, les larmes au bord des yeux. Kerensky était triste. Triste et déçu. Triste d'avoir perdu un ami cher, et déçu de n'avoir pas réussi à le retrouver, malgré tous les efforts qu'il avait fournis, toutes les nuits blanches qu'il avait passées, toutes les heures d'attentes, tout ça pour rien. Ou pour une réponse qu'aucun d'eux ne voulait entendre. Il avait tourné le regard vers Joy. Elle semblait accuser le coup, mais incapable de prononcer un mot. Il était mort. MORT. MORT. Ce mot résonnait dans sa tête. Largo. Mort. Non. Son esprit refusait d'assimiler l'information. - Joy ? l'appela Sullivan Largo. Mort. Enterrement. Ces mots résonnaient encore et toujours. Il se dirigea vers la porte, mais s'arrêta, et attendit. Joy ne bougeait pas. Il l'appela. Une deuxième fois, et elle leva la tête. La garde du corps avait regardé John une dernière fois, et était partie au Penthouse, sur la terrasse. Une terrasse qui resterait désespérément vide à présent. Pourquoi tous ceux qu'elle aimait mouraient ? Qu'est-ce qu'elle avait fait ? Elle se laissa glisser contre le mur, et attendit, les yeux dans le vide. Qu'attendait-elle ? Elle-même était incapable de le dire. Peut-être que le temps passe, ou peut-être attendait-elle de se réveiller en sursaut en se rassurant que tout n'était qu'un cauchemar Combien de temps avait passé ? Personne n'aurait su le dire. Lorsqu'une main se posa sur son épaule - Largo ? demanda-t-elle, pleine d'espoir. Mais ce fut le sourire triste de Simon qui lui répondit. - Oh ! Excuse-moi Simon
Il attendit un moment, retenant les larmes qui menaçaient de couler, puis il reprit : - Joy
Ils auraient bien ri de la plaisanterie, mais ils ne s'en sentaient pas capables. *** Il tourna sur lui-même. Une plage de sable blanc, une mer turquoise, une forêt tropicale... Mais où diable se trouvait-il ? Ou plutôt, la question était : que s'était-il passé ? Il se souvenait du voyage d'affaire qu'il avait dû, à son plus grand dam, faire avec Michel. Ils étaient dans le jet quand tout à coup, alors que pour une énième fois, lui et son employé se chamaillaient pour un rien, il y avait eu de fortes turbulences. Tandis que Cardignac pestait, lui s'était inquiété. Et à juste titre, s'il en jugeait par sa position présente. Le pilote les avait prévenus qu'une des ailes de l'appareil avait un problème. Mais en regardant par un hublot, Largo avait bien vu que le problème était de taille. L'aile était en feu. Le co-pilote avait alors pris la parole pour les avertir qu'ils devaient s'asseoir et boucler leurs ceintures de sécurité. Ils allaient tenter d'amerrir. Ensuite ensuite tout était flou dans sa mémoire. Un choc. Violent, extrêmement violent. Puis, ça avait été le trou noir. Il s'était réveillé dans l'eau, à une centaine de mètres de cette île. Il avait rapidement nagé jusqu'au rivage, par crainte des requins dont grouillaient certainement les alentours. Où étaient les autres ? Il scruta encore la plage, inquiet de leur sort. Ne voyant rien, il émit l'hypothèse qu'ils auraient pu être rejeté autre part sur l'île. Il se mit en marche, et rencontra par endroit des débris métalliques. L'un d'entre eux portait le sigle du Groupe W. Il resta un instant à le regarder. Ses amis le cherchaient-ils ? Sûrement. Le trouveraient-ils ? Il déglutit difficilement. Il fallait qu'ils le fassent. Il avait besoin d'eux. Il soupira et continua sa route, plus inquiet qu'avant. Au bout d'une dizaine de minutes, il distingua à l'horizon une forme foncée. Il courut vers elle. C'était Michel. Il prit son pouls et fut soulagé en constatant qu'il en avait bien un. Le président de la Winch Air était simplement évanoui. Il le traîna un peu plus haut sur la plage et se pencha sur lui. Un sourire un tantinet mesquin apparut sur son visage. Il gifla le pauvre homme inconscient qui finit par ouvrir les yeux. - Mais qu'est-ce que
maugréa-t-il. Il se leva et tendit la main à l'autre pour qu'il en fasse de même. Celui-ci, dont la fierté ne permettait pas une quelconque aide extérieure, se redressa difficilement. Sous le regard amusé de son patron, il entreprit de débarrasser son costume des grains de sable qui constellaient le tissu séché au soleil. Lorsqu'il fut satisfait, il eut une moue agacée et regarda autour de lui. - Où sommes-nous ? Il commença à partir. Largo se tourna vers lui, de la colère dans les yeux. - À moins que vous ne sachiez comment construire un avion avec
du bambou et du sable, je crains que nous ne devions en effet séjourner
ici. Le PDG secoua lentement la tête et se remit en marche vers la forêt. - Largo ! Largo ! Attendez-moi ! Ils construirent un semblant de cabane en quelques heures, Michel pestant constamment après les matériaux et l'absence de clous et de marteaux. Malgré ses efforts pour garder son sang froid, le jeune homme craqua au bout d'une bonne demie-heure. - Michel, taisez-vous ou je vous jette au requins ! hurla-t-il, à bout de nerfs. Cardignac se tut immédiatement, sachant que le milliardaire était parfaitement capable de mettre sa menace à exécution. Le soir venu, ils s'étendirent sur les nattes en feuilles de bambou et regardèrent le plafond de leur petit abri de fortune. - Vous croyez qu'on va nous retrouver ? demanda doucement Cardignac en
tournant la tête vers son compagnon d'infortune. Ce dernier acquiesça lentement et s'endormit. Mais incapable de fermer l'il, Largo sortit de la petite cabane et alla s'asseoir sur la plage, baignée par la lueur de la pleine lune. Il leva la tête vers les étoiles, nombreuses par milliers. Ses amis étaient-ils déjà au courant de l'accident ? Sans doute, oui. Le croyaient-ils mort ? Et s'ils ne les trouvaient pas ? Qu'adviendrait-il d'eux ? Livrés à eux-mêmes, survivraient-ils ? Submergé par ces questions auxquelles il ne pouvait avoir de réponse immédiate, il s'étendit sur le sable, ses bras lui servant d'oreiller. La brise nocturne lui chantant une douce berceuse, il sombra enfin.
- Quand John m'a demandé de faire un discours pour Largo Ça a été dur. J'en ai jamais fait, alors ce sera sûrement foireux Largo, c'était pas un gars compliqué. Il débordait de vie, et c'était pas un dingue du boulot, du coup, il s'est foutu plein de types hypocrites à dos. Mais il aimait ses amis, et c'était un homme loyal, qui avait le cur sur la main. Personne ne le connaissait mieux que moi, et pourtant, tous les jours je le découvrais. Et maintenant ce ne sera plus possible. C'était un type génial, qui a toujours cru en moi, et qui ne jugeait pas les gens sur leur passé, mais sur leur présent. Ok, il n'était pas très stable sentimentalement, mais je suis sûr que c'est parce que derrière ses grands chevaux de type courageux qui n'a peur de rien, il était mort de trouille à l'idée de dire ses sentiments à la fille qu'il aime. Et je suis sûr que de là-haut - s'il y est, parce que je dois avouer que j'ai de gros doutes, ou plutôt de grands espoirs - il le regrette. J'ai jamais vécu un truc aussi dur. Parce que, penser que Largo est mort, c'est pas facile à accepter, mais parler de lui au passé, c'est encore plus difficile. Je sais pas où tu es, Largo, je n'en ai absolument aucune idée, mais j'espère que tu y es bien. J'espère que tu t'y sens bien, parce que nous ici, on se sent mal Il descendit de l'estrade, et s'assit à côté de Joy.
Il ne restait plus qu'à mettre la terre sur la tombe, et tout serait
fini. Pas besoin de faire tout un bordel, Largo n'aurait pas aimé.
Simon était le dernier. Et juste avant de se relever, il souffla
: Puis, il rejoignit Joy et Kerensky. Elle, n'allait pas bien, alors que Kerensky accusait mieux le choc. Il avait mal, et il avait d'ailleurs pleuré, en silence, seul, lorsqu'il avait senti que tout allait mal. Simon, pleurait aussi, mais le plus douloureux, c'était que Joy n'avait pas tenu sa promesse : elle ne disait plus rien, elle n'envoyait pas Simon ou Kerensky balader, même quand ils lui tendaient des perches longues comme la muraille de Chine. Elle se contentait de se plonger dans son travail pour oublier et pour s'occuper l'esprit. La plupart du temps, Kerensky la renvoyait chez elle, mais elle passait ses nuits dans des bars miteux à se saouler ou chez elle à pleurer, seule. Elle avait essayé de leur expliquer ce qu'elle ressentait, mais n'y était pas arrivée, et elle voyait que ça leur faisait du mal. Mais elle ne voulait plus souffrir. Et puis un jour, Simon, Joy et Kerensky avaient décidé de reprendre les recherches, seuls. Mais ces recherches ne menaient à rien. Ils avaient tout mis en uvre pour retrouver Largo, mais rien n'y faisait. Aussi, quand Joy passa la porte ce matin-là, elle demanda d'un ton sans espoir : - Alors ? Les regards de Simon et Georgi étaient plus explicites que des paroles. Elle soupira, et s'assit sur le premier fauteuil qu'elle vit. - Joy
Ça va ? demanda le Suisse. En effet, si Joy et Simon n'avaient pas accompagné Largo et Cardignac durant leur voyage d'affaire, c'était parce ils devaient impérativement assurer la sécurité de John Sullivan dans un contrat avec des pays du Moyen Orient, contrat à l'occasion duquel des menaces précises avaient été adressées à l'encontre de John. Et comme Joy venait de s'engueuler une fois de plus avec son cher patron, elle et Simon étaient donc restés à New York, laissant Largo s'envoler tout seul comme un grand. Et ils ne devaient rejoindre Largo que deux jours plus tard, une fois le dossier de John réglé ; ne devant pas y avoir de problèmes durant le vol - Mais qu'est-ce que tu aurais fait ? Hein ? Elle attendit quelques instants, et elle reprit : - Si on me donnait une deuxième chance, je la saisirais, je vous jure Rien ne serait pareil Ni Kerensky ni Simon ne savaient si elle parlait de sa relation avec Largo ou de son comportement de garde du corps - J'aurai dû être là, j'aurai dû le retenir,
j'aurai pu l'aider
continua-t-elle en commençant à
pleurer. J'aurai dû faire tout ça
Je suis désolée
Pardonnez-moi
Elle ne répondit pas. Simon et Kerensky eurent peur de comprendre
: Puis elle partit en claquant la porte du Bunker. - Georgi
j'ai peur
Elle poussa la porte du Penthouse. Penthouse où personne n'avait mis les pieds depuis l'annonce de l'enterrement du milliardaire. Elle regarda tout autour d'elle. Rien n'avait changé, à part ces atroces nausées le matin, cette fatigue générale, et cette mort qu'elle refusait d'accepter. Joy se dirigea vers la chambre de Largo. Les draps n'avaient pas encore été changés, et son odeur régnait partout. Elle se sentait rassurée dans ce lieu maintenant si paisible. Le lit était fait, pour une fois ! Elle s'en approcha, et se glissa sous la couette, s'enivrant du parfum de Largo, resté incrusté dans les draps. Elle soupira, se souvenant de tous ses réveils dans cette chambre, durant les trois semaines qu'avait duré leur relation, après son accident à Montréal. Et cette autre nuit Se réveiller dans ses bras lui avait semblé normal, et elle s'en voulait d'avoir eu peur de continuer sa relation avec Largo. Parce qu'elle savait que si c'était à refaire, elle agirait différemment. Mais on ne vit pas dans le passé. La fatigue accumulée, le sentiment de bien-être, et la tension eurent bientôt raison d'elle, si bien qu'elle s'endormit rapidement. Simon entra dans le Penthouse, se doutant que son amie devait y être. Non pas qu'il n'avait pas cru le Russe, mais il voulait discuter avec Joy. Savoir comment elle vivait tout ça, et si elle avait besoin de parler. Mais lorsqu'il la vit assoupie, il fit demi-tour, plutôt content qu'elle dorme enfin. - Alors ? demanda le Russe lorsque Simon passa la porte. Les recherches continuèrent toute la journée. Joy était redescendue au Bunker, pour s'excuser de son comportement, mais Simon et Georgi lui dirent que c'était normal qu'elle craque à un moment. Elle avait beau avoir dormi, elle était vraiment très pâle. - Joy
Tu es sûre que tu te sens bien ? demanda finalement
Simon. Elle ne put terminer sa phrase, déjà elle s'évanouissait, tombant dans les bras du Russe. - JOY ! *** Les bips retentissaient dans toute la chambre. Ça lui faisait un mal de crâne atroce. La garde du corps ouvrit difficilement les yeux, mais les referma lorsqu'elle vit Simon et Georgi. Ce n'était pas un rêve. Largo était toujours mort, et elle était visiblement malade, à voir leur tête : - Qu'est-ce que j'ai ? prononça-t-elle finalement Les mots moururent dans la bouche de Simon. Kerensky reprit le flambeau : - Tu es enceinte, Joy. Joy baissa les yeux. - Oui. Un moment de stupeur générale. - Oh non
lâcha finalement Joy. Comme si c'était pas
terrible, déjà
Mais au moment de tourner la poignée, Simon se retourna : - Quoi que tu décides, Joy
On sera toujours là pour
toi. Puis ils partirent. Joy se sentait bizarre. Quelque chose grandissait en elle. Une partie de Lui. Finalement, elle ne l'avait pas tout à fait perdu !
- Et pourquoi vous n'iriez pas pêcher, vous ? s'énerva Cardignac Sachant que son patron était sur les nerfs, et qu'il pourrait en être capable, le président de la Winch Air obtempéra. Lorsqu'il fut parti, Largo souffla. Il n'en pouvait plus de rester avec ce dingue. Les deux mois qui venaient de passer avaient été terribles, et Largo désespérait de plus en plus chaque jour d'être retrouvé. Tous les soirs, il repensait à sa vie à New York. Ses amis l'avaient-ils oublié ? Non. Définitivement non. Et comment vivaient-ils son absence ? Comment allait Kerensky ? Sûrement froid et plus distant qu'à l'accoutumée. Et Simon ? Ça devait être dur pour lui Vraiment très dur. Il espérait au fond de lui que son meilleur ami n'ait pas fait de bêtises. Et Joy ? Sa Joy ? Comment allait-elle ? Pour elle aussi, ça ne devait pas être facile. Elle devait être inapprochable, braquée, froide, malheureuse, et il ne pouvait s'empêcher de penser que c'était sa faute. Et surtout : étaient-ils restés au Groupe, ou avaient-ils abandonné, préférant tourner une page de ce passé qui était devenu plus que douloureux ?
Joy était montée sur la terrasse, et était assise, adossée au mur de l'appartement du père de son enfant. Son ventre plutôt gros l'empêchait de ramener ses genoux complètement. Et elle fixait les étoiles, espérant secrètement que la personne qu'elle aimait y soit. Ou mieux, que cette personne les admire en même temps qu'elle. Et justement, cette personne observait les étoiles, tous les soirs, en imaginant sa garde du corps faire de même sur la terrasse de son appart'. Il pouvait revoir ses traits, encore nets, dans sa tête. Il repensait à tous les bons moments qu'il avait passé avec son équipe, sa deuxième famille. Et surtout à l'erreur qu'il avait faite avec Joy. Non pas qu'il regrettait d'avoir couché avec elle, non. Loin de lui cette idée. Non. Ce qu'il regrettait, c'était de l'avoir laissée s'échapper. De ne pas l'avoir empêchée de fuir, de ne pas avoir trouvé les arguments suffisamment convaincants pour qu'elle reste avec lui pour ne plus partir. Et sans s'en rendre compte, il lâcha : - J'aurai dû l'en empêcher. Au bout de deux mois, les deux anciens ennemis avaient fini par faire connaissance, et à Oui, on peut dire qu'ils commençaient à s'apprécier. Non, ce n'était pas non plus la grande amitié, mais Largo avait expliqué à Cardignac qu'ils allaient manifestement vivre ensemble encore longtemps. Et s'ils voulaient survivre Il valait mieux qu'ils ne s'entretuent pas. Car il y avait encore une chance, si infime soit-elle, que l'Intel Unit les trouve. Et au fur et à mesure, de fil en aiguille, Largo avait commencé à se livrer un peu à Cardignac, qui lui aussi s'y mettait. C'est ainsi que l'héritier Winch avait appris que le père de Cardignac était un fichu enfoiré qui avait abandonné sa mère, et Largo en avait conclu que le fils ne voulait pas être comme le père. Finalement, c'était un peu comme lui. - J'aurai dû l'empêcher de fuir. Largo eut un sourire ironique. - Jamais. Enfin si ! Trois semaines, mais vous étiez au courant. Cardignac inspira, et fixa les étoiles. Après tout, Largo s'était confié à lui, alors pourquoi lui ne le ferait pas ? - Oui. Une fois. Mais
Ça c'est mal fini. Je
Les affaires
ont toujours été une priorité pour moi. Il n'y a
pas de place pour l'amour dans le business. C'est peut-être pour
ça que j'ai toujours été
Disons mal aimable
envers vous. Je pense que j'étais jaloux. Le jeune homme éclata de rire en entendant cette répartie. Une fois calmé, il soupira. - Dites-moi, reprit Michel, quelle serait la première chose que vous feriez si nous réussissions à partir d'ici ? Largo ne mit pas longtemps à réfléchir. En fait, il s'était souvent, très souvent, posé la question. - Je lui dirais que je l'aime. Que je ne peux pas vivre sans elle. Et
vous ? Un ange passa puis l'hilarité prit le dessus sur le silence, les laissant évacuer le stress accumulé durant ce mois passé en cohabitation.
L'humidité lui glaçait les os, traversant son manteau gris. Elle serra ses bras autour d'elle dans le vain but de sentir un peu de chaleur. Peine perdue d'avance. Cet endroit était lugubre, tout inspirait la mort, la tristesse. Cette même tristesse qui la dévorait en ce moment. Pourquoi être venue ici maintenant, 4 mois après ce stupide accident qui avait coûté la vie à l'homme qu'elle aimait plus que tout au monde ? Et dire qu'il ne le savait même pas. Ou peut-être que si, dans le fond. Petite consolation dérisoire. Elle fixa le marbre gris, suivant des yeux le contour des lettres qu'on y avait gravées. Il voulait faire les bons choix L'une des premières phrases qu'il lui avait adressées. Celle qui l'avait fait entrer dans son équipe, et dans son cur par la même occasion. Elle retint un haut-le-cur. Seigneur, il lui manquait tant ! Elle avait parfois l'impression qu'il était là, à ses côtés, la soutenant dans les épreuves qu'elle traversait L'impression d'une caresse timide sur sa joue, la manie qu'il avait de lui remettre délicatement une mèche en place. Geste empreint de tendresse que tant de fois, dans le silence de ses nuits, elle avait tenté d'interpréter. Elle caressa son ventre à travers son manteau qui laissait transparaître ses rondeurs maternelles. Enfin, elle se décida à parler : - Bonjour, Largo. Elle se mordit la lèvre inférieure. - Je suis désolée de ne pas être venue avant, mais je j'avais la trouille. En fait, je n'arrivais pas à accepter ta disparition, le fait que je ne te reverrai plus, sans doute. Tu vois, après tout ce temps, je nage encore dans l'incertitude. Il m'arrive de me demander si tu es encore vivant. Et dans ces moments-là, je me dis que si c'est le cas, tu as une endurance à toute épreuve. Vivre avec Cardignac ne doit pas être une partie de plaisir. J'espère que les pilotes peuvent t'aider à vivre avec ce dingue Ou bien peut-être que tu es tout seul, que tu te demandes pourquoi nous t'avons abandonné, pourquoi nous ne te cherchons plus. Je crois Je crois qu'ici, nous avons tous l'un après l'autre perdu l'espoir de te retrouver. Moi la première. Et si jamais nous avions l'immense chance de te retrouver, dans quel état nous le ferions Elle fit une courte pause. - Nous avons vraiment essayé, Largo. Nous avons fait tout ce que nous pouvions, nous avons usé de tous les moyens mis à notre disposition. Et quand ils ne l'étaient pas, nous nous arrangions pour qu'ils le deviennent dans les plus brefs délais. C'est là que je me suis aperçu que je n'étais pas seule à avoir mal, à souffrir. Elle laissa le silence planer. - Sullivan a pris la tête du Groupe. Il fait du bon travail, comme toujours. Mais tu lui manques, comme à nous tous d'ailleurs. On se débrouille du mieux qu'on peut. Que dire de plus la Commission est toujours aussi maligne. Heureusement, elle ne sait pas ce qui grandit dans mon ventre Et toi, le sais-tu ? Elle posa une main sur ce dernier. - C'est un petit garçon, je l'ai su hier. Ton fils Voilà un terme que j'avais tant espéré pouvoir appliquer un jour Et maintenant que c'est fait regarde où on en est Tu es le premier à le savoir. Simon m'a un peu fait la tête, mais je sais qu'il me comprend. Elle sourit au travers de ses larmes. - Il va grandir sans son père. Mais je lui parlerai de toi, de notre histoire. On fait mieux, comme conte de fée, tu ne trouves pas ? Et qui sait, peut-être qu'un jour, tu reviendras et que nous vivrons heureux, tous les trois ? Joy secoua doucement la tête. - Je te promets de ne jamais t'oublier, Largo Winch. Et où que tu sois, sache que je t'aimerai toujours. Alors lentement, elle se détourna et partit, ses larmes se mélangeant à la pluie glacée qui commençait à tomber. *** A peine rentrée dans le Bunker, Simon lui sauta dessus : - Mais où étais-tu ? La réponse de Joy avait été sèche, et rapide. Non, elle ne voulait pas y aller. Elle préférait rester seule avec son fils plutôt que d'être dans l'appartement que Largo n'occuperait plus jamais. Mais ça, Simon ne l'avait pas compris. Elle venait à peine de faire son deuil, que ça y était, il lui balançait cette proposition d'un coup ! - Pourquoi ? insista-t-il. Elle sortit, et Simon se tourna vers le Russe : - Tu crois qu'on la couve trop, toi ?
Cardignac, non plus n'en pouvait plus. Sa mère lui manquait, le
Groupe, et New York aussi. Mais il restait avec son patron sur une île
qui, s'il avait été avec une Naïade, lui aurait semblé
paradisiaque. Visiblement, l'héritier Winch le pensait aussi, et
président de la Winch Air savait aussi avec quelle sirène
son patron aurait aimé se scratcher sur cette île. - Je veux un steak. Il soupira. - Désolé, j'ai oublié mes sacs d'épicerie à New York. Si tu me trouves un jet, je peux te ramener ce que tu veux en quelques heures dit ironiquement Cardignac. Son compagnon sourit. - Je t'ai réveillé ?
- Eh ! Regarde ça ! s'écria Simon en brandissant une espèce
de costume de carotte. On le prend ? Les deux hommes affichèrent une moue boudeuse mais résignée qui la fit éclater de rire. Elle les prit tous les deux par les avant-bras. - Venez, il faut encore acheter un berceau.
Notre chef de la sécurité préféré avait pris l'habitude de se lever tôt pour déjeuner avec Joy. A 8 heures, il pénétra dans l'appartement de son amie, armé d'un sourire éclatant et d'un sac de croissants encore chauds. Il lâcha ce dernier lorsqu'il découvrit la future maman assise sur un fauteuil, l'air un peu secoué. Il se précipita et s'agenouilla devant elle. - Qu'est-ce qui se passe, ma belle ? Contre tout attente, elle sourit. Elle lui prit la main et la posa sur son ventre. Surpris par son geste, il perçut à peine un premier mouvement venant du ventre de la jeune femme. Plus attentif, il se concentra et sentit bien le deuxième. - Eh bah ça alors ! fut tout ce qu'il trouva à dire, émerveillé. Il écouta pendant quelques minutes les premières petites répercussions de l'enfant puis leva la tête vers Joy. - Quel effet ça fait ? Il éclata de rire. - En tout cas, ce sera un sacré bonhomme. Il s'entraîne
déjà à botter les fesses de la Commission. Il soupira. - Nous le savons. Il la prit dans ses bras, la berçant tendrement. - T'inquiète, tant que tonton Georgi et moi serons là, tu n'auras rien à craindre. On ne les laissera pas vous faire du mal, je te le promets. Tu as confiance en nous ? Elle acquiesça et il se leva, l'entraînant avec lui. - Allez, viens. Ce petit monstre a besoin de manger et toi aussi. Assieds-toi, je téléphone à Kerensky, il nous rejoindra sûrement. L'ancienne garde du corps de Largo obéit tandis qu'il composait le numéro de leur ami. Les paroles de Simon l'avaient rassurée, certes, mais ses craintes n'étaient qu'endormies. Elles reviendraient.
- Tourne ! Wouah ! Petrouchka, tu es sublime ! Cette robe de grossesse
te va à ravir
Les trois amis étaient au Bunker, Joy leur montrant sa nouvelle garde-robe, fraîchement achetée avec le Suisse, dans l'après-midi. Celui-ci était en train de filmer la scène à l'aide de sa toute nouvelle caméra couleur extra précise, haute technologie, et surtout extra-haut prix Il avait dit à Joy et à Kerensky que c'était pour que le petit puisse voir la beauté de sa mère lorsqu'elle était enceinte de lui, mais au fond, c'était pour que, si jamais le père de cet enfant revenait un jour, il puisse voir comment était celle qu'il aimait. - Nan, y'a pas à dire, Joy, la grossesse te va comme un gant.
Pour un peu, j'aurais presque envie d'être comme toi ! commenta
l'ex-voleur. Elle se mit à rire, tandis que l'intéressé faisait une moue on ne peut plus boudeuse. - Puisque vous vous moquez de moi, je m'en vais voir Maria ! Le Suisse déconnecta sa caméra, et partit après avoir tiré la langue, laissant Joy ranger ses paquets et s'apprêter à prendre elle aussi la porte. - Tu veux que je te raccompagne ? proposa Kerensky. Ils avancèrent jusqu'au parking, tout en continuant la conversation. - Tu parles ! C'est Simon qui m'a fait acheter tout ce bazar ! Il ouvrit la porte de la voiture, et fit entrer Joy, qui le remercia. Puis, assis à la place du conducteur, il continua : - Joy
Ce n'est pas très prudent. Elle secoua la tête de dépit. Puis elle se mordit la lèvre inférieure. - Quoi ? s'inquiéta le Russe. Elle se mordit une nouvelle fois la lèvre. - Déjà des caprices de milliardaire
soupira-t-il.
Un vrai gosse de capitaliste, hein ! Lorsqu'elle rentra chez elle, après avoir dévoré dans la voiture les caramels peu appétissants que Kerensky lui avait dégotés, elle tint promesse, et réfléchit à la proposition du Russe. Effectivement, vu comme ça, ça ne pouvait pas avoir que des mauvais côtés : être près de Simon et de Georgi, être sur le lieu de travail, donc plus près de Sullivan. Et aussi du Penthouse. Et c'était ça qui posait problème. Car elle n'était pas encore convaincue que l'homme qu'elle aimait était mort. Il y avait cette part d'elle qui refusait d'y croire. Cette part d'elle qui refuserait toujours d'y croire *** Trois mois plus tard Joy avait finalement accepté l'idée de Kerensky. Elle en avait fait part à Simon et Sullivan, qui furent tous deux ravis que la jeune femme se soit résignée. Simon et Kerensky peignirent la chambre du petit, filmés par Joy quand elle ne les aidait pas, après avoir posé la caméra de façon à pouvoir garder ce souvenir. Suite à un mauvais mouvement en descendant de l'escabeau, Simon avait renversé le pot de peinture, lequel avait atterri sur la tête de Kerensky, énervant ce dernier encore davantage, ce qui ne paraissait pourtant pas raisonnable. Joy avait été obligée de jouer les arbitres, arbitre d'ailleurs peu objectif de l'avis de Simon, puisqu'elle avait pris le parti de Kerensky. Et c'est ainsi qu'au bout de trois longs jours pour les deux Européens, que la chambre du futur Mr. Winch fut peinte et aménagée comme pour un petit roi. *** - Joy
gronda le Russe La jeune femme leva les yeux au ciel. - Tu t'en fais pour rien, Kerensky
Et puis il n'y a rien, à
la télé ! S'il te plaît
Donne-moi un petit truc
à faire
Un tout petit
Un simple dossier de moindre
importance me suffirait
Voilà. C'était sorti. Il fallait que ça sorte. L'ex-agent du KGB se tourna vers la future maman, et lui sourit. - Tu n'es pas grosse comme une baleine, Joy
Et c'est bientôt
fini
Dans moins d'un mois, tu es libérée. Le téléphone sonna, et Kerensky décrocha. Son visage laissa l'étonnement se dessiner. Il pesta, s'énerva contre son pauvre interlocuteur, puis il raccrocha, et se tourna vers son ordinateur. - Qu'est-ce qui se passe ? Kerensky soupira. Elle ne le laisserait pas s'en sortir comme ça. Il retira ses lunettes, et les posa sur le bureau. Et d'une voix très calme, il répondit : - Sullivan et Simon sont pris en otage dans la salle du conseil. Elle soupira. - Qui est-ce ? Comment est-il entré ? Et pourquoi ? Il soupira. La connaissant, lui interdire d'intervenir, c'était promis avec moins de résultats que de s'adresser à un mur. Aussi, Kerensky se résigna. - Caroline Harris. Mais la porte était déjà fermée. Il essaya de suivre Joy, mais déjà les portes de l'ascenseur se refermaient, emmenant son amie au 60° étage. Il jura mais attendit quand même, sachant pertinemment qu'il n'irait pas plus vite en prenant les escaliers. En attendant, il appela la police Arrivée à destination, Joy s'avança avec le plus d'assurance possible vers la salle du conseil. Elle ouvrit la porte, et se retrouva en face de Simon et Sullivan, tenus en joue par une jeune fille blonde, en larmes. Elle ne devait pas avoir plus de 17 ans. - Ecoutez Melle Harris, je ne comprends pas pourquoi vous faites cela
tentait Simon. Trois têtes se tournèrent vers la future maman. - Lui aussi il m'a retiré quelqu'un que j'aime, répéta
celle-ci. Les pleurs de la jeune fille redoublèrent d'intensité, et, peu à peu, elle baissa son arme et desserra petit à petit ses doigts de la crosse. Joy lui prit l'arme des mains, et la lança à Kerensky arrivé entre-temps. Puis elle s'approcha de Caroline, et la prit dans ses bras, en la berçant. - Je ne voulais pas
Je vous jure
Je l'aimais, ma mère
Et mon père
Je n'en peux plus
Je vous en prie
Je suis désolée
Puis elle fit signe aux autres qu'elle commençait à fatiguer, c'est pourquoi Simon se rapprocha pour prendre l'orpheline dans ses bras, l'accompagner pour la prendre un peu en charge, et discuter avec elle, mais Sullivan le devança, et d'un regard désigna Joy, faisant comprendre au Suisse qu'il valait mieux qu'il reste avec elle. Une fois Sullivan et Caroline partis, Simon et Kerensky se tournèrent vers Joy, la dévisageant. - Ça va ? demanda Simon Simon sortit sa mini-caméra de sa poche. - Répète ça, il faut marquer ce jour une pierre
blanche, Kerensky ! Ils montèrent dans l'ascenseur, et appuyèrent sur l'étage où se trouvait l'appartement de Joy. C'est à dire trois étage en dessous. Mais il y eut un petit problème. En effet, après une secousse, l'ascenseur refusa de descendre. Simon, Joy et Kerensky décidèrent d'attendre patiemment que la machine se décide pour continuer sa descente. Mais au bout de quelques minutes, Joy se plia de douleur. Sa main était posée sur son bas-ventre. Après un regard suppliant au Russe et au Suisse, elle souffla un " Oh non Pas ça ". Mais rien n'y fit, le travail avait bel et bien commencé - Je t'en supplie, dis-moi que ce n'est qu'une simulation, fit Simon
en joignant ses mains en signe de prière. Le sol se mouilla quelque peu - C'est quoi, ça ?
Une petite foule était réunie devant les portes closes de l'ascenseur. Sullivan, passant par là en voulant chercher un papier important, se fraya un chemin entre les personnes et rejoignit Del Ferril et Buzetti qui bavardaient à voix basses. - Waldo, que se passe-t-il ? Alors que l'homme d'affaires allait tourner les talons, il s'aperçut qu'Alicia, contrairement à son habitude, n'avait pas soufflé un seul mot. Il la regarda et vit qu'elle se mordillait nerveusement la lèvre inférieure. Mais devant s'occuper de Caroline, Sullivan retourna dans son bureau, où la police l'attendait ; après avoir donné l'ordre qu'on appelle une équipe de maintenance, bien qu'on soit un dimanche, et que le problème n'était pas de si grande taille
Elle obéit. - Tu es aussi, sinon plus, consciente que moi que nous ne pouvons pas
attendre. Auparavant agenouillé comme son collègue, il se leva et, plongeant sa main dans sa poche, fit apparaître sa petite caméra numérique. - Qu'est-ce que
Mais une autre contraction se fit sentir et elle se crispa. Heureusement, elle portait ce jour-là une jupe assez ample, ce qui facilita le travail de Kerensky. Celui-ci inspira profondément puis plongea la tête sous le vêtement. Il l'en sortit assez rapidement, légèrement pâle. - Oh oh, ne put retenir Kerensky . Mais plus les minutes passaient et plus les deux amis sentaient surgir la plus grosse migraine du siècle. Kerensky jetait fréquemment des regards sous la jupe de Joy et le Suisse, malgré la gravité du moment, éclata de rire mentalement en s'apercevant la loufoquerie de la chose : un ex-agent du KGB accouchant une ex-agent de la CIA - Respire par la bouche
lança-t-il finalement en voyant
celle-ci devenir aussi rouge qu'une tomate. Et il fit une imitation assez saugrenue de ce pauvre animal, ce qui aurait pu les faire sourire si le moment n'avait pas été si critique. Néanmoins, cette blague improvisée détendit quelque peu l'atmosphère. - Tu veux peut-être prendre ma place !? Elle grimaça, Simon aussi, mais pas pour la même raison. Ce dernier bénit le ciel d'être un garçon. - Joy, lorsque je te le dirai, tu pousseras, d'accord ? dit Kerensky. Le visage encore plus rouge, celle-ci acquiesça. - Go ! Pousse ! Elle s'exécuta, retenant par la même occasion un hurlement déchirant. Le chef de la sécurité s'agenouilla à ses côtés et lui prit la main, s'adressant doucement à elle.
- Ah, Alicia ! Auriez-vous vu Mr. Kerensky par hasard? Comme tout à l'heure, elle se mordilla la lèvre. - Non, pas depuis tout à l'heure... Sullivan haussa un sourcil. - Où l'avez-vous rencontré ? John perdit ses couleurs, comprenant soudainement ce qui pouvait se passer - Quand ? demanda-t-il. La laissant en plan, il courut jusqu'à l'appareil endommagé. Se pouvait-il que Non, il se faisait des idées. Ils avaient sans doute eu le temps de sortir avant que Il sourit, comme pour se moquer de lui-même, et tourna les talons. Et soudain, un cri sourd lui monta aux oreilles - Oh mon Dieu, cria-t-il. Appelez la maintenance d'urgence, et une ambulance !
L'intéressé se tourna vers eux, lui lança un regard terrifiant et dit : - Donne-moi ta chemise. La tête du Russe disparut à nouveau. L'ancien voleur se tourna vers la jeune femme. - Ça va ? Il tenta de sourire, mais n'arriva qu'à afficher un léger rictus. - C'est bientôt terminé, promit-il en lui caressant le front. Les larmes brillaient dans les yeux de Joy mais elle les retenait courageusement. Il sut qu'elle avait besoin de l'entendre. - Largo serait fier de toi, Joy. Elle frémit et lui prit la main. - Tu filmes toujours ? demanda-t-elle après une autre contraction. Il hocha la tête. Georgi abandonna un instant sa tâche ardue pour les regarder. - Bien, chuchota-t-elle. Alors comme ça, s'il revient Elle ne finit pas sa phrase, fermant les yeux pour contrer la douleur. Les deux hommes échangèrent un regard puis retournèrent chacun à leurs occupations respectives. - J'ai besoin d'eau, avisa alors Kerensky. Le Suisse le prit donc et plongea la main dedans. L'instant d'après, il l'en ressortait, brandissant un bouteille d'eau minérale. - Je peux savoir pourquoi tu te trimballes ce truc ? Kerensky, à bout de nerfs, arracha à Simon l'eau tant convoitée et se remit à la tâche. - Je vois la tête, annonça-t-il. Puis, quelques minutes plus tard - Les épaules maintenant. Le plus dur est passé, pousse une dernière fois Petrouchka. Elle retint un dernier cri, broyant au passage la main droite de Simon, tandis que Kerensky prenait précipitamment la chemise du suisse, posée à ses côtés. Quelques minutes plus tard, il tendit la chemise - qui était à l'origine vert fluo - devenue rouge sang dans leur direction. Les larmes glissaient maintenant librement sur les joues de la nouvelle maman. Tremblante, elle prit son fils dans ses bras et le serra contre elle. - Bonjour, Matthew, chuchota-t-elle finalement. Comme par magie, la cabine subit une secousse et se mit à descendre. Tous regardèrent Simon, tout aussi ébahi qu'eux. Les portes s'ouvrirent sur les visages soulagés de dizaines de personnes, et celui, en particulier, de John. Une myriade d'expressions déferlèrent chez lui, de la surprise au ravissement total. - Mon Dieu Joy
Comment allez-vous
C'est
bafouilla-t-il.
Oh Seigneur
Je
Félicitations
Enfin
Mon
Dieu
répéta-t-il.
C'est lorsqu'il vit un aileron de requin à deux mètres de lui qu'il comprit la signification des gestes que son nouvel ami lui faisait. Il se mit à crier, et à nager plus vite qu'un champion olympique dopé Largo se rua sur les harpons que Michel et lui avaient conçus, et commença à les lancer sur l'animal lorsqu'il put l'atteindre. Si bien que le requin lâcha prise, et partit dans l'autre sens, laissant Cardignac se calmer un peu, et remonter tranquillement sur le rivage. Il arriva hors d'haleine sur le sable blanc, et s'étala de tout son long sur la plage. - Ça va ? lui demanda Largo. Un grognement répondit à sa question. - Oh la !! Tu redeviens le Michel que j'ai connu à mes débuts
au Groupe !! L'ancien président de la Winch Air se releva d'un coup et regarda partout autour de lui, affolé, sous les rires de Largo. - Ce n'est pas drôle, Largo. Et la vie sur l'île reprit son cours *** 5 jours plus tard Joy, son enfant dans les bras, pénétra dans son appartement au Groupe. Elle se dirigea directement vers la petite chambre préparée pour son fils et, délicatement, le déposa dans son berceau. Elle lui chanta une berceuse, puis, lorsqu'il ferma les yeux, lui déposa un tendre baiser sur le front. Elle le regarda dormir pendant un temps indéfini. Il était si beau. Les yeux bleus de son père. Bleus profond. Comme cela, elle pourrait se noyer dans les yeux de son fils, comme elle le faisait autrefois avec le père. Une larme solitaire roula sur sa joue. Elle rejoignit ensuite le salon, et se laissa tomber sur un sofa, ressentant encore les effets de son accouchement. Après qu'elle et ses deux amis avaient été délivré de leur cage, elle avait été conduite à l'hôpital le plus proche où on lui avait passé plusieurs tests, tous inutiles car elle allait parfaitement bien, étant seulement épuisée. Le nouveau-né avait été placé dans une espèce d'incubateur, puisqu'il était prématuré, mais se portait à présent à merveille. Même si elle avait amplement eu l'occasion de se reposer ces derniers jours, elle sentait le sommeil engourdir son corps. Elle alla jeter un dernier coup d'il au petit puis regagna sa chambre. Dans le bunker - Quand même, lui dire que t'avais déjà pratiqué
un accouchement sur une chèvre, c'était risqué !
C'est vrai, cette histoire ? Un silence pesa. Tous les deux, sans le savoir, pensaient à la même chose: la phrase prononcée par Joy lors de l'accouchement et concernant Largo. Simon pensa à voix haute : - C'est fou qu'elle y croit encore après tout ce temps, hein ? Et c'est sans le savoir aussi, presque inconsciemment, que son camarade répondit : - On y croit tous encore, seulement, on n'ose pas le dire tout haut.
Elle garde espoir... Un ange passa. - Est-ce que M. Blizz t'a rejoint pour te faire part des dernières
modifications pour le voyage ? demanda Kerensky. Ils rirent tous les deux. - Et où aura lieu la soirée ? s'enquit encore Georgi. *** Trois semaines après la naissance surprise de Matthew, nos trois protagonistes préférés étaient réunis dans l'appartement de Joy. Celle-ci les avait invités à déjeuner. Mais alors qu'ils allaient entamer le dessert, le bébé, qui était jusqu'alors en train de babiller à tout bout de champs dans son berceau, se mit à crier, et à hurler aussi fort que ses petits poumons le lui permettaient. Tous sursautèrent. La mère se précipita vers son enfant, le prit dans ses bras et, sous le regard attendri de ses amis, se mit à lui fredonner une douce ballade. Mais rien n'y fit. Le nouveau-né ne voulait rien entendre et continuait de brailler énergiquement. Le Suisse, dont les tympans menaçaient d'exploser pour la deuxième fois en moins d'un mois, se boucha les oreilles et lança : - Mais qu'est-ce qui lui prend ? Simon se tut. Il avait faillit prononcé de mot " papa ". Mais tous avaient deviné. Joy évita leur regard mais Kerensky, au contraire, envoya un regard effrayant au pauvre Suisse, qui se recroquevilla sur sa chaise. - Il veut peut-être un jouet
? Mais les deux hommes ne tinrent pas compte de sa dernière remarque. - Tu sais, Kerensky, je crois qu'est venu le temps de dévaliser
les boutiques. Ils se tournèrent enfin vers leur hôte. - On revient, dirent-ils en cur avant de se diriger vers la porte. La porte se referma. Elle soupira et regarda Matthew qui, en plus de hurler, commençait à baver généreusement. - T'as de la chance d'être si mignon. Beurk Arrivés au Centre Commercial, les deux hommes se dirigèrent vers les jeux pour enfants : peluches, poupées, playmobiles, petites voitures Tout pour faire le plaisir du pitchoune. - Tiens, regarde Kerensky ! Un super Télétubbie !! Ils se dévisagèrent méchamment, et coururent chacun à l'opposé. Kerensky était dans les peluches. Bon Quel était son animal préféré au pitchoune, déjà ? Ah oui C'est vrai qu'à trois semaines, on ne sait pas encore ce que c'est qu'un animal, et la seule chose qu'on préfère c'est le sein de sa maman ou alors son lit Ben Qu'est-ce qui avait une belle gueule comme animal ? Quand même Il préfèrerait lui acheter un petit gadget Ben oui, mais quoi ? Un biper ? Non, il ne se souviendrait même pas du numéro Alors Une veilleuse ! Mais oui ! Joy lui avait dit que Matt n'avait pas l'air d'apprécier le noir Ennuyeux s'il devenait comme son père, à s'attirer les emmerdes comme un aimant M'enfin ils n'en étaient pas encore là Le Russe se rendit au rayon veilleuses, et chercha la plus belle. Quand il la trouva, fier de lui, il se rendit vers la caisse la plus proche. Mais son regard tomba sur un parc. Un magnifique grand parc avec plein de gadgets parfait pour l'éveil d'un bébé. Craquant, le génie de l'informatique se dirigea vers le vendeur, et demanda à acheter l'objet. Simon parcourait les rayons. Rien. Rien pour son petit neveu
D'accord,
y'avait plein de peluches, mais bon
Il n'allait pas acheter toutes
les peluches tout de même
Comment faire pour foutre la pâtée
à son Russe préféré
Quelqu'un vint le
déranger : Mais il s'arrêta net lorsqu'il vit le magnifique bout de femme qui ne voulait qu'une chose : l'aider. Hop là ! Tout de suite : position DRAGUE !!! - En fait, si ! Je cherche un cadeau pour mon neveu, il n'arrête
pas de pleurer
Alors je cherche un truc qui pourrait le calmer. La jeune femme le regarda, le prenant pour un illuminé. Qu'est-ce qu'un bébé allait faire de 6 tétines ? - Son père est porté disparu
Alors on essaie de combler
le vide
expliqua le chef de la sécurité Il sortit une de ses cartes de sa poche intérieure, et la donna à la vendeuse, qui ne comprenait pas qui était cet hurluberlu - D'accord Mais Simon était déjà loin : le rayon des ordinateurs éducatifs Néanmoins, si Simon avait acheté le net plus ultra des ordinateurs éducatifs pour bébés, il avait aussi pris une gameboy advance, et une play station 2. Au bout d'une demi-heure, le Suisse retrouva le Russe au Parking. Il finissait de remplir le coffre. Normalement, tout devait rentrer : le parc n'était pas spécialement grand, et une veilleuse, c'est pas aussi grand qu'un frigo ! Sauf que Georgi avait aussi craqué pour un petit train électrique, et un trotteur, ainsi qu'un canard en plastique pour le bain. De toute évidence, le Russe avait beaucoup plus dépensé que Simon, qui eut une forte envie de retourner dans le magasin, et de ne revenir que lorsqu'il aurait plus de jeux !! Mais il regarda ses cadeaux, pour finalement avancer vers Kerensky, la tête haute, et déposer tout son fatras sur la plage arrière. Puis il alla s'asseoir, et attendit son ami, qui arriva un quart d'heure après. Ils se défièrent du regard, et finalement, prirent le chemin du Groupe W. Le plus dur à présent, serait de tout charger à l'étage de la maman Quelqu'un frappa à la porte. Joy coucha son fils, et alla ouvrir. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle vit les gars de la sécurité entrer les bras chargés, suivis de Simon et Georgi, se défiant toujours du regard. Une fois tout le petit monde parti, la jeune mère se tourna vers " Guerre Froide 2 " version Suisse vs Russie. Elle se racla la gorge, pour les ramener à la réalité, et les deux interpellés se rendirent soudainement compte qu'ils étaient arrivés à destination. - Quoi ? demanda Simon, voyant le regard noir de Joy, et ses mains sur
ses hanches. Puis Joy tourna la tête, et observa les cadeaux offerts par ses amis, se rendant peu à peu compte de leur folie - Qu'est-ce que vous voulez qu'il fasse d'une play station ? Puis au bout de quelques secondes, Simon reprit : - Kerensky, on est à égalité, c'est Sullivan qui
a gagné
*** Le chaud soleil d'avril illuminait le parc. La chaleur, agréable et réconfortante, était telle qu'aucun de nos protagonistes n'avait eu besoin d'enfiler un sur-vêtement avant de sortir. Seul Matthew avait dû, en raison de son jeune âge et de l'attitude sur-protectrice de sa mère, porter un léger veston blanc. Installé dans les bras de sa maman, il babillait gentiment, s'émerveillant devant tout ce qu'il voyait. Il s'agissait en effet de sa première sortie officielle, et il en profitait pleinement. Pendant ce temps-là, les trois autres, lunettes fumées sur le bout du nez, discutaient tranquillement, toujours attendris par la conduite tendre de leur amie envers son fils, amie à qui la maternité réussissait merveilleusement bien. Et puis soudain, un bruit, comme un souffle de vent, suivi de près par un cri, vint briser la quiétude. Sur une impulsion née de l'habitude, ils se couchèrent par terre. Alertes, Kerensky et Simon scrutèrent du regard les environs et parvinrent en un instant à voir d'où venait le danger. Une camionnette noire était garée à l'entrée du parc. Ils n'y avaient jusque là pas porté attention, mais en plissant les yeux, le Russe put distinguer plusieurs hommes cachés derrière, qui plus est : lourdement armés. Ils continuaient de déverser leurs balles par salves, qui semblaient inépuisables. Les deux hommes reportèrent leur attention sur leur amie, et la virent, étendue aussi par terre, recouvrant de son corps son enfant, pour le protéger. Celui-ci hurlait, apeuré, sourd aux douces paroles de sa mère, tout aussi effrayée que lui. Jamais elle ne leur avait parue si démunie face au danger : car cette fois-ci, la vie de son bébé était en jeu. Elle se tourna vers eux et souffla d'une voix brisée : - Est-ce que ce sont leurs hommes ? Ils comprirent immédiatement. La Commission avait-elle découvert cette vérité qu'ils tentaient de cacher ? Les réponses viendraient plus tard. Pour l'instant, il fallait sortir de ce pétrin, là était la priorité. Sur un signe de Kerensky, ils se mirent à ramper tant bien que mal pour se mettre plus à l'abri. Mais comme ils atteignait un buisson de taille moyenne pouvant les dissimuler à l'ennemi, la fusillade redoubla d'intensité. - Ils attaquent par l'autre côté ! cria Simon. En effet, d'autres hommes semblaient postés de l'autre côté du parc. Ils étaient encerclés, pris au piège. *** Joy serrait Matthew tout contre elle, ne luttant plus contre les larmes qui se déversaient sur ses joues. Le petit avait enfoui sa tête contre la poitrine, recherchant un réconfort qu'elle ne pouvait lui offrir. Elle priait intérieurement pour qu'il ne lui arrive rien, et maudissait en même temps cette organisation qui avait le don de lui briser la vie. L'évidence qu'elle avait jusqu'alors rejetée la frappa de plein fouet. Matthew n'aurait jamais une vie normale, quoi qu'elle puisse faire. Alors qu'ils commençaient à se croire perdus, n'ayant plus de munitions, à la merci de leur ennemi qui les avaient encerclés, des sirènes retentirent au loin, se rapprochant. Voyant le danger, leurs assaillants durent plier bagages et déguerpir le plus vite possible. En quelques minutes, le silence revint dans le parc. Seuls les cris de l'enfant résonnaient encore. Les voitures de police arrivèrent, cette fois encore trop tard, et les officiers, armes au point, inutilement - bien entendu -, débarquèrent et scrutèrent les alentours. Heureusement, la place était pratiquement vide. Aucun blessé grave, ou de morts à déplorer, juste quelques égratignures légères. Lentement, ce qui restait de l'Intel Unit sortit de sa cachette improvisée. Après avoir répondu aux questions des autorités, ils eurent enfin la permission de quitter les lieux. Alors qu'ils s'éloignaient, encore sous le choc des récents événements, les paroles d'un sergent discutant avec l'un des siens vinrent à leurs oreilles. Celui-ci disait qu'ils avaient eu de la chance qu'il n'y ait eu aucun mort à déplorer. Puis, il enchaîna en disant qu'il leur faudrait avoir une petite discussion avec leurs taupes. Ce règlement de compte, prévu depuis une semaine par un certain gang, ne devait avoir lieu que le lendemain. En entendant cela, les trois amis se figèrent. Ils échangèrent un regard lourd de sens, et Joy expira longuement, soulagée. La Commission n'avait donc rien à voir dans tout cela. Mais malgré ça, ils avaient été en danger. Et l'adrénaline n'était pas ce qu'elle avait le plus ressenti durant l'attaque. Et si jamais Matthew avait été blessé, ou pire Elle secoua la tête et ils reprirent leur route. La vie reprit son cours, Matthew grandissait très vite, découvrant ou réussissant à faire quelque chose de nouveau chaque jour Joy tentant de calmer Kerensky et Simon qui voulaient toujours lui acheter des tonnes de trucs plus inutiles les uns que les autres à un gamin de bientôt trois mois Les affaires du Groupe W continuaient tranquillement, si bien que Sullivan devait aller dans les environs des îles Fidji pour aller à une réception qui clôturerait un gros contrat. Pour plus de sécurité, suite à un attentat survenu dernièrement, Simon et Kerensky devaient l'accompagner, préférant laisser Joy avec son fils. Mais si le Russe n'était guère enchanté à l'idée de devoir quitter ses petits ordinateurs chéris, et que Simon, lui n'attendait que ça, Joy haïssait cette idée. En effet, c'était là que l'accident mortel de Largo s'était passé presque un an auparavant. Et elle était folle d'angoisse à l'idée que le drame ne se reproduise. Elle en avait parlé à Kerensky, qui l'avait rassurée tant bien que mal. Mais ses peurs n'étaient que dissimulées. Car l'effroi demeurait toujours dans la tête de la jeune maman. C'était le matin du départ. Joy faisait tout ce qu'elle pouvait pour les retenir, et les empêcher de partir. Mais ils ne pouvaient pas. Ce n'était pas possible, et elle le savait très bien. - Ne t'inquiète pas, Joy, tenta de la rassurer pour l'énième
fois Simon. On reviendra entiers, et tu nous maudiras parce qu'on aura
acheté trois tonnes de cadeaux à ton fils. D'ailleurs, si
j'en trouve qui sont intéressées, je te ramène quelques
sirènes pour lui
La jeune femme sourit. Matthew, voyant ses tontons entrer dans le grand engin, se mit à pleurer. Simon, Georgi, et même Sullivan durent le serrer dans leurs bras et lui faire un gros papous pour qu'il se calme enfin. Les yeux humides, il fit, aidé par sa maman, de grands " au revoir " de sa petite main. Le cur gros d'inquiétudes, la jeune maman les laissa enfin, entrer dans l'avion. Tout en caressant le dos de son fils, elle regarda l'appareil décoller, puis disparaître dans le ciel sans nuages. *** Le voyage se passa très bien. Pas de turbulence, et un accueil très accueillant, selon les dires de Simon, qui prenait plaisir à voir plein de jolies femmes en tenues légères. Il faisait en effet très chaud, dans les 30°. Le contrat fut signé, et tous furent très heureux. La construction du bâtiment commencerait très bientôt et dans quelques mois, un an tout au plus, un hôpital psychiatrique verrait le jour. Sullivan prenait ce projet très à cur et ils fêtèrent joyeusement l'évènement. *** Une semaine après leur départ, ils étaient de nouveau en train de préparer leurs bagages, prêts à retourner à New York. Il leur tardait de retrouver Joy et le petit. Comme promis, ils lui avaient acheté de nouveaux jouets, si bien que des sacs traînaient un peu partout dans le jet. Mais avant de repartir, M. Blizz, finalement très sympathique, les avait conviés à une balade dans son hélicoptère privé. Il leur avait promis des paysages sensationnels, et c'est ce qu'ils trouvèrent en effet. Ils firent le tour des îles d'un archipel éloigné, regardant de haut les plages de sable blanc, la forêt verdoyante et généreuse, les bancs de corail visibles dans l'eau claire, une habitation de bois entres les arbres, deux hommes se baladant, puis leur faisant de grands signes *** La chaleur était accablante. Aussi, nos deux Robinson quasi-déshydratés avaient-ils entamé une longue marche jusqu'à leur source principale d'eau potable. Ils se croyaient en plein désert tellement la température était étouffante. - Ce que je ne donnerais pas pour un verre de lait, se plaignit Largo. Gémissements. Ils firent encore quelques pas difficiles. - Je savais bien que nous aurions dû faire des réserves,
dit Cardignac en s'essuyant le front du revers de la main. Encore quelques pas. - Je deviens fou, s'écria le jeune homme. Michel s'arrêta soudain, tendant l'oreille. Il haussa les sourcils, surpris. Largo, qui avait continué sa marche, se tourna vers lui. - Qu'est-ce que tu fais ? Ils levèrent les yeux au ciel. Une espèce de grosse mouche se dirigeait vers eux, survolant leur île. - C'est
c'est !!! Et ils coururent, oubliant la fatigue et leurs membres endoloris, vers leurs sauveteurs. Non C'était impossible Ses yeux le trahissaient, il était fatigué Et pourtant Les deux hommes qui leur faisaient de grands signes en courant ressemblaient comme deux gouttes d'eau à Largo et Cardignac Simon regarda son ami russe, et comprit à son regard qu'il voyait la même chose que lui. Et Sullivan semblait penser pareil Quant à Blizz, il ne semblait pas comprendre ce qui se passait, mais était content de sauver des naufragés. Nan Je nage en plein délire pensait Largo, ce n'est pas possible Parvenu à trois mètres de ses sauveurs, Largo s'arrêta, suivi par Cardignac, qui, comme avant se mit à grogner Non Il ne rêvait pas Largo ferma les yeux, et les rouvrit. Simon, Kerensky, Sullivan et un autre type qu'il n'avait jamais vu étaient là. Tout près de lui. Ce n'était pas possible Après une longue année, douze mois qui avaient semblé éternels, ils étaient saufs, Michel et lui Simon n'en croyait pas ses yeux. Largo. Son Largo, son meilleur ami, et accessoirement patron, son pote, était là devant lui. Souriant, en forme, même après un an aux côtés de Cardignac Finalement, il se décida : *** - Largo ? demanda-t-il tout doucement, comme pour se prouver qu'il ne
rêvait pas. Et finalement n'y tenant plus, il lui sauta dans les bras, en l'embrassant sur la joue, et en pleurant comme une madeleine. Son rêve le plus cher se réalisait. Son meilleur ami était là devant lui, bien vivant, et ce n'était pas un rêve - Putain de merde Largo t'es en vie ! lâcha finalement Simon, en
laissant Kerensky et Sullivan le serrer dans leurs bras. T'es là
! J'en r'viens pas ! J'en connais une qui va être contente
Largo
Si tu voulais nous faire pleurer, ça a marché
!!! Simon, Kerensky et Sullivan semblèrent s'en rendre soudainement compte, tandis que Blizz restait en retrait, ayant compris ce qui se passait, et ne voulant pas déranger les retrouvailles Finalement, après une heure d'accolades, de sourires, et de " Oh ben ça alors " , " Largo ", " Et sinon ça va ? ", les deux naufragés retrouvés les invitèrent dans leur petit " chez eux ", pour discuter. Bien entendu, le sujet de conversation fut rapidement lancé par Largo : - Et Joy ? Simon et Kerensky se regardèrent. Ils lui disaient ? Ou ils ne lui disaient pas ? Le dira ? Le dira pas ? Ils regardèrent Sullivan, qui leur fit comprendre d'un regard que cette histoire se passait entre Joy et Largo, et qu'ils n'avaient rien à dire. Et ça, même s'il avait envie de le lui crier, Simon ne le dirait pas à Largo - Elle va très bien
Super bien même. Enfin
Tu
vois ce que je veux dire
expliqua plus ou moins bien Simon. Tu lui
manques. C'est dingue ! Ils se racontèrent tout ce qui s'était passé pendant cette année, Simon, Kerensky et Sullivan prenant soin d'omettre dans leurs discussion, l'existence de Matthew Quant à Largo et Cardignac, ils racontèrent les évènements importants s'étant déroulés durant cette année passée sur cette île, leur expliquant qu'ils n'avaient finalement pas retrouvé le corps des deux pilotes. Largo conclut que Jerry devait être finalement heureux d'avoir eu une gastro entérite la semaine du crash. - Largo
commença Sullivan. Il est tard, alors nous allons
rentrer. Il va de soit que vous rentrez avec nous ! Enfin, à moins
que vous n'y voyez une objection
Les deux naufragés maintenant sauvés rassemblèrent le peu d'affaires qu'ils avaient, et, aidés par les autres, ils le mirent dans l'hélicoptère, qui décolla quelques minutes plus tard. - Les retrouvailles entre les deux idiots vont pas être tristes murmura Simon pour lui-même. Arrivés à l'hôtel où logeaient les sauveurs
des deux naufragés, Sullivan loua deux chambres. Après que
tout le petit groupe ait fait la bringue, il convint de garder la surprise
à Joy qui, si on l'appelait, risquait de ne pas s'endormir, ou
de ne pas les croire et d'avoir mal. Et ça, ils ne le voulaient
pas. Alors ils décidèrent de ne rien lui dire avant le lendemain,
jour du retour à New York. Un lit. Un vrai lit, moelleux. Avec des draps. Des draps frais. Et la clim' dans la chambre. Un lit. Largo n'en revenait pas non plus. Même s'il râlait, il commençait quand même à se faire à l'idée de rester sur cette île. Bon, avec Cardignac, c'était pas trop ça, mais il commençait à l'accepter. Et Joy. Elle était en vie. Il lui manquait, et apparemment, elle n'était pas partie, et elle n'avait pas refait sa vie. Il avait envie d'entendre sa voix. Juste sa voix pour savoir comment elle allait. Pour voir si sa voix était comme dans ses souvenirs. Pour se rassurer. Mais lui ne dirait rien, il l'avait promis à Simon et Kerensky. Ce serait la plus belle surprise de sa vie Lentement, il décrocha son téléphone, et tapa le numéro de portable de Joy. Curieusement, il ne l'avait pas oublié. Rien. Tout sur elle était intact dans sa mémoire. Après deux sonneries, elle répondit. - Joy Arden. Sa voix était toujours aussi douce. Légèrement grave, mais tellement sensuelle. Comme il l'aimait. - Allô ? Allô ? Il y a quelqu'un ? Largo fut tenté de répondre, de lui dire qu'il était là, en vie, qu'il l'aimait et qu'il n'attendait que d'être à New York pour la prendre dans ses bras. Mais il avait promis. Alors il ne fit rien, et il la laissa raccrocher. Il la laissa l'abandonner Le lendemain, Largo s'était levé aux aurores. Incapable de s'endormir, comme Simon et Kerensky, d'ailleurs. Il avait retourné tout ce qu'il avait appris ces dernières 24 heures. Et finalement, 7 heures avaient sonné. Il s'habilla rapidement, et descendit à la réception. Puis il alla prendre un petit déjeuner. Heureusement pour lui, personne ne le reconnut Et heureusement que Joy n'était pas là Qu'est-ce qu'il se serait pris !! Il sourit. En fait, il aimerait bien que Joy lui crie dessus. Juste pour se rappeler comment ça faisait Quelques heures plus tard, Simon le rejoignit, souriant comme jamais, suivi de près par Kerensky. - Tu te réveilles à 9h30 toi, maintenant ? se moqua Largo. L'avion avait décollé depuis deux heures. Largo redécouvrait le Jet et Jerry, qui crut être devenu fou lorsqu'il reconnut Largo. Mais au bout de quelques minutes, il se rendit compte qu'il n'était pas fou, et que c'était bien son ancien patron en face de lui. Voler. Ça faisait presque un an qu'il avait disparu. Une année de perdue avec Joy. Ç'aurait pu être pire, d'accord, mais un an, c'était beaucoup. Et il savait que cette fois-ci, il ne la laisserait pas partir, bien que Simon et Kerensky lui avaient certifié qu'il n'avait pas à s'en faire pour ça. *** Largo réfléchissait. Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir lui dire ? Et comment allait-elle réagir, elle ? Le jeune homme puisait dans son imagination tout ce qu'il pouvait trouver pour séduire Joy. Même s'il savait aussi que ce n'était pas nécessaire. Mais il voulait faire les choses en grand pour celle qu'il aimait. Une heure avant d'atterrir, John appela Joy, mettant le haut parleur : - Joy Arden. Et il raccrocha. - Matthew ? demanda Largo, qui n'avait pas bougé jusqu'alors.
Simon se retourna vers Kerensky et répéta, presque imperceptiblement : - Un chien ? Si Joy le sait, tu es mort mon gars ! Il lui restait un quart d'heure pour arriver à JFK. Elle prit son fils endormi dans ses bras, le changea, et, après avoir mis quelques affaires dans un sac, alla le confier à Gabriella qui, bien que ce ne fut pas son travail, fut ravie de pouvoir s'occuper du petit. Après un dernier baiser au minipouce, elle partit avec sa voiture en direction de JFK. *** Qu'est-ce que pouvait bien être cette surprise ? Elle devait vraiment être de taille si Sullivan soutenait Simon et Kerensky. Sans s'en rendre compte, elle était arrivée à destination en 10 min. Mais le Jet était déjà arrivé. La première personne à descendre fut Sullivan, suivi de près par Kerensky et Simon, qui n'arrivait pas à dissimuler un large sourire. Elle s'avança vers eux en souriant, mais s'arrêta net : Cardignac venait de descendre du Jet. Le sourire de la jeune femme se figea. Elle rêvait ? Non ! C'était bien Michel Cardignac - en beaucoup plus bronzé - qui s'avançait. Mais alors s'il y avait Cardignac, il y avait - Largo murmura-t-elle, le voyant sortir lui aussi. *** Dieu qu'elle était belle ! Elle n'avait pas changé durant toute cette année. Radieuse était le mot qui la caractérisait. Il avait vu son sourire d'ange à travers le hublot, toujours le même, mais avec plus de mélancolie quand même. Et puis lorsque Michel était sorti, elle s'était arrêtée. Elle n'avait plus bougé. Son sourire s'était éteint. Elle avait compris. Il était temps qu'il sorte. Il était temps qu'il l'affronte. Il était temps de revenir dans sa vie. Il l'avait abandonnée trop longtemps. " Largo " Son nom prononcé de cette manière, cette scène, il se les était imaginés des centaines de fois, tout le long de cette année écoulée. Elle, était statufiée. Simon, Kerensky, Sullivan et Cardignac observaient la scène. Visiblement, elle n'était pas dans la capacité d'esquisser le moindre mouvement. Alors Largo décida de prendre les devants, pour une fois. Il descendit les marches, et s'approcha d'elle tout doucement, pour ne pas la brusquer. Elle ne bougeait pas, se contentant de le fixer, et de se perdre dans ses yeux bleus. Ces yeux qui lui avaient tant manqué. Il était là. En face d'elle. Alors sans comprendre, les larmes coulèrent le long de ses joues. Il s'approcha encore. Il était juste devant elle. Il remit une mèche derrière son oreille, effaçant ses larmes, et elle ferma les yeux. Ce geste. Lui seul le faisait. Ça recommençait, elle rêvait. Et pourtant Tout semblait si réel ! Tout semblait si vrai. - Dis-moi que ce n'est pas un rêve
murmura-t-elle. Largo sourit, alors que Joy s'exécutait. Il était toujours là. Devant elle. En train de lui parler. En train de la poser ses bras autour de ses hanches, alors que elle, elle ne faisait rien. Il fallait qu'elle fasse quelque chose. Mais quoi ? Les larmes ne s'arrêtaient pas. Sans chercher à comprendre, sous le coup d'une pulsion trop longtemps retenue, elle s'approcha de lui, attrapa sa nuque, et l'embrassa fougueusement, sous les regards attendris et heureux des autres. *** Elle émergea des couvertures. Elle avait fait un merveilleux rêve. Largo revenait. Il lui disait que ça n'en était pas un, mais ça ne pouvait pas être vrai. Il fallait qu'elle se convainque une bonne fois pour toutes qu'il était mort. Mais son rêve avait l'air si réel ! Cette nuit d'amour qu'ils avaient passé Mais où était-elle ? Au Penthouse ? Mais que diable faisait-elle ici ? Et elle se sentait si bien L'odeur de Largo régnait partout. Et il y avait ce poids sur son ventre. Elle se sentait planer. Bien. Mieux que jamais. Et pourtant, après les rêves qu'elle faisaient fréquemment de Largo, elle ne se sentait pas aussi sereine. Soudain, elle se rendit compte que le poids en question sur son ventre, était un bras. Un bras ? Mais qu'est-ce qu'un bras venait faire sur son ventre ? Elle se retourna, et se trouva en face du sourire angélique de Largo. - C'est si embêtant que ça ? demanda-t-il. Il l'embrassa, et continua. - Qu'est-ce qui te tracassait comme ça ? Joy se rallongea, et se blottit contre son amant. - T'as intérêt. Parce que cette fois-ci je n'y survivrai
pas. Elle rit. Ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas ri comme ça. Franchement. Sans mélancolie, sans tristesse, sans vouloir cacher sa peine. - J'ai eu mal. Très mal. Une seconde passa, puis Joy reprit. - Largo je suis désolée. On aurait dû continuer les recherches, on aurait dû retourner chaque parcelle de ce monde pourri pour te retrouver, on aurait dû Mais un baiser de Largo la fit taire. - Vous avez fait ce que vous avez pu. Vous ne pouviez pas faire plus.
Elle se retourna, et attrapa le téléphone. Elle appuya sur une touche, et attendit. - Gabriella ? Bonjour, c'est Joy. Très bien et vous ? Dites-moi, où est Matthew ? C'est Simon qui l'a ? Oui. Il pourrait me l'amener au Penthouse ? Ah. Il dort. Eh ben réveillez-le alors ! Oui. Merci. Bonne journée Gabriella. Elle raccrocha. - Tu veux me présenter ton chien ? C'est pour ça que tu
es venue au Groupe ? Elle sortit du lit, revêtit une chemise de Largo, puis se dirigea vers le salon. - Tu ne bouges pas, lui ordonna-t-elle après un baiser. Largo, ne protesta pas, mais ne comprenait rien non plus de ce qui se passait. Ce fut seulement lorsque Joy revint quelques minutes plus tard qu'il saisit la situation. Joy tenait un bébé dans ses bras. Bébé qui babillait à tout bout de champs. - D'où vient ce bébé ? demanda finalement Largo. Puis semblant comprendre : C'est ton bébé ? C'est merveilleux pour toi Je comprends, tu pensais que j'étais mort Et tu vis toujours avec le père ? Joy réfléchit un instant. Comment lui faire comprendre
sans trop le brusquer : " Ben en fait, non, c'est ton fils ! Et comme
tu n'étais pas là
". Hum. Non. Pas terrible
Finalement elle inspira profondément, tentant de lui faire comprendre
la vérité en douceur
: Elle s'assit sur le lit, et laissa son amant calculer. Si le bébé avait trois mois dans 4 jours, ça voulait dire qu'il était né le 12 mars. Si on comptait huit mois de moins Ça faisait donc juin dernier. Et il y a un an pile poil Largo regarda Joy, béatement. Elle, elle souriait. - Tu veux dire que
? commença Largo. Joy sourit. - je n'ai pas une vie aussi dissolue que tu sembles le penser ! Tu es le seul avec qui j'ai et, pour plus de sûreté, j'ai fait des tests de paternité. Tu es bien le père, Largo. Matthew est ton fils.
Le jeune père écarquilla les yeux. Joy éclata de rire. On aurait dit qu'il voyait un bébé pour la première fois ! Mais elle lui tendit Matthew, qui se réveilla doucement, sans pleurer - Tiens. Le nouveau papa le cala dans ses bras musclés, et admira son fils. Ce qu'il pouvait être beau ! tout le portrait de sa mère. A ce moment-là, il fut plus fier qu'il ne le fut jamais. La femme qu'il aimait près de lui, et son fils. Non, LEUR fils. C'était leur fils, qu'il tenait dans ses bras. Le fruit de leur amour qui avait mis tant de temps à être avoué. Joy avait longtemps pensé que ce bébé était un accident. Mais lorsqu'elle vit son fils dans les bras de son père, elle ne put que se dire que c'était un signe. Joy lui raconta tout, de sa grossesse à son accouchement mouvementé dans l'ascenseur, en passant par la fièvre acheteuse de Simon, Kerenski et Sullivan, sans oublier leur tendance prodigieusement agaçante à la sur-protection. A la fin de son récit, Largo ne put retenir un : - Oh J'aurais plus rien à lui acheter alors T'es sûre qu'il n'a pas besoin d'un truc spécial ? Même des petits pots, hein ! Joy inspira un bon coup. - Ton fils n'a besoin que d'une chose
Il l'embrassa tendrement. - Je crois pouvoir lui donner ça.
Le couple accumula aussi les promenades. Largo pouvait sortir sans crainte d'être reconnu, ayant été déclaré comme mort. Et pourtant, il n'y avait pas plus vivant que lui. Parfois, bien sûr, quelques personnes le regardaient fixement, se demandant où ils avaient bien pu voir sa tête, mais bien vite, sous les regards noirs de la jeune maman, ils détournaient le regard. Mais après un mois, il fallut revenir sur terre, à leur plus grand regret. Il avait été bon de vivre ainsi dans l'anonymat et de profiter de sa petite famille, mais s'il le faisait encore longtemps, on finirait par découvrir leur secret et la réaction du public, encouragée par une presse internationale mécontente de n'avoir pas été mise au courant plus tôt, serait explosive. C'est donc en soupirant profondément que Largo accepta d'organiser une conférence de presse. Les préparatifs durèrent plus d'une semaine. Il fallait lancer des invitations, s'assurer de la présence en grand nombre des médias, de la sécurité des lieux (que Joy présida), ainsi que de l'écriture du discours que prononcerait Largo devant la foule rassemblée. Lorsque arriva le grand jour, Joy dut longuement calmer son amant. En effet, celui-ci avait quelques craintes qui, heureusement, s'avérèrent toutes infondées. Quand il monta sur l'estrade, un long silence s'installa. Puis, des murmures parcoururent l'assemblée. - Et dire que je croyais que vous ne me reconnaîtriez pas, blagua-t-il pour se détendre un peu. Des petits rires se firent entendre, mais la plupart des occupants de la salle était encore trop stupéfaits. Rassemblant tout son courage, le jeune homme commença par relater l'accident, puis son long séjour sur une petite île déserte du Pacifique et enfin, son miraculeux sauvetage alors qu'il se croyait perdu. Tous étaient suspendus à ses lèvres. Il invita ensuite Cardignac à monter le rejoindre, le présenta, puis déclara qu'il reprenait les rêne du Groupe W à partir d'aujourd'hui. Les questions, comme il s'y était attendu, fusèrent de partout. Il répondit de bon gré à quelques unes d'entre-elles, mais au bout d'une quinzaine de minutes, il partit, laissant derrière lui son public bruyant et toujours aussi surpris. 2 semaines plus tard. Après avoir assisté à un long et très ennuyeux Conseil d'administration, Largo monta directement au Penthouse et se laissa choir sur un divan. Joy vint le rejoindre, portant Matthew dans ses bras. Il entoura les épaules de la jeune femme d'un bras alors que son autre main caressait tendrement la joue du bébé qui, il l'aurait juré, souriait tout en émettant d'agréables gazouillements. - Alors ? demanda-t-elle. Elle le regarda tendrement. - Je suis tellement heureuse que tu sois revenu Il se pencha vers elle et l'embrassa amoureusement. - Moi aussi, mon amour. Il l'embrassa encore une fois puis se décala un peu. - Tu sais, fit-il, il paraît qu'on veut faire un film sur notre
histoire, à Michel et à moi. Il sourit pour la rassurer. - Comme dans tout bon film, il faut qu'il y ait une Happy end. Elle comprit. - Tu es sérieux ? Il l'ouvrit, lui dévoilant la bague qu'elle contenait. - Largo ! s'écria-t-elle, émerveillée. Tu es fou,
elle est splendide ! Il sourit de nouveau. Ils échangèrent un long baiser passionné puis se séparèrent lorsque Matthew commença à s'agiter. - Jaloux, va ! FIN
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